[550] Ξέρξης μὲν ἄγαγεν, ποποῖ,
551 Ξέρξης δ´ ἀπώλεσεν, τοτοῖ,
552 Ξέρξης
552 δὲ πάντ´ ἐπέσπε δυσφρόνως
553 βαρίδεσσι ποντίαις.
554 τίπτε Δαρεῖος μὲν οὕτω
555 τότ´ ἀβλαβὴς ἐπῆν,
556 τόξαρχος πολιήταις,
557 Σουσίδαις φίλος ἄκτωρ;
558 πεζοὺς γάρ σφε καὶ θαλασσίους
559 ὁμόπτεροι κυανώπιδες
560 νᾶες μὲν ἄγαγον, ποποῖ,
561 νᾶες δ´ ἀπώλεσαν, τοτοῖ,
562 νᾶες
562 πανωλέθροισιν ἐμβολαῖς,
563 διὰ δ´ Ἰαόνων χέρας.
564 τυτθὰ δ´ ἐκφυγεῖν ἄνακτ´
565 αὐτὸν ὡς ἀκούομεν
566 Θρῄκης ἂμ πεδιήρεις
567 δυσχίμους τε κελεύθους.
568 τοὶ δ´ ἄρα πρωτομόροιο, φεῦ,
569 ληφθέντες πρὸς ἀνάγκας, ἠέ,
570 ἀκτὰς ἀμφὶ Κυχρείας, ὀᾶ,
571 στέμβονται· στένε καὶ δακνάζου,
572 βαρὺ δ´ ἀμβόασον
573 οὐράνι´ ἄχη, ὀᾶ·
574 τεῖνε δὲ δυσβάυκτον
575 βοᾶτιν τάλαιναν αὐδάν.
576 γναπτόμενοι δ´ ἁλὶ δεινᾷ, φεῦ,
577 σκύλλονται πρὸς ἀναύδων, ἠέ,
578 παίδων τᾶς ἀμιάντου, ὀᾶ.
579 πενθεῖ δ´ ἄνδρα δόμος στερηθείς,
580 τοκέης δ´ ἄπαιδες
581 δαιμόνι´ ἄχη, ὀᾶ,
582 δυρόμενοι γέροντες
583 τὸ πᾶν δὴ κλύουσιν ἄλγος.
584 τοὶ δ´ ἀνὰ γᾶν Ἀσίαν δὴν
585 οὐκέτι περσονομοῦνται,
586 οὐδ´ ἔτι δασμοφοροῦσιν
587 δεσποσύνοισιν ἀνάγκαις,
588 οὐδ´ ἐς γᾶν προπίτνοντες
589 ἅζονται· βασιλεία
590 γὰρ διόλωλεν ἰσχύς.
591 οὐδ´ ἔτι γλῶσσα βροτοῖσιν
592 ἐν φυλακαῖς· λέλυται γὰρ
593 λαὸς ἐλεύθερα βάζειν,
594 ὡς ἐλύθη ζυγὸν ἀλκᾶς.
595 αἱμαχθεῖσα δ´ ἄρουραν
596 Αἴαντος περικλύστα
597 νᾶσος ἔχει τὰ Περσῶν.
598 (ΒΑΣΙΛΕΙΑ) φίλοι, κακῶν μὲν ὅστις ἔμπειρος κυρεῖ,
599 ἐπίσταται βροτοῖσιν ὡς, ὅταν κλύδων
| [550] Xerxès a emmené les peuples, hélas ! Xerxès les a perdus, hélas ! Xerxès, sur de frêles navires, a tout livré, l'imprudent! à la merci des mers. Ah! pourquoi jadis Darius ne régna-t-il pas toujours invaincu, lui, le monarque guerrier, le chef adoré dans Suse !
Soldats de terre, matelots, des navires aux ailes rapides, à la proue noire, ont tout emmené, hélas! des navires ont tout perdu, hélas! oui, des navires : à l'abordage, tout a péri! A peine le roi lui-même a pu, dit-on, échapper aux mains des Ioniens, en fuyant, par des routes glacées, à travers les campagnes de la Thrace.
568 Et eux, morts dès les premiers pas! ô ciel! sous la main de la nécessité ! grands dieux ! près des rivages de Cychrée pleurons! Gémissons, livrons nos âmes à la douleur? remplissons l'air de lugubres accents de deuil ; pleurons! Élevons nos tristes voix, nos clameurs lamentables !
Ballottés par la mer furieuse, ô ciel ! déchirés, grands dieux! par les muets enfants de l'onde salée, pleurons ! La maison déplore le maître qu'elle a perdu. Les pères n'ont plus de fils! vieillards désespérés, l'immense catastrophe, hélas! change tout pour eux en douleur.
584 Les peuples de la terre d'Asie n'obéiront plus longtemps au Perse; ils ne payeront plus longtemps le tribut imposé par un vainqueur; ils ne se prosterneront plus à terre devant la majesté souveraine : la puissance du roi a péri.
La langue des hommes n'est plus emprisonnée. Le joug de la force a été brisé : dès cet instant le peuple déchaîné exhale librement sa pensée. Une terre ensanglantée, cette île d'Ajax battue par les flots, a enseveli les fortunes de la Perse.
598 ATOSSA.
Amis, l'expérience du malheur nous l'apprend : quand l'homme est assailli par la vague de l'infortune,
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