[100] παθοῦσα δ´ οὕτω δεινὰ πρὸς τῶν φιλτάτων—
101 οὐδεὶς ὑπέρ μου δαιμόνων μηνίεται,
102 κατασφαγείσης πρὸς χερῶν μητροκτόνων.
103 ὅρα δὲ πληγὰς τάσδε καρδίᾳ σέθεν·
104 εὕδουσα γὰρ φρὴν ὄμμασιν λαμπρύνεται,
105 {ἐν ἡμέρᾳ δὲ μοῖρ´ ἀπρόσκοπος βροτῶν.}
106 ἦ πολλὰ μὲν δὴ τῶν ἐμῶν ἐλείξατε·
107 χοάς τ´ ἀοίνους, νηφάλια μειλίγματα,
108 καὶ νυκτίσεμνα δεῖπν´ ἐπ´ ἐσχάρᾳ πυρὸς
109 ἔθυον, ὥραν οὐδενὸς κοινὴν θεῶν.
110 καὶ πάντα ταῦτα λὰξ ὁρῶ πατούμενα.
111 ὁ δ´ ἐξαλύξας οἴχεται νεβροῦ δίκην,
112 καὶ ταῦτα κούφως ἐκ μέσων ἀρκυστάτων.
113 ὤρουσεν ὑμῖν ἐγκατιλλώψας μέγα.
114 ἀκούσαθ´, ὡς ἔλεξα τῆς ἐμῆς πέρι
115 ψυχῆς· φρονήσατ´, ὦ κατὰ χθονὸς θεαί.
116 ὄναρ γὰρ ὑμᾶς νῦν Κλυταιμήστρα καλῶ.
117 (ΧΟΡΟΣ)
117 (μυγμός.)
118 (KLYTAIMHSTRA) μύζοιτ´ ἄν, ἁνὴρ δ´ οἴχεται φεύγων πρόσω·
119 φίλοις γάρ εἰσιν οὐκ ἐμοῖς προσίκτορες.
120 (ΧΟΡΟΣ) (μυγμός.)
121 (KLYTAIMHSTRA) ἄγαν ὑπνώσσεις κοὐ κατοικτίζεις πάθος·
122 φονεὺς δ´ Ὀρέστης τῆσδε μητρὸς οἴχεται.
123 (ΧΟΡΟΣ) (ὠγμός.)
124 (KLYTAIMHSTRA) ὤζεις, ὑπνώσσεις· οὐκ ἀναστήσῃ τάχος;
125 τί σοι πέπρωται πρᾶγμα πλὴν τεύχειν κακά;
126 (ΧΟΡΟΣ) (ὠγμός.)
127 (KLYTAIMHSTRA) ὕπνος πόνος τε κύριοι συνωμόται
128 δεινῆς δρακαίνης ἐξεκήραναν μένος.
129 (ΧΟΡΟΣ) (μυγμὸς διπλοῦς ὀξύς.)
130 λαβὲ λαβὲ λαβὲ λαβὲ, φράζου.
131 (KLYTAIMHSTRA) ὄναρ διώκεις θῆρα, κλαγγαίνεις δ´ ἅπερ
132 κύων μέριμναν οὔποτ´ ἐκλείπων πόνου.
133 τί δρᾷς; ἀνίστω, μή σε νικάτω πόνος,
134 μηδ´ ἀγνοήσῃς πῆμα μαλθαχθεῖς´ ὕπνῳ.
135 ἄλγησον ἧπαρ ἐνδίκοις ὀνείδεσιν·
136 τοῖς σώφροσιν γὰρ ἀντίκεντρα γίγνεται.
137 σὺ δ´ αἱματηρὸν πνεῦμ´ ἐπουρίσασα τῷ,
138 ἀτμῷ κατισχναίνουσα, νηδύος πυρί,
139 ἕπου, μάραινε δευτέροις διώγμασιν.
140 (ΧΟΡΟΣ) — ἔγειρ´, ἔγειρε καὶ σὺ τήνδ´, ἐγὼ δὲ σέ.
141 εὕδεις; ἀνίστω, κἀπολακτίσας´ ὕπνον,
142 ἰδώμεθ´ εἴ τι τοῦδε φροιμίου ματᾷ.
143 — ἰοὺ ἰοὺ πόπαξ. ἐπάθομεν, φίλαι,
144 (— ἦ πολλὰ δὴ παθοῦσα καὶ μάτην ἐγώ.)
145 ἐπάθομεν πάθος δυσαχές, ὦ πόποι,
146 ἄφερτον κακόν.
147 — ἐξ ἀρκύων πέπτωκεν, οἴχεται δ´ ὁ θήρ.
148 — ὕπνῳ κρατηθεῖς´ ἄγραν ὤλεσα.
149 — ἰὼ παῖ Διός· ἐπίκλοπος πέλῃ,
| [100] qui ai subi tant de maux affreux de la part de ceux qui m'étaient très chers, je n'ai aucun dieu qui s'irrite et me défende, bien que des mains impies et parricides m'aient égorgée ! Vois ces plaies ! vois-les en esprit. L'esprit, quand on dort, a des yeux perçants. A la lumière du jour, les choses sont moins visibles aux hommes. Mais vous vous êtes repues des nombreux sacrifices offerts ; vous avez bu les libations sans vin, de miel et d'eau, et mangé les repas sacrés préparés pendant la nuit, au feu du foyer, à l'heure que vous ne partagiez avec aucun des autres dieux. Et toutes ces choses, je vous vois les fouler aux pieds ! Et lui, il s'est échappé, fuyant comme un faon ; et, se jouant de vous, il a bondi aisément hors le filet. Entendez ce que vous dit mon âme. Réveillez-vous, déesses souterraines ! C'est moi, c'est le spectre de Clytemnestre qui vous appelle.
117 (Le Chœur des Euménides ronfle.)
LE SPECTRE DE CLYTEMNESTRE.
Vous ronflez, et l'homme s'échappe et fuit au loin ! Seule, je ne suis point écoutée des dieux que je supplie !
(Le Chœur des Euménides ronfle.)
LE SPECTRE DE CLYTEMNESTRE.
Vous dormez trop et n'avez nulle pitié de mes maux. Oreste, le meurtrier de sa mère, s'est échappé !
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Oh ! oh ! oh !
LE SPECTRE DE CLYTEMNESTRE.
Tu cries ? Dors-tu ? Que ne te lèves-tu promptement ? ta destinée n'est-elle pas de faire souffrir ?
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Oh ! oh ! oh !
LE SPECTRE DE CLYTEMNESTRE.
Le sommeil et la fatigue ont dompté la fureur de ces horribles bêtes !
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Oh ! oh ! Là ! là ! Arrête ! arrête ! Prends garde !
LE SPECTRE DE CLYTEMNESTRE.
Tu poursuis la bête en songe, et tu hurles comme un chien qui se croit encore sur la piste. A quoi bon ? Debout ! Que la fatigue ne te dompte point ; vois le mal qu'a causé ton sommeil ! Que mes justes reproches vous pénètrent de douleur, car les reproches sont des aiguillons pour les sages. Soufflez sur lui votre haleine sanglante, consumez-le du souffle enflammé de vos entrailles ! Courez ! Épuisez-le en le poursuivant encore !
140 LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Éveille, éveille celle-ci ! – Éveille-toi ! – Tu dors ? – Debout ! – Éveillons-nous, et, le sommeil secoué, voyons si nous viendrons à bout de ceci.
Hélas ! hélas ! ô dieux ! Voici un grand malheur, mes amies ! Certes, nous avons inutilement beaucoup travaillé. Hélas ! ceci est un grand malheur, un malheur insupportable ! La bête s'est échappée des rets ! Domptées par le sommeil, nous avons perdu notre proie !
Ah ! fils de Zeus, tu es le voleur !
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