[700] τοιόνδε τοι ταρβοῦντες ἐνδίκως σέβας
701 ἔρυμα {τε} χώρας καὶ πόλεως σωτήριον
702 ἔχοιτ´ ἄν, οἷον οὔτις ἀνθρώπων ἔχει,
703 οὔτ´ ἐν Σκύθῃσιν οὔτε Πέλοπος ἐν τόποις.
704 κερδῶν ἄθικτον τοῦτο βουλευτήριον,
705 αἰδοῖον, ὀξύθυμον, εὑδόντων ὕπερ
706 ἐγρηγορὸς φρούρημα γῆς καθίσταμαι.
707 ταύτην μὲν ἐξέτειν´ ἐμοῖς παραίνεσιν
708 ἀστοῖσιν ἐς τὸ λοιπόν· ὀρθοῦσθαι δὲ χρὴ
709 καὶ ψῆφον αἴρειν καὶ διαγνῶναι δίκην
710 αἰδουμένους τὸν ὅρκον. εἴρηται λόγος.
711 (ΧΟΡΟΣ) καὶ μὴν βαρεῖαν τήνδ´ ὁμιλίαν χθονὸς
712 ξύμβουλός εἰμι μηδαμῶς ἀτιμάσαι.
713 (ΑΠΟΛΛΩΝ) κἄγωγε χρησμοὺς τοὺς ἐμούς τε καὶ Διὸς
714 ταρβεῖν κελεύω μηδ´ ἀκαρπώτους κτίσαι.
715 (ΧΟΡΟΣ) ἀλλ´ αἱματηρὰ πράγματ´ οὐ λαχὼν σέβεις,
716 μαντεῖα δ´ οὐκέθ´ ἁγνὰ μαντεύσῃ νέμων.
717 (ΑΠΟΛΛΩΝ) ἦ καὶ πατήρ τι σφάλλεται βουλευμάτων
718 πρωτοκτόνοισι προστροπαῖς Ἰξίονος;
719 (ΧΟΡΟΣ) λέγεις· ἐγὼ δὲ μὴ τυχοῦσα τῆς δίκης
720 βαρεῖα χώρᾳ τῇδ´ ὁμιλήσω πάλιν.
721 (ΑΠΟΛΛΩΝ) ἀλλ´ ἔν τε τοῖς νέοισι καὶ παλαιτέροις
722 θεοῖς ἄτιμος εἶ σύ· νικήσω δ´ ἐγώ.
723 (ΧΟΡΟΣ) τοιαῦτ´ ἔδρασας καὶ Φέρητος ἐν δόμοις·
724 Μοίρας ἔπεισας ἀφθίτους θεῖναι βροτούς.
725 (ΑΠΟΛΛΩΝ) οὔκουν δίκαιον τὸν σέβοντ´ εὐεργετεῖν,
726 ἄλλως τε πάντως χὤτε δεόμενος τύχοι;
727 (ΧΟΡΟΣ) σύ τοι παλαιὰς διανομὰς καταφθίσας
728 οἴνῳ παρηπάφησας ἀρχαίας θεάς.
729 (ΑΠΟΛΛΩΝ) σύ τοι τάχ´ οὐκ ἔχουσα τῆς δίκης τέλος
730 ἐμῇ τὸν ἰὸν οὐδὲν ἐχθροῖσιν βαρύν.
731 (ΧΟΡΟΣ) ἐπεὶ καθιππάζῃ με πρεσβῦτιν νέος,
732 δίκης γενέσθαι τῆσδ´ ἐπήκοος μένω,
733 ὡς ἀμφίβουλος οὖσα θυμοῦσθαι πόλει.
734 (ΑΘΗΝΑ) ἐμὸν τόδ´ ἔργον, λοισθίαν κρῖναι δίκην·
735 ψῆφον δ´ Ὀρέστῃ τήνδ´ ἐγὼ προσθήσομαι.
736 μήτηρ γὰρ οὔτις ἔστιν ἥ μ´ ἐγείνατο,
737 τὸ δ´ ἄρσεν αἰνῶ πάντα, πλὴν γάμου τυχεῖν,
738 ἅπαντι θυμῷ, κάρτα δ´ εἰμὶ τοῦ πατρός.
739 οὕτω γυναικὸς οὐ προτιμήσω μόρον
740 ἄνδρα κτανούσης δωμάτων ἐπίσκοπον.
741 νικᾷ δ´ Ὀρέστης, κἂν ἰσόψηφος κριθῇ.
742 ἐκβάλλεθ´ ὡς τάχιστα τευχέων πάλους,
743 ὅσοις δικαστῶν τοῦτ´ ἐπέσταλται τέλος.
744 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὦ Φοῖβ´ Ἄπολλον, πῶς ἀγὼν κριθήσεται;
745 (ΧΟΡΟΣ) ὦ Νὺξ μέλαινα μῆτερ, ἆρ´ ὁρᾷς τάδε;
746 (ΟΡΕΣΤΗΣ) νῦν ἀγχόνης μοι τέρματ´, ἢ φάος βλέπειν.
747 (ΧΟΡΟΣ) ἡμῖν γὰρ ἔρρειν, ἢ πρόσω τιμὰς νέμειν.
748 (ΑΠΟΛΛΩΝ) πεμπάζετ´ ὀρθῶς ἐκβολὰς ψήφων, ξένοι,
749 τὸ μὴ ἀδικεῖν σέβοντες ἐν διαιρέσει.
| [700] Respectez donc la majesté de ce tribunal, rempart sauveur de ce pays et de cette ville, tel qu'on n'en possède point parmi les hommes, ni les Scythes, ni ceux de la terre de Pélops. J'institue ce tribunal incorruptible, vénérable et sévère, gardien vigilant de cette terre, même pendant le sommeil de tous, et je le dis aux citoyens pour que cela soit désormais dans l'avenir.
Maintenant, levez-vous, et, fidèles à votre serment, prononcez l'arrêt. J'ai dit.
711 LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Je vous conseille de ne point outrager notre troupe terrible à cette terre !
APOLLON.
Et moi, je vous ordonne de respecter mes oracles qui sont ceux de Zeus, et de ne point les rendre impuissants !
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Tu t'inquiètes d'une cause sanglante qui ne te concerne pas. Tu ne rendras plus d'oracles véridiques si tu persistes.
APOLLON.
Mon père a-t-il aussi manqué de sagesse quand Ixion le supplia, après avoir commis le premier meurtre ?
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Tu peux parler ; mais moi, si on ne me rend pas justice, je serai terrible à cette terre.
APOLLON.
Tu es méprisée parmi les nouveaux et les anciens dieux. Je triompherai.
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
C'est ainsi que tu as fait dans les demeures de Phérès. Tu as persuadé aux Moires de rendre les hommes immortels.
APOLLON.
N'est-il pas juste de secourir celui qui nous honore, et surtout quand il demande notre aide ?
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Tu as offensé les démons antiques, tu as abusé par le vin les vieilles déesses !
APOLLON.
Bientôt tu vas être vaincue, et tu ne vomiras plus contre tes ennemis qu'un poison sans danger.
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Jeune dieu, tu outrages de vieilles déesses ! Mais j'attends la fin de ceci, ne sachant encore si je dois m'irriter ou non contre cette ville.
734 ATHÉNA.
C'est à moi de prononcer la dernière. Je donnerai mon suffrage à Oreste. Je n'ai pas de mère qui m'ait enfantée. En tout et partout, je favorise entièrement les mâles, mais non jusqu'aux noces. Certes, je suis pour le père. Ainsi, peu m'importe la femme qui a tué son mari, le chef de la demeure. Oreste est vainqueur, même si les suffrages sont égaux des deux côtés. Donc, vous à qui ce soin est remis, retirez promptement les cailloux des urnes.
ORESTE.
Ô Phébus Apollon, comment cette cause sera-t-elle jugée ?
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Ô nuit noire, ma mère ! vois-tu ces choses ?
ORESTE.
Maintenant, je finirai par la corde, ou je verrai encore la lumière !
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Nous serons avilies, ou nous garderons nos honneur.
APOLLON.
Comptez bien les cailloux, étrangers ! Respectez la justice et ne vous trompez point.
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