[600] (ΟΡΕΣΤΗΣ) δυοῖν γὰρ εἶχε προσβολὰς μιασμάτων.
601 (ΧΟΡΟΣ) πῶς δή; δίδαξον τοὺς δικάζοντας τάδε.
602 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἀνδροκτονοῦσα πατέρ´ ἐμὸν κατέκτανε.
603 (ΧΟΡΟΣ) τοιγὰρ σὺ μὲν ζῇς, ἡ δ´ ἐλευθέρα φόνου.
604 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τί δ´ οὐκ ἐκείνην ζῶσαν ἤλαυνες φυγῇ;
605 (ΧΟΡΟΣ) οὐκ ἦν ὅμαιμος φωτὸς ὃν κατέκτανεν.
606 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἐγὼ δὲ μητρὸς τῆς ἐμῆς ἐν αἵματι;
607 (ΧΟΡΟΣ) πῶς γάρ ς´ ἔθρεψεν ἐντός, ὦ μιαιφόνε,
608 ζώνης; ἀπεύχῃ μητρὸς αἷμα φίλτατον;
609 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ἤδη σὺ μαρτύρησον, ἐξηγοῦ δέ μοι,
610 Ἄπολλον, εἴ σφε σὺν δίκῃ κατέκτανον.
611 δρᾶσαι γάρ, ὥσπερ ἔστιν, οὐκ ἀρνούμεθα·
612 ἀλλ´ εἰ δικαίως εἴτε μὴ τῇ σῇ φρενὶ
613 δοκεῖ, τόδ´ αἷμα κρῖνον, ὡς τούτοις φράσω.
614 (ΑΠΟΛΛΩΝ) λέξω πρὸς ὑμᾶς, τόνδ´ Ἀθηναίας μέγαν
615 θεσμόν, δικαίως, μάντις ὢν δ´ οὐ ψεύσομαι.
616 οὐπώποτ´ εἶπον μαντικοῖσιν ἐν θρόνοις,
617 οὐκ ἀνδρός, οὐ γυναικός, οὐ πόλεως πέρι,
618 ὃ μὴ κελεύσαι Ζεὺς Ὀλυμπίων πατήρ.
619 τὸ μὲν δίκαιον τοῦθ´ ὅσον σθένει μαθεῖν,
620 βουλῇ πιφαύσκω δ´ ὔμμ´ ἐπισπέσθαι πατρός.
621 ὅρκος γὰρ οὔτι Ζηνὸς ἰσχύει πλέον.
622 (ΧΟΡΟΣ) Ζεύς, ὡς λέγεις σύ, τόνδε χρησμὸν ὤπασε,
623 φράζειν Ὀρέστῃ τῷδε, τὸν πατρὸς φόνον
624 πράξαντα μητρὸς μηδαμοῦ τιμὰς νέμειν;
625 (ΑΠΟΛΛΩΝ) οὐ γάρ τι ταὐτὸν ἄνδρα γενναῖον θανεῖν
626 διοσδότοις σκήπτροισι τιμαλφούμενον,
627 καὶ ταῦτα πρὸς γυναικός, οὔ τι θουρίοις
628 τόξοις ἑκηβόλοισιν, ὥστ´ Ἀμαζόνος,
629 ἀλλ´ ὡς ἀκούσῃ, Παλλάς, οἵ τ´ ἐφήμενοι
630 ψήφῳ διαιρεῖν τοῦδε πράγματος πέρι.
631 ἀπὸ στρατείας γάρ νιν, ἠμποληκότα
632 τὰ πλεῖστ´ ἄμεινον, εὔφροσιν δεδεγμένη
633 δροίτῃ περῶντι λουτρὰ κἀπὶ τέρματι
634 φᾶρος περεσκήνωσεν, ἐν δ´ ἀτέρμονι
635 κόπτει πεδήσας´ ἄνδρα δαιδάλῳ πέπλῳ.
636 ἀνδρὸς μὲν ὑμῖν οὗτος εἴρηται μόρος
637 τοῦ παντοσέμνου, τοῦ στρατηλάτου νεῶν.
638 ταύτην τοιαύτην εἶπον, ὡς δηχθῇ λεώς,
639 ὅσπερ τέτακται τήνδε κυρῶσαι δίκην.
640 (ΧΟΡΟΣ) πατρὸς προτιμᾷ Ζεὺς μόρον τῷ σῷ λόγῳ·
641 αὐτὸς δ´ ἔδησε πατέρα πρεσβύτην Κρόνον.
642 πῶς ταῦτα τούτοις οὐκ ἐναντίως λέγεις;
643 ὑμᾶς δ´ ἀκούειν ταῦτ´ ἐγὼ μαρτύρομαι.
644 (ΑΠΟΛΛΩΝ) ὦ παντομισῆ κνώδαλα, στύγη θεῶν,
645 πέδας μὲν ἂν λύσειεν, ἔστι τοῦδ´ ἄκος,
646 καὶ κάρτα πολλὴ μηχανὴ λυτήριος·
647 ἀνδρὸς δ´ ἐπειδὰν αἷμ´ ἀνασπάσῃ κόνις
648 ἅπαξ θανόντος, οὔτις ἔστ´ ἀνάστασις.
649 τούτων ἐπῳδὰς οὐκ ἐποίησεν πατὴρ
| [600] ORESTE.
Elle était souillée de deux crimes.
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Comment ? Dis-le à tes juges.
ORESTE.
Elle a tué son mari et elle a tué mon père.
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Tu vis, et par sa mort elle a expié ce crime.
ORESTE.
Mais, pendant qu'elle vivait, l'avez-vous poursuivie ?
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Elle n'était pas du sang de l'homme qu'elle a tué.
ORESTE.
Et moi, étais-je du sang de ma mère ?
LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Quoi ! ne t'a-t-elle point porté sous sa ceinture, ô tueur de ta mère ! Renieras-tu le sang très cher de ta mère ?
ORESTE.
Sois-moi témoin, Apollon ! Ne l'ai-je point tuée légitimement ? Car je ne nie pas que je l'aie tuée. Penses-tu que son sang ait été légitimement versé ? Parle, afin que je le dise à ceux-ci.
614 APOLLON.
Je vous parlerai, juges vénérables institués par Athéna ! Je suis le divinateur, et je ne dirai point de mensonges. Jamais, sûr mon trône fatidique, je n'ai rien dit d'un homme, ou d'une femme, ou d'une ville, que Zeus, père des Olympiens, ne m'ait ordonné de dire. Souvenez-vous de prendre mes paroles pour ce qu'elles valent et d'obéir à la volonté de mon père. Aucun serment n'est
au-dessus de Zeus.
622 LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Zeus, d'après ce que tu dis, t'avait dicté l'oracle par lequel tu as ordonné à cet Oreste de venger le meurtre de son père, sans respect pour sa mère ?
625 APOLLON.
Ce n'est point la même chose que de voir une femme égorger un vaillant homme honoré du sceptre, don de Zeus, et qui n'a point été percé de flèches guerrières lancées de loin, comme celles des Amazones. Écoute, Pallas ! Écoutez aussi, vous qui siégez pour juger cette cause. A son retour de la guerre d'où il rapportait de nombreuses dépouilles, elle l'a reçu par de flatteuses paroles ; et, au moment où, s'étant lavé il allait sortir du bain, elle l'a enveloppé d'un grand voile, et elle l'a frappé tandis qu'il était inextricablement embarrassé. Telle a été la destinée fatale de cet homme très vénérable, du chef des nefs. Je dis que telle elle a été afin que l'esprit de ceux qui jugent cette cause en soit mordu.
640 LE CHŒUR DES EUMÉNIDES.
Zeus, d'après tes paroles, est plus irrité du meurtre d'un père que de celui d'une mère. Mais,
lui-même, il a chargé de chaînes son vieux père Cronos. Pourquoi n'as-tu point opposé ceci à ce que tu as dit ? Pour vous, vous l'avez entendu ; je vous prends à témoin.
APOLLON.
Ô les plus abominables des bêtes détestées des dieux ! On peut rompre des chaînes ; il y a un remède à cela, et d'innombrables moyens de s'en délivrer ; mais quand la poussière a bu le sang d'un homme mort, il ne peut plus se relever. Mon père n'a point enseigné d'incantations pour ceci,
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