[350] ἐπιστρεπτὸν αἰῶ
351 κτίσσας πολύχωστον ἂν εἶχες
352 τάφον διαποντίου γᾶς,
353 δώμασιν εὐφόρητον—
354 (ΧΟΡΟΣ) φίλος φίλοισι τοῖς ἐκεῖ καλῶς θανοῦσιν,
355 κατὰ χθονὸς ἐμπρέπων
356 σεμνότιμος ἀνάκτωρ,
357 πρόπολός τε τῶν μεγίστων
358 χθονίων ἐκεῖ τυράννων·
360 βασιλεὺς γὰρ ἦσθ´, ὄφρ´ ἔζης,
361 μόριμον λάχος πιπλάντων
362 χεροῖν πεισιβρότῳ τε βάκτρῳ.
363 (ΗΛΕΚΤΡΑ) μηδ´ ὑπὸ Τρωίας
364 τείχεσι φθίμενος, πάτερ,
365 μετ´ ἄλλῳ δουρικμῆτι λαῷ
366 παρὰ Σκαμάνδρου πόρον τεθάφθαι·
367 πάρος δ´ οἱ κτανόντες
368 νιν οὕτως δαμῆναι,
369 ἵν´ ἦν θανατηφόρον αἶσαν
370 πρόσω τινὰ πυνθάνεσθαι
371 τῶνδε πόνων ἄπειρον.
372 (ΧΟΡΟΣ) ταῦτα μέν, ὦ παῖ, κρείσσονα χρυσοῦ,
373 μεγάλης δὲ τύχης καὶ ὑπερβορέου
374 μείζονα φωνεῖς· δύνασαι γάρ.
375 ἀλλὰ διπλῆς γὰρ τῆσδε μαράγνης
376 δοῦπος ἱκνεῖται· τῶν μὲν ἀρωγοὶ
377 κατὰ γῆς ἤδη, τῶν δὲ κρατούντων
378 χέρες οὐχ ὅσιαι στυγερῶν τούτων·
379 παισὶ δὲ μᾶλλον γεγένηται.
380 (ΟΡΕΣΤΗΣ) τοῦτο διαμπερὲς οὖς
381 ἵκεθ´ ἅπερ τε βέλος.
382 Ζεῦ Ζεῦ, κάτωθεν ἀμπέμπων
383 ὑστερόποινον ἄταν,
384 βροτῶν τλάμονι καὶ πανούργῳ
385 χειρί, τοκεῦσι δ´ ὅμως τελεῖται.
386 (ΧΟΡΟΣ) ἐφυμνῆσαι γένοιτό μοι πυκάεντ´
386 ὀλολυγμὸν ἀνδρὸς
387 θεινομένου, γυναικός τ´
388 ὀλλυμένας· τί γὰρ κεύθω
389 φρενὸς θεῖον ἔμπας
390 ποτᾶται, πάροιθεν δὲ πρῴρας
391 δριμὺς ἄηται κραδίας
392 θυμός, ἔγκοτον στύγος.
394 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ πότ´ ἂν ἀμφιθαλὴς
395 Ζεὺς ἐπὶ χεῖρα βάλοι,
396 φεῦ φεῦ, κάρανα δαΐξας;
397 πιστὰ γένοιτο χώρᾳ.
398 δίκαν {δ´} ἐξ ἀδίκων ἀπαιτῶ.
399 κλῦτε δὲ Γᾶ χθονίων τε τιμαί.
| [350] D'un incommensurable respect ;
Et, au-delà des mers, tu reposerais
Sur quelque majestueuse hauteur.
Oui, quel réconfort pour les tiens,
Que de pleurs évités !
354 LE CHŒUR.
Antistrophe II
Aimé de ceux qui l'aimaient,
Ces vaillants
Qui, comme lui, moururent au combat,
Il régnerait dans les sombres profondeurs,
Chargés d'égards,
Prince parmi les princes infernaux.
Car roi il fut toute sa vie,
Le Destin ayant prescrit
Qu'il soit fort par le glaive et légitime par le sceptre.
363 ÉLECTRE.
Antistrophe III
Père, si même, sans avoir péri
Sous les murailles d'Ilion,
Avec tes compagnons d'armes,
Eux aussi fauchés par le glaive,
Si, sans être inhumé aux rives de Scamandre,
Si c'étaient eux, ces misérables,
Qu'on eût meurtris !
On eût appris leur destin de là-bas,
À travers la rumeur,
Et jamais l'angoisse n'aurait étreint nos cœurs.
372 LE CHŒUR.
Tu souhaites, mon enfant, plus qu'on a,
Un bonheur ineffable,
Celui des Hyperboréens.
Soit ! Mais une étrivière aux alentours résonne !
Vois : les partisans, ils sont déjà sous terre
Et le sceptre est tenu par des mains scélérates ;
Pour le mort c'est abject, pour les enfants c'est pire !
380 ORESTE.
Strophe IV
Ce mot, comme une flèche,
Fuse vers mon oreille et la saigne.
Ô Zeus ! Zeus ! Toi qui suscites d'Hadès
L'Horreur qui doit châtier
Le bras qui fut infâme, qui fut perfide...
- Oui, bien sûr, c'est ma mère,
Mais elle rendra gorge !
386 LE CHŒUR.
Strophe V
Ah ! qu'il me soit accordé
D'entendre des vocifératrices
Le hurlement rituel,
Celui qui fêtera l'égorgement de l'homme
Et le massacre de la femme !
Je ne puis jeter le voile
Sur ma pensée profonde,
Puisqu'elle plane dans les airs
Et que, telle un vent de furie,
Elle exhorte une rage sans nom,
Et une impitoyable haine,
Étouffée de rancunes.
394 ÉLECTRE.
Antistrophe IV
Mais quand, oui, quand Zeus tout-puissant, vital,
Lèvera son bras vengeur ?
Ah ! s'il fracassait leurs têtes,
Soudain, dans sa dignité.
Argos ressusciterait.
Or Justice est bafouée, Justice doit agir !
Écoutez ma supplique, terre et domaine infernal !
|