[250] νῆστις πιέζει λιμός· οὐ γὰρ ἐντελεῖς
251 θήραν πατρῴαν προσφέρειν σκηνήμασιν.
252 οὕτω δὲ κἀμὲ τήνδε τ´, Ἠλέκτραν λέγω,
253 ἰδεῖν πάρεστί σοι, πατροστερῆ γόνον,
254 ἄμφω φυγὴν ἔχοντε τὴν αὐτὴν δόμων.
255 καίτοι θυτῆρος καί σε τιμῶντος μέγα
256 πατρὸς νεοσσοὺς τούσδ´ ἀποφθείρας πόθεν
257 ἕξεις ὁμοίας χειρὸς εὔθοινον γέρας;
258 οὔτ´ αἰετοῦ γένεθλ´ ἀποφθείρας, πάλιν
259 πέμπειν ἔχοις ἂν σήματ´ εὐπειθῆ βροτοῖς·
260 οὔτ´ ἀρχικός σοι πᾶς ὅδ´ αὐανθεὶς πυθμὴν
261 βωμοῖς ἀρήξει βουθύτοις ἐν ἤμασιν.
262 κόμιζ´, ἀπὸ σμικροῦ δ´ ἂν ἄρειας μέγαν
263 δόμον, δοκοῦντα κάρτα νῦν πεπτωκέναι.
264 (ΧΟΡΟΣ) ὦ παῖδες, ὦ σωτῆρες ἑστίας πατρός,
265 σιγᾶθ´, ὅπως μὴ πεύσεταί τις, ὦ τέκνα,
266 γλώσσης χάριν δὲ πάντ´ ἀπαγγελεῖ τάδε
267 πρὸς τοὺς κρατοῦντας· οὓς ἴδοιμ´ ἐγώ ποτε
268 θανόντας ἐν κηκῖδι πισσήρει φλογός.
269 (ΟΡΕΣΤΗΣ) οὔτοι προδώσει Λοξίου μεγασθενὴς
270 χρησμὸς κελεύων τόνδε κίνδυνον περᾶν,
271 κἀξορθιάζων πολλὰ καὶ δυσχειμέρους
272 ἄτας ὑφ´ ἧπαρ θερμὸν ἐξαυδώμενος,
273 εἰ μὴ μέτειμι τοῦ πατρὸς τοὺς αἰτίους
274 τρόπον τὸν αὐτόν, ἀνταποκτεῖναι λέγων,
275 ἀποχρημάτοισι ζημίαις ταυρούμενον
276 αὐτὸν δ´ ἔφασκε τῇ φίλῃ ψυχῇ τάδε
277 τείσειν μ´ ἔχοντα πολλὰ δυστερπῆ κακά.
278 τὰ μὲν γὰρ ἐκ γῆς δυσφρόνων μηνίματα
279 βροτοῖς πιφαύσκων εἶπε τάσδε νῷν νόσους,
280 σαρκῶν ἐπαμβατῆρας ἀγρίαις γνάθοις,
281 λιχῆνας ἐξέσθοντας ἀρχαίαν φύσιν·
282 λευκὰς δὲ κόρσας τῇδ´ ἐπαντέλλειν νόσῳ·
283 ἄλλας τ´ ἐφώνει προσβολὰς Ἐρινύων
284 ἐκ τῶν πατρῴων αἱμάτων τελουμένας·
285 ὁρῶντα λαμπρόν, ἐν σκότῳ νωμῶντ´ ὀφρύν,
286 τὸ γὰρ σκοτεινὸν τῶν ἐνερτέρων βέλος
287 ἐκ προστροπαίων ἐν γένει πεπτωκότων,
288 καὶ λύσσα καὶ μάταιος ἐκ νυκτῶν φόβος
289 κινεῖ ταράσσει καὶ διωκάθει πόλεως
290 χαλκηλάτῳ πλάστιγγι λυμανθὲν δέμας.
291 καὶ τοῖς τοιούτοις οὔτε κρατῆρος μέρος
292 εἶναι μετασχεῖν, οὐ φιλοσπόνδου λιβός,
293 βωμῶν τ´ ἀπείργειν οὐχ ὁρωμένην πατρὸς
294 μῆνιν· δέχεσθαι δ´ οὔτε συλλύειν τινά,
295 πάντων δ´ ἄτιμον κἄφιλον θνῄσκειν χρόνῳ
296 κακῶς ταριχευθέντα παμφθάρτῳ μόρῳ.
297 τοιοῖσδε χρησμοῖς ἆρα χρὴ πεποιθέναι;
298 κεἰ μὴ πέποιθα, τοὔργον ἔστ´ ἐργαστέον.
299 πολλοὶ γὰρ εἰς ἓν συμπίτνουσιν ἵμεροι,
| [250] Une obsédante faim les tenaille sans cesse,
Incapables qu'ils sont de rapporter au nid,
Comme l'aigle, leur proie ! Tel est le sort subi
Par Électre et par moi. Ainsi que tu nous vois,
Nous sommes orphelins, de chancelants bannis
De la sainte maison. En livrant au trépas
La couvée de celui qui jadis t'honora
Avec tant de ferveur, tu as perdu la main
D'un sacrificateur qui t'offrait des festins
Somptueux. En brisant cette race de l'aigle,
Tu condamnes chacun sur la terre à nier
Les signes jusque-là acceptés avec foi.
Si tu laisses pourrir cet arbre dynastique,
Tous tes autels seront privés des hécatombes.
Ô Zeus, veille sur nous ! Le palais se fissure :
Pourtant, quoique ébranlé, tu peux le redresser.
264 LE CHŒUR.
Ô mes enfants, sauveurs futurs de la lignée,
Silence ! Car j'ai peur que quelqu'un vous entende
Et rapporte par jeu, par fantaisie verbale,
Le fond de nos propos aux gens qui nous dominent.
Ceux-là, que je voudrais voir leurs affreux cadavres
Griller sur un bûcher suintant de résine !
269 ORESTE.
Non, non, la trahison ne saurait survenir
De l'oracle puissant de Loxias, qui m'enjoint,
Tu le sais, à franchir cette épreuve : « Debout ! »
Criait-il, de sa voix terrible, insoutenable,
Jurant que je serais maudit – j'étais alors
Pétrifié d'effroi – si je ne tuais point
Les meurtriers du roi, en me faisant cruel
Comme eux. Il m'ordonnait de tuer les tueurs,
Dans un talion farouche. Et si, par grand malheur,
Je n'agissais, alors je le paierai d'un prix
Effroyable au milieu de tourments innommables !
Déjà, le dieu avait dévoilé aux mortels
Les nocives fureurs qui fusent de l'Hadès,
Cette peste putride érodant toute chair,
Les lèpres à la dent féroce qui ravage
Les corps, tout en faisant lever, atrocement,
La blanche moisissure. Il annonçait encor
La prochaine venue des sombres Érinyes,
Qui naissent aussitôt qu'un père est foudroyé,
Et dont l'œil plein de feu, dans la nuit ténébreuse,
Galvanise le fils. Car le dard infernal,
Suscité par les morts de son sang qui l'implore,
Ce délire absolu issu des nuits fébriles,
Vient harceler le fils, au point de le chasser
De la cité, le corps maculé de blessures
Par l'aiguillon de bronze. Un homme ainsi vaincu,
N'a plus droit de saisir les cratères sacrés
Pour les libations, le courroux invisible
Du père lui défend d'approcher les autels.
Nul ne peut accueillir ce fils dans sa maison.
Il essuie le mépris de tous, privé d'amis,
Tant et si bien qu'il meurt aboli par un mal,
Une affreuse gangrène. À ces prédictions,
Il faut nous conformer. Même en les refusant,
Leur accomplissement est œuvre nécessaire.
Et j'ai au fond de moi une envie qui me pousse
À les réaliser. Certes, l'injonction
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