[200] ἄγαλμα τύμβου τοῦδε καὶ τιμὴν πατρός.
201 ἀλλ´ εἰδότας μὲν τοὺς θεοὺς καλούμεθα,
202 οἵοισιν ἐν χειμῶσι ναυτίλων δίκην
203 στροβούμεθ´· εἰ δὲ χρὴ τυχεῖν σωτηρίας,
204 σμικροῦ γένοιτ´ ἂν σπέρματος μέγας πυθμήν.
205 καὶ μὴν στίβοι γε, δεύτερον τεκμήριον,
206 ποδῶν ὅμοιοι τοῖς τ´ ἐμοῖσιν ἐμφερεῖς.
207 καὶ γὰρ δύ´ ἐστὸν τώδε περιγραφὰ ποδοῖν,
208 αὐτοῦ τ´ ἐκείνου καὶ συνεμπόρου τινός.
209 πτέρναι τενόντων θ´ ὑπογραφαὶ μετρούμεναι
210 εἰς ταὐτὸ συμβαίνουσι τοῖς ἐμοῖς στίβοις.
211 πάρεστι δ´ ὠδὶς καὶ φρενῶν καταφθορά.
212 (ΟΡΕΣΤΗΣ)
212 εὔχου τὰ λοιπά, τοῖς θεοῖς τελεσφόρους
213 εὐχὰς ἐπαγγέλλουσα, τυγχάνειν καλῶς.
214 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἐπεὶ τί νῦν ἕκατι δαιμόνων κυρῶ;
215 (ΟΡΕΣΤΗΣ) εἰς ὄψιν ἥκεις ὧνπερ ἐξηύχου πάλαι.
216 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ τίνα σύνοισθά μοι καλουμένῃ βροτῶν;
217 (ΟΡΕΣΤΗΣ) σύνοιδ´ Ὀρέστην πολλά ς´ ἐκπαγλουμένην.
218 (ΗΛΕΚΤΡΑ) καὶ πρὸς τί δῆτα τυγχάνω κατευγμάτων;
219 (ΟΡΕΣΤΗΣ) ὅδ´ εἰμί· μὴ μάτευ´ ἐμοῦ μᾶλλον φίλον.
220 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἀλλ´ ἦ δόλον τιν´, ὦ ξέν´, ἀμφί μοι πλέκεις;
221 (ΟΡΕΣΤΗΣ) αὐτὸς κατ´ αὐτοῦ τἄρα μηχανορραφῶ.
222 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ἀλλ´ ἐν κακοῖσι τοῖς ἐμοῖς γελᾶν θέλεις;
223 (ΟΡΕΣΤΗΣ) κἀν τοῖς ἐμοῖς ἄρ´, εἴπερ ἔν γε τοῖσι σοῖς.
224 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὡς ὄντ´ Ὀρέστην τἄρ´ ἐγώ σε προὐννέπω;
225 (ΟΡΕΣΤΗΣ) αὐτὸν μὲν οὖν ὁρῶσα δυσμαθεῖς ἐμέ·
226 κουρὰν δ´ ἰδοῦσα τήνδε κηδείου τριχὸς
227 ἰχνοσκοποῦσά τ´ ἐν στίβοισι τοῖς ἐμοῖς
228 ἀνεπτερώθης κἀδόκεις ὁρᾶν ἐμέ.
229 σκέψαι, τομῇ προσθεῖσα βόστρυχον τριχός,
230 σαυτῆς ἀδελφοῦ σύμμετρον τῷ σῷ κάρᾳ.
231 ἰδοῦ δ´ ὕφασμα τοῦτο, σῆς ἔργον χερός,
232 σπάθης τε πληγάς, ἒν δὲ θήρειον γραφήν—
233 ἔνδον γενοῦ, χαρᾷ δὲ μὴ ´κπλαγῇς φρένας·
234 τοὺς φιλτάτους γὰρ οἶδα νῷν ὄντας πικρούς.
235 (ΗΛΕΚΤΡΑ) ὦ φίλτατον μέλημα δώμασιν πατρός,
236 δακρυτὸς ἐλπὶς σπέρματος σωτηρίου,
237 ἀλκῇ πεποιθὼς δῶμ´ ἀνακτήσῃ πατρός.
238 ὦ τερπνὸν ὄμμα τέσσαρας μοίρας ἔχον
239 ἐμοί, προσαυδᾶν δ´ ἔστ´ ἀναγκαίως ἔχον
240 πατέρα σε, καὶ τὸ μητρὸς ἐς σέ μοι ῥέπει
241 στέργηθρον—ἡ δὲ πανδίκως ἐχθαίρεται—
242 καὶ τῆς τυθείσης νηλεῶς ὁμοσπόρου·
243 πιστὸς δ´ ἀδελφὸς ἦσθ´, ἐμοὶ σέβας φέρων
243 μόνος· ---
244 μόνον Κράτος τε καὶ Δίκη σὺν τῷ τρίτῳ
245 πάντων μεγίστῳ Ζηνὶ συγγένοιτό μοι.
246 (ΟΡΕΣΤΗΣ) Ζεῦ Ζεῦ, θεωρὸς τῶνδε πραγμάτων γενοῦ·
247 ἰδοῦ δὲ γένναν εὖνιν αἰετοῦ πατρός,
248 θανόντος ἐν πλεκταῖσι καὶ σπειράμασιν
249 δεινῆς ἐχίδνης. τοὺς δ´ ἀπωρφανισμένους
| [200] L'associant au deuil, j'en ornerai la tombe
Pour honorer mon père. Ô dieux, je vous invoque !
Vous les omniscients, vous savez mon tourment,
Je suis comme l'esquif ballotté par les flots
En furie. Si le sort, toutefois, est clément,
Que du germe esseulé naisse l'arbre robuste.
Tiens, des traces de pas ! Un tout nouvel indice !
Ces pas, à s'y méprendre, ont la même largeur
Que mes pieds. Regardez ! Il y a d'autres pas :
Il est accompagné. Mais ceux-là... les contours
Du talon, il suffit de mesurer un peu
Et de les comparer aux miens... Tout coïncide !
Un tumulte me gagne et mon esprit défaille...
212 ORESTE.
Implore les dieux bons, afin qu'à l'avenir,
Ceux-ci te soient toujours tendres et bienveillants.
ÉLECTRE.
Mais quelle est cette grâce octroyée par le Ciel ?
ORESTE.
Il te permet de voir un ami qui t'est cher.
ÉLECTRE.
Et qui est, selon toi, celui que je réclame ?
ORESTE.
C'est ORESTE., celui qui rayonne en tes yeux.
ÉLECTRE.
En quoi mes vœux sont-ils désormais satisfaits ?
ORESTE.
Car ORESTE., c'est moi, l'ami que tu exaltes.
ÉLECTRE.
C'est un piège, étranger, que tu voudrais me tendre...
ORESTE.
Alors je tomberai dans mes propres embûches !
ÉLECTRE.
Je sens bien ton désir de rire de mes maux.
ORESTE.
Rire de ton malheur, c'est rire aussi du mien.
ÉLECTRE.
Mais alors, c'est à toi, Oreste, que je parle ?
225 ORESTE.
Tu me vois en personne et tu doutes encore.
Et pourtant, à la vue de cette pauvre mèche
Déposée sur la tombe, une béatitude
Envahissait ton cœur ; quand tu scrutais mes pas,
Emoustillée soudain, tu croyais bien me voir.
Regarde sur ma tête et tu discerneras
L'endroit où ces cheveux ont bien été coupés.
Regarde cette étoffe : eh bien ! elle est ton œuvre,
Tu l'as tissée. Et puis, cette scène de fauves...
Mais garde ton sang-froid, ne montre pas ta joie !
La haine asservit ceux qui devraient nous aimer.
ÉLECTRE.
Ô frère bien-aimé, espoir tant attendu
Du foyer paternel, ô graine du salut,
Par ton glaive vaillant, tu vas réinvestir
Le palais ancestral. Toi qui luis dans mes yeux,
Sais-tu, je t'ai voué un culte en quatre parts :
Je te vois comme un père – hélas, c'est le destin ! –
Et de plus, la tendresse accordée à ma mère,
Je te la gratifie, car elle, je la hais !
En toi, je vois encor ma sœur sacrifiée ;
Enfin, tu es mon frère, et je te porte aux nues.
Que la force et le droit, que Zeus, suprématie,
Que cette Trinité soient notre aide farouche !
246 ORESTE.
Zeus ! Zeus ! sois le témoin de notre pauvre vie !
Vois ces tristes aiglons frustrés d'un noble père,
Cet homme qui périt dans l'enchevêtrement
Affreux d'une vipère ! Ah ces parents abjects !
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