[750] ὃν ἐξέθρεψα μητρόθεν δεδεγμένη
751 καὶ νυκτιπλάγκτων ὀρθίων κελευμάτων
752 καὶ πολλὰ καὶ μοχθήρ´ ἀνωφέλητ´ ἐμοὶ
753 τλάσῃ—τὸ μὴ φρονοῦν γὰρ ὡσπερεὶ βοτὸν
754 τρέφειν ἀνάγκη, πῶς γὰρ οὔ; τρόπῳ φρενός·
755 οὐ γάρ τι φωνεῖ παῖς ἔτ´ ὢν ἐν σπαργάνοις,
756 εἰ λιμός, ἢ δίψη τις, ἢ λιψουρία
757 ἔχει· νέα δὲ νηδὺς αὐτάρκης τέκνων.
758 τούτων πρόμαντις οὖσα, πολλὰ δ´, οἴομαι,
759 ψευσθεῖσα, παιδὸς σπαργάνων φαιδρύντρια—
760 κναφεὺς τροφεύς τε ταὐτὸν εἰχέτην τέλος.
761 ἐγὼ διπλᾶς δὲ τάσδε χειρωναξίας
762 ἔχους´ Ὀρέστην ἐξεδεξάμην πατρί·
763 τεθνηκότος δὲ νῦν τάλαινα πεύθομαι.
764 στείχω δ´ ἐπ´ ἄνδρα τῶνδε λυμαντήριον
765 οἴκων, θέλων δὲ τόνδε πεύσεται λόγον.
766 (ΧΟΡΟΣ) πῶς οὖν κελεύει νιν μολεῖν ἐσταλμένον;
767 (ΤΡΟΦΟΣ) ἦ πῶς; λέγ´ αὖθις, ὡς μάθω σαφέστερον.
768 (ΧΟΡΟΣ) εἰ ξὺν λοχίταις εἴτε καὶ μονοστιβῆ.
769 (ΤΡΟΦΟΣ) ἄγειν κελεύει δορυφόρους ὀπάονας.
770 (ΧΟΡΟΣ) μή νυν σὺ ταῦτ´ ἄγγελλε δεσπότου στύγει·
771 ἀλλ´ αὐτὸν ἐλθεῖν, ὡς ἀδειμάντων κλύῃ,
772 ἄνωχθ´ ὅσον τάχιστα, γαθούσῃ φρενί.
773 ἐν ἀγγέλῳ γὰρ κυπτὸς ὀρθοῦται λόγος.
774 (ΤΡΟΦΟΣ) ἀλλ´ ἦ φρονεῖς εὖ τοῖσι νῦν ἠγγελμένοις;
775 (ΧΟΡΟΣ) ἀλλ´ εἰ τροπαίαν Ζεὺς κακῶν θήσει ποτέ;
776 (ΤΡΟΦΟΣ) καὶ πῶς; Ὀρέστης ἐλπὶς οἴχεται δόμων.
777 (ΧΟΡΟΣ) οὔπω· κακός γε μάντις ἂν γνοίη τάδε.
778 (ΤΡΟΦΟΣ) τί φῄς; ἔχεις τι τῶν λελεγμένων δίχα;
779 (ΧΟΡΟΣ) ἄγγελλ´ ἰοῦσα, πρᾶσσε τἀπεσταλμένα.
780 μέλει θεοῖσιν ὧνπερ ἂν μέλῃ πέρι.
781 (ΤΡΟΦΟΣ) ἀλλ´ εἶμι καὶ σοῖς ταῦτα πείσομαι λόγοις.
782 γένοιτο δ´ ὡς ἄριστα σὺν θεῶν δόσει.
783 (ΧΟΡΟΣ) νῦν παραιτουμένᾳ μοι, πάτερ
784 Ζεῦ θεῶν Ὀλυμπίων,
785 δὸς τυχὰς τυχεῖν δόμου
786 κυρίοις τὰ σώφρον´ αὖ
786 μαιομένοις ἰδεῖν.
787 διὰ δίκας ἔπος ἅπαν ἔλακον, ὦ
788 Ζεῦ, σύ νιν φυλάσσοις.
789 αἰαῖ, πρὸ δὲ δὴ ´χθρῶν
790 τῶν ἔσω μελάθρων,
791 ὦ Ζεῦ, θές, ἐπεί νιν μέγαν ἄρας
792 δίδυμα καὶ τριπλᾶ παλίμποινα
793 θέλων ἀμείψῃ.
794 ἴσθι δ´ ἀνδρὸς φίλου πῶλον εὖνιν
795 ζυγέντ´ ἐν ἅρμασιν
796 πημάτων, σὺ δ´ ἐν δρόμῳ
797 προστιθεὶς μέτρον κτίσον
797 σῳζομένων ῥυθμόν,
798 διὰ πέδον τοῦτ´ ἰδεῖν ἀνομένων
799 βημάτων ὄρεγμα.
| [750] Je me suis dévouée jusqu'à épuisement !
Je l'ai nourri sans cesse au jour de sa naissance.
Comme il braillait, la nuit, le petiot, il fallait
Que je me décarcasse. Hélas, tout ça pour rien ?
Un bébé, ça n'a pas une grande jugeote,
Il faut toujours savoir ses besoins du moment :
Car ça ne parle pas : il a faim, il a soif,
Ca veut faire pipi, ça veut faire caca !
Les marmots, ça n'attend personne pour agir...
Je devais deviner mais n'ai pas tout compris,
Parfois ! Et c'est pourquoi, pour nettoyer les langes,
Je m'y connais ! J'étais blanchisseuse et nourrice.
Mais je me suis soumise à ces deux fonctions
Avec joie, car c'était pour offrir à son père
Un parfait héritier ! Mais il est mort, hélas !
Pauvre petite vieille ! Allons je vais chercher
L'homme qui a ruiné, pourri notre maison,
Ah ! celui-là, pour sûr, il va s'en contenter.
766 LE CORYPHÉE
Comment la reine veut-elle venir ici ?
LA NOURRICE KILISSA.
Comment quoi ? Comprends pas ! Répète un peu pour voir !
LE CORYPHÉE
Va-t-elle venir seule ou bien avec sa garde ?
LA NOURRICE KILISSA.
Elle veut amener toute la garnison !
LE CORYPHÉE
Ne dis rien de cela à l'homme qui t'écœure :
Il doit venir seul, pour ne pas montrer sa peur.
Quand tu lui apprendras la fatale nouvelle,
Simule la gaieté, autant que tu le peux :
Du messager dépend le succès d'un projet.
LA NOURRICE KILISSA.
Tu es émoustillé par de telles nouvelles ?
LE CORYPHÉE
Quand Zeus survient, le mal peut devenir un bien.
LA NOURRICE KILISSA
Impossible ! L'espoir résidait en ORESTE.,
Il n'est plus...
LE CORYPHÉE
Pas encore ! Il est piètre devin
Celui qui prédit ça.
LA NOURRICE KILISSA.
Quoi ! tu sais autre chose ?
LE CORYPHÉE
Apporte ton message, et fais ce qu'on t'ordonne !
Ensuite, c'est aux dieux d'accomplir leurs desseins.
LA NOURRICE KILISSA.
Alors, je t'obéis et ne tarde pas plus :
Que nos dieux bienveillants fassent du bon boulot !
783 LE CHŒUR.
Strophe I
Ô Zeus, géniteur des dieux de l'Olympe,
Je te prie ---
Justice parle en ma voix,
Ô Zeus, daigne la satisfaire !
Strophe II
À celui qui entre au palais,
Octroie la victoire
Contre nos ennemis !
Si tu le favorises,
Il t'en sera gré et t'offrira dès lors
Des offrandes multipliées.
Protège cet enfant,
Cet orphelin d'un héros
Par toi vénéré,
Vois comme il est attelé
Sur le char rapide des douleurs ---
Calme son élan
Pour que sa course arrive jusqu'au but.
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