[600] ὅπως δ´ ἄριστα τὸν ἐμὸν αἰδοῖον πόσιν
σπεύσω πάλιν μολόντα δέξασθαι—τί γὰρ
γυναικὶ τούτου φέγγος ἥδιον δρακεῖν,
ἀπὸ στρατείας ἄνδρα σώσαντος θεοῦ
πύλας ἀνοῖξαι; —ταῦτ´ ἀπάγγειλον πόσει?
ἥκειν ὅπως τάχιστ´ ἐράσμιον πόλει?
γυναῖκα πιστὴν δ´ ἐν δόμοις εὕροι μολὼν
οἵανπερ οὖν ἔλειπε, δωμάτων κύνα,
ἐσθλὴν ἐκείνῳ, πολεμίαν τοῖς δύσφροσιν,
καὶ τἄλλ´ ὁμοίαν πάντα, σημαντήριον
οὐδὲν διαφθείρασαν ἐν μήκει χρόνου.
οὐδ´ οἶδα τέρψιν οὐδ´ ἐπίψογον φάτιν
ἄλλου πρὸς ἀνδρὸς μᾶλλον ἢ χαλκοῦ βαφάς.
τοιόσδ´ ὁ κόμπος, τῆς ἀληθείας γέμων,
οὐκ αἰσχρὸς ὡς γυναικὶ γενναίᾳ λακεῖν.
(ΧΟΡΟΣ) αὕτη μὲν οὕτως εἶπε μανθάνοντί σοι
τοροῖσιν ἑρμηνεῦσιν εὐπρεπῶς λόγον.
σὺ δ´ εἰπέ, κῆρυξ, Μενέλεων δὲ πεύθομαι,
εἰ νόστιμός τε καὶ σεσῳμένος πάλιν
ἥξει σὺν ὑμῖν, τῆσδε γῆς φίλον κράτος.
(ΚΗΡΥΞ) οὐκ ἔσθ´ ὅπως λέξαιμι τὰ ψευδῆ καλὰ
ἐς τὸν πολὺν φίλοισι καρποῦσθαι χρόνον.
(ΧΟΡΟΣ) πῶς δῆτ´ ἂν εἰπὼν κεδνὰ τἀληθῆ τύχοις;
σχισθέντα δ´ οὐκ εὔκρυπτα γίγνεται τάδε.
(ΚΗΡΥΞ) ἁνὴρ ἄφαντος ἐξ Ἀχαιικοῦ στρατοῦ,
625 αὐτός τε καὶ τὸ πλοῖον. οὐ ψευδῆ λέγω.
(ΧΟΡΟΣ) πότερον ἀναχθεὶς ἐμφανῶς ἐξ Ἰλίου,
ἢ χεῖμα, κοινὸν ἄχθος, ἥρπασε στρατοῦ;
(ΚΗΡΥΞ) ἔκυρσας ὥστε τοξότης ἄκρος σκοποῦ?
μακρὸν δὲ πῆμα συντόμως ἐφημίσω.
(ΧΟΡΟΣ) πότερα γὰρ αὐτοῦ ζῶντος ἢ τεθνηκότος
φάτις πρὸς ἄλλων ναυτίλων ἐκλῄζετο;
(ΚΗΡΥΞ) οὐκ οἶδεν οὐδεὶς ὥστ´ ἀπαγγεῖλαι τορῶς,
πλὴν τοῦ τρέφοντος Ἡλίου χθονὸς φύσιν.
(ΧΟΡΟΣ) πῶς γὰρ λέγεις χειμῶνα ναυτικῷ στρατῷ
ἐλθεῖν τελευτῆσαί τε δαιμόνων κότῳ;
(ΚΗΡΥΞ) εὔφημον ἦμαρ οὐ πρέπει κακαγγέλῳ
γλώσσῃ μιαίνειν? χωρὶς ἡ τιμὴ θεῶν.
ὅταν δ´ ἀπευκτὰ πήματ´ ἄγγελος πόλει
στυγνῷ προσώπῳ πτωσίμου στρατοῦ φέρῃ,
πόλει μὲν ἕλκος ἓν τὸ δήμιον τυχεῖν,
πολλοὺς δὲ πολλῶν ἐξαγισθέντας δόμων
ἄνδρας διπλῇ μάστιγι, τὴν Ἄρης φιλεῖ,
δίλογχον ἄτην, φοινίαν ξυνωρίδα?
τοιῶνδε μέντοι πημάτων σεσαγμένον
πρέπει λέγειν παιᾶνα τόνδ´ Ἐρινύων.
σωτηρίων δὲ πραγμάτων εὐάγγελον
ἥκοντα πρὸς χαίρουσαν εὐεστοῖ πόλιν—
πῶς κεδνὰ τοῖς κακοῖσι συμμείξω, λέγων
χειμῶν´ Ἀχαιῶν οὐκ ἀμήνιτον θεοῖς;
650 ξυνώμοσαν γάρ, ὄντες ἔχθιστοι τὸ πρίν,
πῦρ καὶ θάλασσα, καὶ τὰ πίστ´ ἐδειξάτην
φθείροντε τὸν δύστηνον Ἀργείων στρατόν?
ἐν νυκτὶ δυσκύμαντα δ´ ὠρώρει κακά.
ναῦς γὰρ πρὸς ἀλλήλῃσι Θρῄκιαι πνοαὶ
ἤρεικον? αἱ δὲ κεροτυπούμεναι βίᾳ
χειμῶνι τυφῶ σὺν ζάλῃ τ´ ὀμβροκτύπῳ
ᾤχοντ´ ἄφαντοι, ποιμένος κακοῦ στρόβῳ.
ἐπεὶ δ´ ἀνῆλθε λαμπρὸν ἡλίου φάος,
ὁρῶμεν ἀνθοῦν πέλαγος Αἰγαῖον νεκροῖς
ἀνδρῶν Ἀχαιῶν ναυτικοῖς τ´ ἐρειπίοις.
ἡμᾶς γε μὲν δὴ ναῦν τ´ ἀκήρατον σκάφος
ἤτοι τις ἐξέκλεψεν ἢ ´ξῃτήσατο
θεός τις, οὐκ ἄνθρωπος, οἴακος θιγών.
τύχη δὲ σωτὴρ ναῦν θέλους´ ἐφέζετο,
ὡς μήτ´ ἐν ὅρμῳ κύματος ζάλην ἔχειν
μήτ´ ἐξοκεῖλαι πρὸς κραταίλεων χθόνα.
ἔπειτα δ´ Ἅιδην πόντιον πεφευγότες,
λευκὸν κατ´ ἦμαρ, οὐ πεποιθότες τύχῃ,
ἐβουκολοῦμεν φροντίσιν νέον πάθος,
στρατοῦ καμόντος καὶ κακῶς σποδουμένου.
καὶ νῦν ἐκείνων εἴ τις ἐστὶν ἐμπνέων,
λέγουσιν ἡμᾶς ὡς ὀλωλότας, τί μήν;
ἡμεῖς τ´ ἐκείνους ταὔτ´ ἔχειν δοξάζομεν.
γένοιτο δ´ ὡς ἄριστα. Μενέλεων γὰρ οὖν
675 πρῶτόν τε καὶ μάλιστα προσδόκα μέλειν?
εἰ δ´ οὖν τις ἀκτὶς ἡλίου νιν ἱστορεῖ
χλωρόν τε καὶ βλέποντα, μηχαναῖς Διὸς
οὔπω θέλοντος ἐξαναλῶσαι γένος,
ἐλπίς τις αὐτὸν πρὸς δόμους ἥξειν πάλιν.
τοσαῦτ´ ἀκούσας ἴσθι τἀληθῆ κλυών.
(ΧΟΡΟΣ) τίς ποτ´ ὠνόμαξεν ὧδ´
ἐς τὸ πᾶν ἐτητύμως—
μή τις ὅντιν´ οὐχ ὁρῶμεν προνοίαισι τοῦ πεπρωμένου
γλῶσσαν ἐν τύχᾳ νέμων; —τὰν
δορίγαμβρον ἀμφινεικῆ
θ´ Ἑλέναν; ἐπεὶ πρεπόντως
ἑλένας, ἕλανδρος, ἑλέπτολις, ἐκ τῶν ἁβροπήνων
προκαλυμμάτων ἔπλευσε
Ζεφύρου γίγαντος αὔρᾳ,
πολύανδροί
τε φεράσπιδες κυναγοὶ
κατ´ ἴχνος πλατᾶν ἄφαντον
κελσάντων Σιμόεντος
ἀκτὰς ἐπ´ ἀεξιφύλλους
δι´ ἔριν αἱματόεσσαν.
Ἰλίῳ δὲ κῆδος
| [600] Hâtons-nous de lui préparer une réception
digne de lui. Quel jour plus fortuné pour une femme,
que celui où elle voit ses portes s'ouvrir à un époux,
vainqueur dans la guerre, et sauvé par les Dieux ! Héraut,
retourne : dis-lui qu'il reparaisse promptement,
assuré de l'amour de son peuple ; qu'il vienne retrouver
dans son palais sa fidèle épouse, telle qu'il l'a laissée
gardienne de sa maison, à lui seul attachée, ennemie
de ses ennemis, et qui, toujours la même, n'a pas violé,
pendant sa longue absence, le dépôt de l'hymen : aussi
pure que l'or, elle n'a ni connu de plaisir, ni écouté de
discours, dont elle ait à rougir.
(LE HÉRAUT) Cet éloge de soi-même ne messied point à une
femme vertueuse, quand il s'accorde avec la vérité.
(LE CHOEUR)
Tu as entendu de sa bouche ce qu'elle veut que tu
puisses clairement répéter. Mais réponds-nous : que
fait Ménélas, ce roi que chérit la Grèce ! est-il vivant?
revient-il avec vous?
(LE HÉRAUT) Je ne mentirai jamais pour plaire à mes amis,
dussent-ils jouir longtemps de leur erreur.
(LE CHOEUR) Eh ! comment nous flatter par un mensonge ?
Un fait public ne peut se cacher.
(LE HÉRAUT) Ménélas a disparu de l'armée, lui et son vaisseau :
telle est la vérité.
(LE CHOEUR) Vous a-t-il quittés, en partant d'Ilion, ou une
tempête commune à toute la flotte l'en aurait-elle séparé ?
(LE HÉRAUT) Tu l'as dit : voilà en peu de mots notre aventure
malheureuse.
(LE CHOEUR) Mais, est-il mort ? est-il vivant ? que croit-on dans l'armée?
(LE HÉRAUT) Qui le sait, et qui pourrait nous l'apprendre si ce
n'est l'astre qui nourrit la nature
(LE CHOEUR) Et, comment cette tempête, suscitée par les Dieux
contre les Grecs, a-t-elle commencé et fini?
(LE HÉRAUT) Il sied mal de profaner un jour heureux par de funestes récits:
à chaque Dieu, son hommage. Quand un héraut, la tristesse sur le front,
apporte dans une ville la funeste nouvelle qu'une armée est détruite, que
tout un peuple a été frappé, et que chaque famille a
perdu quelqu'un des siens, par le double instrument
de mort, le couple homicide, qui suit le Dieu des combats ;
dans cet amas de désastres, il ne doit faire entendre que l'hymne d'Erynnis.
Mais moi, messager du salut, envoyé vers une ville triomphante et prospère,
dois-je mêler les disgrâces aux succès, et décrire une
tempête que le courroux des Dieux peut seul nous
avoir envoyée ; car l'onde et la flamme, oubliant leur
antique haine, s'étaient réconciliées pour conspirer la
ruine de notre malheureuse armée. Ce fut durant la
nuit que s'éleva ce fatal orage. Poussés par les vents
de Thrace, nos vaisseaux se heurtèrent. Fracassés
dans leurs agrès par des chocs violents, et, au milieu
des tourbillons de grêle, de pluie, mal dirigés par des
pilotes éperdus, la plupart se sont abîmés. Quand le
soleil eut ramené la clarté, nous vîmes la mer Égée couverte
de cadavres et de débris. Pour nous et notre
navire, quelque Dieu, sans doute (car ce ne peut être
un homme), prenant le gouvernail, ou nous déroba au
naufrage, ou obtint notre grâce. La Fortune conservatrice,
d'elle-même, s'était assise parmi nous, de sorte
que, loin du port, nous avons soutenu la tempête, sans
toucher aux écueils. Échappés au trépas dans l'empire
de Neptune, rendus à un ciel serein, n'en croyant qu'à
peine notre bonheur, nous n'avons plus pensé qu'au
désastre récent de notre armée détruite et dissipée.
Maintenant, si quelques-uns de nos compagnons respirent
encore, ils nous croient perdus (car comment ne le
croiraient-ils pas ?) tandis que nous les croyons perdus
eux-mêmes. Puissions-nous être plus heureux que
nous ne pensons ? Peut-être Ménélas reparaîtra-t-il
bientôt et le premier de tous. S'il vit encore, si par les
soins de Jupiter, qui n'aura pas voulu perdre la race
des Atrides, les rayons du soleil quelque part éclairent
ses yeux, espérons qu'il reviendra dans sa patrie.
Tu m'as entendu ; telle est la vérité.
(LE CHOEUR)
Qui donc, si ce n'est un être invisible, qui, prévoyant
les destins, règle les présages fortuits a pu
nommer ainsi, conformément à son sort, cette Hélène,
dotée par la guerre et les combats? Elle s'échappe de
sa couche voluptueuse , s'abandonne au souffle des
vents, et, véritable Hélène, elle perd mille vaisseaux,
elle perd son époux, elle perd la ville qui la reçoit.
Sur les invincibles traces de son navire, des milliers
de combatants abordèrent aux rives ombragées du
Scamandre, conduits par la discorde sanguinaire.
Cette alliance, pour Ilion, fut l'alliance du malheur.
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