HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Eschyle, Agamemnon

Vers 1200-1299

  Vers 1200-1299

[1200] πόντου πέραν τραφεῖσαν ἀλλόθρουν πόλιν
κυρεῖν λέγουσαν, ὥσπερ εἰ παρεστάτεις.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) μάντις μ´ Ἀπόλλων τῷδ´ ἐπέστησεν τέλει.
(ΧΟΡΟΣ) μῶν καὶ θεός περ ἱμέρῳ πεπληγμένος;
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) προτοῦ μὲν αἰδὼς ἦν ἐμοὶ λέγειν τάδε.
(ΧΟΡΟΣ) ἁβρύνεται γὰρ πᾶς τις εὖ πράσσων πλέον.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) ἀλλ´ ἦν παλαιστὴς κάρτ´ ἐμοὶ πνέων χάριν.
(ΧΟΡΟΣ) καὶ τέκνων εἰς ἔργον ἤλθετον νόμῳ;
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) ξυναινέσασα Λοξίαν ἐψευσάμην.
(ΧΟΡΟΣ) ἤδη τέχναισιν ἐνθέοις ᾑρημένη;
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) ἤδη πολίταις πάντ´ ἐθέσπιζον πάθη.
(ΧΟΡΟΣ) πῶς δῆτ´ ἄνατος ἦσθα Λοξίου κότῳ;
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) ἔπειθον οὐδέν´ οὐδέν, ὡς τάδ´ ἤμπλακον.
(ΧΟΡΟΣ) ἡμῖν γε μὲν δὴ πιστὰ θεσπίζειν δοκεῖς.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) ἰοὺ ἰού, κακά.
ὑπ´ αὖ με δεινὸς ὀρθομαντείας πόνος
στροβεῖ ταράσσων φροιμίοις εὐφημίοις.
ὁρᾶτε τούσδε τοὺς δόμοις ἐφημένους
νέους, ὀνείρων προσφερεῖς μορφώμασιν;
παῖδες θανόντες ὡσπερεὶ πρὸς τῶν φίλων,
χεῖρας κρεῶν πλήθοντες οἰκείας βορᾶς?
σὺν ἐντέροις τε σπλάγχν´, ἐποίκτιστον γέμος,
πρέπους´ ἔχοντες, ὧν πατὴρ ἐγεύσατο.
ἐκ τῶνδε ποινάς φημι βουλεύειν τινά,
λέοντ´ ἄναλκιν, ἐν λέχει στρωφώμενον
1225 οἰκουρόν, οἴμοι, τῷ μολόντι δεσπότῃ
ἐμῷ? φέρειν γὰρ χρὴ τὸ δούλιον ζυγόν?
νεῶν τ´ ἄπαρχος Ἰλίου τ´ ἀναστάτης
οὐκ οἶδεν οἵα γλῶσσα, μισητῆς κυνὸς
λείξασα κἀκτείνασα φαιδρὸν οὖς δίκην,
ἄτης λαθραίου τεύξεται κακῇ τύχῃ.
τοιάδε τόλμα? θῆλυς ἄρσενος φονεύς?
ἔστιντί νιν καλοῦσα δυσφιλὲς δάκος
τύχοιμ´ ἄν; ἀμφίσβαιναν, Σκύλλαν τινὰ
οἰκοῦσαν ἐν πέτραισι, ναυτίλων βλάβην,
θύουσαν Ἅιδου μητέρ´ ἄσπονδόν τ´ Ἄρη
φίλοις πνέουσαν; ὡς δ´ ἐπωλολύξατο
παντότολμος, ὥσπερ ἐν μάχης τροπῇ.
δοκεῖ δὲ χαίρειν νοστίμῳ σωτηρίᾳ.
καὶ τῶνδ´ ὅμοιον εἴ τι μὴ πείθω? τί γάρ;
τὸ μέλλον ἥξει. καὶ σύ μ´ ἐν τάχει παρὼν
ἄγαν γ´ ἀληθόμαντιν οἰκτίρας ἐρεῖς.
(ΧΟΡΟΣ) τὴν μὲν Θυέστου δαῖτα παιδείων κρεῶν
ξυνῆκα καὶ πέφρικα, καὶ φόβος μ´ ἔχει
κλύοντ´ ἀληθῶς οὐδὲν ἐξῃκασμένα.
τὰ δ´ ἄλλ´ ἀκούσας ἐκ δρόμου πεσὼν τρέχω.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) Ἀγαμέμνονός σέ φημ´ ἐπόψεσθαι μόρον.
(ΧΟΡΟΣ) εὔφημον, τάλαινα, κοίμησον στόμα.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) ἀλλ´ οὔτι παιὼν τῷδ´ ἐπιστατεῖ λόγῳ.
(ΧΟΡΟΣ) οὔκ, εἴπερ ἔσται γ´? ἀλλὰ μὴ γένοιτό πως.
1250 (ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) σὺ μὲν κατεύχῃ, τοῖς δ´ ἀποκτείνειν μέλει.
(ΧΟΡΟΣ) τίνος πρὸς ἀνδρὸς τοῦτ´ ἄχος πορσύνεται;
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) κάρτα χρησμῶν παρεκόπης ἐμῶν ἄρα.
(ΧΟΡΟΣ) τοῦ γὰρ τελοῦντος οὐ ξυνῆκα μηχανήν.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) καὶ μὴν ἄγαν γ´ Ἕλλην´ ἐπίσταμαι φάτιν.
(ΧΟΡΟΣ) καὶ γὰρ τὰ πυθόκραντα? δυσμαθῆ δ´ ὅμως.
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) παπαῖ, οἷον τὸ πῦρ? ἐπέρχεται δέ μοι.
ὀτοτοῖ, Λύκει´ Ἄπολλον, οἲ ἐγὼ ἐγώ.
αὕτη δίπους λέαινα συγκοιμωμένη
λύκῳ, λέοντος εὐγενοῦς ἀπουσίᾳ,
κτενεῖ με τὴν τάλαιναν? ὡς δὲ φάρμακον
τεύχουσα κἀμοῦ μισθὸν ἐνθήσει ποτῷ?
ἐπεύχεται, θήγουσα φωτὶ φάσγανον,
ἐμῆς ἀγωγῆς ἀντιτείσεσθαι φόνον.
τί δῆτ´ ἐμαυτῆς καταγέλωτ´ ἔχω τάδε,
καὶ σκῆπτρα καὶ μαντεῖα περὶ δέρῃ στέφη;
σὲ μὲν πρὸ μοίρας τῆς ἐμῆς διαφθερῶ.
ἴτ´ ἐς φθόρον? πεσόντα γ´ ὧδ´ ἀμείβομαι.
ἄλλην τιν´ Ἄτην ἀντ´ ἐμοῦ πλουτίζετε.
ἰδοὺ δ´, Ἀπόλλων αὐτὸς ἐκδύων ἐμὲ
χρηστηρίαν ἐσθῆτ´, ἐποπτεύσας δέ με
κἀν τοῖσδε κόσμοις καταγελωμένην μετὰ
φίλων ὑπ´ ἐχθρῶν οὐ διχορρόπως μάτην.
κακουμένη δέ, φοιτὰς ὡς ἀγύρτρια,
πτωχὸς τάλαινα λιμοθνὴς ἠνεσχόμην?
1275 καὶ νῦν μάντις μάντιν ἐκπράξας ἐμὲ
ἀπήγαγ´ ἐς τοιάσδε θανασίμους τύχας.
βωμοῦ πατρῴου δ´ ἀντ´ ἐπίξηνον μένει,
θερμῷ κοπείσης φοίνιον προσφάγματι.
οὐ μὴν ἄτιμοί γ´ ἐκ θεῶν τεθνήξομεν.
ἥξει γὰρ ἡμῶν ἄλλος αὖ τιμάορος,
μητροκτόνον φίτυμα, ποινάτωρ πατρός?
φυγὰς δ´ ἀλήτης τῆσδε γῆς ἀπόξενος
κάτεισιν, ἄτας τάσδε θριγκώσων φίλοις?
ὀμώμοται γὰρ ὅρκος ἐκ θεῶν μέγας,
ἄξειν νιν ὑπτίασμα κειμένου πατρός.
τί δῆτ´ ἐγὼ κάτοικτος ὧδ´ ἀναστένω;
ἐπεὶ τὸ πρῶτον εἶδον Ἰλίου πόλιν
πράξασαν ὡς ἔπραξεν, οἳ δ´ εἷλον πόλιν
οὕτως ἀπαλλάσσουσιν ἐν θεῶν κρίσει.
ἰοῦσα πράξω? τλήσομαι τὸ κατθανεῖν.
Ἅιδου πύλας δὲ τάσδ´ ἐγὼ προσεννέπω?
ἐπεύχομαι δὲ καιρίας πληγῆς τυχεῖν,
ὡς ἀσφάδᾳστος, αἱμάτων εὐθνησίμων
ἀπορρυέντων, ὄμμα συμβάλω τόδε.
(ΧΟΡΟΣ) πολλὰ μὲν τάλαινα, πολλὰ δ´ αὖ σοφὴ
γύναι, μακρὰν ἔτεινας. εἰ δ´ ἐτητύμως
μόρον τὸν αὑτῆς οἶσθα, πῶς θεηλάτου
βοὸς δίκην πρὸς βωμὸν εὐτόλμως πατεῖς;
(ΚΑΣΣΑΝΔΡΑ) οὐκ ἔστ´ ἄλυξις, οὔ, ξένοι, χρόνῳ πλέῳ.
[1200] Élevée au delà des mers, dans une ville étrangère,
tu parles comme si tu étais née parmi nous!
(CASSANDRE)
Cet art (longtemps j'ai rougi de l'avouer) est un don
d'Apollon, d'un Dieu prophète.
(LE CHOEUR.)
Et, sans doute, quoique Dieu, désirant tes faveurs;
qui peut tout, d'ordinaire, suit sa passion.
(CASSANDRE) Il m'attaqua longtemps; son amour était extrême.
(LE CHOEUR) Et, cédas-tu enfin à ses désirs?
(CASSANDRE) Je le promis; mais, je trompai le Dieu des oracles.
(LE CHOEUR) Etais-tu déjà instruite de cet art divin?
(CASSANDRE) J'avais déjà prédit aux Troyens tous leurs maux.
(LE CHOEUR) Et, la colère du Dieu te laissa-t-elle impunie ?
(CASSANDRE) Il empêcha dès lors, qu'on ne crût mes oracles.
(LE CHOEUR)Pour nous, nous ne sommes que trop portés à les croire.
(CASSANDRE)
Ah ciel! O douleurs! Un nouveau transport prophétique
m'agite, de nouveaux présages me troublent.
Voyez-vous, dans ce palais, ces enfants, pareils aux
spectres de la nuit? Massacrés par ceux qui devaient
les chérir, ils portent dans leurs mains leurs propres
chairs, leurs entrailles, leurs coeurs, mets épouvantables!
Le père en a goûté ! Pour les venger, un lion,
mais un lion sans courage, nourri dans cette demeure,
après avoir souillé le lit conjugal, n'attend que le retour
de mon maître (esclave, il faut bien m'accoutumer
à ce nom). Le chef de mille vaisseaux, le destructeur
d'Ilion ne sait pas quels maux lui prépare cette furie
domestique, ce chien détestable, qui le flattait de la
langue, lui souriait, pour le trahir. Une femme, l'oser !
poignarder un homme ! De quel monstre odieux lui
donner le nom? Est-ce un serpent à deux têtes ? Est-ce
une Scylla, habitante des rochers, fléau des nautoniers;
ou une mère de l'enfer, furieuse, soufflant une
haine inextinguible dans sa famille! L'impie! Elle
pousse des cris de joie, comme après une victoire. On
dirait qu'elle revient triomphante. Dussé-je n'être pas
crue (car tel est mon sort) tout va s'accomplir. Bientôt,
témoins compatissants, vous m'appellerez la trop
véridique prophétesse.
(LE CHOEUR)
J'ai reconnu le repas affreux de Thyeste; j'en ai
frémi : à ce récit fidèle où rien n'est inventé, la crainte
m'a saisi; j'ai écouté le reste, mais je ne puis le comprendre.
(CASSANDRE) Tu verras, je le dis, la mort d' Agamemnon.
(LE CHOEUR) Quel présage? Misérable ! étouffe ces paroles.
(CASSANDRE) Il n'est point de remède à ce malheur.
(LE CHOEUR) Non, s'il arrive; mais, que le ciel nous en préserve!
(CASSANDRE) Ici, tu fais des voeux, là, on songe à frapper.
(LE CHOEUR) Eh ! quel homme méditerait ce forfait?
(CASSANDRE) Tu avais donc bien mal écouté mes oracles !
(LE CHOEUR) Je n'ai point reconnu l'auteur du complot.
(CASSANDRE) Toutefois, je t'ai parlé ta langue.
(LE CHOEUR) EI celle des oracles : ils sont obscurs.
(CASSANDRE)
Dieux! Quel feu me dévore ! O ciel! O Apollon, Dieu
destructeur des loups! Triste Cassandre ! Cette lionne,
qui, dans l'absence du lion généreux, s'est unie avec
un loup, va t'immoler, malheureuse, à ton tour : elle
cherche une excuse, tu serviras de prétexte à sa fureur.
C'est pour le punir de m'avoir amenée, dit-elle en
aiguisant son poignard, qu'elle égorge son époux.
Pourquoi gardé-je encore ce sceptre, ces couronnes,
qui n'ont fait de moi qu'un objet de risée? Vains ornements,
soyez brisés avant ma mort; c'est tout ce que
je vous dois. Allez parer quelque autre infortunée.
Viens, Apollon, viens reprendre cette robe prophétique.
Sous cet appareil, tu m'as vue en butte aux railleries,
certes trop injustes, et de mes amis, et de mes
ennemis. Traitée, comme les femmes à prestiges, de
misérable, de mendiante, de famélique, j'ai dû tout
endurer. Aujourd'hui, Dieu prophète, à quelle mort
mènes-tu ta prophétesse? Au lieu de l'autel où mon
père fut immolé, c'est sur le plus infâme tronc, que je
vais être égorgée. Toutefois, les Dieux ne laisseront
point ma mort impunie. Bientôt, celui qui doit la punir
reviendra. Rejeton matricide, vengeur de son père,
maintenant, exilé, errant loin de cette terre, il reviendra,
pour combler les maux de sa famille; l'imprécation
d'un père mourant le ramènera. Mais quoi! étrangère,
ai-je donc à déplorer les maux de cette maison?
J'ai vu le destin d'Ilion; celui de ses vainqueurs est
une justice des Dieux. Allons. Il le faut. Supposons
mon trépas, puisque les Dieux l'ont irrévocablement
juré. Portes des Enfers, je vous invoque, ouvrez-vous!
Que la mort, au moins, me frappe d'un seul coup; que
mon sang s'écoule à grands flots; et que mes yeux se ferment sans effort !
(LE CHOEUR)
Fille trop malheureuse, trop éclairée, que d'événements tu prédis!
Si ton sort, en effet, t'est connu,
pourquoi courir audacieusement à l'autel comme une
victime poussée par les Dieux?
(CASSANDRE) Amis, je ne puis, par des délais, éviter mon destin.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 2/03/2005