[8,9] Παρελθὼν δὲ ὁ ἱερεὺς (ἦν δὲ εἰπεῖν οὐκ ἀδύνατος, μάλιστα δὲ
τὴν Ἀριστοφάνους ἐζηλωκὼς κωμῳδίαν) ἤρξατο αὐτὸς λέγειν πάνυ
ἀστείως καὶ κωμῳδικῶς εἰς πορνείαν αὐτοῦ καθαπτόμενος, "Παρὰ
τὴν θεόν," λέγων, "λοιδορεῖσθαι μὲν οὕτως ἀκόσμως τοῖς εὖ βεβιωκόσι
στόματός ἐστιν οὐ καθαροῦ. οὗτος δὲ οὐκ ἐνταῦθα μόνον,
ἀλλὰ καὶ πανταχοῦ τὴν γλῶτταν μεστὴν ὕβρεως ἔχει. καί τοί γε
νέος ὢν συνεγίνετο πολλοῖς αἰδοίοις ἀνδράσι καὶ τὴν ὥραν ἅπασαν
εἰς τοῦτο δεδαπανήκει. σεμνότητα δ´ ἔδρακε καὶ σωφροσύνην ὑπεκρίνατο,
παιδείας προσποιούμενος ἐρᾶν καὶ τοῖς εἰς ταύτην αὐτῷ χρωμένοις
πάντα ὑποκύπτων καὶ ὑποκατακλινόμενος ἀεί. καταλιπὼν
γὰρ τὴν πατρῴαν οἰκίαν, ὀλίγον ἑαυτῷ μισθωσάμενος στενωπεῖον,
εἶχεν ἐνταῦθα τὸ οἴκημα, ὁμηρίζων μὲν τὰ πολλά, πάντας δὲ τοὺς
χρησίμους πρὸς ἅπερ ἤθελε προσηταιρίζετο δεχόμενος. καὶ οὕτω μὲν
ἀσκεῖν τὴν ψυχὴν ἐνομίζετο, ἦν δ´ ἄρα τοῦτο κακουργίας ὑπόκρισις.
ἔπειτα κἀν τοῖς γυμνασίοις ἑωρῶμεν, πῶς τὸ σῶμα ὑπηλείφετο
καὶ πῶς πλῆκτρον περιέβαινε καὶ τοὺς μὲν νεανίσκους, οἷς προσεπάλαιε,
πρὸς τοὺς ἀνδρειοτέρους μάλιστα συμπλεκόμενος· οὕτως αὑτοῦ
κέχρηται καὶ τῷ σώματι. ταῦτα μὲν οὖν ὡραῖος ὤν· ἐπεὶ δὲ εἰς
ἄνδρας ἧκε, πάντα ἀπεκάλυψεν, ἃ τότε ἀπέκρυπτε. καὶ τοῦ μὲν
ἄλλου σώματος ἔξωρος γενόμενος ἠμέλησε, μόνην δὲ τὴν γλῶτταν
εἰς ἀσέλγειαν ἀκονᾷ καὶ τῷ στόματι χρῆται πρὸς ἀναισχυντίαν, ὑβρίζων
πάντας, ἐπὶ τῶν προσώπων φέρων τὴν ἀναίδειαν, ὃς οὐκ ᾐδέσθη
τὸν ὑφ´ ὑμῶν ἱερωσύνῃ τετιμημένον οὕτως ἀπαιδεύτως βλασφημεῖν
ὑμῶν ἐναντίον. ἀλλ´ εἰ μὲν ἄλλῃ που βεβιωκὼς ἔτυχον καὶ μὴ
παρ´ ὑμῖν, ἔδει μοι λόγων περὶ ἐμαυτοῦ καὶ τῶν ἐμοὶ βεβιωμένων·
ἐπεὶ δὲ σύνιστέ μοι πόρρω τῶν τούτου βλασφημιῶν τὸν βίον ἔχοντι,
φέρε εἴπω πρὸς ὑμᾶς περὶ ὧν ἐγκέκλημαι. ‘Ἔλυσας,’ φησί, ‘τὸν
θανάτου κατεγνωσμένον·’ καὶ ἐπὶ τούτῳ πάνυ δεινῶς ἐσχετλίασε,
τύραννον ἀποκαλῶν με καὶ ὅσα δὴ κατετραγῴδησέ μου. ἔστι δὲ
οὐχ ὁ σώζων τοὺς συκοφαντηθέντας τύραννος, ἀλλ´ ὁ τοὺς μηδὲν
ἀδικοῦντας, μήτε βουλῆς, μήτε δήμου κατεγνωκότος. ἢ κατὰ
ποίους νόμους, εἰπέ, τοῦτον τὸν ξένον νεανίσκον κατέκλεισας πρῶτον
εἰς τὸ δεσμωτήριον; τίς προέδρων κατέγνω; ποῖον δικαστήριον ἐκέλευσε
δεθῆναι τὸν ἄνθρωπον; ἔστω γὰρ πάντα ἀδικήσας, ὅσα ἂν
εἴπῃς, ἀλλὰ καὶ κριθήτω πρῶτον, ἐλεγχθήτω, λόγου μεταλαβών· ὁ
νόμος αὐτόν, ὁ καὶ σοῦ καὶ πάντων κύριος, δησάτω. οὐδενὸς γὰρ
οὐδείς ἐστιν ἄνευ κρίσεως δυνατώτερος. κλεῖσον οὖν τὰ δικαστήρια,
κάθελε τὰ βουλευτήρια, ἔκβαλε τοὺς στρατηγούς· πάντα γὰρ ὅσα σὺ
πρὸς τὸν πρόεδρον εἴρηκας ἔοικε δικαιότερον ἐρεῖν κατὰ σοῦ ἀληθῶς.
ἐπανάστηθι Θερσάνδρῳ, πρόεδρε· μέχρι μόνων ὀνομάτων πρόεδρος εἶ.
οὗτος τὰ σὰ ποιεῖ, μᾶλλον δὲ ὅσα οὐδὲ σύ. σὺ μὲν
γὰρ συμβούλους ἔχεις, καὶ οὐδὲν ἄνευ τούτων ἔξεστί σοι· ἀλλ´ οὔτε
τι τῆς ἐξουσίας δράσειας πρὶν ἢ ἐλθεῖν ἐπὶ τοῦτον τὸν θρόνον· οὐδὲ
ἐπὶ τῆς σῆς οἰκίας ποτὲ δεσμὸν ἀνθρώπου κατέγνως. ὁ δὲ γενναῖος
οὗτος πάντα ἑαυτῷ γίνεται, δῆμος, βουλή, πρόεδρος, στρατηγός.
οἴκοι κολάζει καὶ δικάζει καὶ δεθῆναι κελεύει, καὶ ὁ τῆς δίκης
καιρὸς ἑσπέρα ἐστί· καλός γε καὶ ὁ νυκτερινὸς δικαστής. καὶ νῦν πολλάκις
βοᾷ· ‘Κατάδικον ἔλυσας θανάτῳ παραδοθέντα.’ ποίῳ θανάτῳ;
ποῖον κατάδικον; εἰπέ μοι τοῦ θανάτου τὴν αἰτίαν. ‘Ἐπὶ φόνῳ
κατέγνωσται,’ φησί. πεφόνευκεν οὖν; εἰπέ μοι τίς ἐστιν; ἣν ἀπέκτεινε
καὶ ἔλεγες ἀνῃρῆσθαι, ζῶσαν βλέπεις, καὶ οὐκ ἂν ἔτι τολμήσειας
τὸν αὐτὸν αἰτιᾶσθαι φόνου. οὐ γὰρ δὴ τοῦτο τῆς κόρης ἐστὶν εἴδωλον·
οὐκ ἀνέπεμψεν ὁ Ἀϊδωνεὺς κατὰ σοῦ τὴν ἀνῃρημένην. δυσὶ μὲν
οὖν φόνοις ἔνοχος εἶ. τὴν μὲν γὰρ ἀπέκτεινας τῷ λόγῳ, τὸν δὲ τοῖς
ἔργοις ἠθέλησας, μᾶλλον δὲ καὶ ταύτην ἔμελλες· τὸ γὰρ δρᾶμά σου τὸ
ἐπὶ τῶν ἀγρῶν ἠκούσαμεν. ἡ δὲ Ἄρτεμις ἡ μεγάλη θεὸς ἀμφοτέρους
ἔσωσε, τὴν μὲν ἐκ τῶν τοῦ Σωσθένους χειρῶν ἐξαρπάσασα, τὸν δὲ
τῶν σῶν. καὶ τὸν μὲν Σωσθένην ἐξήρπασας, ἵνα μὴ κατάφωρος
γένῃ. οὐκ αἰσχύνῃ δέ, ὅτι κατηγορῶν τοὺς ξένους ἄμφω συκοφαντῶν
ἐλήλεγξαι; τὰ μὲν ἐμὰ ἐπὶ τοσοῦτον εἰρήσθω πρὸς τὰς τούτου βλασφημίας,
τὸν δὲ ὑπὲρ τῶν ξένων λόγον αὐτοῖς τούτοις παραδίδωμι."
| [8,9] Alors s'avança le prêtre (il ne manquait pas d'éloquence
et était grand admirateur de la comédie d'Aristophane),
qui se mit à parler de façon fort spirituelle,
dans le style des comiques, en s'en prenant aux mauvaises
moeurs de Thersandre : « Injurier ainsi en présence de
la Déesse, disait-il, de façon aussi infâme, des gens de
bien, est le signe d'une bouche impure. Et ce n'est pas
la première fois, il y a longtemps que sa langue est faite
aux sévices. Oui, dès sa jeunesse, il se... mélangea à
beaucoup de personnages fort puissants, et tout le plus
beau temps de sa jeunesse se trouva employé de la sorte.
Il avait un air décent, jouait la sagesse, affectait d'être
avide d'instruction, ne se dérobait pas à ceux qui lui en
inculquaient et se montrait tout à fait docile à leurs
leçons. Il quitta le domicile paternel et loua pour son
usage une chambrette où il installa sa maison, et, le plus
souvent, il s'adonnait à des études... spéciales, et se
montrait accueillant pour tous ceux qui pouvaient lui
rendre les services qu'il désirait. C'est ainsi qu'il prétendait
s'exercer l'âme... Ensuite, au gymnase, nous
vîmes comment il se faisait enduire tout le corps, comment
il saisissait les lances à pleine main et comment, à
la lutte, il choisissait pour les étreindre les plus virils
des jeunes gens. Voilà les exercices qu'il faisait pour se
développer le corps. Et cela se passait quand il était dans
sa fleur. Lorsqu'il fut un homme fait, il mit en pleine
lumière ce qu'il avait jusque-là caché. Le reste de son
corps ayant passé le moment, il ne l'utilisa plus, et se
contenta d'aiguiser sa langue pour toutes sortes de licences,
sa bouche lui servait pour les pires infamies, il se montrait
violent envers tous et portait sur son visage son manque
de pudeur, au point qu'il n'a pas eu honte d'insulter,
aussi grossièrement en votre présence, un homme que
vous avez honoré du sacerdoce. Si j'avais passé ma vie
ailleurs et non parmi vous, il me faudrait me justifier
et justifier toute ma vie. Mais, puisque vous savez
que toute mon existence est à l'abri des accusations
mensongères de cet individu, je dois seulement vous
parler des griefs qu'il soulève contre moi. « Tu as délivré,
dit-il, un condamné à mort! » Et, sous ce prétexte,
il a proféré à mon égard les plaintes les plus violentes,
m'appelant tyran, et tout ce qu'il a dit dans la grande
scène. Mais le tyran n'est pas celui qui sauve les victimes
de faux témoignages, mais celui qui veut perdre
des innocents, qui n'ont été condamnés ni par le Conseil
ni par le Peuple. En vertu de quelles lois, dis-moi, as-tu
commencé par enfermer dans la prison ce jeune étranger ?
Quel président de tribunal l'a condamné ? Quel
tribunal a ordonné de l'enchaîner ? Admettons même
qu'il ait commis tous les crimes dont tu l'accuses;
eh bien, qu'il commence par être jugé! Qu'il soit
confondu, qu'il puisse prendre la parole! Que ce soit
la loi, qui est au-dessus de toi et au-dessus de tout le
monde, qui le fasse enchaîner; personne, sans un jugement,
n'a de pouvoir sur personne. Ferme donc les
tribunaux, supprime les salles du Conseil, expulse les
magistrats; tout ce que tu as dit au Président, je puis, moi,
le retourner contre toi, en toute vérité, et avec plus de
justice. Cède ta place, Président, à Thersandre; tu n'es
président du tribunal qu'en nom seulement. C'est lui
qui remplit tes fonctions. Que dis-je, il fait même ce que
toi tu ne fais pas; car, toi, tu as des assesseurs, et tu
n'as le droit de rien faire sans eux; et tu n'as aucun pouvoir
avant d'être assis sur ce siège; jamais tu n'as, dans
ta maison, condamné un homme à être enchaîné.
Tandis que ce noble seigneur que voici assume toutes
les fondions : Assemblée du Peuple, Conseil, Président,
Magistrat. C'est dans sa maison qu'il rend des arrêts, qu'il
décide, qu'il ordonne d'enchaîner les gens, et le moment
choisi pour exercer sa justice est la nuit! Voilà un beau
juge qu'un juge nocturne. Et le voici maintenant qui
répète à grands cris « Tu as libéré un condamné à
mort! » A mort? A quelle mort ? Condamné pourquoi?
Dis-moi la raison de cette condamnation. « Il a été
condamné pour meurtre », dit-il. Donc il a tué ? Dis-moi
alors qui il a tué. Celle qu'il a tuée, dont tu dis
qu'elle a été supprimée, tu la vois vivante, de tes yeux,
et tu n'aurais sans doute pas l'audace d'accuser cet
homme de meurtre ? Ce que tu vois n'est pas le fantôme
de cette jeune femme; ce n'est pas Hadès qui a renvoyé
une morte pour témoigner contre toi. Et l'on peut t'accuser
de deux tentatives de meurtre : cette jeune fille,
tu l'as tuée en paroles, et, par tes actes, tu as tenté de
tuer Clitophon. Bien plus, tu étais sur le point de la
tuer, elle. Car nous connaissons tes machinations à ta
propriété de campagne. Mais Artémis, la grande déesse,
les a sauvés tous deux. Elle l'a arrachée des mains de
Sosthénès, et celui-ci, de tes mains à toi. Quant à Sosthénès,
tu l'as fait disparaître, pour ne pas être pris en flagrant
délit. Et tu ne rougis pas, lorsqu'il est prouvé que
tes accusations contre ces étrangers ont été volontairement
mensongères ? Pour les accusations qui me
concernent moi-même, je pense en avoir assez dit; quant
à la défense de ces étrangers, je leur laisse le soin de la
présenter eux-mêmes. »
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