[8,10] Μέλλοντος δὲ ὑπὲρ ἐμοῦ καὶ τῆς Μελίτης ἀνδρὸς οὐκ ἀδόξου
μὲν ῥήτορος, ὄντος δὲ τῆς βουλῆς, λέγειν, φθάσας ῥήτωρ ἕτερος,
ὄνομα Σώπατρος, Θερσάνδρου συνήγορος, "Ἀλλ´ ἐμός," εἶπεν, "ἐντεῦθεν
ὁ λόγος κατὰ τούτων τῶν μοιχῶν, ὦ βέλτιστε Νικόστρατε"
(τοῦτο γὰρ ἦν ὄνομα τὠμῷ ῥήτορι), "εἶτα σός· ὁ γὰρ Θέρσανδρος
ἃ εἶπε, πρὸς τὸν ἱερέα μόνον ἀπετείνατο, ὀλίγον ἁψάμενος ὅσον
ἐπιψαῦσαι καὶ τοῦ κατὰ τὸν δεσμώτην μέρους. ὅταν οὖν ἀποδείξω
δυσὶ θανάτοις ἔνοχον ὄντα, τότε ἂν εἴη καὶ σοὶ καιρὸς ἀπολύσασθαι
τὰς αἰτίας." ταῦτα εἰπὼν καὶ τερατευσάμενος καὶ τρίψας τὸ πρόσωπον,
"Τῆς μὲν τοῦ ἱερέως κωμῳδίας," ἔφη, "ἠκούσαμεν, πάντα
ἀσελγῶς καὶ ἀναισχύντως ὑποκριναμένου τὰ εἰς τὸν Θέρσανδρον
προσκρούσματα· καὶ τοῦ λόγου τὸ προοίμιον μέμψεις εἰς Θέρσανδρον
ἐφ´ οἷς εἰς αὐτὸν εἶπεν. ἀλλὰ Θέρσανδρος μὲν οὐδὲν ὧν
εἶπεν εἰς τοῦτον ἐψεύσατο· καὶ γὰρ δεσμώτην ἔλυσε καὶ πόρνην
ὑπεδέξατο καὶ συνέγνω μοιχῷ· ἃ δὲ αὐτὸς μᾶλλον ἀναιδῶς ἐσυκοφάντησε,
διασύρων τὸν Θερσάνδρου βίον, οὐδεμιᾶς ἀπήλλακται συκοφαντίας.
ἱερεῖ δὲ ἔπρεπεν, εἴπερ ἄλλο, καὶ τοῦτο, καθαρὰν ἔχειν
τὴν γλῶτταν ὕβρεως (χρήσομαι γὰρ τοῖς αὐτοῦ πρὸς αὐτόν). ἃ δὲ
μετὰ τὴν κωμῳδίαν ἐτραγῴδησεν ἤδη οὕτω φανερῶς καὶ οὐκέτι δι´
αἰνιγμάτων, σχετλιάζων εἰ μοιχόν τινα λαβόντες ἐδήσαμεν, ὑπερτεθαύμακα
τί τοσοῦτον ἴσχυσε πρίασθαι πρὸς τὴν τοσαύτην σπουδήν.
ὑπονοεῖν γὰρ τἀληθὲς ἔστιν. εἶδε γὰρ τῶν ἀκολάστων τούτων τὰ
πρόσωπα, τοῦ τε μοιχοῦ καὶ τῆς ἑταίρας. ὡραία μὲν γὰρ αὕτη καὶ
νέα, ὡραῖον δὲ καὶ τοῦτο τὸ μειράκιον καὶ οὐδέπω τὴν ὄψιν ἀργαλέον,
ἀλλ´ ἔτι χρήσιμον πρὸς τὰς τοῦ ἱερέως ἡδονάς. ὁποτέρα σε
τούτων ἐωνήσατο; κοινῇ γὰρ πάντες ἐκαθεύδετε καὶ ἐμεθύετε κοινῇ,
καὶ τῆς νυκτὸς ὑμῶν οὐδεὶς γέγονε θεατής. φοβοῦμαι μὴ τὸ τῆς
Ἀρτέμιδος ἱερὸν Ἀφροδίτης πεποιήκατε, καὶ περὶ ἱερωσύνης κρινοῦμεν,
εἰ δεῖ σε τὴν τιμὴν ταύτην ἔχειν. τὸν δὲ Θερσάνδρου βίον ἴσασι
πάντες καὶ ἐκ πρώτης ἡλικίας μετὰ σωφροσύνης κόσμιον, καὶ ὡς εἰς
ἄνδρας ἐλθὼν ἔγημε κατὰ τοὺς νόμους, σφαλεὶς μὲν εἰς τὴν περὶ τῆς
γυναικὸς κρίσιν (οὐ γὰρ εὗρεν ἣν ἤλπισε), τῷ δὲ ταύτης γένει καὶ τῇ
οὐσίᾳ πεπιστευκώς. εἰκὸς γὰρ αὐτὴν καὶ πρὸς ἄλλους τινὰς ἡμαρτηκέναι
τὸν πρόσθεν χρόνον, λανθάνειν δὲ ἐπ´ ἐκείνοις χρηστὸν ἄνδρα·
τὸ δὲ τελευταῖον τοῦ δράματος πᾶσαν ἀπεκάλυψε τὴν αἰδῶ, πεπλήρωται
δὲ ἀναισχυντίας. τοῦ γὰρ ἀνδρὸς στειλαμένου τινὰ μακρὰν ἀποδημίαν,
καιρὸν τοῦτον ἐνόμισεν εὔκαιρον μοιχείας καὶ νεανίσκον εὑροῦσα
πόρνον (τοῦτο γὰρ τὸ μεῖζον ἀτύχημα, ὅτι τοιοῦτον ηὗρε τὸν ἐρώμενον,
ὃς πρὸς μὲν γυναῖκας ἄνδρας ἀπομιμεῖται, γυνὴ δὲ γίνεται
πρὸς ἄνδρας) οὕτως μετὰ ἀδείας οὐκ ἤρκεσεν ἐπὶ τῆς ξένης αὐτῷ
συνοῦσα φανερῶς, ἀλλὰ καὶ ἐνταῦθα ἤγαγε διὰ τοσούτου πελάγους
συγκαθεύδουσα κἀν τῷ σκάφει φανερῶς ἀσελγαίνουσα πάντων ὁρώντων.
ὢ μοιχείας γῇ καὶ θαλάσσῃ μεμερισμένης· ὢ μοιχείας ἀπ´
Αἰγύπτου μέχρις Ἰωνίας ἐκτεταμένης. μοιχεύεταί τις, ἀλλὰ πρὸς μίαν
ἡμέραν· ἂν δὲ καὶ δεύτερον γένηται τὸ ἀδίκημα, κλέπτει τὸ ἔργον
καὶ πάντας ἀποκρύπτεται· αὕτη δὲ οὐχ ὑπὸ σάλπιγγι μόνον ἀλλὰ
καὶ κήρυκι μοιχεύεται. Ἔφεσος ὅλη τὸν μοιχὸν ἔγνωκεν· ἡ δὲ
οὐκ ᾐσχύνετο τοῦτο ἀπὸ τῆς ξένης ἐνεγκοῦσα τὸ ἀγώγιμον, ὡς
φορτίον κάλλους ἐωνημένη ἦλθε, μοιχὸν ἐμπεπορευμένη. ‘Ἀλλ´
ᾤμην,’ φησί, ‘τὸν ἄνδρα τετελευτηκέναι.’ οὐκοῦν, εἰ μὲν τέθνηκεν,
ἀπήλλαξαι τῆς αἰτίας· οὐδὲ γὰρ ἔστιν ὁ τὴν μοιχείαν παθών, οὐδὲ
ὑβρίζεται γάμος οὐκ ἔχων ἄνδρα· εἰ δὲ ὁ γάμος τῷ τὸν γήμαντα ζῆν
οὐκ ἀνῄρηται, τὴν γαμηθεῖσαν διαφθείραντος ἄλλου λελῄστευται.
ὥσπερ γὰρ μὴ μένοντος ὁ μοιχὸς οὐκ ἦν, μένοντος δὲ μοιχὸς ἔστιν."
| [8,10] La parole allait être prise, en notre nom, à Mélitté
et à moi-même, par un orateur qui n'était pas dépourvu
de réputation et qui, de plus, appartenait au Conseil,
lorsqu'il fut devancé par un autre orateur, du nom de
Sopater, et qui était l'un des avocats de Thersandre :
« Non, dit-il, c'est maintenant mon tour de parler
contre ces deux adultères, mon très cher Nicostrate
(c'était ainsi que s'appelait notre avocat); ensuite, ce
sera le tien. Ce qu'a dit Thersandre ne s'applique qu'au
prêtre, et il n'a fait que toucher à la partie de la cause qui
concerne ce gibier de potence. Lorsque j'aurai montré
qu'il doit être tenu pour l'auteur d'un double meurtre,
alors, ce serait — si possible — le moment pour toi de
tenter de le décharger de ces accusations. » Tout en
prononçant cet exorde, il gesticulait et se triturait le
visage. « Quant à la comédie, continua-t-il, que nous a
donnée le prêtre, nous l'avons entendue : ce n'était
qu'inconvenance, impudence, accusations calomnieuses
envers Thersandre, et le début du discours n'était
qu'injures contre Thersandre, sur les mêmes points où
celui-ci l'avait lui-même accusé. Mais aucun des propos
de Thersandre contre lui n'avait été calomnieux :
oui, il a délivré un prisonnier, oui, il a reçu une prostituée,
oui, il a accueilli un adultère; quant aux accusations
impudentes qu'il a préféré prononcer contre
Thersandre, en tentant de vilipender sa vie privée, sur
ce point, lui, il ne s'est privé d'aucune calomnie. Il aurait
convenu, entre tous, à un prêtre de conserver sa langue
pure de toute infamie — je cite ses propres paroles pour
les retourner contre lui. Mais la scène de tragédie qu'il
nous a jouée après sa comédie, lorsqu'il a parlé ouvertement,
et non plus par énigmes, lorsqu'il s'est si fort
irrité que nous ayons surpris un adultère et que nous
l'ayons fait emprisonner, m'a étonné au point que je me
suis demandé quel intérêt il pouvait avoir à y mettre
cette passion. Mais il est possible d'entrevoir la vraie
raison; il a vu le visage des deux débauchés en question,
celui de l'amant et celui de sa putain. Elle est dans la
fleur de l'âge, jeune, et le petit jeune homme est, lui
aussi, dans sa fleur, et il n'a pas, à le voir, l'air bien
farouche; il est même encore fort propre aux plaisirs
du saint homme. Lequel des deux t'a acquis à leur
cause ? Vous avez tous passé la nuit ensemble, vous vous
êtes grisés ensemble, et votre nuit s'est déroulée sans
témoin. Je crains que le temple d'Artémis n'ait été
transformé par vous en temple d'Aphrodite, et que nous
n'ayons à juger de ton sacerdoce et à nous demander s'il
faut que tu conserves cette charge.
Quant à la vie de Thersandre, vous la connaissez
tous; vous savez que, dès son plus jeune âge, il a été
sage et de bonnes moeurs; vous savez comment, arrive
à l'âge d'homme, il se maria selon les lois, et sa seule
faute a résidé dans le jugement qu'il porta sur cette
femme — qui ne s'est pas révélée telle qu'il l'espérait —
en se fiant à sa noblesse et à sa fortune. Il est probable
que, déjà, autrefois, elle a commis des fautes avec
d'autres amants, mais qu'elle a réussi à les dissimuler
aux yeux de son excellent mari; mais, à la fin, elle
a rejeté toute pudeur et a mis le comble à son impudence.
Comme son mari était parti pour un long voyage,
elle a pensé que c'était le moment le plus favorable pour
se livrer à l'adultère et consacrer sa réputation. Elle
rencontra alors un jeune prostitué mâle — ce fut là son
infortune la plus grave, d'avoir rencontré un amant qui,
chez les femmes, fait figure d'homme et qui devient
femme parmi les hommes — bref, il ne lui suffit pas de
vivre ouvertement avec lui, sans rien craindre, en pays
étranger, elle l'amena ici, avec elle, passant les nuits
auprès de lui pendant toute la traversée et se compromettant
à bord aux yeux de tous, sans aucune dissimulation.
O adultère dont furent témoins et la mer et la terre! O
adultère long comme de l'Égypte en Ionie! Une femme
commet une faute; oui, mais pour un seul jour; ou si sa
faute se renouvelle une seconde fois, elle la commet à
la dérobée et la cache aux yeux de tous. Mais cette
femme-ci commet l'adultère je ne dirai pas seulement au
son de la trompette, elle le fait proclamer à son de
trompe! Éphèse tout entière a connu son amant! Et elle
n'a pas eu honte de rapporter cette denrée de l'étranger,
elle l'a acheté, comme une belle marchandise, et est revenue
importer ici un amant! «Mais je croyais, dit-elle, que
mon mari était mort! » Sans doute, s'il est mort, tu es
acquittée; car il n'y a plus de victime de l'adultère et il
ne saurait y avoir violation d'un mariage dont le mari
n'existe pas. Mais si le mariage demeure valable par suite
de la survie du conjoint, alors il y a acte de brigandage
sur la personne de la conjointe, si une tierce personne
la séduit. Et, de la même façon que, le mariage étant
dissous, il n'y a pas d'adultère, de même, le mariage
demeurant, il y a adultère.
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