[6,9] Ἐπεὶ γὰρ ὁ Θέρσανδρος εἰσελθὼν εἰς τὴν οἰκίαν ἐβόα πάλιν,
"Τὸν μοιχὸν ἐξέκλεψας σύ, τῶν δεσμῶν ἐξέλυσας καὶ τῆς οἰκίας
ἐξαπέστειλας· σὸν τὸ ἔργον. τί οὖν οὐκ ἠκολούθεις αὐτῷ· τί δὲ
ἐνταῦθα μένεις· ἀλλ´ οὐκ ἄπει πρὸς τὸν ἐρώμενον, ἵνα αὐτὸν ἴδῃς
στερροτέροις δεσμοῖς δεδεμένον·" ἡ Μελίτη, "Ποῖον μοιχόν·" ἔφη.
"τί πάσχεις· εἰ γὰρ θέλεις, τὴν μανίαν ἀφείς, ἀκοῦσαι τὸ πᾶν, μαθήσῃ
ῥᾳδίως τὴν ἀλήθειαν. ἓν οὖν σου δέομαι· γενοῦ μοι δικαστὴς ἴσος,
καὶ καθάρας μέν σου τὰ ὦτα τῆς διαβολῆς, ἐκβαλὼν δὲ τῆς καρδίας
τὴν ὀργήν, τὸν δὲ λογισμὸν ἐπιστήσας κριτὴν ἀκέραιον, ἄκουσον.
ὁ νεανίσκος οὗτος οὔτε μοιχὸς ἦν ἐμὸς οὔτε ἀνήρ. ἀλλὰ τὸ μὲν γένος
ἀπὸ Φοινίκης, Τυρίων οὐδενὸς δεύτερος. ἔπλευσε δὲ καὶ αὐτὸς οὐκ
εὐτυχῶς, ἀλλὰ πᾶς ὁ φόρτος αὐτοῦ γέγονε τῆς θαλάσσης.
ἀκούσασα τὴν τύχην ἠλέησα καὶ ἀνεμνήσθην σου καὶ παρέσχον ἑστίαν,
‘Τάχα,’ λέγουσα, ‘καὶ Θέρσανδρος οὕτω που πλανᾶται· τάχα,’
λέγουσα, ‘τὶς κἀκεῖνον ἐλεήσει γυνή. εἰ δὲ τῷ ὄντι τέθνηκε κατὰ
θάλατταν, ὡς ἡ φήμη λέγει, φέρε πάντα τιμῶμεν ὡς αὐτοῦ τὰ
ναυάγια.’ πόσους καὶ ἄλλους ἔθρεψα νεναυαγηκότας·
πόσους ἔθαψα τῆς θαλάσσης νεκρούς, εἰ ξύλον ἐκ ναυαγίας τῇ γῇ
προσπεσὸν ἐλάμβανον, ‘Τάχα,’ λέγουσα, ‘Θέρσανδρος ἐπὶ ταύτης τῆς νηὸς
ἔπλει’· εἷς δὴ καὶ οὗτος ἦν τῶν ἐκ τῆς θαλάσσης σωζομένων ἔσχατος·
ἐχαριζόμην σοὶ τιμῶσα τοῦτον. ἔπλευσεν ὥσπερ σύ· ἐτίμων, φίλτατε,
τῆς σῆς συμφορᾶς τὴν εἰκόνα. πῶς οὖν ἐνταῦθα συνεπηγόμην·
ὁ λόγος ἀληθής. ἔτυχε μὲν πενθῶν γυναῖκα, ἡ δ´ ἄρα ἐλάνθανεν
οὐκ ἀποθανοῦσα. τοῦτό τις αὐτῷ καταγορεύει καὶ ὡς ἐνταῦθα
εἴη παρά τινι τῶν ἡμετέρων ἐπιτρόπων· Σωσθένην δὲ ἔλεγε. καὶ
οὕτως εἶχε· τὴν γὰρ ἄνθρωπον ἥκοντες εὕρομεν.
διὰ τοῦτο ἠκολούθησέ μοι. ἔχεις τὸν Σωσθένην, πάρεστιν ἡ γυνὴ κατὰ τοὺς
ἀγρούς. ἐξέτασον τῶν λεχθέντων ἕκαστον. εἴ τι ἐψευσάμην, μεμοίχευμαι."
| [6,9] Lorsque Thersandre revint à la maison et se remit
à crier : « Tu as fait disparaître ton amant, tu l'as détaché,
tu l'as fait sortir de la maison! C'est ton oeuvre! Mais
pourquoi ne l'as-tu pas accompagné ? Pourquoi restes-tu
ici ? N'iras-tu pas rejoindre ton amant, voir comment
il est attaché avec des liens autrement solides! » Alors
Mélitté : « Quel amant ? dit-elle. Qu'est-ce qui te
prend ? Si tu consens à calmer cette rage et à m'écouter
jusqu'au bout, tu n'auras aucun mal à apprendre la
vérité. Je ne te demande qu'une chose, c'est d'être pour
moi un juge impartial, de te débarrasser les oreilles
de toutes les calomnies, de chasser la colère de ton
coeur, de mettre à sa place la raison, le seul arbitre impartial.
Et maintenant écoute : ce jeune homme n'était ni
mon amant ni mon mari; c'est un Phénicien, et l'un des
plus nobles parmi les Phéniciens. Lui non plus n'a pas
eu de chance sur mer; toute la cargaison qu'il avait
embarquée a sombré. J'ai appris ses malheurs et j'en ai
eu pitié. Je me suis souvenue de toi et je lui ai offert
mon hospitalité. « Peut-être, disais-je, Thersandre aussi
est-il errant de la sorte; peut-être, disais-je, une femme
aura-t-elle pitié aussi de lui. Et s'il est réellement mort,
sur la mer, comme on le dit, alors, respectons toutes les
victimes de la mer. » Combien d'autres n'ai-je pas
réconfortés, qui avaient fait naufrage ? Combien n'ai-je
pas enseveli de cadavres roulés par le flot, si je trouvais
une épave apportée par la mer au rivage ? « Peut-être,
disais-je, est-ce sur ce navire que s'était embarque
Thersandre ! » Cet homme-ci était le dernier de ceux qui
avaient été sauvés en mer. C'était pour toi que je l'honorais.
Il s'était embarqué, comme toi; mes soins s'adressaient,
mon chéri, à l'image de ton infortune. Comment
se fait-il, alors, que j'étais ici avec lui ? Voici l'histoire,
telle qu'elle est. Il était en deuil de sa femme; mais il
ne savait pas qu'elle n'était pas morte; quelqu'un lui
annonça qu'elle était ici, chez l'un de nos intendants :
il parla de Sosthénès. Et c'était vrai : à notre retour,
nous trouvâmes la personne. C'est pour cela qu'il me
suivit. Tu disposes de Sosthénès, et la femme est bien là,
à notre campagne. Vérifie chacun des détails que je t'ai
donnés. Si j'ai dit un seul mensonge, c'est que je t'ai été infidèle! »
|