[6,18] Διαλιπὼν οὖν ὀλίγον ἐφ´ οἷς πρὸς ἑαυτὴν ἐλάλησεν ἡ Λευκίππη,
ὡς μὴ δοκοίη τι κατακοῦσαι τῶν ὑπ´ αὐτῆς εἰρημένων,
εἰσέρχεται σχηματίσας ἑαυτὸν εἰς τὸ εὐαγωγότερον πρὸς θέαν, ὡς
ᾤετο. ἐπεὶ δὲ εἶδε τὴν Λευκίππην, ἀνεφλέγη τὴν ψυχήν, καὶ ἔδοξεν
αὐτῷ τότε καλλίων γεγονέναι. θρέψας γὰρ ὅλης τῆς νυκτὸς τὸ
πῦρ, ὅσον χρόνον ἀπελείφθη τῆς κόρης, ἀνεζωπύρησεν ἐξαίφνης ὕλην
λαβὼν εἰς τὴν φλόγα τὴν θέαν, καὶ μικροῦ μὲν προσπεσὼν περιεχύθη
τῇ κόρῃ. καρτερήσας δ´ οὖν καὶ παρακαθίσας διελέγετο, ἄλλοτε ἄλλα
ῥήματα συνάπτων οὐκ ἔχοντα νοῦν. τοιοῦτοι γὰρ οἱ ἐρῶντες, ὅταν
πρὸς τὰς ἐρωμένας ζητήσωσι λαλεῖν· οὐ γὰρ ἐπιστήσαντες τὸν λογισμὸν
τοῖς λόγοις, ἀλλὰ τὴν ψυχὴν εἰς τὸ ἐρώμενον ἔχοντες, τῇ γλώττῃ
μόνον χωρὶς ἡνιόχου τοῦ λογισμοῦ λαλοῦσιν. ἅμα οὖν συνδιαλεγόμενος
καὶ ἐπιθεὶς τὴν χεῖρα τῷ τραχήλῳ περιέβαλεν ὡς μέλλων φιλήσειν.
ἡ δὲ προϊδοῦσα τῆς χειρὸς τὴν ὁδὸν νεύει κάτω καὶ εἰς τὸν κόλπον κατεδύετο.
ὁ δὲ οὐδὲν ἧττον περιβαλὼν ἀνέλκειν τὸ πρόσωπον ἐβιάζετο· ἡ δὲ
ἀντικατεδύετο καὶ ἔκρυπτε τὰ φιλήματα.
ὡς δὲ χρόνος ἐγένετο τῇ τῆς χειρὸς πάλῃ, φιλονεικία λαμβάνει τὸν
Θέρσανδρον ἐρωτική, καὶ τὴν μὲν λαιὰν ὑποβάλλει τῷ προσώπῳ
κάτω, τῇ δὲ δεξιᾷ τῆς κόμης λαβόμενος, τῇ μὲν εἷλκεν εἰς τοὐπίσω,
τῇ δὲ εἰς τὸν ἀνθερεῶνα ὑπερείδων ἀνώθει. ὡς δέ ποτε ἐπαύσατο
τῆς βίας, ἢ τυχών, ἢ μὴ τυχών, ἢ καμών, λέγει πρὸς αὐτὸν ἡ Λευκίππη·
"Οὔτε ὡς ἐλεύθερος ποιεῖς οὔτε ὡς εὐγενής. καὶ σὺ ἐμιμήσω
Σωσθένην· ἄξιος ὁ δοῦλος τοῦ δεσπότου. ἀλλὰ ἀπέχου τοῦ
λοιποῦ, μηδὲ ἐλπίσῃς τυχεῖν, πλὴν εἰ μὴ γένῃ Κλειτοφῶν."
| [6,18] Attendant quelques instants après que Leucippé
eut fini son monologue, afin de ne pas paraître avoir
rien entendu de ce qu'elle avait dit, il entra, en prenant
une expression qui, à ce qu'il pensait, devait le mieux la
préparer à le voir. Et dès qu'il aperçut Leucippé, son
âme s'enflamma, et elle lui sembla devenue plus belle
encore. Car, pendant toute la nuit, aussi longtemps
qu'il avait été loin d'elle, il avait entretenu ce feu qui,
soudain, s'embrasa, trouvant un aliment à sa flamme dans
la vue de la jeune fille, et il fut sur le point de se jeter sur
elle et de l'étreindre. Mais il se reprit, s'assit près d'elle
et se mit à parler, enchaînant des propos, tantôt l'un
tantôt l'autre, sans aucune signification. Tels sont les
amoureux lorsqu'ils cherchent à faire la conversation
avec leur bien-aimée. Ils ne mettent aucun sens dans leurs
propos, leur âme tout entière est dans l'objet aimé, et
c'est seulement leur langue qui bavarde, sans que la raison
la guide. Tout en parlant, il lui mit la main sur le cou
et lui entoura l'épaule, dans l'intention de lui donner
un baiser. Mais elle, prévoyant le chemin qu'allait suivre
sa main, baissa la tête et tint les yeux fixés sur sa poitrine.
Mais lui n'en continua pas moins à lui entourer le cou
et il tenta de lui faire relever le visage de force. Elle
s'obstina à le tenir baissé et à éviter ses baisers. Cette
lutte dura quelque temps, jusqu'au moment où Thersandre
sentit la colère et le désir le gagner; il mit la
main gauche sous le visage de Leucippé et, de la droite,
lui prit les cheveux; de l'une, il la tira en arrière, de
l'autre, il lui souleva le menton et ainsi la contraignit à
relever la tête. Et, lorsqu'il cessa de lui faire ainsi violence,
soit parce qu'il avait eu ce qu'il voulait, soit parce
qu'il ne l'avait pas eu, soit qu'il fût fatigué, Leucippé
lui dit : « Tu ne te conduis pas en homme libre, ni en
homme bien né; tu as agi comme Sosthénès. Tel esclave,
tel maître. Maintenant, finis, n'espère rien obtenir, à
moins que tu ne deviennes Clitophon. »
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