[6,17] Ταῦτα ἀκούσας ὁ Θέρσανδρος μικρὸν ἀναχωρήσας λέγει πρὸς
τὸν Σωσθένην· "Ἤκουσας ἀπίστων ῥημάτων, γεμόντων ἔρωτος·
ὅσα εἶπεν· ὅσα ὠδύρατο· ὅτι ἑαυτὴν κατεμέμψατο. ὁ μοιχός μου
κρατεῖ πανταχοῦ· δοκῶ, ὁ λῃστὴς καὶ φαρμακεύς ἐστι.
Μελίτη φιλεῖ, Λευκίππη φιλεῖ. ὄφελον, ὦ Ζεῦ, γενέσθαι Κλειτοφῶν."
"Ἀλλ´ οὐ μαλακιστέον," ὁ Σωσθένης ἔφη, "δέσποτα, πρὸς τὸ ἔργον,
ἀλλ´ ἐπὶ τὴν κόρην ἰτέον αὐτήν. καὶ γὰρ ἂν νῦν ἐρᾷ τοῦ καταράτου
τούτου μοιχοῦ, μέχρι μὲν αὐτὸν οἶδε μόνον καὶ οὐ κεκοινώνηκεν ἑτέρῳ,
βόσκει τὴν ψυχὴν ἐπ´ αὐτόν· ἂν δ´ ἅπαξ ἐς ταὐτὸν ἔλθῃς
(πολλῷ γὰρ διαφέρεις ἐκείνου εἰς εὐμορφίαν) ἐπιλήσεται τέλεον αὐτοῦ.
παλαιὸν γὰρ ἔρωτα μαραίνει νέος ἔρως· γυνὴ δὲ μάλιστα
τὸ παρὸν φιλεῖ, τοῦ δὲ ἀπόντος, ἕως καινὸν οὐχ εὗρε, μνημονεύει·
προσλαβοῦσα δὲ ἕτερον, τὸν πρότερον τῆς ψυχῆς ἀπήλειψε."
ταῦτα ἀκούσας ὁ Θέρσανδρος ἠγέρθη. λόγος γὰρ ἐλπίδος εἰς τὸ τυχεῖν
ἔρωτος ἐς πειθὼ ῥᾴδιος· τὸ γὰρ ἐπιθυμοῦν, σύμμαχον ὃ θέλει λαβόν,
ἐγείρει τὴν ἐλπίδα.
| [6,17] En l'entendant parler, Thersandre entraîna Sosthénès
un peu à l'écart et lui dit : « Tu as entendu ces
propos incroyables, tout empreints d'amour ? Quelles
paroles ! Quels gémissements ! Quels reproches elle
s'est adressés à elle-même! Mon rival triomphe de moi
partout. Mélitté l'aime, Leucippé l'aime. Comme je
voudrais, ô Zeus, devenir Clitophon! — Non, maître,
dit Sothénès, pas de faiblesse! Poursuis ta tâche; il te
faut aller trouver la jeune femme elle-même. Car si,
maintenant, elle est amoureuse de ce maudit coureur de
filles, c'est que, jusqu'ici, elle n'a connu que lui, elle n'a
jamais vécu avec un autre et ne nourrit son âme que par
lui. Mais si tu réussis à le remplacer une seule fois
— car tu es autrement bien fait que lui - elle l'oubliera
entièrement. Un ancien amour est détruit par un nouveau,
et une femme aime surtout le présent, et ne se
souvient de l'absent qu'aussi longtemps qu'elle n'a rien
trouvé de nouveau; quand elle prend un autre amant,
elle efface le précédent de son coeur. » En l'entendant,
Thersandre reprit courage. Car des propos qui leur
donnent l'espoir d'arriver à leurs fins persuadent aisément
les amoureux, et le désir prend comme allié ce qu'il
souhaite et éveille l'espérance.
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