| [5,16] Κἀγὼ εἶπον· "Μή με βιάσῃ λῦσαι θεσμὸν ὁσίας νεκρῶν.
 οὔπω τῆς ἀθλίας ἐκείνης τοὺς ὅρους παρήλθομεν, ἕως ἂν γῆς ἐπιβῶμεν 
 ἑτέρας. οὐκ ἤκουσας ὡς ἐν θαλάσσῃ τέθνηκεν; ἔτι πλέω Λευκίππης 
 τὸν τάφον. τάχα που περὶ τὴν ναῦν αὐτῆς εἰλεῖται τὸ εἴδωλον.
 λέγουσι δὲ τὰς ἐν ὕδατι ψυχὰς ἀνῃρημένας μηδὲ εἰς Ἅιδου
 καταβαίνειν ὅλως, ἀλλ´ αὐτοῦ περὶ τὸ ὕδωρ ἔχειν τὴν πλάνην, καὶ
 ἐπιστήσεται τάχα ἡμῖν συμπλεκομένοις. ἐπιτήδειον δέ σοι δοκεῖ καὶ
 τὸ χωρίον εἶναι πρὸς γάμον; γάμος ἐπὶ κύματος, γάμος ὑπὸ θαλάσσης
 φερόμενος; θάλαμον ἡμῖν θέλεις γενέσθαι μὴ μένοντα;"
 "Σὺ μέν," ἔφη, "σοφίζῃ, φίλτατε· πᾶς δὲ τόπος τοῖς ἐρῶσι θάλαμος· οὐδὲν γὰρ
 ἄβατον τῷ θεῷ. ἐν θαλάσσῃ δὲ μὴ καὶ οἰκειότερόν ἐστιν Ἔρωτι καὶ
 Ἀφροδισίοις μυστηρίοις; θυγάτηρ Ἀφροδίτη θαλάσσης.
 χαρισώμεθα τῇ γαμηλίῳ θεῷ, τιμήσωμεν αὐτῆς γάμῳ τὴν μητέρα. ἐμοὶ
 μὲν γὰρ δοκεῖ τὰ παρόντα γάμων εἶναι σύμβολα· ζυγὸς μὲν οὗτος
 ὑπὲρ κεφαλῆς κρεμάμενος, δεσμοὶ δὲ περὶ τὴν κεραίαν τεταμένοι.
 καλά γε, ὦ δέσποτα, τὰ μαντεύματα· ὑπὸ ζυγὸν ὁ θάλαμος, καὶ κάλω
 δεδεμένοι. ἀλλὰ καὶ πηδάλιον τοῦ θαλάμου πλησίον·
 ἰδοὺ τοὺς γάμους ἡμῶν ἡ Τύχη κυβερνᾷ. νυμφοστολήσουσι δὲ ἡμᾶς Ποσειδῶν
 καὶ Νηρεΐδων χορός· ἐνταῦθα γὰρ καὶ αὐτὸς Ἀμφιτρίτην γαμεῖ.
 λιγυρὸν δὲ συρίζει περὶ τοὺς κάλως καὶ τὸ πνεῦμα· ἐμοὶ μὲν ὑμέναιον 
 ᾄδειν δοκεῖ τὰ τῶν ἀνέμων αὐλήματα.
 ὁρᾷς δὲ καὶ τὴν ὀθόνην κεκυρτωμένην ὥσπερ ἐγκύμονα γαστέρα· δεξιόν μοι 
 καὶ τοῦτο τῶν οἰωνισμάτων· ἔσῃ μοι ταχὺ καὶ πατήρ."
 ἰδὼν οὖν αὐτὴν σφόδρα ἐγκειμένην, "Φιλοσοφήσωμεν," εἶπον, "ὦ γύναι, μέχρι 
 λαβώμεθα γῆς· ὄμνυμι γάρ σοι τὴν θάλασσαν αὐτὴν καὶ τὴν τοῦ πλοῦ
 τύχην, ὡς ἐσπούδακα καὶ αὐτός. ἀλλ´ εἰσὶ καὶ θαλάσσης νόμοι.
 πολλάκις ἤκουσα παρὰ τῶν ναυτικωτέρων καθαρὰ δεῖν Ἀφροδισίων 
 εἶναι τὰ σκάφη, τάχα μὲν ὡς ἱερά, τάχα δὲ ἵνα μή τις ἐπὶ τηλικούτῳ 
 κινδύνῳ τρυφᾷ. μὴ ἐνυβρίσωμεν, ὦ φιλτάτη, τῇ θαλάσσῃ·
 μὴ συμμείξωμεν γάμον ὁμοῦ καὶ φόβον. τηρήσωμεν ἑαυτοῖς καθαρὰν
 τὴν ἡδονήν." ταῦτα λέγων καὶ μειλισσόμενος τοῖς φιλήμασιν ἔπειθον,
 καὶ τὸ λοιπὸν οὕτως ἐκαθεύδομεν.
 | [5,16] Et moi je répondis : « Ne cherche pas à me faire 
violer la loi du respect que l'on doit aux morts. Nous 
n'avons pas encore franchi les limites du domaine de la 
malheureuse; il faut pour cela débarquer sur une autre 
terre. Ne sais-tu pas qu'elle est morte en mer ? Maintenant, 
je navigue sur le tombeau de Leucippé. Peut-être 
son fantôme erre-t-il autour de ce navire. On dit que 
les âmes de ceux qui ont péri sur l'eau ne descendent
jamais dans l'Hadès, mais qu'elles continuent d'errer au 
même endroit, sur les eaux, et peut-être serait-elle présente 
à nos étreintes. Est-ce que cela te semble le lieu 
propice à notre mariage ? Un mariage sur les vagues, un 
mariage qui serait le jouet des flots ? Tu désires donc que 
nous ayons un lit nuptial qui ne dure pas ? — Ah, toi, 
dit-elle, tu es un sophiste, mon chéri; quand on s'aime, 
tout peut servir de lit; il n'est pas un endroit où ne puisse 
aller le dieu. Existe-t-il un endroit mieux approprié 
que la mer pour les rites d'Amour et d'Aphrodite ? 
Aphrodite est fille de la mer. Faisons plaisir à la divinité 
des unions, honorons sa mère par notre mariage. Et à 
mon avis, tout ce qui est autour de nous est symbole 
de mariage. Il y a ce joug suspendu au-dessus de nos 
têtes, il y a ces liens, attachés à la vergue : quels bons 
présages, ô mon Seigneur et maître! A l'ombre du joug 
est notre lit, et les câbles sont noués. Et puis, le gouvernail 
est proche de notre chambre; tu vois, c'est 
la Fortune qui gouverne notre mariage; nous aurons 
pour cortège de noce Poséidon et le choeur des Néréides;
c'est ici même qu'il s'unit lui aussi à Amphitrite. Le vent 
siffle mélodieusement dans les câbles; il me semble que 
les flûtes des brises jouent notre hymne d'hyménée. Tu 
vois aussi la voile qui se gonfle, comme un ventre 
fécondé : oui, c'est pour moi un heureux présage; par 
moi bientôt tu seras père. » Et, comme je voyais qu'elle 
se faisait pressante : « Continuons à philosopher, lui 
dis-je, ma chère, jusqu'à ce que nous arrivions au port.
Je te jure, par la mer elle-même, par le sort de notre 
voyage, que j'en ai envie, moi aussi. Mais il existe des 
lois de la mer. J'ai souvent entendu dire aux gens de 
mer qu'il fallait que les bateaux soient purs des choses 
d'Aphrodite, peut-être parce qu'ils sont sacrés, peut-être 
pour que personne ne s'abandonne au plaisir des sens en 
un si grand danger. Ne tentons pas, ma chérie, les 
démons de la mer; ne mêlons pas notre union et la 
crainte. Pour nous-mêmes gardons notre plaisir dans sa 
pureté. » Par ces mots et en la câlinant, et l'embrassant, 
je finis par la persuader, et, le reste de la nuit, nous dormîmes 
comme nous étions.
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