[1] Κεφάλαιον αʹ
(1) Ἐγὼ μὲν τοῦτο ἀεί ποτε νομίζω, ὁποῖοί τινες ἂν οἱ προστάται
ὦσι, τοιαύτας καὶ τὰς πολιτείας γίγνεσθαι. ἐπεὶ δὲ τῶν Ἀθήνησι
προεστηκότων ἔλεγόν τινες, ὡς γιγνώσκουσι μὲν τὸ δίκαιον οὐδενὸς
ἧσσον τῶν ἄλλων ἀνθρώπων, διὰ δὲ τὴν τοῦ πλήθους πενίαν
ἀναγκάζεσθαι ἔφασαν ἀδικώτεροι εἶναι περὶ τὰς πόλεις, ἐκ τούτου
ἐπεχείρησα σκοπεῖν, εἴ πηι δύναιντ᾽ ἂν οἱ πολῖται διατρέφεσθαι ἐκ
τῆς ἑαυτῶν, ὅθενπερ καὶ δικαιότατον, νομίζων, εἰ τοῦτο γένοιτο, ἅμα
τῆι τε πενίαι αὐτῶν ἐπικεκουρῆσθαι ἂν καὶ τῶι ὑπόπτους τοῖς
Ἕλλησιν εἶναι.
(2) Σκοποῦντι δή μοι ἃ ἐπενόησα τοῦτο μὲν εὐθὺς ἀνεφαίνετο, ὅτι
ἡ χώρα πέφυκεν οἵα πλείστας προσόδους παρέχεσθαι. ὅπως δὲ
γνωσθῆι, ὅτι ἀληθὲς τοῦτο πρῶτον λέγω, διηγήσομαι τὴν φύσιν τῆς
Ἀττικῆς. (3) οὐκοῦν τὸ μὲν τὰς ὥρας ἐνθάδε πραοτάτας εἶναι καὶ
αὐτὰ τὰ γιγνόμενα μαρτυρεῖ· ἃ γοῦν πολλαχοῦ οὐδὲ βλαστάνειν
δύναιτ᾽ ἄν, ἐνθάδε καρποφορεῖ. ὥσπερ δὲ ἡ γῆ, οὕτω καὶ ἡ περὶ τὴν
χώραν θάλαττα παμφορωτάτη ἐστί. καὶ μὴν ὅσαπερ οἱ θεοὶ ἐν ταῖς
ὥραις ἀγαθὰ παρέχουσι, καὶ ταῦτα πάντα ἐνταῦθα πρωιαίτατα μὲν
ἄρχεται, ὀψιαίτατα δὲ λήγει. (4) οὐ μόνον δὲ κρατεῖ τοῖς ἐπ᾽ ἐνιαυτὸν
θάλλουσί τε καὶ γηράσκουσιν, ἀλλὰ καὶ ἀίδια ἀγαθὰ ἔχει ἡ χώρα.
πέφυκε μὲν γὰρ λίθος ἐν αὐτῆι ἄφθονος, ἐξ οὗ κάλλιστοι μὲν ναοί,
κάλλιστοι δὲ βωμοὶ γίγνονται, εὐπρεπέστατα δὲ θεοῖς ἀγάλματα·
πολλοὶ δ᾽ αὐτοῦ καὶ Ἕλληνες καὶ βάρβαροι προσδέονται. (5) ἔστι δὲ
καὶ γῆ, ἣ σπειρομένη μὲν οὐ φέρει καρπόν, ὀρυσσομένη δὲ
πολλαπλασίους τρέφει ἢ εἰ σῖτον ἔφερε. καὶ μὴν ὑπάργυρός ἐστι
σαφῶς θείαι μοίραι· πολλῶν γοῦν πόλεων παροικουσῶν καὶ κατὰ
γῆν καὶ κατὰ θάλατταν εἰς οὐδεμίαν τούτων οὐδὲ μικρὰ φλὲψ
ἀργυρίτιδος διήκει. (6) οὐκ ἂν ἀλόγως δέ τις οἰηθείη τῆς Ἑλλάδος καὶ
πάσης δὲ τῆς οἰκουμένης ἀμφὶ τὰ μέσα οἰκεῖσθαι τὴν πόλιν· ὅσωι
γὰρ ἄν τινες πλεῖον ἀπέχωσιν αὐτῆς, τοσούτωι χαλεπωτέροις ἢ
ψύχεσιν ἢ θάλπεσιν ἐντυγχάνουσιν· ὁπόσοι τ᾽ ἂν αὖ βουληθῶσιν
ἀπ᾽ ἐσχάτων τῆς Ἑλλάδος ἐπ᾽ ἔσχατα ἀφικέσθαι, πάντες οὗτοι
ὥσπερ κύκλου τόρνον τὰς Ἀθήνας ἢ παραπλέουσιν ἢ παρέρχονται.
(7) καὶ μὴν οὐ περίρρυτός γε οὖσα ὅμως ὥσπερ νῆσος πᾶσιν ἀνέμοις
προσάγεταί τε ὧν δεῖται καὶ ἀποπέμπεται ἃ βούλεται·
ἀμφιθάλασσος γάρ ἐστι. καὶ κατὰ γῆν δὲ πολλὰ δέχεται ἐμπόρια·
ἤπειρος γάρ ἐστιν. (8) ἔτι δὲ ταῖς μὲν πλείσταις πόλεσι βάρβαροι
προσοικοῦντες πράγματα παρέχουσιν· Ἀθηναίοις δὲ γειτονεύουσιν,
αἳ καὶ αὐταὶ πλεῖστον ἀπέχουσι τῶν βαρβάρων.
| [1] CHAPITRE PREMIER.
J’ai toujours pensé que tels sont les chefs d’un gouvernement, tel est
aussi le gouvernement. Or on a dit que quelques-uns des dirigeants à
Athènes, tout en connaissant la justice aussi bien que les autres
hommes, prétendaient que, vu la pauvreté de la masse, ils étaient
forcés de manquer à la justice à l’égard des autres États. C’est ce qui
m’a donné l’idée de rechercher si les Athéniens ne pourraient pas
subsister des ressources de leur pays, ce qui serait la manière la plus
juste de se tirer d’affaire, persuadé que, si la chose était possible, ce
serait un remède tout trouvé à leur pauvreté et à la défiance des Grecs.
Or en réfléchissant sur les idées qui me sont venues, il m’a paru tout
de suite que notre pays est naturellement propre à fournir de
multiples revenus. Pour le prouver, je vais décrire d’abord la nature
de l’Attique.
Que notre climat soit très tempéré, les productions du sol suffisent à
le montrer. En tout cas, les plantes qui ne pourraient même pas
germer ailleurs portent des fruits chez nous. Comme la terre, la mer,
qui environne notre pays, est aussi très productive. En outre, tous les
biens que les dieux nous dispensent à chaque saison viennent ici plus
tôt qu’ailleurs et disparaissent plus tard. Ce n’est pas seulement par
les productions que chaque année voit pousser et vieillir que cette
contrée l’emporte sur les autres, mais encore par des richesses qui ne
s’épuisent pas. La nature lui a donné du marbre en abondance, dont
on fait des temples magnifiques, de magnifiques autels et des statues
dignes de la majesté des dieux. Beaucoup de Grecs et de barbares
nous en demandent. Nous avons aussi des terres qui, ensemencées,
ne portent pas de moissons, mais qui, fouillées, font vivre plus de
monde que si elles produisaient du blé. Si elles renferment de
l’argent, c’est évidemment par une faveur de la Providence. En tout
cas, parmi les nombreux pays voisins, continentaux ou insulaires,
aucun ne possède le moindre filon d’argent.
On pourrait croire, sans choquer la raison, que notre pays occupe à
peu près le centre de la Grèce et même du monde habité ; car plus on
s’en éloigne, plus les froids et les chaleurs qu’on rencontre sont
pénibles à supporter. Et si l’on veut aller d’un bout de la Grèce à
l’autre, on passe autour d’Athènes, comme au centre d’un cercle, soit
qu’on voyage par mer, soit qu’on voyage par terre.
Sans être entourée d’eau de tous côtés, Athènes n’en a pas moins les
avantages d’une île : elle a tous les vents à son service, soit pour
importer ce dont elle a besoin, soit pour exporter ce qu’elle veut ; car
elle est entre deux mers. Sur terre aussi, elle reçoit une grande
quantité de marchandises ; car elle est sur le continent. En outre,
tandis que la plupart des États sont incommodés par le voisinage des
barbares, les États voisins d’Athènes sont eux-mêmes très éloignés de
ces mêmes barbares.
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