[3,8] Ἀριστίππου δὲ ἐπιχειροῦντος ἐλέγχειν τὸν Σωκράτην,
ὥσπερ αὐτὸς ὑπ´ ἐκείνου τὸ πρότερον ἠλέγχετο, βουλόμενος
τοὺς συνόντας ὠφελεῖν ὁ Σωκράτης ἀπεκρίνατο οὐχ ὥσπερ
οἱ φυλαττόμενοι μή πῃ ὁ λόγος ἐπαλλαχθῇ, ἀλλ´ ὡς ἂν
πεπεισμένοι μάλιστα πράττειν τὰ δέοντα. ὁ μὲν γὰρ αὐτὸν
ἤρετο εἴ τι εἰδείη ἀγαθόν, ἵνα, εἴ τι εἴποι τῶν τοιούτων, οἷον
ἢ σιτίον ἢ ποτὸν ἢ χρήματα ἢ ὑγίειαν ἢ ῥώμην ἢ τόλμαν,
δεικνύοι δὴ τοῦτο κακὸν ἐνίοτε ὄν. ὁ δὲ εἰδὼς ὅτι, ἐάν τι
ἐνοχλῇ ἡμᾶς, δεόμεθα τοῦ παύσοντος, ἀπεκρίνατο ᾗπερ καὶ
ποιεῖν κράτιστον, Ἆρά γε, ἔφη, ἐρωτᾷς με, εἴ τι οἶδα πυρετοῦ
ἀγαθόν; Οὐκ ἔγωγ´, ἔφη. Ἀλλ´ ὀφθαλμίας; Οὐδὲ
τοῦτο. Ἀλλὰ λιμοῦ; Οὐδὲ λιμοῦ. Ἀλλὰ μήν, ἔφη, εἴ
γ´ ἐρωτᾷς με εἴ τι ἀγαθὸν οἶδα ὃ μηδενὸς ἀγαθόν ἐστιν, οὔτ´
οἶδα, ἔφη, οὔτε δέομαι.
Πάλιν δὲ τοῦ Ἀριστίππου ἐρωτῶντος αὐτὸν εἴ τι εἰδείη
καλόν, Καὶ πολλά, ἔφη. Ἆρ´ οὖν, ἔφη, πάντα ὅμοια
ἀλλήλοις; Ὡς οἷόν τε μὲν οὖν, ἔφη, ἀνομοιότατα ἔνια.
Πῶς οὖν, ἔφη, τὸ τῷ καλῷ ἀνόμοιον καλὸν ἂν εἴη; Ὅτι νὴ
Δί´, ἔφη, ἔστι μὲν τῷ καλῷ πρὸς δρόμον ἀνθρώπῳ ἄλλος
ἀνόμοιος καλὸς πρὸς πάλην, ἔστι δὲ ἀσπὶς καλὴ πρὸς τὸ
προβάλλεσθαι ὡς ἔνι ἀνομοιοτάτη τῷ ἀκοντίῳ, καλῷ πρὸς
τὸ σφόδρα τε καὶ ταχὺ φέρεσθαι. Οὐδὲν διαφερόντως, ἔφη,
ἀποκρίνῃ μοι ἢ ὅτε σε ἠρώτησα εἴ τι ἀγαθὸν εἰδείης. Σὺ
δ´ οἴει, ἔφη, ἄλλο μὲν ἀγαθόν, ἄλλο δὲ καλὸν εἶναι; οὐκ
οἶσθ´ ὅτι πρὸς ταὐτὰ πάντα καλά τε κἀγαθά ἐστι; πρῶτον
μὲν γὰρ ἡ ἀρετὴ οὐ πρὸς ἄλλα μὲν ἀγαθόν, πρὸς ἄλλα δὲ
καλόν ἐστιν, ἔπειτα οἱ ἄνθρωποι τὸ αὐτό τε καὶ πρὸς τὰ αὐτὰ
καλοί τε κἀγαθοὶ λέγονται, πρὸς τὰ αὐτὰ δὲ καὶ τὰ σώματα
τῶν ἀνθρώπων καλά τε κἀγαθὰ φαίνεται, πρὸς ταὐτὰ δὲ καὶ
τἆλλα πάντα οἷς ἄνθρωποι χρῶνται καλά τε κἀγαθὰ νομίζεται,
πρὸς ἅπερ ἂν εὔχρηστα ᾖ. Ἆρ´ οὖν, ἔφη, καὶ κόφινος
κοπροφόρος καλόν ἐστι; Νὴ Δί´, ἔφη, καὶ χρυσῆ γε ἀσπὶς
αἰσχρόν, ἐὰν πρὸς τὰ ἑαυτῶν ἔργα ὁ μὲν καλῶς πεποιημένος
ᾖ, ἡ δὲ κακῶς. Λέγεις σύ, ἔφη, καλά τε καὶ αἰσχρὰ τὰ αὐτὰ
εἶναι; Καὶ νὴ Δί´ ἔγωγ´, ἔφη, ἀγαθά τε καὶ κακά· πολλάκις
γὰρ τό γε λιμοῦ ἀγαθὸν πυρετοῦ κακόν ἐστι καὶ τὸ πυρετοῦ
ἀγαθὸν λιμοῦ κακόν ἐστι· πολλάκις δὲ τὸ μὲν πρὸς δρόμον
καλὸν πρὸς πάλην αἰσχρόν, τὸ δὲ πρὸς πάλην καλὸν πρὸς
δρόμον αἰσχρόν· πάντα γὰρ ἀγαθὰ μὲν καὶ καλά ἐστι πρὸς ἃ
ἂν εὖ ἔχῃ, κακὰ δὲ καὶ αἰσχρὰ πρὸς ἃ ἂν κακῶς.
Καὶ οἰκίας δὲ λέγων τὰς αὐτὰς καλάς τε εἶναι καὶ
χρησίμους παιδεύειν ἔμοιγ´ ἐδόκει, οἵας χρή, οἰκοδομεῖσθαι.
ἐπεσκόπει δὲ ὧδε· Ἆρά γε τὸν μέλλοντα οἰκίαν, οἵαν χρή,
ἔχειν τοῦτο δεῖ μηχανᾶσθαι, ὅπως ἡδίστη τε ἐνδιαιτᾶσθαι
καὶ χρησιμωτάτη ἔσται; τούτου δὲ ὁμολογουμένου, Οὐκοῦν
ἡδὺ μὲν θέρους ψυχεινὴν ἔχειν, ἡδὺ δὲ χειμῶνος ἀλεεινήν;
ἐπειδὴ δὲ καὶ τοῦτο συμφαῖεν, Οὐκοῦν ἐν ταῖς πρὸς μεσημβρίαν
βλεπούσαις οἰκίαις τοῦ μὲν χειμῶνος ὁ ἥλιος εἰς τὰς
παστάδας ὑπολάμπει, τοῦ δὲ θέρους ὑπὲρ ἡμῶν αὐτῶν καὶ
τῶν στεγῶν πορευόμενος σκιὰν παρέχει. οὐκοῦν, εἴ γε
καλῶς ἔχει ταῦτα οὕτω γίγνεσθαι, οἰκοδομεῖν δεῖ ὑψηλότερα
μὲν τὰ πρὸς μεσημβρίαν, ἵνα ὁ χειμερινὸς ἥλιος μὴ ἀποκλείηται,
χθαμαλώτερα δὲ τὰ πρὸς ἄρκτον, ἵνα οἱ ψυχροὶ
μὴ ἐμπίπτωσιν ἄνεμοι· ὡς δὲ συνελόντι εἰπεῖν, ὅποι πάσας
ὥρας αὐτός τε ἂν ἥδιστα καταφεύγοι καὶ τὰ ὄντα ἀσφαλέστατα
τιθοῖτο, αὕτη ἂν εἰκότως ἡδίστη τε καὶ καλλίστη
οἴκησις εἴη· γραφαὶ δὲ καὶ ποικιλίαι πλείονας εὐφροσύνας
ἀποστεροῦσιν ἢ παρέχουσι. ναοῖς γε μὴν καὶ βωμοῖς χώραν
ἔφη εἶναι πρεπωδεστάτην ἥτις ἐμφανεστάτη οὖσα ἀστιβεστάτη
εἴη· ἡδὺ μὲν γὰρ ἰδόντας προσεύξασθαι, ἡδὺ δὲ ἁγνῶς
ἔχοντας προσιέναι.
| [3,8] CHAPITRE VIII.
Aristippe s essayait de confondre Socrate, comme celui-ci
l'avait lui-même confondu naguère; mais Socrate, voulant
rendre service à ses disciples, ne répondit point en homme
qui se tient sur ses gardes, et qui craint qu'on n'intervertisse
ses paroles, mais comme un homme fortement convaincu qu'il
remplit ses devoirs. Aristippe lui demanda s'il connaissait
quelque chose de bon, afin que, si Socrate lui disait la nourriture,
la boisson, la richesse, la santé, la force, le courage, il
pût lui démontrer que c'est parfois un mal. Mais Socrate,
considérant que nous cherchons surtout à nous délivrer de ce qui
nous fait souffrir, lui fit la meilleure réponse possible : « Me
demandes-tu, lui dit-il, si je connais quelque chose de bon
pour la fièvre? — Non. — Pour l'ophthalmie? — Non plus. —
Pour la faim? — Pas davantage. — Eh bien, si tu me demandes
si je connais quelque chose de bon qui ne soit bon à rien,
je ne le connais pas, et je n'ai pas besoin de le connaître.»
Une autre fois, Aristippe lui demandant s'il connaissait quelque
chose de beau : « Oui, je connais beaucoup de choses belles.
— Eh bien, sont-elles toutes semblables? — Autant qu'il est
possible, il y en a qui diffèrent essentiellement. — Et comment
ce qui diffère du beau peut-il être beau? — Par Jupiter, comme
un homme habile à la course diffère d'un autre homme habile
à la lutte; comme la beauté d'un bouclier fait pour la défensive
diffère complétement de celle du javelot, fait pour voler
avec force et vitesse. — Ta réponse est tout à fait la même
que quand je t'ai demandé si tu connaissais quelque chose de
bon. — Crois-tu donc qu'autre chose est le bien, autre chose
le beau? Ne sais-tu pas que tout ce qui est beau pour une
raison est bon pour la même raison ? La vertu n'est pas bonne
dans une occasion et belle dans une autre; les hommes aussi
sont appelés bons et beaux de la même manière et pour les
mêmes motifs : ce qui, dans le corps des hommes, fait la beauté
apparente, en fait également la bonté ; enfin, tout ce qui peut
être utile aux hommes est beau et bon relativement à l'usage
qu'on en peut faire. — Comment! un panier à ordures est
donc aussi une belle chose? — Oui, par Jupiter, et un bouclier
d'or est laid, du moment que l'un est convenablement fait
pour son usage, et l'autre non. — Tu dis donc que les mêmes
objets peuvent être beaux et laids? — Oui, par Jupiter! et ils
peuvent être aussi bons et mauvais : car souvent ce qui est bon
pour la faim est mauvais pour la fièvre, et ce qui est bon
pour la fièvre est mauvais pour la faim; souvent aussi ce qui
est beau pour la course ne l'est pas pour la lutte, et ce qui est
beau pour la lutte ne l'est pas pour la course ; enfin, les choses
sont belles et bonnes pour l'usage auquel elles conviennent;
elles sont laides et mauvaises pour l'usage auquel elles ne
conviennent pas. »
De même, lorsque Socrate disait que la beauté d'un édifice
consiste dans son utilité, il me semblait qu'il enseignait le
meilleur principe de construction. Voici comment il raisonnait:
«Quand on fait bâtir une maison, disait-il, ne s'ingénie-t-on
pas des moyens qui peuvent en rendre le séjour le plus possible
agréable et commode?» Ce principe une fois admis :
«N'est-il pas agréable qu'elle soit fraîche pendant l'été et
chaude pendant l'hiver?» Ce second point étant aussi accordé :
"Eh bien, quand les maisons regardent le midi, le soleil ne
pénètre-t-il pas, en hiver, sous les galeries extérieures, et, en
été, passant au-dessus de nos têtes et par-dessus les toits, ne
nous procure-t-il pas de l'ombre? Alors, si ce sont là de bonnes
conditions, n'est-il pas vrai qu'il faut que les toits des galeries
tournées vers le midi soient plus élevés, afin que le soleil
d'hiver n'en soit point exclu, tandis que ceux des galeries
tournées au septentrion doivent être plus bas, afin que les
vents froids ne puissent y entrer? En un mot, l'édifice qui
fournit, en toute saison, la plus agréable retraite et le dépôt
le plus sûr pour ce que l'on possède, ne peut manquer d'être
le plus agréable et le plus beau : les peintures et les bariolages
ôtent plus de plaisirs qu'ils n'en procurent. » Il disait encore
que, pour les temples et les autels, l'emplacement le plus
convenable est un lieu bien découvert et complétement isolé : car
il est agréable pour prier de n'avoir point une vue bornée, et
il est encore agréable d'approcher des autels sans se souiller.
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