[5,4,60] Συλλεγέντων δὲ τῶν συμμάχων εἰς Λακεδαίμονα, λόγοι
ἐγίγνοντο ἀπὸ τῶν συμμάχων ὅτι διὰ μαλακίαν κατατριβήσοιντο
ὑπὸ τοῦ πολέμου. ἐξεῖναι γὰρ σφίσι ναῦς πληρώσαντας
πολὺ πλείους τῶν Ἀθηναίων ἑλεῖν λιμῷ τὴν πόλιν
αὐτῶν· ἐξεῖναι δ´ ἐν ταῖς αὐταῖς ταύταις ναυσὶ καὶ εἰς Θήβας
στράτευμα διαβιβάζειν, εἰ μὲν βούλοιντο, ἐπὶ Φωκέων, εἰ
δὲ βούλοιντο, ἐπὶ Κρεύσιος. ταῦτα δὲ λογισάμενοι ἑξήκοντα
μὲν τριήρεις ἐπλήρωσαν, Πόλλις δ´ αὐτῶν ναύαρχος ἐγένετο.
καὶ μέντοι οὐκ ἐψεύσθησαν οἱ ταῦτα γνόντες, ἀλλ´ οἱ Ἀθηναῖοι
ἐπολιορκοῦντο· τὰ γὰρ σιταγωγὰ αὐτοῖς πλοῖα ἐπὶ
μὲν τὸν Γεραστὸν ἀφίκετο, ἐκεῖθεν δ´ οὐκέτι ἤθελε παραπλεῖν,
τοῦ ναυτικοῦ ὄντος τοῦ Λακεδαιμονίων περί τε Αἴγιναν
καὶ Κέω καὶ Ἄνδρον. γνόντες δ´ οἱ Ἀθηναῖοι τὴν ἀνάγκην,
ἐνέβησαν αὐτοὶ εἰς τὰς ναῦς, καὶ ναυμαχήσαντες πρὸς
τὸν Πόλλιν Χαβρίου ἡγουμένου νικῶσι τῇ ναυμαχίᾳ. καὶ
ὁ μὲν σῖτος τοῖς Ἀθηναίοις οὕτω παρεκομίσθη. παρασκευαζομένων
δὲ τῶν Λακεδαιμονίων στράτευμα διαβιβάζειν
ἐπὶ τοὺς Βοιωτούς, ἐδεήθησαν οἱ Θηβαῖοι τῶν Ἀθηναίων
περὶ Πελοπόννησον στράτευμα πέμψαι, νομίσαντες εἰ τοῦτο
γένοιτο, οὐ δυνατὸν ἔσεσθαι τοῖς Λακεδαιμονίοις ἅμα μὲν
τὴν ἑαυτῶν χώραν φυλάττειν, ἅμα δὲ τὰς περὶ ἐκεῖνα τὰ
χωρία συμμαχίδας πόλεις, ἅμα δὲ στράτευμα διαβιβάζειν
ἱκανὸν πρὸς ἑαυτούς. καὶ οἱ Ἀθηναῖοι μέντοι ὀργιζόμενοι
τοῖς Λακεδαιμονίοις διὰ τὸ Σφοδρία ἔργον, προθύμως ἐξέπεμψαν
περὶ τὴν Πελοπόννησον ναῦς τε ἑξήκοντα πληρώσαντες
καὶ στρατηγὸν αὐτῶν Τιμόθεον ἑλόμενοι. ἅτε δὲ
εἰς τὰς Θήβας οὐκ ἐμβεβληκότων τῶν πολεμίων οὔτ´ ἐν
ᾧ Κλεόμβροτος ἦγε τὴν στρατιὰν ἔτει οὔτ´ ἐν ᾧ Τιμόθεος
περιέπλευσε, θρασέως δὴ ἐστρατεύοντο οἱ Θηβαῖοι ἐπὶ τὰς
περιοικίδας πόλεις καὶ πάλιν αὐτὰς ἀνελάμβανον. ὁ μέντοι
Τιμόθεος περιπλεύσας Κέρκυραν μὲν εὐθὺς ὑφ´ ἑαυτῷ ἐποιήσατο·
οὐ μέντοι ἠνδραποδίσατο οὐδὲ ἄνδρας ἐφυγάδευσεν
οὐδὲ νόμους μετέστησεν· ἐξ ὧν τὰς περὶ ἐκεῖνα πόλεις
πάσας εὐμενεστέρας ἔσχεν. ἀντεπλήρωσαν δὲ καὶ οἱ Λακεδαιμόνιοι
ναυτικόν, καὶ Νικόλοχον ναύαρχον, μάλα θρασὺν
ἄνδρα, ἐξέπεμψαν· ὃς ἐπειδὴ εἶδε τὰς μετὰ Τιμοθέου ναῦς,
οὐκ ἐμέλλησε, καίπερ ἓξ νεῶν αὐτῷ ἀπουσῶν τῶν Ἀμβρακιωτίδων,
ἀλλὰ πέντε καὶ πεντήκοντα ἔχων ναῦς ἑξήκοντα
οὔσαις ταῖς μετὰ Τιμοθέου ἐναυμάχησε. καὶ τότε μὲν
ἡττήθη, καὶ τροπαῖον ὁ Τιμόθεος ἔστησεν ἐν Ἀλυζείᾳ. ὁ δὲ
ἀνειλκυσμένων τῶν Τιμοθέου νεῶν καὶ ἐπισκευαζομένων,
ἐπεὶ παρεγένοντο αὐτῷ αἱ Ἀμβρακιώτιδες ἓξ τριήρεις, ἐπὶ
τὴν Ἀλύζειαν ἔπλευσεν, ἔνθα ἦν ὁ Τιμόθεος. ὡς δὲ οὐκ
ἀντανῆγε, τροπαῖον αὖ κἀκεῖνος ἐστήσατο ἐν ταῖς ἐγγυτάτω
νήσοις. ὁ δὲ Τιμόθεος ἐπεὶ ἅς τε εἶχεν ἐπεσκεύασε καὶ ἐκ
Κερκύρας ἄλλας προσεπληρώσατο, γενομένων αὐτῷ τῶν
πασῶν πλέον ἑβδομήκοντα, πολὺ δὴ ὑπερεῖχε ναυτικῷ· χρήματα
μέντοι μετεπέμπετο Ἀθήνηθεν· πολλῶν γὰρ ἐδεῖτο,
ἅτε πολλὰς ναῦς ἔχων.
| [5,4,60] Les alliés s'étant assemblés à Lacédémone se plaignirent
d'être épuisés par la guerre à cause de la mollesse qu'on y
apportait. Ils pouvaient, disaient-ils, en équipant beaucoup
plus de vaisseaux que les Athéniens, prendre leur ville par
la famine. Ils pouvaient aussi sur ces mêmes vaisseaux
faire passer une armée jusqu'à Thèbes, soit par la Phocide,
si l'on voulait, soit par Creusis. 61. Sur cet avis, on arma
soixante trières, dont Pollis fut nommé navarque. Ceux qui
avaient eu cette idée ne furent pas trompés dans leur
attente et les Athéniens se trouvèrent bloqués. Les bateaux
qui leur portaient des vivres arrivaient bien à Géraistos,
mais ils ne voulaient pas poursuivre leur route le
long de la côte, parce que la flotte des Lacédémoniens se
tenait dans les parages d'Égine, de Céos et d'Andros.
Reconnaissant la nécessité qui les pressait, les Athéniens
montèrent eux-mêmes sur leurs vaisseaux, livrèrent
bataille à Pollis, sous la conduite de Chabrias, et
remportèrent la victoire. Par suite, les convois de blé
arrivèrent à Athènes. 62. Comme les Lacédémoniens se
disposaient à faire passer une armée en Béotie, les
Thébains prièrent les Athéniens d'envoyer une armée
autour de Péloponnèse, persuadés que, si cette expédition
avait lieu, il ne serait plus possible aux Lacédémoniens de
couvrir tout ensemble leur pays et les villes du voisinage
qui leur étaient alliées et en même temps d'envoyer contre
eux des forces suffisantes. 63. Les Athéniens, irrités contre
les Lacédémoniens à cause de la tentative de Sphodrias,
s'empressèrent d'envoyer autour du Péloponnèse soixante
vaisseaux qu'ils avaient équipés et dont ils avaient donné la
conduite à Timothée. Comme l'ennemi n'avait pas envahi le
territoire de Thèbes, ni pendant l'année où Cléombrotos
conduisait l'armée, ni pendant celle où Timothée fit le tour
de Péloponnèse, les Thébains enhardis marchèrent contre
les villes circonvoisines et les reprirent. 64. Cependant
Timothée, ayant contourné le Péloponnèse, avait
immédiatement soumis Corcyre, et comme il n'avait réduit
personne en esclavage, ni exilé aucun citoyen, ni changé
les lois, il s'était attaché davantage toutes les villes de ces
contrées. 65. À leur tour, les Lacédémoniens armèrent une
flotte et ils envoyèrent Nicolochos, homme très audacieux,
en prendre le commandement. Dès qu'il aperçut les
vaisseaux de Timothée, il ne perdit pas un moment, et,
bien qu'il lui manquât six vaisseaux d'Ambracie, il attaqua
avec cinquante-cinq trières Timothée qui en avait soixante.
Il fut vaincu et Timothée dressa un trophée à Alyzeia (187).
66. Tandis que Timothée faisait radouber ses vaisseaux
qu'il avait tirés à sec, Nicolochos, renforcé des six
vaisseaux d'Ambracie, cingla sur Alyzeia, où se trouvait
Timothée. Comme celui-ci ne sortait point à sa rencontre, il
dressa, lui aussi, un trophée dans les îles les plus
rapprochées. Mais quand Timothée eut radoubé les
vaisseaux qu'il avait et qu'il en eut armé d'autres venus de
Corcyre, il en eut en tout plus de dix et sa flotte fut de
beaucoup supérieure à celle de l'ennemi. Alors il demanda
de l'argent à Athènes, car il lui en fallait beaucoup pour tant
de vaisseaux.
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