[3,3,5] (5) Οὗτος δ᾽ ἦν καὶ τὸ εἶδος νεανίσκος καὶ τὴν ψυχὴν εὔρωστος, οὐ μέντοι τῶν
ὁμοίων. Ἐρομένων δὲ τῶν ἐφόρων πῶς φαίη τὴν πρᾶξιν ἔσεσθαι, εἶπεν ὁ
εἰσαγγείλας ὅτι ὁ Κινάδων ἀγαγὼν αὐτὸν ἐπὶ τὸ ἔσχατον τῆς ἀγορᾶς ἀριθμῆσαι
κελεύοι ὁπόσοι εἶεν Σπαρτιᾶται ἐν τῇ ἀγορᾷ.
« Καὶ ἐγώ, » ἔφη, « ἀριθμήσας βασιλέα τε καὶ ἐφόρους καὶ γέροντας καὶ ἄλλους
ὡς τετταράκοντα, ἠρόμην· « Τί δή με τούτους, ὦ Κινάδων, ἐκέλευσας ἀριθμῆσαι;
» Ὁ δὲ εἶπε· « Τούτους, » ἔφη, « νόμιζέ σοι πολεμίους εἶναι, τοὺς δ᾽ ἄλλους
πάντας συμμάχους πλέον ἢ τετρακισχιλίους ὄντας τοὺς ἐν τῇ ἀγορᾷ. »
Ἐπιδεικνύναι δ᾽ αὐτὸν ἔφη ἐν ταῖς ὁδοῖς ἔνθα μὲν ἕνα, ἔνθα δὲ δύο πολεμίους
ἀπαντῶντας, τοὺς δ᾽ ἄλλους ἅπαντας συμμάχους· καὶ ὅσοι δὴ ἐν τοῖς χωρίοις
Σπαρτιατῶν τύχοιεν ὄντες, ἕνα μὲν πολέμιον τὸν δεσπότην, συμμάχους δ᾽ ἐν
ἑκάστῳ πολλούς.
(6) Ἐρωτώντων δὲ τῶν ἐφόρων πόσους φαίη καὶ τοὺς συνειδότας τὴν πρᾶξιν
εἶναι, λέγειν καὶ περὶ τούτου ἔφη αὐτὸν ὡς σφίσι μὲν τοῖς προστατεύουσιν οὐ
πάνυ πολλοί, ἀξιόπιστοι δὲ συνειδεῖεν· αὐτοὶ μέντοι πᾶσιν ἔφασαν συνειδέναι
καὶ εἵλωσι καὶ νεοδαμώδεσι καὶ τοῖς ὑπομείοσι καὶ τοῖς περιοίκοις· ὅπου γὰρ ἐν
τούτοις τις λόγος γένοιτο περὶ Σπαρτιατῶν, οὐδένα δύνασθαι κρύπτειν τὸ μὴ οὐχ
ἡδέως ἂν καὶ ὠμῶν ἐσθίειν αὐτῶν.
(7) πάλιν οὖν ἐρωτώντων· « Ὅπλα δὲ πόθεν ἔφασαν λήψεσθαι; » τὸν δ᾽ εἰπεῖν
ὅτι οἱ μὲν δήπου συντεταγμένοι ἡμῶν αὐτοὶ (ἔφασάν γε) ὅπλα κεκτήμεθα, τῷ δ᾽
ὄχλῳ, ἀγαγόντα εἰς τὸν σίδηρον ἐπιδεῖξαι αὐτὸν ἔφη πολλὰς μὲν μαχαίρας,
πολλὰ δὲ ξίφη, πολλοὺς δὲ ὀβελίσκους, πολλοὺς δὲ πελέκεις καὶ ἀξίνας, πολλὰ
δὲ δρέπανα. Λέγειν δ᾽ αὐτὸν ἔφη ὅτι καὶ ταῦτα ὅπλα πάντ᾽ εἴη ὁπόσοις
ἄνθρωποι καὶ γῆν καὶ ξύλα καὶ λίθους ἐργάζονται, καὶ τῶν ἄλλων δὲ τεχνῶν τὰς
πλείστας τὰ ὄργανα ὅπλα ἔχειν ἀρκοῦντα, ἄλλως τε καὶ πρὸς ἀόπλους. Πάλιν
αὖ ἐρωτώμενος ἐν τίνι χρόνῳ μέλλοι ταῦτα πράττεσθαι, εἶπεν ὅτι ἐπιδημεῖν οἱ
παρηγγελμένον εἴη.
(8) Ἀκούσαντες ταῦτα οἱ ἔφοροι ἐσκεμμένα τε λέγειν ἡγήσαντο αὐτὸν καὶ
ἐξεπλάγησαν, καὶ οὐδὲ τὴν μικρὰν καλουμένην ἐκκλησίαν συλλέξαντες, ἀλλὰ
συλλεγόμενοι τῶν γερόντων ἄλλος ἄλλοθι ἐβουλεύσαντο πέμψαι τὸν Κινάδωνα
εἰς Αὐλῶνα σὺν ἄλλοις τῶν νεωτέρων καὶ κελεῦσαι ἥκειν ἄγοντα τῶν Αὐλωνιτῶν
τέ τινας καὶ τῶν εἱλώτων τοὺς ἐν τῇ σκυτάλῃ γεγραμμένους. Ἀγαγεῖν δὲ ἐκέλευον
καὶ τὴν γυναῖκα, ἣ καλλίστη μὲν αὐτόθι ἐλέγετο εἶναι, λυμαίνεσθαι δ᾽ ἐῴκει τοὺς
ἀφικνουμένους Λακεδαιμονίων καὶ πρεσβυτέρους καὶ νεωτέρους.
(9) Ἀπηρετήκει δὲ καὶ ἄλλ᾽ ἤδη ὁ Κινάδων τοῖς ἐφόροις τοιαῦτα. Καὶ τότε δὴ
ἔδοσαν τὴν σκυτάλην ἐκείνῳ, ἐν ᾗ γεγραμμένοι ἦσαν οὓς ἔδει συλληφθῆναι.
Ἐρομένου δὲ τίνας ἄγοι μεθ᾽ ἑαυτοῦ τῶν νέων, « Ἴθι, » ἔφασαν, « καὶ τὸν
πρεσβύτατον τῶν ἱππαγρετῶν κέλευέ σοι συμπέμψαι ἓξ ἢ ἑπτὰ οἳ ἂν τύχωσι
παρόντες. » Ἐμεμελήκει δὲ αὐτοῖς ὅπως ὁ ἱππαγρέτης εἰδείη οὓς δέοι πέμπειν,
καὶ οἱ πεμπόμενοι εἰδεῖεν ὅτι Κινάδωνα δέοι συλλαβεῖν. εἶπον δὲ καὶ τοῦτο τῷ
Κινάδωνι, ὅτι πέμψοιεν τρεῖς ἁμάξας, ἵνα μὴ πεζοὺς ἄγωσι τοὺς ληφθέντας,
ἀφανίζοντες ὡς ἐδύναντο μάλιστα ὅτι ἐφ᾽ ἕνα ἐκεῖνον ἔπεμπον.
| [3,3,5] 5. Cinadon était un jeune homme d'apparence vigoureuse et de caractère énergique, mais
qui n'était pas de la classe des égaux. Les éphores demandant au dénonciateur comment Cinadon
disait qu'il exécuterait son entreprise, il répondit que Cinadon, l'ayant amené à l'extrémité de
l'agora, lui avait dit de compter combien il y avait de Spartiates sur la place. « Et moi, dit-il,
après avoir compté le roi, les éphores, les sénateurs et une quarantaine d'autres, je lui
demandai : « Pourquoi donc, Cinadon, m'as-tu fait compter ces gens-là ? — Ceux-là, répondit-
il, regarde-les comme tes ennemis; tous les autres au contraire qui sont sur l'agora, au nombre
de plus de quatre mille, sont des alliés. » Il ajouta que Cinadon lui montrait dans les rues, ici un
ennemi, là deux, qui se trouvaient sur leur route; tous les autres étaient des alliés. Et, de tous
ceux qui se trouvaient dans les domaines des Spartiates, il en signalait un comme ennemi, le
maître, et beaucoup comme alliés dans chaque propriété.
6. Les éphores lui demandant combien Cinadon disait avoir de complices de son entreprise, il
répondit que celui-ci disait à ce sujet que ceux qui étaient dans le secret avec lui et les autres
chefs n'étaient pas du tout nombreux, mais qu'on pouvait compter sur eux, et que les conjurés
se disaient sûrs d'avoir pour complices tous les hilotes, tous les néodamodes, tous les
inférieurs et tous les périèques; car chaque fois que parmi ces gens-là il était question des
Spartiates, aucun ne pouvait cacher le plaisir qu'il aurait à les manger tous crus.
7. Les éphores lui demandèrent encore : « Mais les armes, où comptaient-ils les prendre ? » Il
répondit que Cinadon avait dit : « Naturellement ceux de nous qui sont dans les rangs de
l'année ont des armes à eux. » Quant à la foule, Cinadon l'avait conduit, disait-il, au marché au
fer et lui avait fait voir des quantités de glaives, d'épées, de broches, de haches, de cognées et
de faux, et il avait ajouté que tous les instruments avec lesquels on travaille la terre, le bois et la
pierre sont aussi des armes et que la plupart des autres métiers ont dans leurs outils des armes
suffisantes, surtout contre des gens désarmés. On lui demanda encore à quel moment les
conjurés devaient agir; il répondit qu'on lui avait fait passer l'ordre de ne pas s'éloigner de la ville.
8. Jugeant par les dépositions qu'ils venaient d'entendre qu'il y avait là un plan bien prémédité,
les éphores en furent vivement alarmés, et, sans même convoquer ce qu'on appelle la petite
assemblée, après s'être abouchés, l'un ici, l'autre là avec certains sénateurs, ils décidèrent
d'envoyer Cinadon à Aulon en compagnie d'autres jeunes gens, avec ordre de ramener
certains Aulonites et des hilotes inscrits sur la scytale. Ils lui ordonnèrent aussi de ramener une
femme qui passait là-bas pour une très belle femme, mais qu'on accusait de corrompre les
Lacédémoniens, vieux et jeunes, qui venaient à Aulon.
9. Cinadon avait déjà rempli pour les éphores d'autres missions du même genre. Cette fois
encore, ils lui remirent la scytale où étaient marqués ceux qu'il devait arrêter. Comme il
demandait qui parmi les jeunes gens il emmènerait avec lui : « Va, lui dirent-ils, trouver le plus
âgé des hippagrètes et prie-le de t'adjoindre six ou sept de ceux qui se trouveront présents. »
Ils avaient eu soin de faire savoir à l'hippagrète quels étaient ceux qu'il devait envoyer et aux
jeunes gens que c'était Cinadon qu'ils devaient arrêter. Ils dirent encore à Cinadon qu'ils lui
enverraient trois voitures, pour ne pas ramener à pied les prisonniers. Ils cherchaient à cacher
le mieux possible que l'expédition ne visait qu'un seul homme.
|