[2,4,5] (5) Ὁ δὲ Θρασύβουλος, ἤδη συνειλεγμένων εἰς τὴν Φυλὴν περὶ ἑπτακοσίους,
λαβὼν αὐτοὺς καταβαίνει τῆς νυκτός· θέμενος δὲ τὰ ὅπλα ὅσον τρία ἢ τέτταρα
στάδια ἀπὸ τῶν φρουρῶν ἡσυχίαν εἶχεν.
(6) ἐπεὶ δὲ πρὸς ἡμέραν ἐγίγνετο, καὶ ἤδη ἀνίσταντο ὅποι ἐδεῖτο ἕκαστος ἀπὸ
τῶν ὅπλων, καὶ οἱ ἱπποκόμοι ψήχοντες τοὺς ἵππους ψόφον ἐποίουν, ἐν τούτῳ
ἀναλαβόντες οἱ περὶ Θρασύβουλον τὰ ὅπλα δρόμῳ προσέπιπτον· καὶ ἔστι μὲν
οὓς αὐτῶν κατέβαλον, πάντας δὲ τρεψάμενοι ἐδίωξαν ἓξ ἢ ἑπτὰ στάδια, καὶ
ἀπέκτειναν τῶν μὲν ὁπλιτῶν πλέον ἢ εἴκοσι καὶ ἑκατόν, τῶν δὲ ἱππέων
Νικόστρατόν τε τὸν καλὸν ἐπικαλούμενον, καὶ ἄλλους δὲ δύο, ἔτι καταλαβόντες
ἐν ταῖς εὐναῖς.
(7) Ἐπαναχωρήσαντες δὲ καὶ τροπαῖον στησάμενοι καὶ συσκευασάμενοι ὅπλα τε
ὅσα ἔλαβον καὶ σκεύη ἀπῆλθον ἐπὶ Φυλῆς. Οἱ δὲ ἐξ ἄστεως ἱππεῖς βοηθήσαντες
τῶν μὲν πολεμίων οὐδένα ἔτι εἶδον, προσμείναντες δὲ ἕως τοὺς νεκροὺς
ἀνείλοντο οἱ προσήκοντες ἀνεχώρησαν εἰς ἄστυ.
(8) Ἐκ δὲ τούτου οἱ τριάκοντα, οὐκέτι νομίζοντες ἀσφαλῆ σφίσι τὰ πράγματα,
ἐβουλήθησαν Ἐλευσῖνα ἐξιδιώσασθαι, ὥστε εἶναι σφίσι καταφυγήν, εἰ δεήσειε.
Καὶ παραγγείλαντες τοῖς ἱππεῦσιν ἦλθον εἰς Ἐλευσῖνα Κριτίας τε καὶ οἱ ἄλλοι τῶν
τριάκοντα· ἐξέτασίν τε ποιήσαντες ἐν τοῖς ἱππεῦσι, φάσκοντες εἰδέναι βούλεσθαι
πόσοι εἶεν καὶ πόσης φυλακῆς προσδεήσοιντο, ἐκέλευον ἀπογράφεσθαι
πάντας· τὸν δὲ ἀπογραψάμενον ἀεὶ διὰ τῆς πυλίδος ἐπὶ τὴν θάλατταν ἐξιέναι.
Ἐπὶ δὲ τῷ αἰγιαλῷ τοὺς μὲν ἱππέας ἔνθεν καὶ ἔνθεν κατέστησαν, τὸν δ᾽ ἐξιόντα
ἀεὶ οἱ ὑπηρέται συνέδουν. Ἐπεὶ δὲ πάντες συνειλημμένοι ἦσαν, Λυσίμαχον τὸν
ἵππαρχον ἐκέλευον ἀναγαγόντα παραδοῦναι αὐτοὺς τοῖς ἕνδεκα.
(9) Τῇ δ᾽ ὑστεραίᾳ εἰς τὸ Ὠιδεῖον παρεκάλεσαν τοὺς ἐν τῷ καταλόγῳ ὁπλίτας καὶ
τοὺς ἄλλους ἱππέας. ἀναστὰς δὲ Κριτίας ἔλεξεν· Ἡμεῖς, ἔφη, ὦ ἄνδρες, οὐδὲν
ἧττον ὑμῖν κατασκευάζομεν τὴν πολιτείαν ἢ ἡμῖν αὐτοῖς. δεῖ οὖν ὑμᾶς, ὥσπερ καὶ
τιμῶν μεθέξετε, οὕτω καὶ τῶν κινδύνων μετέχειν. τῶν οὖν συνειλημμένων
Ἐλευσινίων καταψηφιστέον ἐστίν, ἵνα ταὐτὰ ἡμῖν καὶ θαρρῆτε καὶ φοβῆσθε.
Δείξας δέ τι χωρίον, εἰς τοῦτο ἐκέλευε φανερὰν φέρειν τὴν ψῆφον.
| [2,4,5] 5. Mais Thrasybule, qui avait déjà réuni à Phylè près de sept cents hommes, se met à leur tête
et descend dans la plaine pendant la nuit; il fait halte à trois ou quatre stades des gardes et ne
bouge pas.
6. À l'approche du jour, au moment où les ennemis se levaient et s'écartaient de la place
d'armes pour se rendre où chacun d'eux avait affaire, et où les palefreniers faisaient du bruit en
étrillant leurs chevaux, les gens de Thrasybule, saisissant leurs armes, fondent sur eux au pas
de course; ils en culbutent un certain nombre, puis les mettent tous en fuite et les poursuivent
l'espace de six ou sept stades, et ils leur tuent plus de cent vingt hoplites, et parmi les cavaliers
Nicostratos, surnommé le beau, et deux autres, qu'ils avaient surpris encore au lit.
7. En revenant, ils dressèrent un trophée et empaquetant les armes et les bagages qu'ils
avaient pris, ils regagnèrent Phylè. La cavalerie accourut d'Athènes à la rescousse, mais elle
ne vit plus aucun ennemi, et, après avoir attendu que les parents eussent relevé leurs morts,
elle s'en retourna à la ville.
8. Dès ce moment, les Trente, voyant chanceler leur situation, voulurent s'assurer d'Éleusis,
afin d'y trouver un refuge en cas de besoin. Aussi, après avoir donné leurs instructions aux
cavaliers, Critias et ses collègues se rendirent à Éleusis. Ils y firent, sous la protection des
cavaliers, une revue des habitants, sous prétexte de connaître leur nombre et le renfort qu'il
faudrait ajouter à la garnison, et ils ordonnèrent à tout le monde de s'inscrire. Après s'être
inscrit, chacun devait sortir par la poterne qui donnait sur la mer. Ils avaient placé les cavaliers
sur la plage à droite et à gauche de la poterne, et, au fur et à mesure que les habitants
sortaient, les valets des Trente les enchaînaient. Quand ils se furent saisis de tous les
habitants, ils ordonnèrent à l'hipparque Lysimachos de les emmener et de les livrer aux Onze.
9. Le lendemain, ils convoquèrent à l'Odéon les hoplites qui étaient sur la liste et les cavaliers;
puis Critias se leva et prit la parole : « Citoyens, dit-il, c'est dans votre intérêt tout autant que
dans le nôtre que nous organisons le gouvernement. Vous devez donc, comme vous
participerez aux honneurs, avoir aussi votre part des dangers. Il faut donc que vous votiez la
condamnation des habitants d'Éleusis que nous avons rassemblés ici, afin que vous partagiez
nos espérances et nos craintes. » Puis il leur indiqua un emplacement où il leur ordonna
d'apporter leur vote à découvert.
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