HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre V

Chapitre 1

 Chapitre 1

[5,0] LIVRE V. [5,0] LIVRE CINQUIÈME.
[5,1] δὲ Ἁβροκόμης διανύσας τὸν ἀπ´ Αἰγύπτου πλοῦν εἰς αὐτὴν μὲν Ἰταλίαν οὐκ ἔρχεται, τὸ γὰρ πνεῦμα τὴν ναῦν ἀπῶσαν τοῦ μὲν κατ´ εὐθὺ ἀπέσφηλε πλοῦ, ἤγαγε δὲ εἰς Σικελίαν καὶ κατήχθησαν εἰς πόλιν Συρακούσας μεγάλην καὶ καλήν. Ἐνταῦθα Ἁβροκόμης γενόμενος ἔγνω περιιέναι τὴν νῆσον καὶ ἀναζητεῖν ἔτι περὶ Ἀνθίας εἴ τι πύθοιτο. Καὶ δὴ ἐνοικίζεται {μὲν} πλησίον τῆς θαλάσσης παρὰ ἀνδρὶ Αἰγιαλεῖ πρεσβύτῃ, ἁλιεῖ τὴν τέχνην. Οὗτος Αἰγιαλεὺς πένης μὲν ἦν καὶ ξένος καὶ ἀγαπητῶς αὑτὸν διέτρεφεν ἐκ τῆς τέχνης· ὑπεδέξατο δὲ τὸν Ἁβροκόμην ἄσμενος καὶ παῖδα ἐνόμιζεν αὑτοῦ καὶ ἠγάπα διαφερόντως. Καὶ ἤδη ποτὲ ἐκ πολλῆς τῆς πρὸς ἀλλήλους συνηθείας μὲν Ἁβροκόμης αὐτῷ διηγήσατο τὰ καθ´ αὑτόν, καὶ τὴν Ἀνθίαν εἰρήκει καὶ τὸν ἔρωτα καὶ τὴν πλάνην, δὲ Αἰγιαλεὺς ἄρχεται τῶν αὑτοῦ διηγημάτων. »Ἐγὼ« ἔφη, »τέκνον Ἁβροκόμη, οὔτε Σικελιώτης οὐδὲ ἐπιχώριος, ἀλλὰ Σπαρτιάτης Λακεδαιμόνιος τῶν τὰ πρῶτα ἐκεῖ δυναμένων, καὶ περιουσίαν ἔχων πολλήν. Νέος δὲ ὢν ἠράσθην {ἐν τοῖς ἐφήβοις καταλελεγμένος} κόρης πολίτιδος Θελξινόης τοὔνομα, ἐντερᾷ δέ μου καὶ Θελξινόη. Καὶ τῇ πόλει παννυχίδος ἀγομένης συνήλθομεν ἀλλήλοις, ἀμφοτέρους ὁδηγοῦντος θεοῦ, καὶ ἀπηλαύσαμεν ὧν ἕνεκα συνήλθομεν. Καὶ χρόνῳ τινὶ ἀλλήλοις συνῆμεν λανθάνοντες καὶ ὠμόσαμεν ἀλλήλοις πολλάκις ἕξειν καὶ μέχρι θανάτου· ἐνεμέσησε δέ τις ἄρα θεῶν. Κἀγὼ μὲν ἔτι ἐν τοῖς ἐφήβοις ἤμην, τὴν δὲ Θελξινόην ἐδίδοσαν πρὸς γάμον οἱ πατέρες ἐπιχωρίῳ τινὶ νεανίσκῳ Ἀνδροκλεῖ τοὔνομα· ἤδη δὲ αὐτῆς καὶ ἤρα Ἀνδροκλῆς. Τὰ μὲν οὖν πρῶτα κόρη πολλὰς προφάσεις ἐποιεῖτο ἀναβαλλομένη τὸν γάμον· τελευταῖον δὲ δυνηθεῖσα ἐν ταὐτῷ μοι γενέσθαι συντίθεται νύκτωρ ἐξελθεῖν Λακεδαίμονος μετ´ ἐμοῦ. Καὶ δὴ ἐστείλαμεν ἑαυτοὺς νεανικῶς ἀπέκειρα δὲ καὶ τὴν κόμην τῆς Θελξινόης. Ἐν αὐτῇ οὖν τῇ τῶν γάμων νυκτὶ ἐξελθόντες τῆς πόλεως ᾔειμεν ἐπ´ Ἄργος καὶ Κόρινθον, κἀκεῖθεν ἀναγόμενοι ἐπλεύσαμεν εἰς Σικελίαν. Λακεδαιμόνιοι δὲ πυθόμενοι τὴν φυγὴν ἡμῶν θάνατον κατεψηφίσαντο. Ἡμεῖς δὲ ἐνταῦθα διήγομεν ἀπορίᾳ μὲν τῶν ἐπιτηδείων, ἡδόμενοι δὲ καὶ πάντων ἀπολαύειν δοκοῦντες, ὅτι ἦμεν μετ´ ἀλλήλων. Καὶ τέθνηκεν ἐνταῦθα οὐ πρὸ πολλοῦ Θελξινόη καὶ τὸ σῶμα οὐ τέθαπται, ἀλλὰ ἔχω γὰρ μετ´ ἐμαυτοῦ καὶ ἀεὶ φιλῶ καὶ σύνειμι«. Καὶ ἅμα λέγων εἰσάγει τὸν Ἁβροκόμην εἰς τὸ ἐνδότερον δωμάτιον καὶ δεικνύει τὴν Θελξινόην, γυναῖκα πρεσβῦτιν μὲν ἤδη, καλὴν δὲ φαινομένην ἔτι Αἰγιαλεῖ κόρην· τὸ δὲ σῶμα αὐτῆς ἐτέθαπτο ταφῇ Αἰγυπτίᾳ· ἦν γὰρ καὶ τούτων ἔμπειρος γέρων. »Ταύτῃ οὖν« ἔφη, » τέκνον Ἁβροκόμη, ἀεί τε ὡς ζώσῃ λαλῶ καὶ συγκατάκειμαι καὶ συνευωχοῦμαι· κἂν ἔλθω ποτὲ ἐκ τῆς ἁλιείας κεκμηκώς, αὕτη με παραμυθεῖται βλεπομένη· οὐ γὰρ οἵα νῦν ὁρᾶται σοὶ τοιαύτη φαίνεται ἐμοί· ἀλλὰ ἐννοῶ, τέκνον, οἵα μὲν ἦν ἐν Λακεδαίμονι, οἵα δὲ ἐν τῇ φυγῇ· τὰς παννυχίδας ἐννοῶ, τὰς συνθήκας ἐννοῶ«. Ἔτι λέγοντος τοῦ Αἰγιαλέως ἀνωδύρετο Ἁβροκόμης »σὲ δὲ« λέγων, » πασῶν δυστυχεστάτη κόρη, πότε ἀνευρήσω κἂν νεκράν; Αἰγιαλεῖ μὲν γὰρ τοῦ βίου μεγάλη παραμυθία τὸ σῶμα τὸ Θελξινόης, καὶ νῦν ἀληθῶς μεμάθηκα ὅτι ἔρως ἀληθινὸς ὅρον ἡλικίας οὐκ ἔχει· ἐγὼ δὲ πλανῶμαι μὲν κατὰ πᾶσαν γῆν καὶ θάλασσαν, οὐ δεδύνημαι δὲ οὐδὲ ἀκοῦσαι περὶ σοῦ. μαντεύματα δυστυχῆ, τὰ πάντων ἡμῖν Ἄπολλον χρήσας χαλεπώτατα, οἴκτειρον ἤδη καὶ τὰ τέλη τῶν μεμαντευμένων ἀποδίδου«. [5,1] Abrocome, repoussé par le vent contraire, ne passa point en Italie, il fut obligé de relâcher en Sicile, et d'aborder à la grande et magnifique ville de Syracuse; il comptait par la même occasion de parcourir toutes les côtes de l'isle, et de la traverser ensuite d'un bout à l'autre pour suivre le grand dessein qui l'occupait ; mais voulant auparavant se reposer ici quelques jours, il choisit sa demeure dans le quartier le plus proche de la mer. Un bon vieillard, nommé Egialée, logeait à côté de lui ; c'était un pauvre étranger, pécheur de profession, qui tirait de son art quelques légères ressources pour vivre. Abrocome s'entretenait et mangeait fréquemment avec lui ; le bon Égialée l'écoutait avec plaisir ; et l'habitude d'être ensemble produisit entre eux un commerce d'amitié si grand, que ce pêcheur conçut pour Abrocome une tendresse toute particulière ; il le regardait comme son propre fils; Abrocome de son côté lui découvrait tous les secrets de son âme; il lui raconta ses amours avec Anthia et toutes les autres aventures qui l'avaient fait errer en différents pays. Egialée, pour répondre à cette confiance, lui fit aussi le récit de ses malheurs, qu'il commença de cette manière: Mon cher fils, la Sicile ne m'a point vu naître ; je suis Lacédémonien : Sparte est ma patrie, et, si l'on pouvait tirer vanité d'une haute naissance, je compte mes aïeux et mon père même entre les plus illustres et les plus puissants de Lacédémone. On me mettait encore au nombre des pupilles, lorsque l'amour se fit sentir à mon cœur. Je ne pus me défendre des grâces d'une jeune fille que je voyais souvent ; elle était aussi de Sparte, et s'appelait Telxinoé ; le même trait sans doute nous blessa tous les deux ; car sa tendresse répondait à celle de mon amour. Enflammé de jour en jour par des sentiments qu'il nous était impossible de repousser, nous cherchions à nous voir en tous lieux. Une veille de fête qu'on célébrait nous en fournit une occasion très-commode; nous ne la laissâmes point échapper, soit que la sympathie seule réglât nos desirs, soit que le dieu qu'on révérait ce jour-là nous servît de guide; retirés dans un endrait solitaire, nous jouîmes de ces plaisirs que l'hymen seul a droit de permettre légitimement, et nous nous unîmes d'un nceud secret, jurant l'un et l'autre, par des serments réitérés mille fois, de nous aimer avec la même fidélité jusqu'à la mort ; sans doute que notre bonheur fit envie à quelqu'un des dieux! Je n'avais pas encore atteint quatorze ans; les parents de Telxinoé me crurent trop jeune pour épouser leur fille ; un certain Androclés, de notre même ville, en était amoureux aussi et la demandait en mariage; ils la lui promirent. Telxinoe se flattait toujours d'éluder cet hymen par divers prétextes, et de le rompre à la fin entièrement; mais, pressée par l'approche des noces dont le jour était fixé, Telxinoe se trouva dans un endrpit où je devais être, et convint de s'enfuir avec moi de Lacédémone. Lui ayant coupé les cheveux, nous nous habillâmes en jeunes garçons, et, cette même nuit où Telxinoe devait épouser Androclés, nous sortîmes de la ville: nous allâmes à Argos et à Corinthe, et de là un vaisseau, sur lequel nous traversâmes la mer Ionienne en très-peu de jours, nous rendit en Sicile. A peine les Lacédémoniens eurent-ils appris notre fuite, qu'ils nous condamnèrent à mort. Pour nous, la plus grande misère nous eut bientôt saisis; mais cette situation, toute triste qu'elle était, ne faisait qu'effleurer la douce joie de nos cœurs ; on croit ne manquer de rien quand on est adoré de l'objet qu'on aime, et qu'on le possède au gré de ses desirs. La mort m'a ravi depuis Telxinoé; mais je n'ai pas voulu la laisser emporter d'ici, elle y est encore; je l'aime toujours et la conserve avec soin. En même temps Egialée introduisit Abrocome dans une chambre plus reculée, et lui montra Telxinoé; c'était une femme âgée, qui avait été belle, et qui paraissait toujours jeune aux yeux d'Egialée; on avait enseveli son corps à la manière des Égyptiens ; c'était son vieil époux qui l'avait embaumé lui-même. Croirais-tu, mon cher Abrocome, reprit le vieillard, que je m'entretiens avec Telxinoé comme si elle vivait encore ? Je mange et je couche auprès d'elle, et, lorsque je reviens de la pêche, excédé de fatigue, sa vue me soulage et me console de tous maux; en sais-tu la raison, mon cher fils? C'est que mes yeux ne la voient point de la même manière que les tiens ; mon esprit remonte plus loin ; je la vois toujours telle qu'elle était à Lacédêmone; je la considère, dis-je, avec les mêmes charmes qui l'avaient accompagnée dans l'exil le plus affreux, qu'elle souffrit pour moi; je la vois enfin dans ces premiers moments si chers encore au souvenir de mon âme, où, transportée d'amour, elle se livrait sans réserve à toute ma tendresse pendant qu'on cêlébrait les veilles sacrées. Il poursuivait son discours lorsqu'Abrocome l'interrompit en s'écriant : Chère Anthia, quand pourrai - je te retrouver, ne fût-ce même que ton corps? il ferait tout mon bonheur, puisque le corps de Telxinoé sert de si grande grande consolation à Egialée; son exemple m'apprend que l'âge n'altère point le véritable amour; depuis que je parcours la terre et les mers, je n'ai pu savoir la moindre de tes nouvelles. O fatales prédictions ! Et toi, divin Apollon, qui nous as menacés des malheurs les plus cruels, prends pitié de nous, et fais cesser nos maux ! La colère des dieux n'a-t-elle point de bornes?


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Dernière mise à jour : 15/04/2010