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Du texte à l'hypertexte

Xénophon d'Éphèse, Les amours d'Abrocome et d'Anthia, livre I

Chapitre 16

  Chapitre 16

[1,16] Ἐν τούτῳ τῷ χρόνῳ ἔκειντο ἄθυμοι, πολλὰ προσδοκῶντες, ἀλλήλοις διαλεγόμενοι, συνεχὲς ὀμνύοντες τηρήσειν τὰ συγκείμενα. Ἔρχονται δὴ πρὸς αὐτοὺς Κόρυμβος καὶ Εὔξεινος καὶ φράσαντες ἰδίᾳ τι θέλειν εἰπεῖν, ἀπάγουσι καθ´ αὑτοὺς μὲν τὴν Ἀνθίαν, δὲ τὸν Ἁβροκόμην. Τοῖς δὲ αἵ τε ψυχαὶ ἐκραδαίνοντο καὶ οὐδὲν ὑγιὲς ὑπενόουν. Λέγει οὖν Εὔξεινος πρὸς τὸν Ἁβροκόμην ὑπὲρ Κορύμβου «μειράκιον, εἰκὸς μὲν ἐπὶ τῇ συμφορᾷ φέρειν χαλεπῶς, οἰκέτην μὲν ἐξ ἐλευθέρου γενόμενον, πένητα δὲ ἀντ´ εὐδαίμονος· δεῖ δέ σε τῇ τύχῃ πάντα λογίσασθαι καὶ στέργειν τὸν κατέχοντα δαίμονα καὶ τοὺς γενομένους δεσπότας ἀγαπᾶν. Ἴσθι γὰρ ὡς ἔνεστί σοι καὶ εὐδαιμοσύνην καὶ ἐλευθερίαν ἀπολαβεῖν, εἰ θελήσεις πείθεσθαι τῷ δεσπότῃ Κορύμβῳ· ἐρᾷ γὰρ σοῦ σφοδρὸν ἔρωτα καὶ πάντων ἕτοιμός ἐστι δεσπότην ποιεῖν τῶν ἑαυτοῦ. Πείσῃ δὲ χαλεπὸν μὲν οὐδέν, εὐνούστερον δὲ σεαυτῷ τὸν δεσπότην ἐργάσῃ. Ἐννόησον δὲ ἐν οἷς ὑπάρχεις· βοηθὸς μὲν οὐδείς, γῆ δὲ αὕτη ξένη καὶ δεσπόται λῃσταὶ καὶ οὐδεμία τιμωρίας ἀποφυγὴ ὑπερηφανήσαντι Κόρυμβον. Τί δέ σοι γυναικὸς δεῖ νῦν καὶ πραγμάτων; τί δὲ ἐρωμένης τηλικῷδε ὄντι; πάντα ἀπόρριψον, πρὸς μόνον δεῖ σε τὸν δεσπότην βλέπειν, τούτῳ κελεύσαντι ὑπακούειν». Ἀκούσας Ἁβροκόμης εὐθὺς μὲν ἀχανὴς ἦν καὶ οὔτε τι ἀποκρίνεσθαι ηὕρισκεν, ἐδάκρυσε δὲ, καὶ ἀνέστενε πρὸς αὑτὸν ἀφορῶν, εἰς οἷα ἄρα ἐλήλυθε· καὶ δὴ λέγει πρὸς τὸν Εὔξεινον «ἐπίτρεψον, δέσποτα, βουλεύσασθαι βραχύ, καὶ πρὸς πάντα ἀποκρινοῦμαί σοι τὰ ῥηθέντα». Καὶ μὲν Εὔξεινος ἀνεχώρει· δὲ Κόρυμβος τῇ Ἀνθίᾳ διείλεκτο τὸν ἔρωτα τὸν Εὐξείνου καὶ τὴν παροῦσαν ἀνάγκην καὶ ὅτι δεῖ πάντως αὐτὴν πείθεσθαι τοῖς δεσπόταις· ὑπέσχετο δὲ πολλά, καὶ γάμον νόμιμον καὶ χρήματα πεισθείσῃ καὶ περιουσίαν. δὲ αὐτῷ τὰ ὅμοια ἀπεκρίνατο, αἰτησαμένη βραχὺν βουλεύσασθαι χρόνον. Καὶ μὲν Εὔξεινος καὶ Κόρυμβος μετ´ ἀλλήλων ἦσαν περιμένοντες τι ἀκούσονται, ἤλπιζον δὲ αὐτοὺς ῥᾳδίως πείσειν. [1,16] Ces deux malheureux époux, en attendant la fin de leur destinée, demjeuraient tout étourdis de leur triste situation ; ils s'en entretenaient avec douleur mais se promettant toujours, quoiqu'il pût arriver, de tenir leurs serments : c'est dans ces dispositions que les trouvèrent Euxine et Corimbe. Après leur avoir déclaré qu'ils avaient à les entretenir, les corsaires les prirent chacun en particulier ; jamais leur cœur n'avait senti de trouble pareil, et ce trouble y faisait naître mille pressentiments funestes. Euxine parla de cette manière au jeune Abrocome, en faveur de Corimbe : Je ne m'étonne pas de te voir mélancolique ; on passe mal-aisément d'un état libre à la servitude, et de l'opulence à la pauvreté : mais tel est l'arrêt du sort; et, dans une conjoncture semblable, en adoucir la rigueur, c'est tout ce qui te reste à espérer ; soumets-toi sans rougir au maître que le ciel t'a donné. Par ce moyen tu recouvreras les avantages de ton premier état, et même la liberté, si tu veux avoir une complaisance aveugle pour Corimbe ; il t'aime, et, pour t'en donner des marques, il est prêt à te faire part de tout ce qu'il possède : ton emploi sera doux ; et de ton maître tu peux faire ton ami; songe à ta fortune présente, sans protecteur, en pays étranger, esclave de corsaires, et menacé des plus cruels supplices si tu dédaignes l'amitié de Corimbe. Dans cet état, qu'as-tu besoin ni de femme ni de maîtresse ? L'amour sied mal au malheureux; crois-moi, renonce à tout ; ne t'attache plus qu'à ton maître ; obéis-lui sans repliquer. Pendant tout ce discours, Abrocome garda le silence ; il voulut répondre ensuite ; mais ses larmes prêtes à couler, mille soupirs qu'il étouffait dans son cœur, l'indignation, la colère rendaient son esprit si confus que les idées lui echappaient ; il s'exprima pourtant à la fin assez fièrement. O toi, dit-il au corsaire, qui pries et menaces tout à la fois ! si mes malheurs te touchent, comme tu le dis, prends pitié de l'accablement où je suis; je ne tarderai pas à te faire savoir ma réponse. Euxine n'osa repliquer, et se retira, de peur de l'aigrir davantage. De son côté Corimbe sollicitait Anthia pour son ami ; ses discours furent à-peu-près les mêmes ; il promettait à la jeune épouse un légitime mariage, des bijoux, de l'or, et tout ce qu'elle pourrait souhaiter, si par hazard elle devenait sensible pour Euxine. Sur la réponsed'Anthia, qui ne différait guères de celle d'Abrocome, les deux corsaires se retirèrent, en attendant un moment plus favorable, et sans désespérer du succès de leur entreprise.


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Dernière mise à jour : 8/04/2010