[4,1,1] Ι. Μείνας δὲ ὁ Κῦρος μέτριον χρόνον αὐτοῦ σὺν τῷ στρατεύματι
καὶ δηλώσας ὅτι ἕτοιμοί εἰσι μάχεσθαι εἴ τις ἐξέρχοιτο, ὡς οὐδεὶς
ἀντεξῄει, ἀπήγαγεν ὅσον ἐδόκει καλῶς ἔχειν καὶ
ἐστρατοπεδεύσατο. Φυλακὰς δὲ καταστησάμενος καὶ σκοποὺς
προπέμψας, στὰς εἰς τὸ μέσον συνεκάλεσε τοὺς ἑαυτοῦ
στρατιώτας καὶ ἔλεξε τοιάδε.
(2) - « Ἄνδρες Πέρσαι, πρῶτον μὲν τοὺς θεοὺς ἐγὼ ἐπαινῶ ὅσον
δύναμαι, καὶ ὑμεῖς δὲ πάντες, οἶμαι· νίκης τε γὰρ τετυχήκαμεν
καὶ σωτηρίας. Τούτων μὲν οὖν χρὴ χαριστήρια ὧν ἂν ἔχωμεν τοῖς
θεοῖς ἀποτελεῖν. Ἐγὼ δὲ σύμπαντας μὲν ὑμᾶς ἤδη ἐπαινῶ· τὸ γὰρ
γεγενημένον ἔργον σύμπασιν ὑμῖν καλῶς ἀποτετέλεσται· ὧν δ'
ἕκαστος ἄξιος, ἐπειδὰν παρ' ὧν προσήκει πύθωμαι, τότε τὴν
ἀξίαν ἑκάστῳ καὶ λόγῳ καὶ ἔργῳ πειράσομαι ἀποδιδόναι.
(3) Τὸν δ' ἐμοῦ ἐγγύτατα ταξίαρχον Χρυσάνταν οὐδὲν ἄλλων δέομαι
πυνθάνεσθαι, ἀλλ' αὐτὸς οἶδα οἷος ἦν· τὰ μὲν γὰρ ἄλλα ὅσαπερ
οἶμαι καὶ πάντες ὑμεῖς ἐποιεῖτε· ἐπεὶ δ' ἐγὼ παρηγγύησα
ἐπανάγειν καλέσας αὐτὸν ὀνομαστί, ἀνατεταμένος οὗτος τὴν
μάχαιραν ὡς παίσων πολέμιον ὑπήκουσέ τε ἐμοὶ εὐθὺς ἀφείς τε ὃ
ἔμελλε ποιεῖν τὸ κελευόμενον ἔπραττεν· αὐτός τε γὰρ ἐπανῆγε καὶ
τοῖς ἄλλοις μάλα ἐπισπερχῶς παρηγγύα· ὥστ' ἔφθασεν ἔξω
βελῶν τὴν τάξιν ποιήσας πρὶν τοὺς πολεμίους κατανοῆσαι ὅτι
ἀνεχωροῦμεν καὶ τόξα ἐντείνασθαι καὶ τὰ παλτὰ ἐπαφεῖναι· ὥστε
αὐτός τε ἀβλαβὴς καὶ τοὺς αὑτοῦ ἄνδρας ἀβλαβεῖς διὰ τὸ
πείθεσθαι παρέχεται. (4) Ἄλλους δ', ἔφη, ὁρῶ τετρωμένους, περὶ
ὧν ἐγὼ σκεψάμενος ἐν ὁποίῳ χρόνῳ ἐτρώθησαν, τότε τὴν
γνώμην περὶ αὐτῶν ἀποφανοῦμαι. Χρυσάνταν δὲ ὡς καὶ ἐργάτην
τῶν ἐν πολέμῳ καὶ φρόνιμον καὶ ἄρχεσθαι ἱκανὸν καὶ ἄρχειν
χιλιαρχίᾳ μὲν ἤδη τιμῶ· ὅταν δὲ καὶ ἄλλο τι ἀγαθὸν ὁ θεὸς δῷ,
οὐδὲ τότε ἐπιλήσομαι αὐτοῦ. (5) Καὶ πάντας δὲ βούλομαι ὑμᾶς,
ἔφη, ὑπομνῆσαι· ἃ γὰρ νῦν εἴδετε ἐν τῇ μάχῃ τῇδε, ταῦτα
ἐνθυμούμενοι μήποτε παύεσθε, ἵνα παρ' ὑμῖν αὐτοῖς αἰεὶ κρίνητε
πότερον ἡ ἀρετὴ μᾶλλον ἢ ἡ φυγὴ σῴζει τὰς ψυχὰς καὶ πότερον
οἱ μάχεσθαι ἐθέλοντες ῥᾷον ἀπαλλάττουσιν ἢ οἱ οὐκ ἐθέλοντες,
καὶ ποίαν τινὰ ἡδονὴν τὸ νικᾶν παρέχει· ταῦτα γὰρ νῦν ἄριστ' ἂν
κρίναιτε πεῖράν τε αὐτῶν ἔχοντες καὶ ἄρτι γεγενημένου τοῦ
πράγματος. (6) Καὶ ταῦτα μέν, ἔφη, ἀεὶ διανοούμενοι βελτίους ἂν
εἴητε· νῦν δὲ ὡς θεοφιλεῖς καὶ ἀγαθοὶ καὶ σώφρονες ἄνδρες
δειπνοποιεῖσθε καὶ σπονδὰς τοῖς θεοῖς ποιεῖσθε καὶ παιᾶνα
ἐξάρχεσθε καὶ ἅμα τὸ παραγγελλόμενον προνοεῖτε. »
(7) Εἰπὼν δὲ ταῦτα ἀναβὰς ἐπὶ τὸν ἵππον ἤλασε καὶ πρὸς
Κυαξάρην ἐλθὼν καὶ συνησθεὶς ἐκείνῳ κοινῇ ὡς εἰκὸς καὶ ἰδὼν
τἀκεῖ καὶ ἐρόμενος εἴ τι δέοιτο, ἀπήλαυνεν εἰς τὸ αὑτοῦ
στράτευμα. Καὶ οἱ μὲν δὴ ἀμφὶ Κῦρον δειπνοποιησάμενοι καὶ
φυλακὰς καταστησάμενοι ὡς ἔδει ἐκοιμήθησαν.
(8) Οἱ δὲ ᾿Ασσύριοι, ἅτε καὶ τεθνηκότος τοῦ ἄρχοντος καὶ σχεδὸν
σὺν αὐτῷ τῶν βελτίστων, ἠθύμουν μὲν πάντες, πολλοὶ δὲ καὶ
ἀπεδίδρασκον αὐτῶν τῆς νυκτὸς ἐκ τοῦ στρατοπέδου. Ὁρῶντες
δὲ ταῦτα ὅ τε Κροῖσος καὶ οἱ ἄλλοι σύμμαχοι αὐτῶν ἠθύμουν·
πάντα μὲν γὰρ ἦν χαλεπά· ἀθυμίαν δὲ πλείστην παρεῖχε πᾶσιν
ὅτι τὸ ἡγούμενον τῆς στρατιᾶς φῦλον διέφθαρτο τὰς γνώμας.
Οὕτω δὴ ἐκλείπουσι τὸ στρατόπεδον καὶ ἀπέρχονται τῆς νυκτός.
(9) Ὡς δ' ἡμέρα ἐγένετο καὶ ἔρημον ἀνδρῶν ἐφάνη τὸ τῶν
πολεμίων στρατόπεδον, εὐθὺς διαβιβάζει ὁ Κῦρος τοὺς Πέρσας
πρώτους· κατελέλειπτο δὲ ὑπὸ τῶν πολεμίων πολλὰ μὲν πρόβατα,
πολλοὶ δὲ βόες, πολλαὶ δὲ ἅμαξαι πολλῶν ἀγαθῶν μεσταί· ἐκ δὲ
τούτου διέβαινον ἤδη καὶ οἱ ἀμφὶ Κυαξάρην Μῆδοι πάντες καὶ
ἠριστοποιοῦντο ἐνταῦθα.
| [4,1,0] CHAPITRE PREMIER
Cyrus demeura là assez longtemps avec son armée pour
montrer à l’ennemi qu’ils étaient prêts à combattre, s’il
voulait sortir. Comme personne ne s’avançait contre lui, il
se retira à la distance qui lui sembla convenable et campa.
Lorsqu’il eut établi des sentinelles et envoyé des guetteurs
en avant de l’armée, il se mit au milieu du camp, réunit ses
soldats et leur tint ce discours : (2) «Perses, avant tout je
remercie les dieux de tout mon coeur, et vous les
remerciez tous comme moi, je pense ; car nous avons
obtenu et la victoire et le salut. Il nous faut donc offrir aux
dieux des actions de grâces avec les moyens dont nous
disposons. Et maintenant je vous adresse à tous mes
éloges ; car vous avez tous glorieusement contribué au
succès que nous avons remporté. Pour les exploits
particuliers, je m’en informerai près de qui il convient et
j’essaierai alors de louer et de récompenser chacun
suivant son mérite. (3) Quant au taxiarque Chrysantas, qui
était à mes côtés, je n’ai aucunement besoin du
témoignage d’autrui ; je sais par moi-même ce qu’il a été :
d’abord il a fait ce que vous avez tous fait, je pense ; mais
de plus, quand j’ai commandé la retraite et l’ai appelé par
son nom, il levait son épée pour frapper un ennemi. Or il
m’a obéi aussitôt et, renonçant au coup qu’il allait donner,
il a fait ce que je commandais : il a fait retraite lui-même
et en a transmis en toute hâte l’ordre à ses voisins, si bien
qu’il est arrivé à mettre sa compagnie hors de la portée
des traits, avant que les ennemis se fussent aperçus que
nous reculions et qu’ils eussent bandé leurs arcs et lancé
leurs javelots. Aussi s’est-il retiré lui-même sans
dommage, en même temps qu’il assurait par son
obéissance le salut des siens. (4) Mais, ajouta-t-il, j’en
vois d’autres qui sont blessés, j’examinerai moi-même en
quelles circonstances ils l’ont été, et alors j’en donnerai
mon avis. A l’égard de Chrysantas, comme il est à la fois
actif et prudent au combat, qu’il sait à la fois obéir et
commander, pour le récompenser, dès à présent je le fais
chiliarque ; plus tard, si la Divinité nous accorde quelque
autre avantage, je ne l’oublierai pas non plus alors. (5)
Pour vous tous, je veux, ajoutat-il, vous donner un conseil :
gardez toujours en votre esprit ce que vous venez de voir
dans le combat, pour que vous jugiez toujours à part vous
si le meilleur moyen de sauver sa vie est la valeur ou la
fuite, quels sont ceux qui se tirent le plus facilement
d’affaire, ceux qui combattent de bon gré ou ceux qui
combattent malgré eux, et quel plaisir procure la victoire.
Vous pouvez en juger sainement à cette heure, puisque
vous en avez l’expérience et que le fait est récent.
(6) Pensez toujours à ce que je vous dis, ajouta-t-il, vous en
serez plus courageux. Maintenant allez dîner, comme des
soldats chéris du ciel, vaillants et sages ; offrez aux dieux
des libations, entonnez le péan, et tenez-vous prêts à
exécuter ce qu’on vous commandera.» (7) A ces mots, il
monta à cheval et se rendit chez Cyaxare. Après s’être
réjoui avec lui, comme il était naturel, après avoir vu ce
qui se passait de ce côté, après lui avoir demandé s’il
désirait quelque chose, il rejoignit son armée. Quand ses
soldats eurent dîné et établi des sentinelles comme il le
fallait, ils se couchèrent.
(8) Cependant les Assyriens, qui avaient perdu leur chef et
presque tous leurs meilleurs soldats, étaient dans la
consternation ; beaucoup même s’enfuirent du camp
pendant la nuit. Voyant cela, Crésus et les autres alliés
étaient découragés ; car tout leur était contraire, et ce qui
contribuait le plus à leur ôter le courage, c’est que la
nation qui avait l’hégémonie dans l’armée avait perdu
l’esprit ; aussi ils abandonnent le camp et se sauvent à la
faveur de la nuit.
(9) Quand le jour parut et qu’on vit le camp désert,
aussitôt Cyrus y fait entrer les Perses les premiers ; les
ennemis y avaient laissé quantité de moutons, de boeufs,
de chariots chargés d’une infinité de vivres. Après les
Perses, tous les Mèdes de Cyaxare y pénétrèrent aussi et y
déjeunèrent.
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