[3,2,20] (20) - « Τί δ', ὑμεῖς, » ἔφη, « ὦ Χαλδαῖοι, ἐπεὶ ὄρη 
 ἀγαθὰ ἔχετε, ἐθέλοιτ' ἂν ἐᾶν νέμειν ταῦτα τοὺς 
 ᾿Αρμενίους, εἰ ὑμῖν μέλλοιεν οἱ νέμοντες τὰ 
 δίκαια ἀποτελεῖν; » 
 Ἔφασαν οἱ Χαλδαῖοι· πολλὰ γὰρ ἂν ὠφελεῖσθαι 
 οὐδὲν πονοῦντες.  
 - « Σὺ δέ, » ἔφη, « ὦ ᾿Αρμένιε, ἐθέλοις ἂν ταῖς 
 τούτων νομαῖς χρῆσθαι, εἰ μέλλοις μικρὰ 
 ὠφελῶν Χαλδαίους πολὺ πλείω ὠφελήσεσθαι;  
 - « Καὶ σφόδρα ἄν, » ἔφη, « εἴπερ οἰοίμην 
 ἀσφαλῶς νεμεῖν.» 
 - « Οὐκοῦν, » ἔφη, « ἀσφαλῶς ἂν νέμοιτε, εἰ τὰ 
 ἄκρα ἔχοιτε σύμμαχα; » 
 Ἔφη ὁ ᾿Αρμένιος.  
 (21) - « Ἀλλὰ μὰ Δί', » ἔφασαν οἱ Χαλδαῖοι, « οὐκ 
 ἂν ἡμεῖς ἀσφαλῶς ἐργαζοίμεθα μὴ ὅτι τὴν 
 τούτων, ἀλλ' οὐδ' ἂν τὴν ἡμετέραν, εἰ οὗτοι τὰ 
 ἄκρα ἔχοιεν. » 
 - « Εἰ δ' ὑμῖν αὖ, » ἔφη, « τὰ ἄκρα σύμμαχα εἶεν; » 
 - « Οὕτως ἄν, » ἔφασαν, « ἡμῖν καλῶς ἔχοι.  
 - « Ἀλλὰ μὰ Δί', » ἔφη ὁ ᾿Αρμένιος, « οὐκ ἂν ἡμῖν 
 αὖ καλῶς ἔχοι, εἰ οὗτοι παραλήψονται πάλιν τὰ 
 ἄκρα ἄλλως τε καὶ τετειχισμένα. » 
 (22) Καὶ ὁ Κῦρος εἶπεν·  
 - « Οὑτωσὶ τοίνυν, » ἔφη, « ἐγὼ ποιήσω· 
 οὐδετέροις ὑμῶν τὰ ἄκρα παραδώσω, ἀλλ' 
 ἡμεῖς φυλάξομεν αὐτά· κἂν ἀδικῶσιν ὑμῶν 
 ὁπότεροι, σὺν τοῖς ἀδικουμένοις ἡμεῖς ἐσόμεθα.» 
 (23) Ὡς δ' ἤκουσαν ταῦτα ἀμφότεροι, ἐπῄνεσαν 
 καὶ ἔλεγον ὅτι οὕτως ἂν μόνως ἡ εἰρήνη βεβαία 
 γένοιτο. Καὶ ἐπὶ τούτοις ἔδοσαν καὶ ἔλαβον 
 πάντες τὰ πιστά, καὶ ἐλευθέρους μὲν 
 ἀμφοτέρους ἀπ' ἀλλήλων εἶναι συνετίθεντο, 
 ἐπιγαμίας δ' εἶναι καὶ ἐπεργασίας καὶ 
 ἐπινομίας, καὶ ἐπιμαχίαν δὲ κοινήν, εἴ τις 
 ἀδικοίη ὁποτέρους. (24) Οὕτω μὲν οὖν τότε 
 διεπράχθη· καὶ νῦν δὲ ἔτι οὕτω διαμένουσιν αἱ 
 τότε γενόμεναι συνθῆκαι Χαλδαίοις καὶ τῷ τὴν 
 ᾿Αρμενίαν ἔχοντι. Ἐπεὶ δὲ αἱ συνθῆκαι 
 ἐγεγένηντο, εὐθὺς συνετείχιζόν τε ἀμφότεροι 
 προθύμως ὡς κοινὸν φρούριον καὶ τὰ ἐπιτήδεια συνεισῆγον.  
 (25) Ἐπεὶ δ' ἑσπέρα προσῄει, συνδείπνους ἔλαβεν 
 ἀμφοτέρους πρὸς ἑαυτὸν ὡς φίλους ἤδη. 
 Συσκηνούντων δὲ εἶπέ τις τῶν Χαλδαίων ὅτι 
 τοῖς μὲν ἄλλοις σφῶν πᾶσιν εὐκτὰ ταῦτα εἴη· 
 εἰσὶ δέ τινες τῶν Χαλδαίων οἳ λῃζόμενοι ζῶσι 
 καὶ οὔτ' ἐπίστανται ἐργάζεσθαι οὔτ' ἂν 
 δύναιντο, εἰθισμένοι ἀπὸ πολέμου βιοτεύειν· 
 αἰδὲ γὰρ ἐλῄζοντο ἢ ἐμισθοφόρουν, πολλάκις 
 μὲν παρὰ τῷ ᾿Ινδῶν βασιλεῖ (καὶ γάρ, ἔφασαν, 
 πολύχρυσος ἁνήρ), πολλάκις δὲ καὶ παρ' 
 ᾿Αστυάγει. Καὶ ὁ Κῦρος ἔφη·  
 - « Τί οὖν οὐ καὶ νῦν παρ' ἐμοὶ μισθοφοροῦσιν; 
 (26) ἐγὼ γὰρ δώσω ὅσον τις καὶ ἄλλος πλεῖστον 
 δήποτε ἔδωκε. » 
 Συνέφασαν (οἱ), καὶ πολλούς γε ἔσεσθαι ἔλεγον 
 τοὺς ἐθελήσοντας. Καὶ ταῦτα μὲν δὴ οὕτω 
 συνωμολογεῖτο.  
 (27) Ό δὲ Κῦρος ὡς ἤκουσεν ὅτι πολλάκις πρὸς 
 τὸν ᾿Ινδὸν οἱ Χαλδαῖοι ἐπορεύοντο, 
 ἀναμνησθεὶς ὅτι ἦλθον παρ' αὐτοῦ 
 κατασκεψόμενοι εἰς Μήδους τὰ αὐτῶν 
 πράγματα καὶ ᾤχοντο πρὸς τοὺς πολεμίους, 
 ὅπως αὖ καὶ τὰ ἐκείνων κατίδωσιν, ἐβούλετο 
 μαθεῖν τὸν ᾿Ινδὸν τὰ αὑτῷ πεπραγμένα. 
 (28) Ἤρξατο οὖν λόγου τοιοῦδε·  
 - « Ὦ ᾿Αρμένιε, ἔφη, καὶ ὑμεῖς, ὦ Χαλδαῖοι, 
 εἴπατέ μοι, εἴ τινα ἐγὼ νῦν τῶν ἐμῶν 
 ἀποστέλλοιμι πρὸς τὸν ᾿Ινδόν, συμπέμψαιτ' ἄν 
 μοι τῶν ὑμετέρων οἵτινες αὐτῷ τήν τε ὁδὸν 
 ἡγοῖντο ἂν καὶ συμπράττοιεν ὥστε γενέσθαι 
 ἡμῖν παρὰ τοῦ ᾿Ινδοῦ ἃ ἐγὼ βούλομαι; Ἐἐγὼ 
 γὰρ χρήματα μὲν προσγενέσθαι ἔτι ἂν 
 βουλοίμην ἡμῖν, ὅπως ἔχω καὶ μισθὸν ἀφθόνως 
 διδόναι οἷς ἂν δέῃ καὶ τιμᾶν καὶ δωρεῖσθαι τῶν 
 συστρατευομένων τοὺς ἀξίους· τούτων δὴ 
 ἕνεκα βούλομαι ὡς ἀφθονώτατα χρήματα ἔχειν, 
 δεῖσθαι τούτων νομίζων. Τῶν δὲ ὑμετέρων ἡδύ 
 μοι ἀπέχεσθαι φαίνεται· φίλους γὰρ ὑμᾶς ἤδη 
 νομίζω· παρὰ δὲ τοῦ ᾿Ινδοῦ ἡδέως ἂν λάβοιμι, εἰ 
 διδοίη. (29) Ὁ οὖν ἄγγελος, ᾧ κελεύω ὑμᾶς 
 ἡγεμόνας δοῦναι καὶ συμπράκτορας (γενέσθαι), 
 ἐλθὼν ἐκεῖσε ὧδε λέξει·  « Ἔπεμψέ με Κῦρος, ὦ 
 ᾿Ινδέ, πρὸς σέ· φησὶ δὲ προσδεῖσθαι χρημάτων, 
 προσδεχόμενος ἄλλην στρατιὰν οἴκοθεν ἐκ 
 Περσῶν· καὶ γὰρ προσδέχομαι, ἔφη· ἢν οὖν 
 αὐτῷ πέμψῃς ὁπόσα σοι προχωρεῖ, φησίν, ἢν 
 θεὸς ἀγαθὸν τέλος διδῷ αὐτῷ, πειράσεσθαι 
 ποιῆσαι ὥστε σε νομίζειν καλῶς βεβουλεῦσθαι 
 χαρισάμενον αὐτῷ. » 
 | [3,2,20] (20) — Et vous, Chaldéens, reprit Cyrus, puisque vous avez de bonnes  
montagnes, consentiriez-vous à laisser les Arméniens y paître leur bétail,  
s’ils vous payaient un droit équitable ?   
— Oui, dirent les Chaldéens ; car nous y gagnerions beaucoup sans  
aucune peine.   
— Et toi, roi d’Arménie, voudrais-tu user de leurs pâtures, si tu devais,  
pour quelques avantages que tu leur ferais, en retirer de bien plus grands?   
— Certes, répondit-il, si je pensais pacager en toute sécurité.   
— Eh bien, ne pacagerais-tu pas en toute sécurité, si tu avais ces  
hauteurs pour te protéger ?   
— Si, dit l’Arménien.   
(21) — Mais, par Zeus, s’écrièrent les Chaldéens, c’est nous qui ne  
serions plus en sécurité, non seulement pour cultiver leurs terres, mais  
même pour cultiver les nôtres, s’ils occupaient ces hauteurs.   
— Mais si vous aussi, reprit Cyrus, vous aviez ces hauteurs pour vous protéger ?   
— En ce cas, répondirent-ils, ce serait parfait.   
— Oui, mais, par Zeus, s’écria l’Arménien, cela ne sera pas parfait  
pour nous, si on leur rend ces hauteurs, munies de fortifications.  
(22) — Eh bien, voici ce que je vais faire, moi, dit Cyrus. Je ne les remettrai à  
aucun de vous ; c’est nous qui les garderons, et si l’un de vous fait tort  
à l’autre, nous serons avec les offensés.»  
(23) Quand ils eurent entendu cette déclaration, les uns et les autres  
l’approuvèrent, et dirent que c’était le seul moyen de consolider la paix.  
A ces conditions ils se donnèrent tous et reçurent des gages de bonne foi ;  
ils convinrent que les deux peuples seraient indépendants l’un de  
l’autre, mais qu’ils auraient entre eux le droit de mariage, de culture et  
de pâturage, et ils firent une alliance défensive contre quiconque  
attaquerait l’un des deux. (24) Voilà ce qui fut conclu alors, et jusqu’à  
nos jours, ce traité dure encore entre les Chaldéens et le roi d’Arménie.  
Aussitôt que l’accord fut terminé, les uns et les autres s’employèrent  
avec ardeur à bâtir le fort qu’ils regardaient comme commun aux deux  
peuples, et y amenèrent les objets nécessaires.  
(25) Comme le soir approchait, Cyrus reçut à dîner les uns et les autres,  
les traitant désormais comme des amis. Pendant le dîner, l’un des  
Chaldéens dit que ces arrangements répondaient aux voeux de la plupart  
d’entre eux, mais qu’il y en avait un certain nombre en Chaldée qui  
vivaient de pillage et ne savaient ni ne pouvaient cultiver la terre, habitués  
qu’ils étaient à vivre de la guerre ; car ils ne faisaient autre chose que  
marauder, ou se mettaient à la solde, tantôt du roi des Indes, qui,  
affirmaient-ils, était tout cousu d’or, et tantôt à celle d’Astyage. « 
Pourquoi donc, dit Cyrus, ne s’engageraient-ils pas de même  
aujourd’hui sous mes drapeaux ? (26) Je leur donnerais une solde telle  
que jamais ils n’en ont touché de personne.» Les Chaldéens  
approuvèrent et dirent que les volontaires seraient nombreux. Voilà ce qui  
fut convenu entre eux.  
(27) Cyrus, qui venait d’apprendre que les Chaldéens se rendaient  
souvent chez le roi des Indes, et qui se rappelait que des députés étaient  
venus de sa part chez les Mèdes pour s’enquérir de leurs affaires, puis  
étaient partis chez les ennemis pour se rendre compte aussi des leurs,  
décida qu’il informerait le roi des Indes de ce qu’il venait de faire. (28) Il  
entra donc ainsi en propos :   
«Roi d’Arménie, et vous, Chaldéens, dites-moi, si je dépêchais  
aujourd’hui quelqu’un des miens auprès du roi des Indes, voudriez- 
vous lui adjoindre quelques-uns des vôtres, pour lui montrer le chemin et  
l’aider à obtenir du roi ce que je désire ? Je voudrais en effet avoir plus  
d’argent pour pouvoir payer une bonne solde à ceux que j’aurai à  
payer et pour honorer et récompenser ceux de mes compagnons  
d’armes qui s’en montreront dignes ; c’est pour cela que je veux avoir  
le plus d’argent possible, persuadé que j’en aurai besoin. Il me serait  
agréable de ne pas toucher au vôtre, car je vous regarde déjà comme mes  
amis, et j’aimerais en recevoir du roi des Indes, s’il voulait bien m’en  
donner. (29) Donc le messager, à qui je vous prie de donner des guides  
qui l’aident aussi dans sa mission, tiendra, en arrivant là-bas, à peu près  
ce langage : «Roi des Indes, Cyrus m’envoie à toi ; il dit qu’il n’a pas  
assez d’argent, parce qu’il attend une autre armée de sa patrie, la  
Perse (je l’attends, en effet, ajouta-t-il). Si donc tu lui en envoies autant  
que tu le pourras et que les dieux secondent son entreprise, il tâchera de  
faire en sorte que tu croies avoir été bien inspiré en lui rendant service.»  
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