[3,2,1] ΙΙ. (1) Τῇ δ' ὑστεραίᾳ ἀναλαβὼν ὁ Κῦρος τὸν
Τιγράνην καὶ τῶν Μήδων ἱππέων τοὺς
κρατίστους καὶ τῶν ἑαυτοῦ φίλων ὁπόσους
καιρὸς ἐδόκει εἶναι, περιελαύνων τὴν χώραν
κατεθεᾶτο, σκοπῶν ποῦ τειχίσειε φρούριον. Καὶ
ἐπ' ἄκρον τι ἐλθὼν ἐπηρώτα τὸν Τιγράνην ποῖα
εἴη τῶν ὀρέων ὁπόθεν οἱ Χαλδαῖοι καταθέοντες
λῄζονται. Καὶ ὁ Τιγράνης ἐδείκνυεν. Ὁ δὲ πάλιν ἤρετο·
- « Νῦν δὲ ταῦτα τὰ ὄρη ἔρημά ἐστιν; »
- « Οὐ μὰ Δί', » ἔφη, « ἀλλ' ἀεὶ σκοποὶ εἰσὶν
ἐκείνων οἳ σημαίνουσι τοῖς ἄλλοις ὅ τι ἂν ὁρῶσι. »
- « Τί οὖν, » ἔφη, « ποιοῦσιν, ἐπὴν αἴσθωνται; »
- « Βοηθοῦσιν, » ἔφη, « ἐπὶ τὰ ἄκρα, ὡς ἂν
ἕκαστος δύνηται. »
(2) Ταῦτα μὲν δὴ ὁ Κῦρος ἠκηκόει· σκοπῶν δὲ
κατενόει πολλὴν τῆς χώρας τοῖς ᾿Αρμενίοις
ἔρημον καὶ ἀργὸν οὖσαν διὰ τὸν πόλεμον. Καὶ
τότε μὲν ἀπῆλθον ἐπὶ τὸ στρατόπεδον καὶ
δειπνήσαντες ἐκοιμήθησαν. (3) Τῇ δ' ὑστεραίᾳ
αὐτός τε ὁ Τιγράνης παρῆν συνεσκευασμένος
καὶ ἱππεῖς εἰς τοὺς τετρακισχιλίους
συνελέγοντο αὐτῷ καὶ τοξόται εἰς τοὺς μυρίους,
καὶ πελτασταὶ ἄλλοι τοσοῦτοι. Ὁ δὲ Κῦρος ἐν ᾧ
συνελέγοντο ἐθύετο· ἐπεὶ δὲ καλὰ τὰ ἱερὰ ἦν
αὐτῷ, συνεκάλεσε τούς τε τῶν Περσῶν
ἡγεμόνας καὶ τοὺς τῶν Μήδων. (4) Ἐπεὶ δ' ὁμοῦ
ἦσαν, ἔλεξε τοιάδε.
- « Ἄνδρες φίλοι, ἔστι μὲν τὰ ὄρη ταῦτα ἃ
ὁρῶμεν Χαλδαίων· εἰ δὲ ταῦτα καταλάβοιμεν
καὶ ἐπ' ἄκρου γένοιτο ἡμέτερον φρούριον,
σωφρονεῖν ἀνάγκη ἂν εἴη πρὸς ἡμᾶς
ἀμφοτέροις, τοῖς τε ᾿Αρμενίοις καὶ τοῖς
Χαλδαίοις. Τὰ μὲν οὖν ἱερὰ καλὰ ἡμῖν·
ἀνθρωπίνῃ δὲ προθυμίᾳ εἰς τὸ πραχθῆναι
ταῦτα οὐδὲν οὕτω μέγα σύμμαχον ἂν γένοιτο
ὡς τάχος. Ἢν γὰρ φθάσωμεν πρὶν τοὺς
πολεμίους συλλεγῆναι ἀναβάντες, ἢ
παντάπασιν ἀμαχεὶ λάβοιμεν ἂν τὸ ἄκρον ἢ
ὀλίγοις τε καὶ ἀσθενέσι χρησαίμεθ' ἂν
πολεμίοις. (5) Τῶν οὖν πόνων οὐδεὶς ῥᾴων οὐδ'
ἀκινδυνότερος, ἔφη, ἐστὶ τοῦ νῦν καρτερῆσαι
σπεύδοντας. Ἴτε οὖν ἐπὶ τὰ ὅπλα. Καὶ ... ὑμεῖς
μέν, ὦ Μῆδοι, ἐν ἀριστερᾷ ἡμῶν πορεύεσθε·
ὑμεῖς δέ, ὦ ᾿Αρμένιοι, οἱ μὲν ἡμίσεις ἐν δεξιᾷ, οἱ
δ' ἡμίσεις ἔμπροσθεν ἡμῶν ἡγεῖσθε· ὑμεῖς δ', ὦ
ἱππεῖς, ὄπισθεν ἕπεσθε παρακελευόμενοι καὶ
ὠθοῦντες ἄνω ἡμᾶς, ἢν δέ τις μαλακύνηται, μὴ ἐπιτρέπετε. »
(6) Ταῦτ' εἰπὼν ὁ Κῦρος ἡγεῖτο ὀρθίους
ποιησάμενος τοὺς λόχους. Οἱ δὲ Χαλδαῖοι ὡς
ἔγνωσαν τὴν ὁρμὴν ἄνω οὖσαν, εὐθὺς
ἐσήμαινόν τε τοῖς ἑαυτῶν καὶ συνεβόων
ἀλλήλους καὶ συνηθροίζοντο. Ὅ δὲ Κῦρος παρηγγύα,
« Ἄνδρες Πέρσαι, ἡμῖν σημαίνουσι σπεύδειν.
Ἢν γὰρ φθάσωμεν ἄνω γενόμενοι, οὐδὲν τὰ
τῶν πολεμίων δυνήσεται. »
(7) Εἶχον δ' οἱ Χαλδαῖοι γέρρα τε καὶ παλτὰ δύο·
καὶ πολεμικώτατοι δὲ λέγονται οὗτοι τῶν περὶ
ἐκείνην τὴν χώραν εἶναι· καὶ μισθοῦ
στρατεύονται, ὁπόταν τις αὐτῶν δέηται, διὰ τὸ
πολεμικοί τε καὶ πένητες εἶναι· καὶ γὰρ ἡ χώρα
αὐτοῖς ὀρεινή τέ ἐστι καὶ ὀλίγη ἡ τὰ χρήματα
ἔχουσα. (8) Ὡς δὲ μᾶλλον ἐπλησίαζον οἱ ἀμφὶ
τὸν Κῦρον τῶν ἄκρων, ὁ Τιγράνης σὺν τῷ Κύρῳ
πορευόμενος εἶπεν·
- « Ὦ Κῦρε, ἆρ' οἶσθ', » ἔφη, « ὅτι αὐτοὺς ἡμᾶς
αὐτίκα μάλα δεήσει μάχεσθαι; Ὡς οἵ γε
᾿Αρμένιοι οὐ μὴ δέξονται τοὺς πολεμίους. »
Καὶ ὁ Κῦρος εἰπὼν ὅτι εἰδείη τοῦτο, εὐθὺς
παρηγγύησε τοῖς Πέρσαις παρασκευάζεσθαι,
ὡς αὐτίκα δεῆσον διώκειν, ἐπειδὰν ὑπαγάγωσι
τοὺς πολεμίους ὑποφεύγοντες οἱ ᾿Αρμένιοι ὥστ'
ἐγγὺς ἡμῖν γενέσθαι. (9) Οὕτω δὴ ἡγοῦντο μὲν
οἱ ᾿Αρμένιοι· τῶν δὲ Χαλδαιών οἱ παρόντες, ὡς
ἐπλησίαζον οἱ ᾿Αρμένιοι, ἀλαλάξαντες ἔθεον,
ὥσπερ εἰώθεσαν, εἰς αὐτούς· οἱ δὲ ᾿Αρμένιοι,
ὥσπερ εἰώθεσαν, οὐκ ἐδέχοντο.
| [3,2,1] CHAPITRE II
(1) Le lendemain, Cyrus ayant pris avec lui Tigrane, l’élite de la cavalerie
mède et autant de ses amis qu’il le jugea bon, parcourut à cheval la
région, considérant le terrain pour voir où il pourrait construire une
forteresse. Arrivé sur une hauteur, il demanda à Tigrane quelles étaient
les montagnes d’où les Chaldéens descendaient pour piller. Tigrane les
lui montra. Cyrus lui posa une nouvelle question :
«En ce moment, ces montagnes sont-elles désertes ?
— Non, par Zeus, répondit Tigrane ; ils y ont toujours des observateurs qui
signalent aux autres ce qu’ils voient.
— Et alors, que font-ils, demanda Cyrus, quand ils s’aperçoivent de
quelque chose ?
— Ils se portent, répondit Tigrane, sur les hauteurs, pour les défendre,
chacun dans la mesure de ses forces.»
(2) Telles furent les réponses que reçut Cyrus. En inspectant les lieux, il
remarqua qu’une grande partie du territoire arménien était désert et
inculte par suite de la guerre. Ils revinrent alors au camp, dînèrent, après
quoi, ils se couchèrent.
(3) Le lendemain, Tigrane se présentait. Il était lui-même tout équipé ; pour
l’accompagner, environ quatre mille cavaliers, près de dix mille archers
et autant de peltastes se rassemblaient. Pendant ce temps, Cyrus faisait
un sacrifice. Les victimes étant favorables, il convoqua les chefs des
Perses et ceux des Mèdes. (4) Quand ils furent arrivés, il leur tint ce
discours :
«Amis, ces montagnes que nous voyons sont au pouvoir des Chaldéens ;
si nous nous en emparons, et que nous ayons sur la hauteur une
forteresse à nous, les uns et les autres, Arméniens et Chaldéens, seront
contraints d’être sages avec nous. Les dieux nous donnent des
présages favorables ; quant à la prévoyance humaine dans
l’accomplissement de notre tâche, elle n’a pas de meilleur auxiliaire
que la rapidité. Si nous nous hâtons d’escalader les monts, avant que
les ennemis soient rassemblés, ou bien nous nous emparerons du
sommet sans coup férir, ou bien nous n’aurons à faire qu’à des
ennemis peu nombreux et sans force. (5) Il n’y a rien dans les travaux de
la guerre de plus facile et de moins périlleux que l’effort soutenu et
rapide que vous avez à donner maintenant. Courez donc aux armes et
vous, Mèdes, avancez à notre gauche ; vous, Arméniens, la moitié sur la
droite, l’autre moitié devant pour nous guider ; vous, cavaliers, fermez la
marche, en nous encourageant, en nous poussant vers le haut, et s’il y
en a qui mollissent, ne les laissez pas faire.»
(6) Quand il eut achevé, Cyrus disposa ses compagnies en colonne et se
mit à leur tête.
Dès que les Chaldéens s’aperçoivent du mouvement vers la montagne,
ils donnent aussitôt l’alarme aux leurs, s’appellent à grands cris et se
rassemblent. Cyrus fit dire aux siens :
«Perses, les Chaldéens vous font signe de vous hâter ; si nous arrivons
les premiers sur la hauteur, les ennemis seront réduits à l’impuissance.»
(7) Les Chaldéens portaient un bouclier d’osier et deux javelots ce sont,
dit-on, les plus belliqueux des habitants de ces contrées ; ils se mettent à
la solde de qui les demande, parce qu’ils sont guerriers et pauvres, et,
en effet, leur pays est montagneux et la partie productive est petite.
(8) Comme les soldats de Cyrus s’approchaient des sommets, Tigrane
qui marchait à ses côtés, lui dit : «Sais-tu, Cyrus, que nous allons tout de
suite avoir à combattre nous-mêmes ? car il ne faut pas compter que les
Arméniens soutiennent le choc des ennemis.» Cyrus répondit qu’il le
savait et aussitôt il fait transmettre aux Perses l’ordre de se préparer,
attendu qu’il faudra poursuivre, quand les Arméniens en fuyant auront
attiré les ennemis près d’eux. (9) Les Arméniens, comme je l’ai dit,
marchaient en tête ; à leur approche, ceux des Chaldéens qui se
trouvaient là poussèrent leur cri de guerre et s’élancèrent sur eux, selon
leur habitude. Les Arméniens, à leur ordinaire, ne les attendirent pas.
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