[3,1,1] Ι. Ὁ μὲν δὴ Κῦρος ἐν τούτοις ἦν· ὁ δὲ ᾿Αρμένιος 
 ὡς ἤκουσε τοῦ ἀγγέλου τὰ παρὰ Κύρου, 
 ἐξεπλάγη, ἐννοήσας ὅτι ἀδικοίη καὶ τὸν 
 δασμὸν λείπων καὶ τὸ στράτευμα οὐ πέμπων, 
 καὶ τὸ μέγιστον, ἐφοβεῖτο, ὅτι ὀφθήσεσθαι 
 ἔμελλε τὰ βασίλεια οἰκοδομεῖν ἀρχόμενος ὡς ἂν 
 ἱκανὰ ἀπομάχεσθαι εἴη. (2) Διὰ ταῦτα δὴ πάντα 
 ὀκνῶν ἅμα μὲν διέπεμπεν ἁθροίζων τὴν ἑαυτοῦ 
 δύναμιν, ἅμα δ' ἔπεμπεν εἰς τὰ ὄρη τὸν 
 νεώτερον υἱὸν Σάβαριν καὶ τὰς γυναῖκας, τήν τε 
 ἑαυτοῦ καὶ τὴν τοῦ υἱοῦ, καὶ τὰς θυγατέρας· καὶ 
 κόσμον δὲ καὶ κατασκευὴν τὴν πλείστου ἀξίαν 
 συναπέπεμπε προπομποὺς δοὺς αὐτοῖς. Αὐτὸς 
 δὲ ἅμα μὲν κατασκεψομένους ἔπεμπε τί πράττοι 
 Κῦρος, ἅμα δὲ συνέταττε τοὺς 
 παραγιγνομένους τῶν ᾿Αρμενίων· καὶ ταχὺ 
 παρῆσαν ἄλλοι λέγοντες ὅτι καὶ δὴ αὐτὸς ὁμοῦ. 
 (3) Ἐνταῦθα δὴ οὐκέτι ἔτλη εἰς χεῖρας ἐλθεῖν, 
 ἀλλ' ὑπεχώρει. ὡς δὲ τοῦτ' εἶδον ποιήσαντα 
 αὐτὸν οἱ ᾿Αρμένιοι, διεδίδρασκον ἤδη ἕκαστος 
 ἐπὶ τὰ ἑαυτοῦ, βουλόμενοι τὰ ὄντα ἐκποδὼν 
 ποιεῖσθαι. Ὁ δὲ Κῦρος ὡς ἑώρα διαθεόντων καὶ 
 ἐλαυνόντων τὸ πεδίον μεστόν, ὑποπέμπων 
 ἔλεγεν ὅτι οὐδενὶ πολέμιος εἴη τῶν μενόντων. Εἰ 
 δέ τινα φεύγοντα λήψοιτο, προηγόρευεν ὅτι ὡς 
 πολεμίῳ χρήσοιτο. Οὕτω δὴ οἱ μὲν πολλοὶ 
 κατέμενον, ἦσαν δ' οἳ ὑπεχώρουν σὺν τῷ βασιλεῖ.  
 (4) Ἐπεὶ δ' οἱ σὺν ταῖς γυναιξὶ προϊόντες 
 ἐνέπεσον εἰς τοὺς ἐν τῷ ὄρει, κραυγήν τε εὐθὺς 
 ἐποίουν καὶ φεύγοντες ἡλίσκοντο πολλοὶ 
 αὐτῶν. Τέλος δὲ καὶ ὁ παῖς καὶ αἱ γυναῖκες καὶ 
 αἱ θυγατέρες ἑάλωσαν, καὶ χρήματα ὅσα σὺν 
 αὐτοῖς ἀγόμενα ἔτυχεν. Ό δὲ βασιλεὺς αὐτός, ὡς 
 ᾔσθετο τὰ γιγνόμενα, ἀπορῶν ποῖ τράποιτο ἐπὶ 
 λόφον τινὰ καταφεύγει. (5) Ό δ' αὖ Κῦρος ταῦτα 
 ἰδὼν περιίσταται τὸν λόφον τῷ παρόντι 
 στρατεύματι, καὶ πρὸς Χρυσάνταν πέμψας 
 ἐκέλευε φυλακὴν τοῦ ὄρους καταλιπόντα ἥκειν. 
 Τὸ μὲν δὴ στράτευμα ἡθροίζετο τῷ Κύρῳ· ὁ δὲ 
 πέμψας πρὸς τὸν ᾿Αρμένιον κήρυκα ἤρετο ὧδε·  
 « Εἰπέ μοι, » ἔφη, « ὦ ᾿Αρμένιε, πότερα βούλει 
 αὐτοῦ μένων τῷ λιμῷ καὶ τῷ δίψει μάχεσθαι ἢ 
 εἰς τὸ ἰσόπεδον καταβὰς ἡμῖν διαμάχεσθαι; »  
 Ἀπεκρίνατο ὁ ᾿Αρμένιος ὅτι οὐδετέροις 
 βούλοιτο μάχεσθαι. (6) Πάλιν ὁ Κῦρος πέμψας ἠρώτα  
 - « Τί οὖν κάθησαι ἐνταῦθα καὶ οὐ καταβαίνεις; » 
 - « Ἀπορῶν, » ἔφη, « ὅ τι χρὴ ποιεῖν. » 
 - « Ἀλλ' οὐδέν, » ἔφη ὁ Κῦρος, « ἀπορεῖν σε δεῖ· 
 ἔξεστι γάρ σοι ἐπὶ δίκην καταβαίνειν.  
 - « Τίς δ', » ἔφη, « ἔσται ὁ δικάζων; » 
 - « Δῆλον ὅτι ᾧ ὁ θεὸς ἔδωκε καὶ ἄνευ δίκης 
 χρῆσθαί σοι ὅ τι βούλοιτο. » 
 Ἐνταῦθα δὴ ὁ ᾿Αρμένιος γιγνώσκων τὴν 
 ἀνάγκην καταβαίνει· καὶ ὁ Κῦρος λαβὼν εἰς τὸ 
 μέσον κἀκεῖνον καὶ τὰ ἄλλα πάντα 
 περιεστρατοπεδεύσατο, ὁμοῦ ἤδη πᾶσαν ἔχων 
 τὴν δύναμιν. 
 (7) Ἐν τούτῳ δὲ τῷ χρόνῳ ὁ πρεσβύτερος παῖς 
 τοῦ ᾿Αρμενίου Τιγράνης ἐξ ἀποδημίας τινὸς 
 προσῄει, ὃς καὶ σύνθηρός ποτε ἐγένετο τῷ 
 Κύρῳ· καὶ ὡς ἤκουσε τὰ γεγενημένα, εὐθὺς 
 πορεύεται ὥσπερ εἶχε πρὸς τὸν Κῦρον. Ὡς δ' εἶδε 
 πατέρα τε καὶ μητέρα καὶ ἀδελφοὺς καὶ τὴν 
 ἑαυτοῦ γυναῖκα αἰχμαλώτους γεγενημένους, 
 ἐδάκρυσεν, ὥσπερ εἰκός. (8) Ὁ δὲ Κῦρος ἰδὼν 
 αὐτὸν ἄλλο μὲν οὐδὲν ἐφιλοφρονήσατο αὐτῷ, 
 εἶπε δ' ὅτι εἰς καιρὸν 
 -  « Ἥκεις, » ἔφη, « ὅπως τῆς δίκης ἀκούσῃς 
 παρὼν τῆς ἀμφὶ τοῦ πατρός. » 
 Καὶ εὐθὺς συνεκάλει τοὺς ἡγεμόνας τούς τε τῶν 
 Περσῶν καὶ τοὺς τῶν Μήδων· προσεκάλει δὲ 
 καὶ εἴ τις ᾿Αρμενίων τῶν ἐντίμων παρῆν. Καὶ 
 τὰς γυναῖκας ἐν ταῖς ἁρμαμάξαις παρούσας 
 οὐκ ἀπήλασεν, ἀλλ' εἴα ἀκούειν. (9) Ὁπότε δὲ 
 καλῶς εἶχεν, ἤρχετο τοῦ λόγου·  
 - « Ὦ ᾿Αρμένιε, » ἔφη, « πρῶτον μέν σοι 
 συμβουλεύω ἐν τῇ δίκῃ τἀληθῆ λέγειν, ἵνα σοι 
 ἕν γε ἀπῇ τὸ εὐμισητότατον· τὸ γὰρ ψευδόμενον 
 φαίνεσθαι εὖ ἴσθι ὅτι καὶ τοῦ συγγνώμης τινὸς 
 τυγχάνειν ἐμποδὼν μάλιστα ἀνθρώποις 
 γίγνεται· ἔπειτα δ', ἔφη, συνίσασι μέν σοι καὶ οἱ 
 παῖδες καὶ αἱ γυναῖκες αὗται πάντα ὅσα 
 ἔπραξας, καὶ ᾿Αρμενίων οἱ παρόντες· ἢν δὲ 
 αἰσθάνωνταί σε ἄλλα ἢ τὰ γενόμενα λέγοντα, 
 νομιοῦσί σε καὶ αὐτὸν καταδικάζειν σεαυτοῦ 
 πάντα τὰ ἔσχατα παθεῖν, ἢν ἐγὼ τἀληθῆ 
 πύθωμαι. » 
 - « Ἀλλ' ἐρώτα, » ἔφη, « ὦ Κῦρε, ὅ τι βούλει, ὡς 
 τἀληθῆ ἐροῦντος. Τούτου ἕνεκα καὶ γενέσθω ὅ 
 τι βούλεται. » 
 | [3,1,1] CHAPITRE PREMIER  
(1) Tandis que Cyrus était ainsi occupé, le roi d’Arménie apprenant du  
messager ce que lui mandait Cyrus, fut frappé de stupeur ; il sentait qu’il  
était dans son tort en ne payant pas le tribut et en n’envoyant pas le  
contingent de troupes. Mais surtout il avait peur parce qu’on allait voir  
qu’il commençait à fortifier son palais pour le mettre en état de résister.  
(2) Tous ces motifs le faisaient hésiter. Toutefois, il envoie de tous côtés  
des messagers pour rassembler ses forces, et en même temps fait passer  
dans la montagne son plus jeune fils, Sabaris, et les femmes, la sienne et  
celle de son fils, et ses filles ; il expédia aussi ses parures et ses meubles  
les plus précieux sous la garde d’une escorte qu’il leur donna. Pour lui,  
tout en dépêchant des éclaireurs pour surveiller Cyrus, il rangeait en  
bataille ceux des Arméniens qu’il avait sous la main ; mais d’autres ne  
tardèrent pas à venir lui annoncer que Cyrus en personne approchait. (3)  
Alors il n’osa pas en venir aux mains et se retira. En le voyant agir ainsi,  
les Arméniens s’enfuirent chacun dans leurs propriétés pour mettre leurs  
biens hors d’atteinte. Cyrus, en voyant la plaine couverte de gens qui  
couraient en tous sens et poussaient leur bétail devant eux, leur fit dire  
qu’il ne ferait pas de mal à tous ceux qui resteraient ; mais il annonça  
qu’il traiterait en ennemis ceux qu’il prendrait à fuir. Aussi la plupart  
demeurèrent ; quelquesuns se retirèrent avec le roi.  
(4) Ceux qui marchaient les premiers avec les femmes tombèrent sur les  
soldats postés dans les montagnes ; aussitôt ils poussèrent des cris et  
prirent la fuite ; un grand nombre d’entre eux furent faits prisonniers. A la  
fin, on s’empara aussi du fils, des femmes et des filles du roi, ainsi que  
des trésors emmenés avec eux. (5) Quant au roi lui-même, quand il apprit  
ce qui se passait, ne sachant où se tourner, il s’enfuit sur une hauteur.  
De son côté, Cyrus voyant cela, cerne la hauteur avec les troupes qu’il  
avait sous la main et envoie dire à Chrysantas d’abandonner la garde  
des montagnes et de le rejoindre. Tandis que son armée se rassemblait, il  
envoya au roi d’Arménie un héraut chargé de lui poser ces questions :  
«Dis-moi, roi d’Arménie, préfères-tu demeurer où tu es, et lutter contre la  
faim et la soif ou bien descendre en plaine et nous livrer bataille ?» Le roi  
d’Arménie répondit qu’il ne voulait lutter ni contre les unes ni contre les  
autres. (6) De nouveau, Cyrus lui fit demander : «Pourquoi demeures-tu  
là-haut et ne descends-tu pas ? — Parce que je ne sais que faire,  
répondit-il. — Tu n’as pas lieu du tout d’être embarrassé, reprit Cyrus ;  
tu n’as qu’à descendre et venir te justifier. — Qui sera mon juge ?  
demanda-t-il. — Évidemment celui à qui Dieu a donné de faire de toi ce  
qu’il voudra, même sans jugement.» Alors ne pouvant faire autrement,  
le roi d’Arménie descendit. Cyrus l’ayant reçu, lui et toute sa maison au  
milieu de son armée, qui se trouvait désormais réunie, les tint investis  
dans son camp.  
(7) A ce moment, le fils aîné du roi d’Arménie, Tigrane, revenait de  
voyage ; il avait été autrefois compagnon de chasse de Cyrus. Quand il  
apprit ce qui s’était passé, il se rendit aussitôt, dans l’équipage où il  
était, près de Cyrus. Quand il vit son père, sa mère, ses frères, sa propre  
femme prisonniers, il se mit à pleurer, comme de raison. (8) Cyrus, en le  
voyant, ne lui témoigna aucune amitié ; il lui dit simplement : «Tu viens à  
temps pour assister au jugement de ton père.» Aussitôt il appelle les  
chefs perses et mèdes ; il appelle en outre les grands d’Arménie qui se  
trouvaient là ; il n’écarta même pas les femmes qui étaient présentes  
dans des chariots ; il leur permit d’écouter. (9) Quand il lui parut que le  
moment de parler était venu, il commença son discours : «Roi  
d’Arménie, dit-il, je te conseille tout d’abord de dire la vérité dans ta  
défense pour détourner de toi le grief le plus détestable, celui d’être  
surpris à mentir, qui est, sache-le bien, le plus grand obstacle au pardon.  
D’ailleurs, ajouta-t-il, tes enfants et tes femmes elles-mêmes savent tout  
ce que tu as fait, ainsi que ceux des Arméniens qui sont présents : s’ils  
s’aperçoivent que tu dis autre chose que ce qui s’est passé, ils  
penseront que tu te condamnes toi-même à subir le dernier supplice, au  
cas où je découvrirais la vérité. — Eh bien, pose-moi les questions que tu  
voudras, dit-il ; sois sûr que je dirai la vérité, quoi qu’il en puisse advenir.  
 |