[5,7,30] οἱ δὲ καταλεύσαντες τοὺς πρέσβεις διεπράξαντο ὑμῖν μόνοις
μὲν τῶν Ἑλλήνων εἰς Κερασοῦντα μὴ ἀσφαλὲς εἶναι, ἂν μὴ σὺν ἰσχύι ἀφικνῆσθε·
τοὺς δὲ νεκροὺς οὓς πρόσθεν αὐτοὶ οἱ κατακανόντες ἐκέλευον θάπτειν, τούτους
διεπράξαντο μηδὲ ξὺν κηρυκείῳ ἔτι ἀσφαλὲς εἶναι ἀνελέσθαι. τίς γὰρ ἐθελήσει
κῆρυξ ἰέναι κήρυκας ἀπεκτονώς; ἀλλ᾽ ἡμεῖς Κερασουντίων θάψαι αὐτοὺς
ἐδεήθημεν. (5.7.31) εἰ μὲν οὖν ταῦτα καλῶς ἔχει, δοξάτω ὑμῖν, ἵνα ὡς τοιούτων
ἐσομένων καὶ φυλακὴν ἰδίᾳ ποιήσῃ τις καὶ τὰ ἐρυμνὰ ὑπερδέξια πειρᾶται ἔχων
σκηνοῦν. (5.7.32) εἰ μέντοι ὑμῖν δοκεῖ θηρίων ἀλλὰ μὴ ἀνθρώπων εἶναι τὰ
τοιαῦτα ἔργα, σκοπεῖτε παῦλάν τινα αὐτῶν· εἰ δὲ μή, πρὸς Διὸς πῶς ἢ θεοῖς
θύσομεν ἡδέως ποιοῦντες ἔργα ἀσεβῆ, ἢ πολεμίοις πῶς μαχούμεθα, ἢν
ἀλλήλους κατακαίνωμεν; (5.7.33) πόλις δὲ φιλία τίς ἡμᾶς δέξεται, ἥτις ἂν ὁρᾷ
τοσαύτην ἀνομίαν ἐν ἡμῖν; ἀγορὰν δὲ τίς ἄξει θαρρῶν, ἢν περὶ τὰ μέγιστα
τοιαῦτα ἐξαμαρτάνοντες φαινώμεθα; οὗ δὲ δὴ πάντων οἰόμεθα τεύξεσθαι
ἐπαίνου, τίς ἂν ἡμᾶς τοιούτους ὄντας ἐπαινέσειεν; ἡμεῖς μὲν γὰρ οἶδ᾽ ὅτι
πονηροὺς ἂν φαίημεν εἶναι τοὺς τὰ τοιαῦτα ποιοῦντας. (5.7.34) ἐκ τούτου
ἀνιστάμενοι πάντες ἔλεγον τοὺς μὲν τούτων ἄρξαντας δοῦναι δίκην, τοῦ δὲ
λοιποῦ μηκέτι ἐξεῖναι ἀνομίας ἄρξαι· ἐὰν δέ τις ἄρξῃ, ἄγεσθαι αὐτοὺς ἐπὶ
θανάτῳ· τοὺς δὲ στρατηγοὺς εἰς δίκας πάντας καταστῆσαι· εἶναι δὲ δίκας καὶ εἴ τι
ἄλλο τις ἠδίκητο ἐξ οὗ Κῦρος ἀπέθανε· δικαστὰς δὲ τοὺς λοχαγοὺς ἐποιήσαντο.
(5.7.35) παραινοῦντος δὲ Ξενοφῶντος καὶ τῶν μάντεων συμβουλευόντων ἔδοξε
καθῆραι τὸ στράτευμα. καὶ ἐγένετο καθαρμός.
| [5,7,30] Grâce à ceux qui ont lapidé les députés, vous êtes les seuls des
Grecs qui ne puissiez entrer avec sécurité dans les murs de Cérasunte si vous
n'y arrivez en force. Les Barbares, qui avaient tué des nôtres, vous invitaient
à venir librement leur donner la sépulture ; il résulte de ces attentats que
vous ne pouvez plus y aller, même précédés d'un héraut. Et qui de vous ayant
donné l'exemple d'assassiner les hérauts, oserait s'avancer avec un caducée ?
Nous y avons suppléé ; nous avons prié les habitants de Cérasunte d'inhumer ces
infortunés. Si les faits que je viens de raconter sont louables approuvez-les
par un décret public : chacun s'attendant à les voir renouveler se tiendra sur
ses gardes et se baraquera dans un lieu fortifié. Jugez-vous au contraire que ce
ne sont pas des traits d'hommes sociables, mais de bêtes féroces ; cherchez le
moyen d'arrêter cette licence. Autrement, par Jupiter, comment les dieux
agréeront-ils nos sacrifices quand ils verront nos actions impies ? Comment
combattrons-nous nos ennemis si nous nous égorgeons les uns les autres ? Quelle
ville nous ouvrira ses portes et voudra être notre alliée, sachant qu'une telle
indiscipline règne parmi nous ? Qui osera venir vendre des vivres à notre camp
lorsqu'il sera public que les plus grands crimes n'ont rien qui nous arrête ?
Nous croyons avoir mérité quelque gloire, quelle bouche osera prononcer les
louanges de scélérats tels que nous car je sais que nous donnerions nous-mêmes
ce nom à qui aurait commis de semblables forfaits." Aussitôt tous les Grecs se
levèrent, et dirent qu'il fallait sévir contre les auteurs d'une telle
indiscipline, défendre qu'elle recommençât, et punir désormais de mort le
premier qui contreviendrait à cette loi. On chargea les généraux de livrer les
coupables à la justice. On arrêta qu'on rechercherait toutes les fautes commises
depuis la mort de Cyrus, et l'on en établit juges les chefs de lochos ; puis
Xénophon fut d'avis, et tous les devins conseillèrent, qu'on purifiât l'armée.
On l'ordonna, et cette cérémonie fut célébrée.
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