[3,2,10] -- ἐτύγχανον λέγων ὅτι πολλαὶ καὶ καλαὶ ἐλπίδες ἡμῖν εἶεν σωτηρίας. πρῶτον μὲν
γὰρ ἡμεῖς μὲν ἐμπεδοῦμεν τοὺς τῶν θεῶν ὅρκους, οἱ δὲ πολέμιοι ἐπιωρκήκασί τε καὶ
τὰς σπονδὰς παρὰ τοὺς ὅρκους λελύκασιν. οὕτω δ᾽ ἐχόντων εἰκὸς τοῖς μὲν πολεμίοις
ἐναντίους εἶναι τοὺς θεούς, ἡμῖν δὲ συμμάχους, οἵπερ ἱκανοί εἰσι καὶ τοὺς μεγάλους
ταχὺ μικροὺς ποιεῖν καὶ τοὺς μικροὺς κἂν ἐν δεινοῖς ὦσι σᾐζειν εὐπετῶς, ὅταν
βούλωνται. (3.2.11) ἔπειτα δὲ ἀναμνήσω γὰρ ὑμᾶς καὶ τοὺς τῶν προγόνων τῶν
ἡμετέρων κινδύνους, ἵνα εἰδῆτε ὡς ἀγαθοῖς τε ὑμῖν προσήκει εἶναι σᾐζονταί τε σὺν
τοῖς θεοῖς καὶ ἐκ πάνυ δεινῶν οἱ ἀγαθοί. ἐλθόντων μὲν γὰρ Περσῶν καὶ τῶν σὺν
αὐτοῖς παμπληθεῖ στόλῳ ὡς ἀφανιούντων τὰς Ἀθήνας, ὑποστῆναι αὐτοὶ Ἀθηναῖοι
τολμήσαντες ἐνίκησαν αὐτούς. (3.2.12) καὶ εὐξάμενοι τῇ Ἀρτέμιδι ὁπόσους
κατακάνοιεν τῶν πολεμίων τοσαύτας χιμαίρας καταθύσειν τῇ θεῷ, ἐπεὶ οὐκ εἶχον
ἱκανὰς εὑρεῖν, ἔδοξεν αὐτοῖς κατ᾽ ἐνιαυτὸν πεντακοσίας θύειν, καὶ ἔτι νῦν
ἀποθύουσιν. (3.2.13) ἔπειτα ὅτε Ξέρξης ὕστερον ἀγείρας τὴν ἀναρίθμητον στρατιὰν
ἦλθεν ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, καὶ τότε ἐνίκων οἱ ἡμέτεροι πρόγονοι τοὺς τούτων
προγόνους καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν. ὧν ἔστι μὲν τεκμήρια ὁρᾶν τὰ
τρόπαια, μέγιστον δὲ μαρτύριον ἡ ἐλευθερία τῶν πόλεων ἐν αἷς ὑμεῖς ἐγένεσθε καὶ
ἐτράφητε· οὐδένα γὰρ ἄνθρωπον δεσπότην ἀλλὰ τοὺς θεοὺς προσκυνεῖτε. (3.2.14)
τοιούτων μέν ἐστε προγόνων. οὐ μὲν δὴ τοῦτό γε ἐρῶ ὡς ὑμεῖς καταισχύνετε αὐτούς·
ἀλλ᾽ οὐ πολλαὶ ἡμέραι ἀφ᾽ οὗ ἀντιταξάμενοι τούτοις τοῖς ἐκείνων ἐκγόνοις
πολλαπλασίους ὑμῶν αὐτῶν ἐνικᾶτε σὺν τοῖς θεοῖς. (3.2.15) καὶ τότε μὲν δὴ περὶ τῆς
Κύρου βασιλείας ἄνδρες ἦτε ἀγαθοί· νῦν δ᾽ ὁπότε περὶ τῆς ὑμετέρας σωτηρίας ὁ
ἀγών ἐστι, πολὺ δήπου ὑμᾶς προσήκει καὶ ἀμείνονας καὶ προθυμοτέρους εἶναι.
(3.2.16) ἀλλὰ μὴν καὶ θαρραλεωτέρους νῦν πρέπει εἶναι πρὸς τοὺς πολεμίους. τότε
μὲν γὰρ ἄπειροι ὄντες αὐτῶν τὸ δὲ πλῆθος ἄμετρον ὁρῶντες, ὅμως ἐτολμήσατε σὺν
τῷ πατρᾐῳ φρονήματι ἰέναι εἰς αὐτούς· νῦν δὲ ὁπότε καὶ πεῖραν ἤδη ἔχετε αὐτῶν
ὅτι οὐ θέλουσι καὶ πολλαπλάσιοι ὄντες (μὴ) δέχεσθαι ὑμᾶς, τί ἔτι ὑμῖν προσήκει
τούτους φοβεῖσθαι; (3.2.17) μηδὲ μέντοι τοῦτο μεῖον δόξητε ἔχειν ὅτι οἱ Κύρειοι
πρόσθεν σὺν ἡμῖν ταττόμενοι νῦν ἀφεστήκασιν. ἔτι γὰρ οὗτοι κακίονές εἰσι τῶν ὑφ᾽
ἡμῶν ἡττημένων· ἔφυγον γοῦν πρὸς ἐκείνους καταλιπόντες ἡμᾶς. τοὺς δ᾽ ἐθέλοντας
φυγῆς ἄρχειν πολὺ κρεῖττον σὺν τοῖς πολεμίοις ταττομένους ἢ ἐν τῇ ἡμετέρᾳ τάξει ὁρᾶν.
(3.2.18) εἰ δέ τις ὑμῶν ἀθυμεῖ ὅτι ἡμῖν μὲν οὐκ εἰσὶν ἱππεῖς, τοῖς δὲ πολεμίοις
πολλοὶ πάρεισιν, ἐνθυμήθητε ὅτι οἱ μύριοι ἱππεῖς οὐδὲν ἄλλο ἢ μύριοί εἰσιν
ἄνθρωποι· ὑπὸ μὲν γὰρ ἵππου ἐν μάχῃ οὐδεὶς πώποτε οὔτε δηχθεὶς οὔτε λακτισθεὶς
ἀπέθανεν, οἱ δὲ ἄνδρες εἰσὶν οἱ ποιοῦντες ὅ τι ἂν ἐν ταῖς μάχαις γίγνηται.
(3.2.19) οὐκοῦν τῶν ἱππέων πολὺ ἡμεῖς ἐπ᾽ ἀσφαλεστέρου ὀχήματός ἐσμεν· οἱ μὲν γὰρ
ἐφ᾽ ἵππων κρέμανται φοβούμενοι οὐχ ἡμᾶς μόνον ἀλλὰ καὶ τὸ καταπεσεῖν· ἡμεῖς δ᾽ ἐπὶ
γῆς βεβηκότες πολὺ μὲν ἰσχυρότερον παίσομεν, ἤν τις προσίῃ, πολὺ δὲ μᾶλλον ὅτου
ἂν βουλώμεθα τευξόμεθα. ἑνὶ δὲ μόνῳ προέχουσιν οἱ ἱππεῖς (ἡμᾶς)· φεύγειν αὐτοῖς
ἀσφαλέστερόν ἐστιν ἢ ἡμῖν.
| [3,2,10] "Je vous disais que nous avons beaucoup de puissants motifs d'espérer que
nous nous sauverons avec
gloire. D'abord nous observons les serments dont nous avons appelé les cieux à témoins ; et nos
ennemis se sont parjurés :
traité, serments, ils ont tout violé. Il est donc probable que les dieux combattront avec nous contre
nos adversaires ; les dieux qui,
aussitôt qu'il leur plaît, peuvent rendre en un moment les grands bien petits, et sauvent avec facilité les
faibles des périls les plus
imminents. Je vais même vous rappeler les dangers qu'ont courus vos ancêtres, pour vous convaincre
qu'il est de votre intérêt de
vous conduire avec courage, et, qu'aidés par les Immortels, de braves gens se tirent d'affaire à
quelques extrémités qu'ils soient
réduits. Quand les Perses et leurs alliés vinrent avec une année nombreuse pour détruire Athènes, les
Athéniens osèrent leur
résister et les vainquirent. Ils avaient fait vœu à Diane de lui immoler autant de chèvres qu'ils tueraient
d'ennemis, et n'en trouvant
pas assez pour accomplir leur promesse, ils prirent le parti d'en sacrifier cinq cents tous les ans,
usage qui dure encore.
Lorsqu'ensuite Xerxès, qui avait rassemblé des troupes innombrables, marcha contre la Grèce, vos
ancêtres battirent sur terre et
sur mer les aïeuls de vos ennemis. Vous en voyez des monuments dans les trophées qui existent
encore ; mais la plus grande
preuve que vous en ayez est la liberté des villes où vous êtes nés, et où vous avez, reçu votre
éducation, car vous ne
connaissez point de maître parmi les hommes, et vous ne vous prosternez que devant les dieux. Tels
furent les aïeux dont vous
sortez : je ne dirai point qu'ils aient à rougir de leurs neveux. Il y a peu de jours qu'opposés en ligne
aux descendants de l'armée
de Xerxès, vous avez avec l'aide des dieux, vaincu des troupes beaucoup plus nombreuses que les
vôtres ; vous vous êtes
conduits alors avec distinction ; quoiqu'il ne s'agît que de mettre Cyrus sur le trône. Aujourd'hui qu'il
y va de votre salut, il vous
convient de montrer encore plus d'ardeur et de courage ; vous devez même désormais attaquer
l'ennemi avec plus d'audace.
Avant que vous eussiez éprouvé ce que sont les Perses, vous avez, marché contre une multitude
innombrable, et avez osé les
charger avec ce courage qui est héréditaire aux Grecs ; maintenant vous savez par expérience que
les Barbares, en quelque
nombre qu'ils soient, se gardent bien de vous attendre : comment les craindriez-vous encore ? Ne
regardez, pas non plus comme
un désavantage que l'armée barbare de Cyrus, qui a ci-devant combattu en ligne avec nous, nous ait
abandonnés. Ces troupes
sont encore plus lâches que celles que nous avons battues ; elles nous ont donc quittés, et se sont
réfugiées près de celles de
Tissapherne : ne vaut-il pas beaucoup mieux voir, dans la ligne de l'ennemi que dans la nôtre des
gens qui veulent toujours être les premiers à fuir ?
Que si quelqu'un de vous est consterné de ce que nous n'avons point de cavalerie, tandis que l'ennemi
nous en oppose une nombreuse, songez que dix mille cavaliers ne sont que dix mille hommes ; car
personne n'a jamais été tué, dans une affaire, d'une morsure ou d'un coup de pied de cheval.
Ce sont les hommes qui font le sort des batailles. Nous sommes portés plus solidement que le cavalier,
obligé de se tenir sur le dos de son cheval dans un exact équilibre, il n'est pas seulement
effrayé de nos coups, et la crainte de tomber l'inquiète encore. Nous autres, appuyés sur un sol
ferme, nous frappons plus fortement si quelqu'un nous approche et nous atteignons le but
où nous visons, avec plus de certitude. Les cavaliers n'ont sur nous qu'un avantage, c'est de se mettre
plus tôt en sûreté par la fuite.
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