[650] ἀνθ´ ἑνὸς Ἀργείοισιν ἐχώσατο πᾶσιν Ἀθήνη.
651 Αἰνείαν δ´ ἔκλεψε καὶ Ἀγχίσην Ἀφροδίτη
652 οἰκτείρουσα γέροντα καὶ υἱέα, τῆλε δὲ πάτρης
653 Αὐσονίην ἀπένασσε· θεῶν δ´ ἐτελείετο βουλὴ
654 Ζηνὸς ἐπαινήσαντος, ἵνα κράτος ἄφθιτον εἴη
655 παισὶ καὶ υἱωνοῖσιν ἀρηιφίλης Ἀφροδίτης.
656 τέκνα δὲ καὶ γενεὴν Ἀντήνορος ἀντιθέοιο
657 Ἀτρείδης ἐφύλαξε, φιλοξείνοιο γέροντος,
658 μειλιχίης προτέρης τίνων χάριν ἠδὲ τραπέζης
659 κείνης, ᾗ μιν ἔδεκτο γυνὴ πρηεῖα Θεανώ.
660 δειλὴ Λαοδίκη, σὲ δὲ πατρίδος ἐγγύθι γαίης
661 γαῖα περιπτύξασα κεχηνότι δέξατο κόλπῳ·
662 οὐδέ σε Θησείδης Ἀκάμας οὐδ´ ἄλλος Ἀχαιῶν
663 ἤγαγε ληιδίην, ἔθανες δ´ ἅμα πατρίδι γαίῃ.
664 πᾶσαν δ´ οὐκ ἂν ἔγωγε μόθου χύσιν ἀείσαιμι
665 κρινάμενος τὰ ἕκαστα καὶ ἄλγεα νυκτὸς ἐκείνης·
666 Μουσάων ὅδε μόχθος, ἐγὼ δ´ ἅπερ ἵππον ἐλάσσω
667 τέρματος ἀμφιέλισσαν ἐπιψαύουσαν ἀοιδήν.
668 ἄρτι γὰρ ἀντολίηθεν ἀπόσσυτος Ὠκεανοῖο
669 ἠρέμα λευκαίνουσα κατέγραφεν ἠέρα πολλήν,
670 νύκτα διαρρήξασα μιαιφόνον ἱππότις Ἠώς·
671 οἱ δ´ ἐπαγαλλόμενοι πολέμων ὑπεραυχέι νίκῃ
672 πάντοσε παπταίνεσκον ἀνὰ πτόλιν, εἴ τινες ἄλλοι
673 κλεπτόμενοι φεύγουσι φόνου πάνδημον ἀυτήν.
674 ἀλλ´ οἱ μὲν δέδμηντο λίνῳ θανάτοιο πανάγρῳ,
675 ἰχθύες ὡς ἁλίῃσιν ἐπὶ ψαμάθοισι χυθέντες,
676 Ἀργεῖοι δ´ ἀπὸ μὲν μεγάρων νεοτευχέα κόσμον
677 ἐξέφερον, νηῶν ἀναθήματα, πολλὰ δ´ ἐρήμων
678 ἥρπαζον θαλάμων κειμήλια· σὺν δὲ γυναῖκας
679 ληιδίας σὺν παισὶν ἄγον ποτὶ νῆας ἀνάγκῃ.
680 τείχεσι δὲ πτολίπορθον ἐπὶ φλόγα θωρήξαντες
681 ἔργα Ποσειδάωνος ἰῇ συνέχευον ἀυτμῇ.
682 αὐτοῦ καὶ μέγα σῆμα φίλοις ἀστοῖσιν ἐτύχθη
683 Ἴλιος αἰθαλόεσσα· πυρὸς δ´ ὀλεσίπτολιν ἄτην
684 Ξάνθος ἰδὼν ἔκλαυσε γόων ἁλιμυρέι πηγῇ,
685 Ἡφαίστῳ δ´ ὑπόεικεν ἀτυζόμενος χόλον Ἥρης.
686 οἱ δὲ Πολυξείνης ἐπιτύμβιον αἷμα χέαντες,
687 μῆνιν ἱλασσάμενοι τεθνειότος Αἰακίδαο
688 Τρωιάδας τε γυναῖκας ἐλάγχανον, ἄλλα τε πάντα
689 χρυσὸν ἐμοιρήσαντο καὶ ἄργυρον· οἷσι βαθείας
690 νῆας ἐπαχθήσαντες ἐριγδούπου διὰ πόντου
691 ἐκ Τροίης ἀνάγοντο μόθον τελέσαντες Ἀχαιοί.
| [650] et, pour punir le crime d'un seul, elle voua à toute la nation son inimitié.
Enée et son père Anchise échappèrent à leurs ennemis par un bienfait de Vénus, qui les cacha dans
un nuage : elle eut pitié d'un vieillard qu'elle avait aimé jadis, et elle voulut conserver son
fils, destiné par un décret des dieux à fonder un établissement en Ausonie, loin des rivages troyens ;
Jupiter avait confirmé cet arrêt, voulant que les fils de Cythérée et leur postérité s'illustrassent à
jamais par l'étendue de leur puissance. Atride sauva du carnage les enfants d'Anténor, en mémoire de
l'hospitalité que ce bon vieillard et Théano, son épouse, avaient ci-devant exercée envers lui. Pour toi,
malheureuse Laodice, avant que tu pusses t'éloigner des bords qui t'avaient vue naître, la terre te
reçut dans son sein ; tu ne survécus point à la perte d'Ilion : ni le vaillant Acamas, ni aucun autre Grec,
ne purent t'emmener dans leurs murs. Sans doute il me serait aisé de chanter toutes les funestes
circonstances de cette guerre, puisque ce sont les Muses qui m'inspirent : quoique près d'avoir atteint
le but, je pourrais soutenir encore longtemps ma voix.
Déja l'Aurore, sortant du sein de l'Océan, paraissait à l'orient, conduite dans son char par ses
superbes coursiers. Ses rayons blanchissant le ciel dissipaient peu à peu les ténèbres, et chassaient
devant eux une nuit féconde en désastres. Les vainqueurs, enorgueillis de leur victoire, cherchaient
partout, dans l'espoir de rencontrer quelque Troyen échappé au carnage. Le reste était dans les lacs
de la mort ; tels on voit des poissons enveloppés de filets qu'on a jetés sur le rivage. Cependant les
Grecs, ne trouvant plus aucune résistance, pillaient dans les maisons les meubles les plus précieux,
et tout ce qui pouvait satisfaire leur cupidité : ils ne respectaient pas même les temples, dont ils
enlevaient les offrandes ; ils emmenaient sur leurs vaisseaux les captives avec leurs enfants. Enfin ils
livrèrent aux flammes les murailles de Troie, et l'ouvrage de Neptune devint ainsi la proie de l'élément
destructeur. La cité réduite en cendres servit elle-même de tombeau à ses anciens habitants. Le
Xanthe, témoin des funestes progrès de la flamme, mêla des larmes à ses ondes. Les Grecs, voulant
apaiser les mânes d'Achille, arrosèrent son tombeau du sang de Polyxène. Ils se partagèrent les
captives et les trésors qu'avait produits le butin ; ils en chargèrent leurs vaisseaux, et, traversant les
flots, ils s'éloignèrent des bords phrygiens, après y avoir heureusement terminé leur entreprise.
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