Texte grec :
[8,66] ἦν δὲ τοῦτο εὐπρεπὲς πρὸς τοὺς πλείους,
ἐπεὶ ἕξειν γε τὴν πόλιν οἵπερ καὶ μεθίστασαν ἔμελλον. δῆμος μέντοι ὅμως
ἔτι καὶ βουλὴ ἡ ἀπὸ τοῦ κυάμου ξυνελέγετο· ἐβούλευον δὲ οὐδὲν
ὅτι μὴ τοῖς ξυνεστῶσι δοκοίη, ἀλλὰ καὶ οἱ λέγοντες ἐκ τούτων ἦσαν καὶ τὰ
ῥηθησόμενα πρότερον αὐτοῖς πρού(8.66.2) σκεπτο. ἀντέλεγέ τε οὐδεὶς ἔτι τῶν
ἄλλων, δεδιὼς καὶ ὁρῶν πολὺ τὸ ξυνεστηκός· εἰ δέ τις καὶ ἀντείποι, εὐθὺς ἐκ
τρόπου τινὸς ἐπιτηδείου ἐτεθνήκει, καὶ τῶν δρασάντων οὔτε ζήτησις οὔτ' εἰ
ὑποπτεύοιντο δικαίωσις ἐγίγνετο, ἀλλ' ἡσυχίαν εἶχεν ὁ δῆμος καὶ κατάπληξιν
τοιαύτην ὥστε κέρδος ὁ μὴ πάσχων τι βίαιον, εἰ καὶ σιγῴη, ἐνόμιζεν. (8.66.3) καὶ
τὸ ξυνεστηκὸς πολὺ πλέον ἡγούμενοι εἶναι ἢ ὅσον ἐτύγχανεν ὂν ἡσσῶντο ταῖς
γνώμαις, καὶ ἐξευρεῖν αὐτὸ ἀδύνατοι ὄντες διὰ τὸ μέγεθος τῆς πόλεως καὶ διὰ
τὴν (8.66.4) ἀλλήλων ἀγνωσίαν οὐκ εἶχον (αὐτοὶ ἐξευρεῖν). κατὰ δὲ ταὐτὸ τοῦτο
καὶ προσολοφύρασθαί τινι ἀγανακτήσαντα, ὥστε ἀμύνασθαι ἐπιβουλεύσαντα,
ἀδύνατον ἦν· ἢ γὰρ (8.66.5) ἀγνῶτα ἂν ηὗρεν ᾧ ἐρεῖ ἢ γνώριμον ἄπιστον.
ἀλλήλοις γὰρ ἅπαντες ὑπόπτως προσῇσαν οἱ τοῦ δήμου, ὡς μετέχοντά τινα τῶν
γιγνομένων. ἐνῆσαν γὰρ καὶ οὓς οὐκ ἄν ποτέ τις ᾤετο ἐς ὀλιγαρχίαν τραπέσθαι·
καὶ τὸ ἄπιστον οὗτοι μέγιστον πρὸς τοὺς πολλοὺς ἐποίησαν καὶ πλεῖστα ἐς τὴν
τῶν ὀλίγων ἀσφάλειαν ὠφέλησαν, βέβαιον τὴν ἀπιστίαν τῷ δήμῳ πρὸς ἑαυτὸν
καταστήσαντες.
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Traduction française :
[8,66] LXVI. - C'étaient là uniquement de beaux prétextes
à l'usage de la foule, puisque le gouvernement
tomberait aux mains de ceux qui auraient fait la
révolution. Néanmoins le peuple s'assemblait
encore, ainsi que le sénat de la fève. Mais
ils ne prenaient aucune décision sans
l'assentiment des conjurés. Bien plus, les orateurs
appartenaient à la conjuration et leurs discours
avaient été au préalable examinés. Personne n'osait
contredire, si grande était la crainte qu'inspirait le
nombre des conjurés. Quelqu'un faisait-il de
l'opposition, immédiatement on trouvait quelque
moyen de le faire périr. Les meurtriers n'étaient ni
recherchés, ni poursuivis en justice, même si on
les soupçonnait. Le peuple ne bougeait pas ; son
effroi était tel que, même en gardant le silence, il
s'estimait bien heureux de ne subir aucune
violence. Comme on s'imaginait la conjuration plus
nombreuse encore qu'elle n'était, tous les coeurs
étaient en proie au découragement. L'étendue de la
ville, l'ignorance où l'on était les uns des autres,
empêchaient qu'on ne connût le nombre exact des
conjurés. C'est ce qui faisait qu'on ne pouvait
trouver personne à qui confier ses plaintes, son
indignation ou ses projets de vengeance ; on eût
risqué de s'adresser soit à des inconnus, soit à des
connaissances, mais à qui on ne pouvait se fier.
Dans la faction populaire la défiance était générale ;
il n'était personne qu'on ne soupçonnât
d'appartenir au complot. De fait, il y était entré des
gens qu'on n'eût jamais soupçonnés d'incliner vers
l'oligarchie. Rien ne contribua davantage à inspirer
de la défiance au peuple et rien ne servit davantage
les oligarques, en répandant dans le peuple cette
suspicion envers lui-même.
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