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[5,25] Μετὰ δὲ τὰς σπονδὰς καὶ τὴν ξυμμαχίαν τῶν Λακεδαιμονίων
καὶ τῶν Ἀθηναίων, αἳ ἐγένοντο μετὰ τὸν δεκέτη
πόλεμον ἐπὶ Πλειστόλα μὲν ἐν Λακεδαίμονι ἐφόρου, Ἀλκαίου
δ' ἄρχοντος Ἀθήνησι, τοῖς μὲν δεξαμένοις αὐτὰς
εἰρήνη ἦν, οἱ δὲ Κορίνθιοι καὶ τῶν ἐν Πελοποννήσῳ πόλεών
τινες διεκίνουν τὰ πεπραγμένα, καὶ εὐθὺς ἄλλη ταραχὴ
(5.25.2) καθίστατο τῶν ξυμμάχων πρὸς τὴν Λακεδαίμονα. καὶ ἅμα
καὶ τοῖς Ἀθηναίοις οἱ Λακεδαιμόνιοι προϊόντος τοῦ χρόνου
ὕποπτοι ἐγένοντο ἔστιν ἐν οἷς οὐ ποιοῦντες ἐκ τῶν ξυγκειμένων
(5.25.3) ἃ εἴρητο. καὶ ἐπὶ ἓξ ἔτη μὲν καὶ δέκα μῆνας ἀπέσχοντο
μὴ ἐπὶ τὴν ἑκατέρων γῆν στρατεῦσαι, ἔξωθεν δὲ
μετ' ἀνοκωχῆς οὐ βεβαίου ἔβλαπτον ἀλλήλους τὰ μάλιστα·
ἔπειτα μέντοι καὶ ἀναγκασθέντες λῦσαι τὰς μετὰ τὰ δέκα
ἔτη σπονδὰς αὖθις ἐς πόλεμον φανερὸν κατέστησαν.
| [5,25] - Après le traité de paix et d'alliance conclu entre les Lacédémoniéns et
les Athéniens après dix ans de guerre, sous l'éphorat de Pleistolas à Lacédémone
et sous l'archontat d'Aikaeos à Athènes, la paix régna entre les États qui
souscrivirent à ce traité. Mais les Corinthiens et quelques cités du Péloponnèse
troublèrent la situation. Il en résulta immédiatement de nouvelles difficultés
entre les Lacédémoniens et leurs alliés. D'ailleurs, avec le temps, les
Lacédémoniens se rendirent suspects aux Athéniens, en refusant d'exécuter sur
certains points les engagements pris. Pendant six ans et dix mois, on
s'abstint de part et d'autre de toute expédition militaire ; mais au dehors, on
profita de cette trêve mal assurée pour se faire réciproquement tout le mal
possible. Finalement les deux peuples se virent contraints de rompre le traité
qui avait mis fin aux dix années de guerre et ils se livrèrent à nouveau à des
hostilités ouvertes.
| [5,26] Γέγραφε δὲ καὶ ταῦτα ὁ αὐτὸς Θουκυδίδης Ἀθηναῖος
ἑξῆς, ὡς ἕκαστα ἐγένετο, κατὰ θέρη καὶ χειμῶνας, μέχρι οὗ
τήν τε ἀρχὴν κατέπαυσαν τῶν Ἀθηναίων Λακεδαιμόνιοι καὶ
οἱ ξύμμαχοι, καὶ τὰ μακρὰ τείχη καὶ τὸν Πειραιᾶ κατέλαβον.
ἔτη δὲ ἐς τοῦτο τὰ ξύμπαντα ἐγένετο τῷ πολέμῳ ἑπτὰ καὶ
(5.26.2) εἴκοσι. καὶ τὴν διὰ μέσου ξύμβασιν εἴ τις μὴ ἀξιώσει
πόλεμον νομίζειν, οὐκ ὀρθῶς δικαιώσει. τοῖς (τε) γὰρ
ἔργοις ὡς διῄρηται ἀθρείτω, καὶ εὑρήσει οὐκ εἰκὸς ὂν εἰρήνην
αὐτὴν κριθῆναι, ἐν ᾗ οὔτε ἀπέδοσαν πάντα οὔτ' ἀπεδέξαντο
ἃ ξυνέθεντο, ἔξω τε τούτων πρὸς τὸν Μαντινικὸν καὶ Ἐπιδαύριον
πόλεμον καὶ ἐς ἄλλα ἀμφοτέροις ἁμαρτήματα ἐγένοντο
καὶ οἱ ἐπὶ Θρᾴκης ξύμμαχοι οὐδὲν ἧσσον πολέμιοι
(5.26.3) ἦσαν Βοιωτοί τε ἐκεχειρίαν δεχήμερον ἦγον. ὥστε ξὺν τῷ
πρώτῳ πολέμῳ τῷ δεκέτει καὶ τῇ μετ' αὐτὸν ὑπόπτῳ ἀνοκωχῇ
καὶ τῷ ὕστερον ἐξ αὐτῆς πολέμῳ εὑρήσει τις τοσαῦτα
ἔτη, λογιζόμενος κατὰ τοὺς χρόνους, καὶ ἡμέρας οὐ πολλὰς
παρενεγκούσας, καὶ τοῖς ἀπὸ χρησμῶν τι ἰσχυρισαμένοις
(5.26.4) μόνον δὴ τοῦτο ἐχυρῶς ξυμβάν. αἰεὶ γὰρ ἔγωγε μέμνημαι,
καὶ ἀρχομένου τοῦ πολέμου καὶ μέχρι οὗ ἐτελεύτησε, προφερόμενον
ὑπὸ πολλῶν ὅτι τρὶς ἐννέα ἔτη δέοι γενέσθαι
(5.26.5) αὐτόν. ἐπεβίων δὲ διὰ παντὸς αὐτοῦ αἰσθανόμενός τε τῇ
ἡλικίᾳ καὶ προσέχων τὴν γνώμην, ὅπως ἀκριβές τι εἴσομαι·
καὶ ξυνέβη μοι φεύγειν τὴν ἐμαυτοῦ ἔτη εἴκοσι μετὰ τὴν
ἐς Ἀμφίπολιν στρατηγίαν, καὶ γενομένῳ παρ' ἀμφοτέροις
τοῖς πράγμασι, καὶ οὐχ ἧσσον τοῖς Πελοποννησίων διὰ τὴν
(5.26.6) φυγήν, καθ' ἡσυχίαν τι αὐτῶν μᾶλλον αἰσθέσθαι. τὴν οὖν
μετὰ τὰ δέκα ἔτη διαφοράν τε καὶ ξύγχυσιν τῶν σπονδῶν
καὶ τὰ ἔπειτα ὡς ἐπολεμήθη ἐξηγήσομαι.
| [5,26] - Le même Thucydide Athénien a poursuivi le récit des événements, par étés
et par hivers, jusqu'au moment où les Lacédémoniens et leurs alliés mirent
fin à l'empire d'Athènes et s'emparèrent des Longs-Murs et du Pirée. La durée
totale de la guerre jusqu'à cette époque fut de vingt-sept ans. Car ce serait se
méprendre que de n'y pas comprendre la trêve qui se place dans l'intervalle des
deux guerres.
Si l'on a égard à la suite des faits, tels que je les ai racontés, on
s'apercevra qu'on ne peut considérer cette suspension d'armes comme une paix
véritable, puisque les belligérants n'exécutèrent ni n'obtinrent les
restitutions convenues ; puisque, en dehors de la guerre entre Mantinée et
Épidaure, on manqua souvent à sa parole de part et d'autre ; puisque les alliés
de Thrace n'en poursuivirent pas moins les hostilités et que les Béotiens
n'étaient liés que par une trêve sans date dont les effets cessaient dix jours
après l'avis de rupture. Aussi en ajoutant à la première guerre de dix ans
la trêve pleine de suspicions qui la suivit et la seconde guerre qui en découla,
on trouvera le même nombre d'années que moi, et quelques jours en plus, si l'on
veut calculer selon l'ordre chronologique. C’est même la seule chose qui se soit
réalisée pour ceux qui prétendaient tirer des oracles un pronostic certain. Je
me rappelle en effet que du début à la fin de la guerre, il s'est trouvé bien
des gens pour publier qu'elle devait durer trois fois neuf ans. Pour moi j'ai
vécu pendant toute sa durée en pleine possession de mes facultés et m'appliquant
de mon mieux à me renseigner exactement sur les événements. J'ai vécu vingt ans
en exil, à la suite de mon commandement d'Amphipolis ; j'ai été témoin des
affaires des deux partis et tout spécialement de celles du Péloponnèse et les
loisirs que me laissait mon exil m'ont permis de mieux connaître les faits.
Il me reste maintenant à raconter les différends qui s'élevèrent après la guerre
de dix ans, la rupture de la paix et les événements militaires qui en découlèrent.
| [5,27] Ἐπειδὴ γὰρ αἱ πεντηκοντούτεις σπονδαὶ ἐγένοντο καὶ
ὕστερον ἡ ξυμμαχία, καὶ αἱ ἀπὸ τῆς Πελοποννήσου πρεσβεῖαι,
αἵπερ παρεκλήθησαν ἐς αὐτά, ἀνεχώρουν ἐκ τῆς
(5.27.2) Λακεδαίμονος· καὶ οἱ μὲν ἄλλοι ἐπ' οἴκου ἀπῆλθον, Κορίνθιοι
δὲ ἐς Ἄργος τραπόμενοι πρῶτον λόγους ποιοῦνται πρός
τινας τῶν ἐν τέλει ὄντων Ἀργείων ὡς χρή, ἐπειδὴ Λακεδαιμόνιοι
οὐκ ἐπ' ἀγαθῷ, ἀλλ' ἐπὶ καταδουλώσει τῆς Πελοποννήσου
σπονδὰς καὶ ξυμμαχίαν πρὸς Ἀθηναίους τοὺς
πρὶν ἐχθίστους πεποίηνται, ὁρᾶν τοὺς Ἀργείους ὅπως σωθήσεται
ἡ Πελοπόννησος καὶ ψηφίσασθαι τὴν βουλομένην
πόλιν τῶν Ἑλλήνων, ἥτις αὐτόνομός τέ ἐστι καὶ δίκας ἴσας
καὶ ὁμοίας δίδωσι, πρὸς Ἀργείους ξυμμαχίαν ποιεῖσθαι
ὥστε τῇ ἀλλήλων ἐπιμαχεῖν, ἀποδεῖξαι δὲ ἄνδρας ὀλίγους
ἀρχὴν αὐτοκράτορας καὶ μὴ πρὸς τὸν δῆμον τοὺς λόγους
εἶναι, τοῦ μὴ καταφανεῖς γίγνεσθαι τοὺς μὴ πείσαντας τὸ
πλῆθος· ἔφασαν δὲ πολλοὺς προσχωρήσεσθαι μίσει τῶν
(5.27.3) Λακεδαιμονίων. καὶ οἱ μὲν Κορίνθιοι διδάξαντες ταῦτα
ἀνεχώρησαν ἐπ' οἴκου·
| [5,27] - Après la conclusion de la trêve de cinquante ans et de l'alliance qui
la suivit, les députations péloponnésiennes venues à cet effet quittèrent
Lacédémone. La plupart regagnèrent directement leur pays, mais les
Corinthiens firent un détour par Argos et s'abouchèrent avec quelques-uns
des magistrats de la ville. Ils leur représentèrent que la paix et l'alliance
des Lacédémoniens avec les Athéniens - auparavant leurs pires ennemis -
n'avaient nullement pour objet l'intérêt des populations, mais bien leur
asservissement. En conséquence, les Argiens devaient chercher les moyens de
sauver le Péloponnèse et décréter que toute cité grecque, libre et jouissant de
l'égalité des droits, pouvait à son gré contracter alliance offensive et
défensive avec Argos. On élirait quelques hommes investis de pleins pouvoirs,
sans porter la question devant le peuple, pour éviter, en cas de refus de la
multitude, de découvrir les auteurs de cette proposition. Du reste,
ajoutaient-ils, beaucoup de peuples se rangeraient à leurs côtés, en haine des
Lacédémoniens. Sur cet avis les Corinthiens rentrèrent chez eux.
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