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[5,13] Τοῦ δ' ἐπιγιγνομένου χειμῶνος εὐθὺς μέχρι μὲν Πιερίου
τῆς Θεσσαλίας διῆλθον οἱ περὶ τὸν Ῥαμφίαν, κωλυόντων
δὲ τῶν Θεσσαλῶν καὶ ἅμα Βρασίδου τεθνεῶτος, ᾧπερ ἦγον
τὴν στρατιάν, ἀπετράποντο ἐπ' οἴκου, νομίσαντες οὐδένα
καιρὸν ἔτι εἶναι τῶν τε Ἀθηναίων ἥσσῃ ἀπεληλυθότων καὶ
οὐκ ἀξιόχρεων αὐτῶν ὄντων δρᾶν τι ὧν κἀκεῖνος ἐπενόει.
(5.13.2) μάλιστα δὲ ἀπῆλθον εἰδότες τοὺς Λακεδαιμονίους, ὅτε ἐξῇσαν,
πρὸς τὴν εἰρήνην μᾶλλον τὴν γνώμην ἔχοντας.
| [5,13] - Dès le début de l'hiver suivant, Rhamphias et ses officiers s'avancèrent
jusqu'aux monts Piérion en Thessalie. L'hostilité des habitants, la mort de
Brasidas, à qui était destiné ce renfort, les déterminèrent à faire demi-tour.
Ils pensaient que leur mission était désormais sans objet, puisque les Athéniens
vaincus s'étaient retirés ; d'ailleurs ils ne se sentaient pas en état
d'exécuter les desseins de Brasidas. Enfin, ce qui plus que tout les décida, ce
fut qu'au moment de leur départ les Lacédémoniens inclinaient visiblement vers
la paix et ils ne l'ignoraient pas.
| [5,14] ξυνέβη τε εὐθὺς μετὰ τὴν ἐν Ἀμφιπόλει μάχην καὶ τὴν
Ῥαμφίου ἀναχώρησιν ἐκ Θεσσαλίας ὥστε πολέμου μὲν
μηδὲν ἔτι ἅψασθαι μηδετέρους, πρὸς δὲ τὴν εἰρήνην μᾶλλον
τὴν γνώμην εἶχον, οἱ μὲν Ἀθηναῖοι πληγέντες ἐπί τε τῷ
Δηλίῳ καὶ δι' ὀλίγου αὖθις ἐν Ἀμφιπόλει, καὶ οὐκ ἔχοντες
τὴν ἐλπίδα τῆς ῥώμης πιστὴν ἔτι, ᾗπερ οὐ προσεδέχοντο
πρότερον τὰς σπονδάς, δοκοῦντες τῇ παρούσῃ εὐτυχίᾳ καθυπέρτεροι
(5.14.2) γενήσεσθαι· καὶ τοὺς ξυμμάχους ἅμα ἐδέδισαν
σφῶν μὴ διὰ τὰ σφάλματα ἐπαιρόμενοι ἐπὶ πλέον ἀποστῶσι,
μετεμέλοντό τε ὅτι μετὰ τὰ ἐν Πύλῳ καλῶς παρασχὸν οὐ
(5.14.3) ξυνέβησαν· οἱ δ' αὖ Λακεδαιμόνιοι παρὰ γνώμην μὲν ἀποβαίνοντος
σφίσι τοῦ πολέμου, ἐν ᾧ ᾤοντο ὀλίγων ἐτῶν
καθαιρήσειν τὴν τῶν Ἀθηναίων δύναμιν, εἰ τὴν γῆν τέμνοιεν,
περιπεσόντες δὲ τῇ ἐν τῇ νήσῳ ξυμφορᾷ, οἵα οὔπω ἐγεγένητο
τῇ Σπάρτῃ, καὶ λῃστευομένης τῆς χώρας ἐκ τῆς Πύλου καὶ
Κυθήρων, αὐτομολούντων τε τῶν Εἱλώτων καὶ αἰεὶ προσδοκίας
οὔσης μή τι καὶ οἱ ὑπομένοντες τοῖς ἔξω πίσυνοι
πρὸς τὰ παρόντα σφίσιν ὥσπερ καὶ πρότερον νεωτερίσωσιν.
(5.14.4) ξυνέβαινε δὲ καὶ πρὸς τοὺς Ἀργείους αὐτοῖς τὰς τριακοντούτεις
σπονδὰς ἐπ' ἐξόδῳ εἶναι, καὶ ἄλλας οὐκ ἤθελον σπένδεσθαι
οἱ Ἀργεῖοι εἰ μή τις αὐτοῖς τὴν Κυνουρίαν γῆν ἀποδώσει,
ὥστ' ἀδύνατα εἶναι ἐφαίνετο Ἀργείοις καὶ Ἀθηναίοις
ἅμα πολεμεῖν. τῶν τε ἐν Πελοποννήσῳ πόλεων ὑπώπτευόν
τινας ἀποστήσεσθαι πρὸς τοὺς Ἀργείους· ὅπερ καὶ ἐγένετο.
| [5,14] - Aussitôt après le combat d'Amphipolis et la retraite de Rhamphias de
Thessalie, les deux partis commencèrent à montrer de la répugnance pour
continuer la guerre ; ils désiraient vivement la paix. Les Athéniens, sous le
coup de l'échec de Délion et de la défaite toute récente d'Amphipolis, n'avaient
plus dans leur force cette confiance inébranlable qui leur avait fait refuser
naguère tout accommodement, quand ils s'imaginaient que leurs succès présents
assureraient à l'avenir leur supériorité ; ils craignaient d'ailleurs de voir
leurs revers provoquer chez leurs alliés de nouvelles défections et regrettaient
de n'avoir pas profité des circonstances favorables qui avaient suivi la prise
de Pylos pour conclure un accord avantageux. De leur côté les Lacédémoniens
voyaient la guerre dérouter leurs prévisions ; car ils avaient pensé qu'en
ravageant l'Attique, peu d'années leur suffiraient pour venir à bout de la
puissance d'Athènes. Or ils avaient subi à Sphaktérie un désastre comme Sparte
n'en avait jamais connu ; leur pays était exposé aux incursions de pirates
venant de Pylos ou de Cythère ; les Hilotes désertaient ; il était à craindre
que ceux de l'intérieur, obéissant aux suggestions de ceux du dehors, ne
profitassent des circonstances pour tenter quelque révolution, comme cela
s'était déjà vu. En outre la trêve de Trente Ans conclue avec les Argiens était
sur le point d'expirer et les Argiens se refusaient à en contracter une autre,
si on ne leur restituait pas la Kynurie. Les Lacédémoniens se trouvaient dans
l'impossibilité de mener la guerre en même temps contre les Argiens et les
Athéniens réunis. Enfin ils soupçonnaient que plusieurs villes du Péloponnèse
s'apprêtaient à embrasser le parti des Argiens. Ce qui effectivement se produisit.
| [5,15] Ταῦτ' οὖν ἀμφοτέροις αὐτοῖς λογιζομένοις ἐδόκει ποιητέα
εἶναι ἡ ξύμβασις, καὶ οὐχ ἧσσον τοῖς Λακεδαιμονίοις, ἐπιθυμίᾳ
τῶν ἀνδρῶν τῶν ἐκ τῆς νήσου κομίσασθαι· ἦσαν γὰρ
οἱ Σπαρτιᾶται αὐτῶν πρῶτοί τε καὶ ὁμοίως σφίσι ξυγγενεῖς.
(5.15.2) ἤρξαντο μὲν οὖν καὶ εὐθὺς μετὰ τὴν ἅλωσιν αὐτῶν
πράσσειν, ἀλλ' οἱ Ἀθηναῖοι οὔπως ἤθελον, εὖ φερόμενοι,
ἐπὶ τῇ ἴσῃ καταλύεσθαι. σφαλέντων δὲ αὐτῶν ἐπὶ τῷ
Δηλίῳ παραχρῆμα οἱ Λακεδαιμόνιοι, γνόντες νῦν μᾶλλον
ἂν ἐνδεξαμένους, ποιοῦνται τὴν ἐνιαύσιον ἐκεχειρίαν, ἐν ᾗ
ἔδει ξυνιόντας καὶ περὶ τοῦ πλέονος χρόνου βουλεύεσθαι.
| [5,15] - Ces réflexions, de part et d'autre, faisaient sentir la nécessité d'un
accord. Lacédémone surtout était acquise à cette solution, car elle désirait
vivement obtenir la restitution des prisonniers de l'île. Il se trouvait parmi
eux des Spartiates du premier rang, alliés aux plus puissantes familles. Dès
leur capture des pourparlers avaient été engagés pour leur délivrance. Mais les
Athéniens, enivrés de leurs succès, s'étaient refusés à accorder des conditions
équitables. Aussitôt après la défaite de Délion, les Lacédémoniens, devinant
qu'ils seraient plus traitables, avaient conclu avec eux la trêve de l'année,
qui devait être un point de départ en vue de pourparlers pour l'établissement
d'une paix de plus longue durée.
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