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| [5,7] ὁ δὲ Κλέων τέως μὲν ἡσύχαζεν, ἔπειτα ἠναγκάσθη ποιῆσαι ὅπερ 
ὁ Βρασίδας  προσεδέχετο. τῶν γὰρ στρατιωτῶν ἀχθομένων μὲν τῇ ἕδρᾳ,  
ἀναλογιζομένων δὲ τὴν ἐκείνου ἡγεμονίαν πρὸς οἵαν ἐμπειρίαν  
καὶ τόλμαν μετὰ οἵας ἀνεπιστημοσύνης καὶ μαλακίας γενήσοιτο 
καὶ οἴκοθεν ὡς ἄκοντες αὐτῷ ξυνῆλθον, αἰσθόμενος τὸν  
θροῦν καὶ οὐ βουλόμενος αὐτοὺς διὰ τὸ ἐν τῷ αὐτῷ καθημένους   
(5.7.3)  βαρύνεσθαι, ἀναλαβὼν ἦγεν. καὶ ἐχρήσατο τῷ τρόπῳ  
ᾧπερ καὶ ἐς τὴν Πύλον εὐτυχήσας ἐπίστευσέ τι φρονεῖν· ἐς  
μάχην μὲν γὰρ οὐδὲ ἤλπισέν οἱ ἐπεξιέναι οὐδένα, κατὰ θέαν  
δὲ μᾶλλον ἔφη ἀναβαίνειν τοῦ χωρίου, καὶ τὴν μείζω παρασκευὴν 
περιέμενεν, οὐχ ὡς τῷ ἀσφαλεῖ, ἢν ἀναγκάζηται,  
περισχήσων, ἀλλ' ὡς κύκλῳ περιστὰς βίᾳ αἱρήσων τὴν  
(5.7.4)   πόλιν. ἐλθών τε καὶ καθίσας ἐπὶ λόφου καρτεροῦ πρὸ τῆς  
Ἀμφιπόλεως τὸν στρατὸν αὐτὸς ἐθεᾶτο τὸ λιμνῶδες τοῦ  
Στρυμόνος καὶ τὴν θέσιν τῆς πόλεως ἐπὶ τῇ Θρᾴκῃ ὡς ἔχοι.  
(5.7.5)   ἀπιέναι τε ἐνόμιζεν, ὁπόταν βούληται, ἀμαχεί· καὶ γὰρ οὐδὲ  
ἐφαίνετο οὔτ' ἐπὶ τοῦ τείχους οὐδεὶς οὔτε κατὰ πύλας ἐξῄει,  
κεκλῃμέναι τε ἦσαν πᾶσαι. ὥστε καὶ μηχανὰς ὅτι οὐκ ἀνῆλθεν ἔχων, 
ἁμαρτεῖν ἐδόκει· ἑλεῖν γὰρ ἂν τὴν πόλιν διὰ τὸ ἐρῆμον.
 | [5,7] - Pendant quelque temps Cléon ne bougea pas, mais ensuite il se vit 
contraint de faire ce qu'attendait Brasidas. Les soldats athéniens étaient 
irrités de leur inaction ; ils calculaient à quelle expérience et à quelle 
audace l'ignorance et la pusillanimité de leur chef allaient se heurter. Ils se 
rappelaient la répugnance qu'ils avaient éprouvée à quitter leur pays pour venir 
combattre à ses côtés. Informé de ces rumeurs et ne voulant pas condamner ses 
hommes à une inaction qui les affligeait, Cléon leva le camp et porta ses 
troupes en avant. Il employa la tactique téméraire qui lui avait réussi à Pylos 
et lui avait inspiré une haute confiance dans ses capacités. Il ne pensait même 
pas qu 'on pût marcher à sa rencontre et, d'après ses dires, il montait en 
direction d'Amphipolis uniquement pour reconnaître le terrain ; s'il attendait 
du renfort, ce n'était pas pour s'assurer la certitude de la victoire, en cas 
d'engagement, mais simplement pour investir la place et l'emporter de vive 
force. Aussi s'avança-t-il et établit-il son camp sur une colline naturellement 
fortifiée, en face d'Amphipolis ; il alla, en personne, reconnaître le marécage 
formé par le Strymôn - et l'emplacement de la ville du côté de la Thrace. Il 
croyait pouvoir à son gré se retirer sans combat. De fait, on n'apercevait pas 
d'hommes sur les remparts, on ne voyait personne sortir des portes, qui toutes 
étaient fermées. Aussi regrettait-il de n'avoir point amené de machines, car la 
ville ainsi déserte fût tombée entre ses mains.
 |  | [5,8]  ὁ δὲ Βρασίδας εὐθὺς ὡς εἶδε κινουμένους  
τοὺς Ἀθηναίους, καταβὰς καὶ αὐτὸς ἀπὸ τοῦ Κερδυλίου  
(5.8.2)   ἐσέρχεται ἐς τὴν Ἀμφίπολιν. καὶ ἐπέξοδον μὲν καὶ ἀντίταξιν 
οὐκ ἐποιήσατο πρὸς τοὺς Ἀθηναίους, δεδιὼς τὴν αὑτοῦ  
παρασκευὴν καὶ νομίζων ὑποδεεστέρους εἶναι, οὐ τῷ πλήθει  
(ἀντίπαλα γάρ πως ἦν), ἀλλὰ τῷ ἀξιώματι (τῶν γὰρ Ἀθηναίων 
ὅπερ ἐστράτευε καθαρὸν ἐξῆλθε καὶ Λημνίων καὶ  
Ἰμβρίων τὸ κράτιστον), τέχνῃ δὲ παρεσκευάζετο ἐπιθησόμενος. 
(5.8.3) εἰ γὰρ δείξειε τοῖς ἐναντίοις τό τε πλῆθος καὶ τὴν  
ὅπλισιν ἀναγκαίαν οὖσαν τῶν μεθ' ἑαυτοῦ, οὐκ ἂν ἡγεῖτο  
μᾶλλον περιγενέσθαι ἢ ἄνευ προόψεώς τε αὐτῶν καὶ μὴ  
(5.8.4)   ἀπὸ τοῦ ὄντος καταφρονήσεως. ἀπολεξάμενος οὖν αὐτὸς  
πεντήκοντα καὶ ἑκατὸν ὁπλίτας καὶ τοὺς ἄλλους Κλεαρίδᾳ  
προστάξας ἐβουλεύετο ἐπιχειρεῖν αἰφνιδίως πρὶν ἀπελθεῖν  
τοὺς Ἀθηναίους, οὐκ ἂν νομίζων αὐτοὺς ὁμοίως ἀπολαβεῖν  
αὖθις μεμονωμένους, εἰ τύχοι ἐλθοῦσα αὐτοῖς ἡ βοήθεια.   
ξυγκαλέσας δὲ τοὺς πάντας στρατιώτας καὶ βουλόμενος  
παραθαρσῦναί τε καὶ τὴν ἐπίνοιαν φράσαι, ἔλεγε τοιάδε.  
 | [5,8] - Sitôt aperçu le mouvement des Athéniens, Brasidas délogea des hauteurs 
de Kerdylion et rentra dans Amphipolis. S'il se refusa à marcher à leur 
rencontre et à accepter le combat, c'est qu'il appréhendait la composition de 
ses troupes et qu'il les jugeait inférieures, non pas en nombre, car elles 
étaient à peu de chose près égales à celles des Athéniens, mais en qualité ; en 
effet l'armée athénienne était composée uniquement de citoyens et de troupes 
d'élite de Lemnos et d'Imbros ; il médita donc une attaque par ruse. S'il 
lassait voir à l'ennemi ses effectifs et leur armement de fortune, la victoire, 
pensait-il, serait plus difficile que s'il les dissimulait à leur vue et 
laissait les Athéniens les mépriser sans motifs. Il prit donc avec lui cent 
cinquante hoplites triés sur le volet, et laissa le reste à Kléaridas. Son plan 
était d'attaquer à l'improviste les Athéniens, avant qu'ils pussent se retirer ; 
il ne les trouverait plus, pensait-il, une autre fois pareillement réduits à 
eux-mêmes, quand ils auraient reçu des renforts. Il rassembla donc tous ses 
soldats pour les encourager et leur faire part de son dessein. Voici ce qu'il 
leur dit :
 |  | [5,9] ’Ἄνδρες Πελοποννήσιοι, ἀπὸ μὲν οἵας χώρας ἥκομεν, ὅτι  
αἰεὶ διὰ τὸ εὔψυχον ἐλευθέρας, καὶ ὅτι Δωριῆς μέλλετε Ἴωσι  
μάχεσθαι, ὧν εἰώθατε κρείσσους εἶναι, ἀρκείτω βραχέως  
(5.9.2)   δεδηλωμένον· τὴν δὲ ἐπιχείρησιν ᾧ τρόπῳ διανοοῦμαι  
ποιεῖσθαι, διδάξω, ἵνα μή τῳ τὸ κατ' ὀλίγον καὶ μὴ ἅπαντας  
(5.9.3)   κινδυνεύειν ἐνδεὲς φαινόμενον ἀτολμίαν παράσχῃ. τοὺς γὰρ  
ἐναντίους εἰκάζω καταφρονήσει τε ἡμῶν καὶ οὐκ ἂν ἐλπίσαντας 
ὡς ἂν ἐπεξέλθοι τις αὐτοῖς ἐς μάχην ἀναβῆναί τε  
πρὸς τὸ χωρίον καὶ νῦν ἀτάκτως κατὰ θέαν τετραμμένους  
(5.9.4)   ὀλιγωρεῖν. ὅστις δὲ τὰς τοιαύτας ἁμαρτίας τῶν ἐναντίων  
κάλλιστα ἰδὼν καὶ ἅμα πρὸς τὴν ἑαυτοῦ δύναμιν τὴν  
ἐπιχείρησιν ποιεῖται μὴ ἀπὸ τοῦ προφανοῦς μᾶλλον καὶ  
ἀντιπαραταχθέντος ἢ ἐκ τοῦ πρὸς τὸ παρὸν ξυμφέροντος,  
(5.9.5)   πλεῖστ' ἂν ὀρθοῖτο· καὶ τὰ κλέμματα ταῦτα καλλίστην δόξαν  
ἔχει ἃ τὸν πολέμιον μάλιστ' ἄν τις ἀπατήσας τοὺς φίλους  
(5.9.6)   μέγιστ' ἂν ὠφελήσειεν. ἕως οὖν ἔτι ἀπαράσκευοι θαρσοῦσι  
καὶ τοῦ ὑπαπιέναι πλέον ἢ τοῦ μένοντος, ἐξ ὧν ἐμοὶ φαίνονται,  
τὴν διάνοιαν ἔχουσιν, ἐν τῷ ἀνειμένῳ αὐτῶν τῆς γνώμης καὶ  
πρὶν ξυνταθῆναι μᾶλλον τὴν δόξαν, ἐγὼ μὲν ἔχων τοὺς μετ'  
ἐμαυτοῦ καὶ φθάσας, ἢν δύνωμαι, προσπεσοῦμαι δρόμῳ κατὰ  
(5.9.7)   μέσον τὸ στράτευμα· σὺ δέ, Κλεαρίδα, ὕστερον, ὅταν ἐμὲ  
ὁρᾷς ἤδη προσκείμενον καὶ κατὰ τὸ εἰκὸς φοβοῦντα αὐτούς,  
τοὺς μετὰ σεαυτοῦ τούς τ' Ἀμφιπολίτας καὶ τοὺς ἄλλους  
ξυμμάχους ἄγων αἰφνιδίως τὰς πύλας ἀνοίξας ἐπεκθεῖν καὶ  
(5.9.8)   ἐπείγεσθαι ὡς τάχιστα ξυμμεῖξαι. ἐλπὶς γὰρ μάλιστα αὐτοὺς  
οὕτω φοβηθῆναι· τὸ γὰρ ἐπιὸν ὕστερον δεινότερον τοῖς πολεμίοις
(5.9.9)  τοῦ παρόντος καὶ μαχομένου. καὶ αὐτός τε ἀνὴρ  
ἀγαθὸς γίγνου, ὥσπερ σε εἰκὸς ὄντα Σπαρτιάτην, καὶ ὑμεῖς,  
(5.9.9.3)   ὦ ἄνδρες ξύμμαχοι, ἀκολουθήσατε ἀνδρείως, καὶ νομίσατε   
<τρία> εἶναι τοῦ καλῶς πολεμεῖν τὸ ἐθέλειν καὶ τὸ αἰσχύνεσθαι 
 καὶ <τὸ> τοῖς ἄρχουσι πείθεσθαι, καὶ τῇδε ὑμῖν τῇ  
ἡμέρᾳ ἢ ἀγαθοῖς γενομένοις ἐλευθερίαν τε ὑπάρχειν καὶ Λακεδαιμονίων 
ξυμμάχοις κεκλῆσθαι, ἢ Ἀθηναίων τε δούλοις, ἢν  
τὰ ἄριστα ἄνευ ἀνδραποδισμοῦ ἢ θανατώσεως πράξητε, καὶ  
δουλείαν χαλεπωτέραν ἢ πρὶν εἴχετε, τοῖς δὲ λοιποῖς Ἕλλησι  
(5.9.10)   κωλυταῖς γενέσθαι ἐλευθερώσεως. ἀλλὰ μήτε ὑμεῖς μαλακισθῆτε, 
ὁρῶντες περὶ ὅσων ὁ ἀγών ἐστιν, ἐγώ τε δείξω οὐ παραινέσαι οἷός τε ὢν 
μᾶλλον τοῖς πέλας ἢ καὶ αὐτὸς ἔργῳ  ἐπεξελθεῖν.‘  
 | [5,9] - « Soldats péloponnésiens, vous venez d'un pays qui a toujours sauvegardé 
sa liberté par son courage ; vous êtes des Doriens et vous avez à combattre des 
Ioniens, dont vous avez si souvent triomphé. Voilà ce qu'il suffit de vous 
rappeler brièvement. Mais je veux aussi vous faire part de mon plan d'attaque, 
afin de vous rassurer et de vous réconforter, si vous éprouviez quelque 
appréhension, en ne me voyant engager qu'une partie de mes forces. J'ai de 
bonnes raisons de le croire, c'est par mépris pour nos troupes et parce qu'ils 
comptent que nul n'osera sortir à leur rencontre, que les Athéniens sont montés 
sur la hauteur où en désordre, tout occupés à reconnaître le terrain, ils sont 
sans méfiance. Discerner chez l'ennemi de pareilIes fautes, tenir compte de ses 
propres forces pour l'attaquer, non point à découvert et en bataille rangée, 
mais en tirant parti des circonstances, voilà, en règle générale, la condition 
du succès. Les plus glorieux stratagèmes sont ceux qui, en trompant parfaitement 
l'adversaire, se révèlent les plus utiles pour nos amis. L'ennemi est encore 
plein d'une confiance inconsidérée ; il songe plutôt, me semble-t-il, à se 
retirer qu'à s'installer ; eh bien ! je vais profiter de ce flottement dans ses 
desseins et, sans attendre qu'il ait pris une résolution ferme, je vais avec les 
hommes qui m'accompagnent et en le devançant, si je puis, foncer sur le centre 
de son armée. Pour toi, Kléaridas, quand tu me verras aux prises avec lui et 
vraisemblablement le jeter dans l'épouvante, prends avec toi le reste des 
hoplites, les Amphipolitains et les autres alliés, fais ouvrir les portes et te 
hâtant de sortir, empresse-toi de venir me rejoindre. Ton apparition ne manquera 
pas de les frapper d'effroi. Des troupes qui apparaissent au milieu du combat 
sont plus redoutables que celles qu'on a devant soi et avec lesquelles on a 
engagé la bataille. Montre toi-même toute la vaillance naturelle à un vrai 
Spartiate et vous, alliés, suivez-le avec courage. Soyez persuadés que pour bien 
combattre, trois conditions sont nécessaires : la décision, l'honneur, 
l'obéissance aux chefs. En ce jour, si vous montrez votre valeur, vous 
obtiendrez la liberté et le titre d'alliés de Lacédémone ; sinon vous deviendrez 
les esclaves des Athéniens ; en mettant les choses au mieux et en supposant que 
vous ne soyez ni vendus ni tués, vous subirez un esclavage que vous n'avez 
jamais connu et vous aurez été un obstacle à l'affranchissement des autres 
Grecs. Mais non ! en voyant l'enjeu de la bataille, vous ne faiblirez pas. Et 
moi-même, je vous ferai voir que, si je sais conseiller les autres, je sais tout 
aussi bien me comporter dans l'action ».
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