Texte grec :
[1,50] Τῆς δὲ τροπῆς γενομένης οἱ Κορίνθιοι τὰ σκάφη μὲν οὐχ εἷλκον
ἀναδούμενοι τῶν νεῶν ἃς καταδύσειαν, πρὸς δὲ τοὺς ἀνθρώπους ἐτράποντο
φονεύειν διεκπλέοντες μᾶλλον ἢ ζωγρεῖν, τούς τε αὑτῶν φίλους, οὐκ
ᾐσθημένοι ὅτι ἥσσηντο οἱ ἐπὶ τῷ δεξιῷ κέρᾳ, ἀγνοοῦντες ἔκτεινον. πολλῶν
γὰρ νεῶν οὐσῶν ἀμφοτέρων καὶ ἐπὶ πολὺ τῆς θαλάσσης ἐπεχουσῶν, ἐπειδὴ
ξυνέμειξαν ἀλλήλοις, οὐ ῥᾳδίως τὴν διάγνωσιν ἐποιοῦντο ὁποῖοι ἐκράτουν ἢ
ἐκρατοῦντο· ναυμαχία γὰρ αὕτη Ἕλλησι πρὸς Ἕλληνας νεῶν πλήθει
μεγίστη δὴ τῶν πρὸ αὑτῆς γεγένηται. ἐπειδὴ δὲ κατεδίωξαν τοὺς
Κερκυραίους οἱ Κορίνθιοι ἐς τὴν γῆν, πρὸς τὰ ναυάγια καὶ τοὺς νεκροὺς τοὺς
σφετέρους ἐτράποντο, καὶ τῶν πλείστων ἐκράτησαν ὥστε προσκομίσαι πρὸς
τὰ Σύβοτα, οἷ αὐτοῖς ὁ κατὰ γῆν στρατὸς τῶν βαρβάρων προσεβεβοηθήκει·
ἔστι δὲ τὰ Σύβοτα τῆς Θεσπρωτίδος λιμὴν ἐρῆμος. τοῦτο δὲ ποιήσαντες αὖθις
ἁθροισθέντες ἐπέπλεον τοῖς Κερκυραίοις. οἱ δὲ ταῖς πλωίμοις καὶ ὅσαι ἦσαν
λοιπαὶ μετὰ τῶν Ἀττικῶν νεῶν καὶ αὐτοὶ ἀντεπέπλεον, δείσαντες μὴ ἐς τὴν
γῆν σφῶν πειρῶσιν ἀποβαίνειν. ἤδη δὲ ἦν ὀψὲ καὶ ἐπεπαιάνιστο αὐτοῖς ὡς ἐς
ἐπίπλουν, καὶ οἱ Κορίνθιοι ἐξαπίνης πρύμναν ἐκρούοντο κατιδόντες εἴκοσι
ναῦς Ἀθηναίων προσπλεούσας, ἃς ὕστερον τῶν δέκα βοηθοὺς ἐξέπεμψαν οἱ
Ἀθηναῖοι, δείσαντες, ὅπερ ἐγένετο, μὴ νικηθῶσιν οἱ Κερκυραῖοι καὶ αἱ
σφέτεραι δέκα νῆες ὀλίγαι ἀμύνειν ὦσιν.
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Traduction française :
[1,50] L. - Après la déroute, les Corinthiens ne remorquèrent pas les coques des bâtiments
ayant des voies d'eau ; mais parcourant le lieu du combat ils cherchaient à massacrer les
équipages et non à les faire prisonniers. Ils ne distinguaient pas leurs propres alliés, car
ils ignoraient la défaite de l'aile droite. Comme les deux flottes étaient nombreuses et
qu'elles couvraient une grande surface, il était difficile, dans la confusion où elles se
trouvaient, de distinguer entre vainqueurs et vaincus. Par le nombre des vaisseaux, ce
combat entre Grecs fut le plus considérable qui eût été livré jusqu'alors. Les Corinthiens
poursuivirent les Corcyréens jusqu'à terre, puis ils rassemblèrent les débris des bâtiments
et leurs morts ; ils en recueillirent la plus grande partie qu'ils ramenèrent aux îles Sybota,
port désert de la Thesprotide où se trouvait l'armée des Barbares auxiliaires. Après quoi,
ils se rallièrent et cinglèrent contre les Corcyréens. Ceux-ci avec les bâtiments en état de
tenir la mer et ceux qui leur restaient, renforcés des navires athéniens, partirent à leur
rencontre, car ils craignaient une descente sur leur territoire. Il était déjà tard et on
commençait à chanter le péan, comme si la bataille allait s'engager, quand aussitôt
les Corinthiens se mirent à ramer sens arrière : ils avaient vu vingt vaisseaux athéniens
arriver dans leur direction ; c'étaient les vaisseaux qui après le départ des dix premiers
avaient été envoyés d'Athènes. On y avait craint, ce que les faits devaient confirmer, la
défaite des Corcyréens et l'insuffisance à les secourir des dix premiers navires.
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