Texte grec :
[1,138] βασιλεὺς δέ, ὡς λέγεται, ἐθαύμασέ τε αὐτοῦ τὴν διάνοιαν
καὶ ἐκέλευε ποιεῖν οὕτως. ὁ δ' ἐν τῷ χρόνῳ ὃν ἐπέσχε τῆς τε Περσίδος
γλώσσης ὅσα ἐδύνατο κατενόησε καὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων τῆς χώρας·
ἀφικόμενος δὲ μετὰ τὸν ἐνιαυτὸν γίγνεται παρ' αὐτῷ μέγας καὶ ὅσος οὐδείς
πω Ἑλλήνων διά τε τὴν προϋπάρχουσαν ἀξίωσιν καὶ τοῦ Ἑλληνικοῦ ἐλπίδα,
ἣν ὑπετίθει αὐτῷ δουλώσειν, μάλιστα δὲ ἀπὸ τοῦ πεῖραν διδοὺς ξυνετὸς φαίνεσθαι.
Ἦν γὰρ ὁ Θεμιστοκλῆς βεβαιότατα δὴ φύσεως ἰσχὺν δηλώσας καὶ
διαφερόντως τι ἐς αὐτὸ μᾶλλον ἑτέρου ἄξιος θαυμάσαι· οἰκείᾳ γὰρ ξυνέσει
καὶ οὔτε προμαθὼν ἐς αὐτὴν οὐδὲν οὔτ' ἐπιμαθών, τῶν τε παραχρῆμα δι'
ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων καὶ τῶν μελλόντων ἐπὶ πλεῖστον τοῦ
γενησομένου ἄριστος εἰκαστής· καὶ ἃ μὲν μετὰ χεῖρας ἔχοι, καὶ ἐξηγήσασθαι
οἷός τε, ὧν δ' ἄπειρος εἴη, κρῖναι ἱκανῶς οὐκ ἀπήλλακτο· τό τε ἄμεινον ἢ
χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἔτι προεώρα μάλιστα. καὶ τὸ ξύμπαν εἰπεῖν φύσεως μὲν
δυνάμει, μελέτης δὲ βραχύτητι κράτιστος δὴ οὗτος αὐτοσχεδιάζειν τὰ δέοντα
ἐγένετο. νοσήσας δὲ τελευτᾷ τὸν βίον· λέγουσι δέ τινες καὶ ἑκούσιον
φαρμάκῳ ἀποθανεῖν αὐτόν, ἀδύνατον νομίσαντα εἶναι ἐπιτελέσαι βασιλεῖ ἃ
ὑπέσχετο. μνημεῖον μὲν οὖν αὐτοῦ ἐν Μαγνησίᾳ ἐστὶ τῇ Ἀσιανῇ ἐν τῇ ἀγορᾷ·
ταύτης γὰρ ἦρχε τῆς χώρας, δόντος βασιλέως αὐτῷ Μαγνησίαν μὲν ἄρτον, ἣ
προσέφερε πεντήκοντα τάλαντα τοῦ ἐνιαυτοῦ, Λάμψακον δὲ οἶνον (ἐδόκει
γὰρ πολυοινότατον τῶν τότε εἶναι), Μυοῦντα δὲ ὄψον. τὰ δὲ ὀστᾶ φασὶ
κομισθῆναι αὐτοῦ οἱ προσήκοντες οἴκαδε κελεύσαντος ἐκείνου καὶ τεθῆναι
κρύφα Ἀθηναίων ἐν τῇ Ἀττικῇ· οὐ γὰρ ἐξῆν θάπτειν ὡς ἐπὶ προδοσίᾳ
φεύγοντος. τὰ μὲν κατὰ Παυσανίαν τὸν Λακεδαιμόνιον καὶ Θεμιστοκλέα τὸν
Ἀθηναῖον, λαμπροτάτους γενομένους τῶν καθ' ἑαυτοὺς Ἑλλήνων, οὕτως
ἐτελεύτησεν.
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Traduction française :
[1,138] CXXXVIII. - Le Roi, dit-on, admira la résolution de Thémistocle et accepta ses propositions.
Thémistocle, pendant son année d'attente, apprit, autant qu'il put, la langue perse et s'initia aux
usages du pays. Un an après, il vint à la cour du Roi et y acquit une considération et une autorité que
n'avait jamais eues aucun Grec ; il les devait à l'estime dont il avait joui précédemment, à l'espoir qu'il
avait fait naître chez le Roi de lui soumettre le monde grec et surtout aux preuves manifestes de son
intelligence. Car Thémistocle, qui avait montré toute la puissance de ses dons naturels, provoquait
particulièrement sur ce point l'admiration. Ses qualités d'intuition, sans l'aide d'aucune étude préalable
ou subséquente, le mettaient à même de juger excellemment, sans longue réflexion, des
circonstances présentes ; quant à l'avenir, il en prévoyait merveilleusement les conséquences les plus
lointaines. Pour les problèmes qui lui étaient familiers, il excellait à les exposer en détail ; pour ceux
qui lui étaient étrangers, il était capable d'en juger d'une manière suffisante. Il discernait parfaitement
le fort et le faible des questions encore obscures. En bref, par ses dons naturels et la promptitude de
son intelligence, il trouvait sur-le-champ, pour tous les sujets, la solution adéquate. Il tomba malade et
mourut. Quelques-uns prétendent même qu'il s'empoisonna volontairement, parce qu'il ne se sentait
pas en état d'accomplir les promesses qu'il avait faites au Roi. Son tombeau se trouve à Magnésie
d'Asie, sur la place publique. Il gouvernait cette contrée, le Roi lui ayant donné Magnésie pour son
pain - ville qui rapportait annuellement cinquante talents -, Lampsacos pour son vin - territoire qui
passait alors pour le plus riche vignoble - et Myunte pour sa table. On dit que, selon ses volontés, ses
parents rapportèrent ses ossements dans sa patrie et qu'ils furent inhumés, à l'insu des Athéniens, en
Attique. L'inhumation en était interdite, car il avait été banni pour trahison. Ainsi finirent le
Lacédémonien Pausanias et l'Athénien Thémistocle (112), les hommes les plus éminents de leur temps.
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