Texte grec :
[1,10] Καὶ ὅτι μὲν Μυκῆναι μικρὸν ἦν, ἢ εἴ τι τῶν τότε πόλισμα νῦν μὴ
ἀξιόχρεων δοκεῖ εἶναι, οὐκ ἀκριβεῖ ἄν τις σημείῳ χρώμενος ἀπιστοίη μὴ
γενέσθαι τὸν στόλον τοσοῦτον ὅσον οἵ τε ποιηταὶ εἰρήκασι καὶ ὁ λόγος
κατέχει. Λακεδαιμονίων γὰρ εἰ ἡ πόλις ἐρημωθείη, λειφθείη δὲ τά τε ἱερὰ καὶ
τῆς κατασκευῆς τὰ ἐδάφη, πολλὴν ἂν οἶμαι ἀπιστίαν τῆς δυνάμεως
προελθόντος πολλοῦ χρόνου τοῖς ἔπειτα πρὸς τὸ κλέος αὐτῶν εἶναι (καίτοι
Πελοποννήσου τῶν πέντε τὰς δύο μοίρας νέμονται, τῆς τε ξυμπάσης
ἡγοῦνται καὶ τῶν ἔξω ξυμμάχων πολλῶν· ὅμως δὲ οὔτε ξυνοικισθείσης
πόλεως οὔτε ἱεροῖς καὶ κατασκευαῖς πολυτελέσι χρησαμένης, κατὰ κώμας δὲ
τῷ παλαιῷ τῆς Ἑλλάδος τρόπῳ οἰκισθείσης, φαίνοιτ' ἂν ὑποδεεστέρα),
Ἀθηναίων δὲ τὸ αὐτὸ τοῦτο παθόντων διπλασίαν ἂν τὴν δύναμιν εἰκάζεσθαι
ἀπὸ τῆς φανερᾶς ὄψεως τῆς πόλεως ἢ ἔστιν. οὔκουν ἀπιστεῖν εἰκός, οὐδὲ τὰς
ὄψεις τῶν πόλεων μᾶλλον σκοπεῖν ἢ τὰς δυνάμεις, νομίζειν δὲ τὴν στρατείαν
ἐκείνην μεγίστην μὲν γενέσθαι τῶν πρὸ αὑτῆς, λειπομένην δὲ τῶν νῦν, τῇ
Ὁμήρου αὖ ποιήσει εἴ τι χρὴ κἀνταῦθα πιστεύειν, ἣν εἰκὸς ἐπὶ τὸ μεῖζον μὲν
ποιητὴν ὄντα κοσμῆσαι, ὅμως δὲ φαίνεται καὶ οὕτως ἐνδεεστέρα. πεποίηκε
γὰρ χιλίων καὶ διακοσίων νεῶν τὰς μὲν Βοιωτῶν εἴκοσι καὶ ἑκατὸν ἀνδρῶν,
τὰς δὲ Φιλοκτήτου πεντήκοντα, δηλῶν, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, τὰς μεγίστας καὶ
ἐλαχίστας· ἄλλων γοῦν μεγέθους πέρι ἐν νεῶν καταλόγῳ οὐκ ἐμνήσθη.
αὐτερέται δὲ ὅτι ἦσαν καὶ μάχιμοι πάντες, ἐν ταῖς Φιλοκτήτου ναυσὶ
δεδήλωκεν· τοξότας γὰρ πάντας πεποίηκε τοὺς προσκώπους. περίνεως δὲ
οὐκ εἰκὸς πολλοὺς ξυμπλεῖν ἔξω τῶν βασιλέων καὶ τῶν μάλιστα ἐν τέλει,
ἄλλως τε καὶ μέλλοντας πέλαγος περαιώσεσθαι μετὰ σκευῶν πολεμικῶν,
οὐδ' αὖ τὰ πλοῖα κατάφαρκτα ἔχοντας, ἀλλὰ τῷ παλαιῷ τρόπῳ
λῃστικώτερον παρεσκευασμένα. πρὸς τὰς μεγίστας δ' οὖν καὶ ἐλαχίστας
ναῦς τὸ μέσον σκοποῦντι οὐ πολλοὶ φαίνονται ἐλθόντες, ὡς ἀπὸ πάσης τῆς
Ἑλλάδος κοινῇ πεμπόμενοι.
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Traduction française :
[1,10] X. - S'appuyer sur le fait que Mycènes était petite et que son importance ne semble pas
alors égaler celle de telle autre ville serait invoquer un argument insuffisant, trompeur,
pour refuser de croire que l'expédition de Troie n'eut pas l'importance que les poètes et la
tradition lui ont reconnue. Admettons que la ville des Lacédémoniens soit détruite et que
subsistent seulement les temples et les fondations des constructions de toute sorte, la
postérité, longtemps après, mettrait vivement en doute que la puissance des
Lacédémoniens a égalé leur renommée. Pourtant ceux-ci, sur les cinq parties du
Péloponnèse, en habitent deux ; ils commandent au Péloponnèse enter et à de nombreux
alliés au dehors ; néanmoins, comme leur ville n'est pas bâtie pour former un
ensemble, comme elle ne montre ni temples ni constructions magnifiques, comme les
habitants sont dispersés en bourgades selon l'antique habitude de l'Hellade, elle paraîtrait
inférieure à sa réputation ; en revanche, si Athènes subissait le même sort, à en juger sur
t'apparence, on lui attribuerait une puissance double de celle qu'elle a réellement. Il ne
convient donc pas de se montrer sceptique ; c'est plutôt la puissance réelle des cités que
leur aspect extérieur qu'il faut avoir en vue ; et il faut, tout en pensant que cette expédition
a été plus importante que celles qui l'ont précédée, estimer qu'elle est inférieure à celles
d'aujourd'hui. Si l'on doit ici encore accorder quelque confiance au poème d'Homère,
que tout naturellement il a orné et embelli, en poète qu'il était, l'infériorité de cette
expédition n'est pas moins visible. En effet, sur les douze cents vaisseaux il a représenté
ceux des Béotiens comme portant cent vingt hommes et ceux de Philoctète cinquante ; il
a voulu indiquer, à ce qu'il me semble, ce qu'étaient les plus grands et les plus petits ;
aussi n'a-t-il pas fait mention dans le Catalogue de l'importance des autres. Parlant des
vaisseaux de Philoctète, il a montré que tous les hommes étaient à la fois rameurs et
combattants ; car il a fait de tous ceux qui maniaient la rame des archers. II n'est pas
vraisemblable qu'il y ait eu beaucoup de passagers à proprement parler, en dehors des
rois et de ceux qui occupaient des charges importantes ; d'autant plus que les Grecs
devaient traverser la mer avec un matériel de guerre et qu'ils n'avaient pas de vaisseaux
protégés, puisqu'ils étaient équipés comme ceux des anciens pirates. A envisager les
plus grands et les plus petits navires et à faire la moyenne, cette expédition fut, semble-t-
il, peu nombreuse, si l'on songe qu'elle fut envoyée en commun par la Grèce entière.
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