[2,5] Ὥστε ἀσύμφωνός ἐστιν ἡ γνώμη κατὰ τοὺς φιλοσόφους καὶ συγγράφεις. Τούτων γὰρ ταῦτα ἀποφηναμένων, εὑρίσκεται ὁ ποιητὴς Ὅμηρος ἑτέρᾳ ὑποθέσει εἰσάγων γένεσιν οὐ μόνον κόσμου ἀλλὰ καὶ θεῶν. Φησὶν γάρ που·
Ὠκεανόν τε, θεῶν γένεσιν, καὶ μητέρα Τηθύν,
ἐξ οὗ δὴ πάντες ποταμοὶ καὶ πᾶσα θάλασσα.
Ἃ δὴ λέγων οὐκ ἔτι θεὸν συνιστᾷ. Τίς γὰρ οὐκ ἐπίσταται τὸν Ὠκεανὸν ὕδωρ εἶναι; εἰ δὲ ὕδωρ, οὐκ ἄρα θεός. Ὁ δὲ θεός, εἰ τῶν ὅλων ποιητής ἐστιν, καθὼς καὶ ἔστιν, ἄρα καὶ τοῦ ὕδατος καὶ τῶν θαλασσῶν κτίστης ἐστίν.
Ἡσίοδος δὲ καὶ αὐτὸς οὐ μόνον θεῶν γένεσιν ἐξεῖπεν, ἀλλὰ καὶ αὐτοῦ τοῦ κόσμου. Καὶ τὸν μὲν κόσμον γενητὸν εἰπὼν ἠτόνησεν εἰπεῖν ὑφ' οὗ γέγονεν. Ἔτι μὴν καὶ θεοὺς ἔφησεν Κρόνον καὶ τὸν ἐξ αὐτοῦ Δία, Ποσειδῶνά τε καὶ Πλούτωνα, καὶ τούτους μεταγενεστέρους εὑρίσκομεν τοῦ κόσμου. Ἔτι δὲ καὶ τὸν Κρόνον πολεμεῖσθαι ὑπὸ τοῦ Διὸς τοῦ ἰδίου παιδὸς ἱστορεῖ. Οὕτως γάρ φησιν·
Κάρτεϊ νικήσας πατέρα Κρόνον· εὖ δὲ ἕκαστα
ἀθανάτοις διέταξεν ὅμως καὶ ἐπέφραδε τιμάς.
Εἶτα ἐπιφέρει λέγων τὰς τοῦ Διὸς θυγατέρας, ἃς καὶ Μούσας προσαγορεύει, ὧν ἱκέτης εὑρίσκεται βουλόμενος μαθεῖν παρ' αὐτῶν τίνι τρόπῳ τὰ πάντα γεγένηται. Λέγει γάρ·
Χαίρετε, τέκνα Διός, δότε δ' ἱμερόεσσαν ἀοιδήν.
κλείετε δ' ἀθανάτων μακάρων γένος αἰὲν ἐόντων,
οἳ γῆς ἐξεγένοντο καὶ οὐρανοῦ ἀστερόεντος,
νυκτός τε δνοφερῆς, οὓς ἁλμυρὸς ἔτρεφε πόντος.
Εἴπατε δ' ὡς τὰ πρῶτα θεοὶ καὶ γαῖα γένοντο,
καὶ ποταμοὶ καὶ πόντος ἀπείριτος, οἴδματι θύων,
ἄστρα τε λαμπετόωντα καὶ οὐρανὸς εὐρὺς ὕπερθεν,
ὥς τ' ἄφενος δάσσαντο καὶ ὡς τιμὰς διέλοντο,
ἠδὲ καὶ ὡς τὰ πρῶτα πολύπτυχον ἔσχον Ὄλυμπον.
Ταῦτά μοι ἔσπετε Μοῦσαι Ὀλύμπια δώματ' ἔχουσαι
ἐξ ἀρχῆς, καὶ εἴπαθ' ὅ τι πρῶτον γένετ' αὐτῶν.
Πῶς δὲ ταῦτα ἠπίσταντο αἱ Μοῦσαι, μεταγενέστεραι οὖσαι τοῦ κόσμου; ἢ πῶς ἠδύναντο διηγήσασθαι τῷ Ἡσιόδῳ, ὅπου δὴ ὁ πατὴρ αὐτῶν οὔπω γεγένηται;
| [2,5] Les philosophes et les poètes ne s'accordent point entre eux : vous venez de voir ce que disent les philosophes, et voici qu'Homère s'efforce de vous expliquer, d'une autre manière, l'origine du monde et celle des dieux :
"L'océan, dit-il, d'où sortent les mers et les fleuves, est le père des dieux, et Thétys est leur mère."
Ainsi parle Homère ; mais ces paroles ne peuvent désigner un Dieu. Qui ne sait pas que l'océan n'est qu'une étendue d'eau ? Et s'il n'est que de l'eau, il ne peut être Dieu. Car Dieu est le créateur de toutes choses, et par conséquent, il a aussi créé l'eau et les mers.
Hésiode explique aussi non-seulement l'origine des dieux, mais encore celle du monde. Il dit bien que le monde a été créé, mais il ne peut dire quel est son auteur. En outre, il a considéré comme dieux Saturne et ses enfants Jupiter, Neptune et Pluton, que nous savons être postérieurs au monde. II raconte que Saturne fut vaincu par Jupiter, son propre fils ; c'est ainsi qu'il s'exprime :
"Après avoir triomphé, par son courage, de Saturne son père ; il régla chaque, chose selon les lois éternelles, et distribua les honneurs."
Il parle encore des filles de Jupiter, appelées Muses, et il les supplie de vouloir bien lui apprendre comment toutes choses ont été faites. Voici ses paroles :
"Salut, filles de Jupiter, inspirez-moi des chants agréables ! Célébrez la race sacrée des immortels qui sont issus de la terre, du ciel étoilé, de la nuit ténébreuse, et que la mer a nourris. Apprenez-moi comment sont nés les dieux et la terre, les fleuves et l'immense océan ; comment sont nés les astres brillants et le ciel qui s'étend au-dessus de nos têtes ; comment, de ceux-ci, sont sortis les dieux qui répandent sur nous leurs bienfaits ; comment ils ont divisé et partagé les honneurs et les richesses ; comment ils ont pu occuper le ciel ; embarrassé au commencement de tant de sphères. Apprenez-moi tout cela, ô Muses, vous qui habitez le séjour céleste depuis le commencement, et dites-moi quelle est la première origine de tous ces êtres."
Mais comment les Muses auraient-elle pu le lui apprendre, puisqu'elles sont postérieures au monde ? Et comment auraient-elles pu raconter à Hésiode des choses qui s'étaient passées avant la naissance de leur père ?
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