[2,22] Ἐρεῖς οὖν μοι· “Σὺ φῂς τὸν θεὸν ἐν τόπῳ μὴ δεῖν χωρεῖσθαι, καὶ πῶς νῦν λέγεις αὐτὸν ἐν τῷ παραδείσῳ περιπατεῖν;” Ἄκουε ὅ φημι. Ὁ μὲν θεὸς καὶ πατὴρ τῶν ὅλων ἀχώρητός ἐστιν καὶ ἐν τόπῳ οὐχ εὑρίσκεται· <οὐ> γάρ <ἐστιν τόπος τῆς καταπαύσεως αὐτοῦ>. Ὁ δὲ λόγος αὐτοῦ, δι' οὗ τὰ πάντα πεποίηκεν, <δύναμις> ὢν <καὶ σοφία> αὐτοῦ, ἀναλαμβάνων τὸ πρόσωπον τοῦ πατρὸς καὶ κυρίου τῶν ὅλων, οὗτος παρεγένετο εἰς τὸν παράδεισον ἐν προσώπῳ τοῦ θεοῦ καὶ ὡμίλει τῷ Ἀδάμ. Καὶ γὰρ αὐτὴ ἡ θεία γραφὴ διδάσκει ἡμᾶς τὸν Ἀδὰμ λέγοντα τῆς φωνῆς ἀκηκοέναι. Φωνὴ δὲ τί ἄλλο ἐστὶν ἀλλ' ἢ ὁ λόγος ὁ τοῦ θεοῦ, ὅς ἐστιν καὶ υἱὸς αὐτοῦ; οὐχ ὡς οἱ ποιηταὶ καὶ μυθογράφοι λέγουσιν υἱοὺς θεῶν ἐκ συνουσίας γεννωμένους, ἀλλὰ ὡς ἀλήθεια διηγεῖται τὸν λόγον τὸν ὄντα διὰ παντὸς ἐνδιάθετον ἐν καρδίᾳ θεοῦ. Πρὸ γάρ τι γίνεσθαι τοῦτον εἶχεν σύμβουλον, ἑαυτοῦ νοῦν καὶ φρόνησιν ὄντα. Ὁπότε δὲ ἠθέλησεν ὁ θεὸς ποιῆσαι ὅσα ἐβουλεύσατο, τοῦτον τὸν λόγον ἐγέννησεν προφορικόν, <πρωτότοκον πάσης κτίσεως>, οὐ κενωθεὶς αὐτὸς τοῦ λόγου, ἀλλὰ λόγον γεννήσας καὶ τῷ λόγῳ αὐτοῦ διὰ παντὸς ὁμιλῶν. Ὅθεν διδάσκουσιν ἡμᾶς αἱ ἅγιαι γραφαὶ καὶ πάντες οἱ πνευματοφόροι, ἐξ ὧν Ἰωάννης λέγει·
“Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν·”
δεικνὺς ὅτι ἐν πρώτοις μόνος ἦν ὁ θεὸς καὶ ἐν αὐτῷ ὁ λόγος. Ἔπειτα λέγει· “
Καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος· πάντα δι' αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδέν.”
Θεὸς οὖν ὢν ὁ λόγος καὶ ἐκ θεοῦ πεφυκώς, ὁπόταν βούληται ὁ πατὴρ τῶν ὅλων, πέμπει αὐτὸν εἴς τινα τόπον, ὃς παραγινόμενος καὶ ἀκούεται καὶ ὁρᾶται, πεμπόμενος ὑπ' αὐτοῦ καὶ ἐν τόπῳ εὑρίσκεται.
| [2,22] Vous me direz peut-être : comment pouvez-vous maintenant nous présenter Dieu se promenant dans le paradis, vous qui disiez tout à l'heure qu'il ne pouvait être renfermé dans aucun lieu ? Écoutez ma réponse : sans doute, le Dieu suprême, le Père de toutes choses, n'est et ne peut être renfermé dans aucun lieu ; car il n'en est aucun qui le circonscrive. Mais son Verbe, par lequel il a tout fait, et qui est à la fois sa vertu et sa sagesse ; son Verbe, dis-je, représentant le Père et maître de toutes choses, venait dans le paradis, comme personne divine, et conversait avec Adam. L'Ecriture elle-même nous apprend, en effet, qu'Adam entendit une voix. Or, que pouvait être cette voix, si ce n'est le Verbe de Dieu, qui est aussi son Fils ; non point qu'il ait été engendré d'une manière charnelle, ainsi que les poètes nous représentent les enfants de leurs dieux, mais il a toujours été dans le sein de son Père, ainsi que la vérité nous le raconte ; il est de toute éternité son conseil, bien avant toutes choses, puisqu'il est sa pensée et sa sagesse. Lorsqu'ensuite Dieu voulut créer, ainsi qu'il l'avait résolu, il engendra son Verbe, émané de lui et antérieur à toute créature. Cependant il ne se priva point lui-même de son Verbe, mais il l'engendra de telle sorte qu'il fût toujours avec lui. Voilà ce que nous enseignent les saintes Écritures, et tous ceux qui ont été inspirés du Saint-Esprit, parmi lesquels saint Jean s'exprime ainsi :
"Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu."
Il nous montre, par ces paroles, que Dieu existait seul au commencement, et que son Verbe était avec lui. Puis il ajoute :
"Et le Verbe était Dieu ; toutes choses ont été faites par lui, et rien n'a été fait sans lui."
Ainsi donc le Verbe étant Dieu et engendré de Dieu, peut être envoyé par le Père de toutes choses dans un lieu quelconque, selon son bon plaisir ; et lorsqu'il y est, on le voit, on l'entend, et il est véritablement présent dans ce lieu.
|