[10] Μεταμόρφωσις ἀνθρώποις μεμυθολόγηται· μεταμορφοῦνται δὲ παρ' ὑμῖν καὶ οἱ θεοί. Δένδρον ἡ Ῥέα γίνεται, δράκων δὲ ὁ Ζεὺς διὰ τὴν Φερσέφασσαν, αἴγειροί τε αἱ τοῦ Φαέθοντος ἀδελφαὶ καὶ ἡ Λητὼ ζῶον εὐτελές, δι' ἣν Ὀρτυγία ∆ῆλος ἡ νῦν κέκληται. Θεός, εἰπέ μοι, κύκνος γίνεται καὶ τὴν ἀετοῦ μορφὴν ἀναλαμβάνει καὶ δι' οἰνοχοΐαν τοῦ Γανυμήδους τὴν παιδεραστίαν σεμνύνεται; Τί μοι σέβειν θεοὺς δωρολήπτας καὶ ὀργιζομένους ἂν μὴ λάβωσιν; Ἐχέτωσαν οὗτοι τὴν εἱμαρμένην· τοὺς πλανήτας προσκυνεῖν οὐ βούλομαι. Τίς ἐστιν ὁ Βερενίκης πλόκαμος; Ποῦ δὲ οἱ ἀστέρες αὐτῆς πρὶν τὴν προειρημένην ἀποθανεῖν; Πῶς δὲ ὁ τεθνεὼς Ἀντίνοος μειράκιον ὡραῖον ἐν τῇ σελήνῃ καθίδρυται; Τίς ὁ ἀναβιβάσας αὐτόν, εἰ μήτι καὶ τοῦτον ὡς τοὺς βασιλέας μισθοῦ δι' ἐπιορκίας τις τοῦ θεοῦ καταγελῶν εἰς τὸν οὐρανὸν ἀνεληλυθέναι φήσας πεπίστευται κᾆτα τὸν ὅμοιον θεολογήσας τιμῆς καὶ δωρεᾶς ἠξίωται; Τί μου τὸν θεὸν σεσυλήκατε; Τί δὲ αὐτοῦ τὴν ποίησιν ἀτιμάζετε; Θύεις πρόβατον, τὸ δ' αὐτὸ καὶ προσκυνεῖς· ταῦρός ἐστιν ἐν οὐρανῷ, καὶ τὴν εἰκόνα σφάττεις αὐτοῦ. Ζῶον πονηρὸν ὁ Ἐν γόνασιν ἐκθλίβει· καὶ ὁ τὸν ἀνθρωποποιὸν Προμηθέα καταφαγὼν ἀετὸς τετίμηται. Καλὸς ὁ κύκνος, ὅτι μοιχὸς ἦν· καλοὶ δὲ καὶ ἑτεροήμεροι ∆ιόσκοροι τῶν Λευκιππίδων οἱ ἁρπασταί. Κρείττων ἡ Ἑλένη τὸν μὲν κάρη ξανθὸν Μενέλαον καταλιποῦσα, τῷ δὲ μιτρηφόρῳ καὶ πολυχρύσῳ Πάριδι κατακολουθοῦσα. Δίκαιος καὶ σώφρων ὁ τὴν ἐκπορνεύσασαν εἰς Ἠλύσια πεδία μετατεθεικώς. Ἀλλ' οὐδὲ ἡ Τυνδαρὶς ἀπηθανάτισται, καὶ σοφῶς ὁ Εὐριπίδης ὑπὸ Ὀρέστου τῆς προειρημένης γυναικὸς τὴν ἀναίρεσιν παρεισήγαγε.
| [10] X. — On a imaginé cette fable que les hommes peuvent subir des
métamorphoses; mais, d’après vous, ce sont les dieux eux-mêmes qui
se métamorphosent aussi. Rhéa devient arbre, Zeus serpent, à cause
de Pherséphassa, les sœurs de Phaéton, peupliers, et Latone un vil
oiseau; de là le nom d’Ortygie, donné à l’île qui s’appelle maintenant
Délos. Ainsi dites-moi, un Dieu devient cygne, prend la forme d’un aigle,
et faisait de Ganymède son échanson, étale ses amours infâmes.
Qu’ai-je à faire d’adorer des dieux qui reçoivent des présents et s’irritent
si on ne leur en fait pas? Qu’ils gardent leur fatalité; je ne veux pas
adorer les planètes. Qu’est-ce que la boucle de cheveux de Bérénice?
Où étaient les astres qui la composent, avant la mort de cette reine?
Comment, après sa mort, Antinoüs, sous la forme d’un beau jeune
homme, a-t-il été placé dans la Lune? Qui donc l’y a fait monter? à
moins que pour lui, comme pour les souverains, il ne se soit trouvé
quelqu’un qui, se parjurant à prix d’argent et se riant des dieux, ait
prétendu l’avoir vu monter au ciel, ait été cru sur parole, et, ayant ainsi
divinisé son semblable, ait reçu honneurs et récompenses. Pourquoi
me dérobez-vous mon Dieu? Pourquoi déshonorez-vous sa création?
Vous immolez le bélier et vous l’adorez; le taureau est dans le ciel, et
vous égorgez son image. L’Agenouillé foule aux pieds un animal
méchant; et l’aigle qui a dévoré Prométhée, fabricateur des hommes,
reçoit vos honneurs. Le cygne est admirable, puisqu’il fut adultère; ils
sont admirables aussi, les Dioscures, qui vivent un jour chacun, et qui
ont ravi les filles de Leucippe! Hélène vaut encore mieux, qui
abandonna le blond Ménélas pour suivre Pâris, le riche porteur de
mitre! Celui qui a placé cette courtisane dans les Champs-Elysées était
juste et sage! Mais non, la fille de Tyndare n’est pas plus que les
autres devenue immortelle, et c’est avec raison qu’Euripide nous a
représenté Oreste la mettant à mort.
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