| [1] ΠΕΡΙ ΕΝΥΠΝΙΩΝ.
Εἰ δέ εἰσιν ὕπνοι προφῆται, καὶ τὰ ὄναρ θεάματα τοῖς
ἀνθρώποις ὀρέγουσι τῶν ὕπαρ ἐσομένων αἰνίγματα, σοφοὶ 
μὲν ἂν εἶεν, σαφεῖς δὲ οὐκ ἂν εἶεν, ἢ σοφὸν αὐτῶν καὶ
τὸ μὴ σαφές·
κρύψαντες γὰρ ἔχουσι θεοὶ βίον ἀνθρώποισιν.
ἀπόνως μέν γε τῶν μεγίστων τυγχάνειν θεῖόν ἐστιν ἀγαθόν·
ἀνθρώποις δὲ οὐκ ἄρα ἀρετῆς μόνον, ἀλλὰ καὶ πάντων καλῶν
ἱδρῶτα θεοὶ προπάροιθεν ἔθηκαν·
μαντεία δὲ ἀγαθῶν ἂν εἴη τὸ μέγιστον· τῷ μὲν γὰρ εἰδέναι,
καὶ ὅλως τῷ γνωστικῷ τῆς δυνάμεως, θεός τε ἀνθρώπου καὶ
ἄνθρωπος διαφέρει θηρίου. ἀλλὰ θεῷ μὲν εἰς τὸ γινώσκειν
ἡ φύσις ἀρκεῖ· ἀπὸ δὲ μαντείας ἀνθρώπῳ πολλαπλάσιον
παραγίνεται τοῦ τῇ κοινῇ φύσει προσήκοντος. ὁ γὰρ πολὺς
τὸ παρὸν μόνον οἶδε, περὶ δὲ τοῦ μήπω γενομένου στοχάζεται· 
ὁ δὲ Κάλχας εἷς ἄρα ἐν ἐκκλησίᾳ τῶν Πανελλήνων
μόνος ἠπίστατο,
τά τ´ ἐόντα, τά τ´ ἐσσόμενα, πρό τ´ ἐόντα,
καὶ Ὁμήρῳ δὲ ἄρα διὰ τοῦτο τῆς τοῦ Διὸς γνώμης
ἐξῆπται τὰ τῶν θεῶν πράγματα, ὅτι
πρότερος γεγόνει καὶ πλείονα οἶδεν, 
αὐτῷ δήπου τῷ πρεσβύτερος εἶναι. καὶ γὰρ τὴν ἡλικίαν
εἰς τοῦτο οἶμαι συντείνειν τοῖς ἔπεσιν, ὅτι συμβαίνει διὰ
τὸν χρόνον πλείω γινώσκειν, ἐπεὶ τὸ γινώσκειν ἦν ἄρα
τὸ τιμιώτατον. εἰ δέ τις ὑφ´ ἑτέρων ἐπῶν ἀναπείθεται τὴν
ἡγεμονίαν τοῦ Διὸς χειρῶν ἰσχὺν εἶναι λογίζεσθαι, ὅτι, φησί,
βίῃ δ´ ὅγε φέρτερος ἦεν,
οὗτος φορτικῶς ὡμίλησε τῇ ποιήσει, καὶ ἀνήκοός ἐστι τῆς
κατ´ αὐτὴν φιλοσοφίας, τοὺς θεοὺς οὐδὲν ἄλλο ἢ νοῦς
λεγούσης. ταύτῃ τοι προσπερονᾷ πάλιν τῷ κατ´ ἀλκὴν
περιεῖναι, τὸ καὶ γενεῇ πρότερος, τὸν Δία νοῦν λέγων
ἀρχεγονώτερον· νοῦ δὲ ἰσχὺς τί ἂν ἄλλο ἢ φρόνησις εἴη;
καὶ ὅστις οὖν θεὸς ὢν ἄρχειν ἀξιοῦται θεῶν, νοῦς ὤν,
σοφίας περιουσίᾳ κρατεῖ, ὥστε καὶ τὸ βίῃ δ´ ὅγε φέρτερος
εἰς ταὐτὸ ἡμῖν τῷ πλείονα οἶδεν ἀνακάμπτει καὶ περιίσταται. 
διὰ τοῦτο καὶ ὁ σοφὸς οἰκεῖος θεῷ, ὅτι πειρᾶται
σύνεγγυς εἶναι τῇ γνώσει, καὶ πραγματεύεται περὶ νόησιν,
ᾗ τὸ θεῖον οὐσίωται.
 | [1]  Si les songes prophétisent l’avenir, si les visions qui se présentent à l’esprit 
pendant le sommeil donnent à notre curiosité quelque indice pour deviner les choses 
futures, les songes doivent être tout à la fois vrais et obscurs, et c’est dans leur 
obscurité même que réside la vérité. 
"Les dieux d’un voile épais ont recouvert la vie".
Obtenir tout sans peine est un bonheur qui n’appartient qu’aux dieux; mais pour 
les hommes, non seulement la vertu, mais tous les biens 
"Ne peuvent s’acheter qu’au prix de la sueur".
Rien de plus précieux que la divination: c’est par la science et par la faculté de 
connaître que Dieu se distingue de l’homme, et l’homme de la bête. Mais Dieu sait tout 
en vertu de sa propre nature; l’homme, par la divination, peut ajouter beaucoup à ses 
connaissances, naturellement assez bornées. 
Le vulgaire ne voit que le présent; ce qui n’est pas encore ne peut être l’objet que 
de ses conjectures. Calchas, seul entre tous les Grecs, embrassait dans son esprit 
"... le présent, l’avenir, le passé".
Dans Homère, si Jupiter règle les affaires des dieux, c’est que 
"… né le premier, il sait plus que les autres".
Car la science est le privilège de la vieillesse. Si le poète rappelle ainsi l’âge de 
Jupiter, c’est que les années apportent avec elles cette sagesse à quoi rien ne peut se 
comparer. Si l’on se figure, d’après d’autres passages, que la suprématie de Jupiter 
tient à la vigueur de ses bras, parce qu’Homère a dit: 
"... il l’emportait en force",
c’est entendre bien mal la poésie, et ne pas saisir le sens philosophique qu’elle 
renferme, à savoir que les dieux ne sont rien autre chose que de pures intelligences. 
Après avoir dit que Jupiter est le plus fort, le poète ajoute qu’il est le plus âgé, ce qui 
signifie que Jupiter est l’intelligence la plus ancienne. Or la vigueur de l’intelligence, 
qu’est-ce autre chose que la prudence? Quel que soit donc le dieu qui commande aux 
autres dieux, puisqu’il est intelligence il règne, parce qu’il est supérieur en sagesse; il 
l’emporte en force revient à dire qu’il sait plus que les autres. Le sage a donc avec 
Dieu une sorte d’affinité, puisqu’il tâche de se rapprocher de lui par la faculté de 
connaître, et s’efforce d’acquérir un peu de cette pénétration intellectuelle que Dieu 
possède par essence. Ne voit-on pas déjà par là qu’un des plus nobles sujets de 
recherche pour l’homme c’est la divination? 
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