[2,8] Ὅ τοι Σάμιος Πυθαγόρας τὸν σοφὸν ἄλλ´ οὐδὲν
ἢ θεάμονά φησιν εἶναι τῶν τε ὄντων καὶ γινομένων·
παραγγεῖλαι γὰρ αὐτὸν εἰς τὸν κόσμον, ὥσπερ εἰς ἀγῶνα
ἱερόν, ἐφ´ ᾧ θεάσασθαι τὰ γινόμενα. ἡμεῖς οὖν τὸ ἐνθένδε
συλλογισώμεθα, ποῖος ἂν ὁ τεταγμένος γένοιτο θεατής· ἢ
σαφές τι δεῖ καὶ προὖπτον εἰπεῖν, ὡς ἐκεῖνος, ὅστις ἐν τῇ
χώρᾳ περιμένει τὰ δεικνύμενα καθ´ ἕκαστον ἐν τάξει προκύπτοντα
τοῦ παραπετάσματος; εἰ δέ τις εἰς τὴν σκηνὴν
εἰσβιάζοιτο καί, τὸ λεγόμενον, εἰς τοῦτο κυνοφθαλμίζοιτο,
διὰ τοῦ προσκηνίου τὴν παρασκευὴν ἀθρόαν ἅπασαν ἀξιῶν
ἐποπτεῦσαι, ἐπὶ τοῦτον Ἑλλανοδίκαι τοὺς μαστιγοφόρους
ὁπλίζουσι· καὶ λαθὼν δέ, οὐδὲν σαφὲς εἰδείη, μόλις γε ἰδὼν
καὶ συγκεχυμένα καὶ ἀδιάκριτα. ἔστι μὴν ἅττα καὶ προαναφωνεῖσθαι
νόμος ἐν τοῖς θεάτροις, καὶ δεῖ τινα προεξελθόντα
διαλεχθῆναι τῷ δήμῳ τί μετὰ μικρὸν ὄψεται. οὗτος οὐ
πλημμελεῖ· τῷ γὰρ ἀγωνοθέτῃ διακονεῖται, παρ´ οὗ καὶ
μαθὼν οἶδεν, οὐ πολυπραγμονήσας εἰδέναι οὐδὲ διὰ τοῦτο
κινήσας τὰ ἀκίνητα, καὶ μαθόντα γε σιγᾶν δεῖ, πρὶν ἐπειχθῆναι
δημοσιεῦσαι, ὅτε γε οὐδὲ ἀεὶ τοὺς ἀγωνιστὰς εἰδέναι
τὸν καιρὸν τῆς ἀγωνίας ὁ νόμος ἐφίησιν, ἀλλὰ περιμένειν
δεῖ καταπεμπόμενον τῆς προόδου τὸ σύνθημα. οὕτως, ᾧ μὴν
κοινοῦται θεὸς τὰς παρασκευὰς τῶν ἀποκειμένων ἐμβίων τῇ
φύσει, προσκυνήσας τὴν τιμήν, μηδὲν ἧττον, εἰ μὴ καὶ
μᾶλλον, τῶν ἀνηκόων ἐχεμυθείτω. ὃ γὰρ ἐν ἀγνοίᾳ, στοχάζεται·
τὸ δὲ εἰκὸς ἐπὶ πλεῖον χωροῦν, ἀσταθμητότατόν
ἐστιν, καὶ περὶ αὐτὸ πλείους οἱ λόγοι· τοῦ δὲ ἀληθοῦς
ὥρισται μὲν ἡ γνῶσις, ὥρισται δὲ ὁ λόγος. ἀλλά τοι καὶ
οὗτος ὑπὸ τοῦ σοφοῦ κεκρύψεται, πίστιν τινὰ ταύτην
παρακατατιθεμένου θεοῦ. καὶ γὰρ ἄνθρωποι τοὺς ῥεολόγους
μισοῦσιν· ὃν δὲ οὐκ ἀξιοῖ ὁ θεὸς εἶναι μύστην, μήτε προεξαλλέσθω,
μήτε ὠτακουστείτω. καὶ γὰρ ἄνθρωποι μισοῦσι τοὺς
φιλοπράγμονας· ἀλλ´ οὐδὲ τὸ ἀσχάλλειν εὔλογον τὸν μετὰ
μικρὸν τῶν ἴσων τευξόμενον. βραχύς τοι χρόνος ἀνθρώποις
τὴν ἀξίαν μερίζει, καὶ τελευτῶντα τὰ πράγματα κοινὰ
γίνεται θεάματά τε καὶ ἀκροάματα·
ἁμέραι δ´ ἐπίλοιποι μάρτυρες σοφώτατοι.
| [2,8] Pythagore de Samos définissait ainsi le sage : « un spectateur de l’univers
placé ici-bas, comme dans un théâtre, aux représentations solennelles, pour regarder
la pièce. » Demandons-nous donc ce que va faire un spectateur qui veut se tenir
convenablement. N’est-il pas clair, n’est-il pas certain qu’on le verra, tranquillement
assis, attendre que les divers actes du drame, le rideau une fois tiré, se produisent
successivement sous ses yeux? Mais si quelque indiscret curieux, aussi effronté qu’un
chien, comme dit le proverbe, veut pénétrer derrière la toile pour examiner de près
tous les préparatifs de la mise en scène, les juges du théâtre le feront chasser à coups
de fouet. Dût-il n’être pas découvert, il n’en sera guère plus avancé, car il ne verra rien
que d’indistinct et de confus. Il est de règle cependant que le spectacle soit précédé
d’un prologue, et qu’un acteur vienne exposer d’avance au public les incidents de la
pièce qui va se jouer. En cela l’acteur ne manque pas à son devoir; il ne fait
qu’exécuter les ordres de celui qui préside à la représentation; il tient de lui le rôle qu’il
apprend, sans se montrer affairé, sans s’agiter hors de propos; ce rôle, il le sait, mais il
se taira jusqu’à ce qu’on lui dise de paraître devant le public; car les acteurs ne savent
pas eux-mêmes l’instant où ils doivent entrer en scène, et ils attendent, pour
s’avancer, le signal qui leur est donné. Ainsi l’homme, à qui Dieu fait connaître les
mystères de l’avenir qu’il prépare, doit s’incliner devant la majesté divine, et garder le
silence autant et même plus que les ignorants; car ceux qui ne savent pas essaient de
deviner; mais quand les conjectures sont poussées trop loin, elles ne présentent plus
qu’incertitudes; on peut les discuter à perte de vue: tandis que la vérité se connaît et
s’exprime sans laisser place au doute. Le sage qui la possède la tiendra cependant
cachée, comme un dépôt que Dieu lui a confié. Et puis les hommes détestent
l’indiscrétion présomptueuse. Celui que Dieu n’a pas daigné choisir pour l’un de ses
initiés doit rester tranquille, sans chercher à surprendre un secret dont la connaissance
lui est interdite, car les hommes n’aiment pas non plus la curiosité téméraire. A quoi
bon d’ailleurs être si pressé, puisque bientôt on sera aussi avancé que tous les
autres? Car encore un peu de temps, et chacun de nous aura sa part de cette science
qui lui est aujourd’hui refusée; les événements, à mesure qu’ils s’accomplissent,
tombent dans le domaine commun; ils frappent les yeux et les oreilles.
"Le temps, témoin incorruptible,
Vient à la fin nous éclairer".
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