[2,5] Μέχρι τούτων ἀποτετολμήσθω τὰ Ὀσίριδος, τὰ
δὲ ἐντεῦθεν εὔστομα κείσθω, φησί τις, εὐλαβῶς ἱερολογίας
ἁψάμενος. τὰ πρόσω θρασείας ἂν γένοιτο γνώμης καὶ γλώττης,
ἃ εὔφημα ἀτρεμείτω, συγγραφαῖς ἀνέπαφα, μὴ καί τις οἷς
οὐ θέμις ὄμμα βάλῃσιν·
ὅ τε γὰρ ἐκφήνας ὅ τε ἰδὼν νεμεσᾶται παρὰ τοῦ θείου,
καὶ λόγοι Βοιώτιοι τοὺς ἐναλλομένους καὶ ἐποπτεύοντας
ὄργια Διονύσου σπαράττουσιν. ἀγνωσία σεμνότης ἐπὶ τελετῶν,
καὶ νὺξ διὰ τοῦτο πιστεύεται τὰ μυστήρια, καὶ ἄβατα
σπήλαια διὰ τοῦτο ὀρύττεται, καιροὶ καὶ τόποι κρύπτειν
εἰδότες ἀρρητουργίαν ἔνθεον. μόνον ἴσως ἐκεῖνο θέμις εἰπεῖν,
καὶ λέγομεν, ᾗ δυνάμεθα παρακαλύπτοντες τὰ ἀβέβηλα,
ὅτι γηρῶν τε Ὄσιρις κυδίων ἢ νέος, καὶ γέρας ἔσχε παρὰ
θεῶν ἐπιστατῆσαι τῇ πολιτείᾳ μετὰ συνθήματος μείζονος,
ὡς κρείττων ἀποδειχθῆναι τοῦ παρὰ ἀνθρώπων τι πάσχειν·
καὶ τὴν εὐδαιμονίαν, ἣν παραδοὺς Αἰγυπτίοις ἐξίτηλον
εὗρεν ὑπὸ τῶν Τυφονίων καιρῶν, οὐκ ἀνεκτήσατο
μόνον, ἀλλὰ καὶ ἀσύμβλητον τῇ προσθήκῃ πρὸς τὴν προτέραν
ἐποίησεν, ὡς δοκεῖν ἐκείνην προοίμιον γεγονέναι τῆς
ἐσομένης καὶ μόνην ὑπόσχεσιν, ποτὲ θρυλούμενον ποιηταῖς
Ἑλλήνων, ὡς ἡ παρθένος ἡ νῦν ἀστρῴα, Δίκην, οἶμαι,
καλοῦμεν αὐτήν,
ἐπιχθονίη πάρος ἦεν,
ἤρχετο δ´ ἀνθρώπων κατεναντίη· οὐδέποτ´ ἀνδρῶν,
οὐδέποτ´ ἀρχαίων ἠνήνατο φῦλα γυναικῶν,
ἀλλ´ ἀναμὶξ ἐκάθητο, καὶ ἀθανάτη περ ἐοῦσα·
ὁμωρόφιος ἀνθρώποις ἐγίνετο.
οὐ γὰρ λευγαλέου τότε νείκεος ἠπίσταντο,
οὐδὲ διακρίσιος περιμεμφέος, οὐδὲ κυδοιμοῦ·
αὕτως δ´ ἔζωον· χαλεπὴ δ´ ἀπέκειτο θάλασσα,
καὶ βίον οὔπω νῆες ἀπόπροθεν ἠγίνεσκον·
ἀλλὰ βόες καὶ ἄροτρα, καὶ αὐτὴν πότνια λαῶν
μυρία πάντα παρεῖχε Δίκη, δώτειρα δικαίων.
τόφρ´ ἦν, ὄφρ´ ἔτι γαῖα γένος χρύσειον ἔφερβεν.
ὡς, φησίν, οὐκ ἐχρῶντο θαλάσσῃ, χρυσοῖ δὲ ἦσαν
ἄνθρωποι, καὶ θεῶν ἐπιμιξίας ἐτύγχανον. πλοίων δὲ εἰσελθόντων
ἐνεργοῦς εἰς χρῆσιν βίου, τοσοῦτον ἀπεφοίτησεν
ἡ Δίκη τῆς γῆς, ὡς μόλις ὁρᾶσθαι νυκτὸς αἰθρίας. καὶ μέντοι
καὶ νῦν ὁρωμένη στάχυν ἡμῖν προτείνει, καὶ οὐ πηδάλιον.
τάχα νῦν καταβαίη, καὶ πάλιν ἡμῖν αὐτοπρόσωπος
διαλέξεται, σπουδασθείσης μὲν γεωργίας, ναυτιλίας δὲ
ἀποσπουδασθείσης. τάδε οὖν πάλαι περὶ αὐτῆς ᾀδόμενα
ποιηταῖς οὐχ ἕτερος ἔσχε χρόνος, ἀλλ´ ὁ τῆς ἐπικυδεστέρας
βασιλείας Ὀσίριδος. εἰ δὲ οὐκ εὐθὺ κατάγοντες αὐτὸν ἐκ τῆς
μεταστάσεως, ἅμα πάντα ἐν χερσὶν ἔθεσαν οἱ θεοί, μηδὲν
παρὰ τοῦτο ποιώμεθα. οὐ χωρεῖ πολιτείας φύσις ἀθρόαν
μεταβολήν, ὥσπερ ἐπὶ τὸ χεῖρον, οὕτως ἐπὶ τὸ ἄριστον.
κακία μὲν γὰρ αὐτοδίδακτον, ἀρετὴ δὲ σὺν πόνῳ κτᾶται. ἔδει
δὴ μεσεῦσαι τοὺς προκαθαίροντας, τὸ θεῖον σχολῇ καὶ τάξει
βαδίζειν· τὸν δὲ ἔδει, πρὶν ἄσχολον εἶναι, πολλὰ μὲν ἰδεῖν,
πολλὰ δὲ ἀκοῦσαι· συχνά τοι βασιλέως ἀκοὴ κλέπτεται.
| [2,5] N’ayons pas la témérité d’aller plus loin dans l’histoire d’Osiris. « Sur le reste, il
faut se taire », a dit un écrivain qui ne parle des choses sacrées qu’avec une
religieuse réserve; la suite ne pourrait être divulguée sans audace et sans impiété;
gardons le silence sur un sujet auquel les écrivains n’ont osé toucher; n’allons pas
"--- jeter partout un profane regard".
Que l’on révèle ou que l’on pénètre les secrets religieux, on encourt également
l’indignation des dieux. Les Béotiens, dit-on, mettent en pièces ceux qui surviennent,
témoins trop curieux, au milieu des fêtes de Bacchus. Tout ce qui s’enveloppe
d’obscurité inspire plus de vénération: voilà pourquoi on réserve pour la nuit la
célébration des mystères; on creuse des cavernes inaccessibles; on choisit les temps
et les lieux qui peuvent le mieux cacher les cérémonies sacrées. Mais ce qu’il nous est
permis de dire (et nous le disons en évitant scrupuleusement de trahir aucun secret),
c’est qu’Osiris eut une vieillesse encore plus glorieuse que sa jeunesse; favorisé des
dieux, il régna, sous leurs auspices, si heureusement que les hommes semblaient
n’avoir plus le pouvoir de lui nuire; cette félicité qu’il avait procurée aux Egyptiens et
qu’il retrouvait détruite par la tyrannie de Typhon, il la fit renaître, mais sans
comparaison bien plus brillante qu’autrefois, à ce point que le bonheur passé semblait
n’avoir été que le prélude et comme la promesse du bonheur à venir. On revoyait cette
époque, chantée par les poètes grecs, où la Vierge, qui est maintenant au nombre des
astres, et qu’on appelle la Justice,
"--- séjournait sur la terre,
Se mêlant aux humains. Age d’or, âge heureux!
L’épouse vertueuse et l’époux vertueux
Recevaient sous leur toit la divine immortelle.
Tandis qu’elle habitait au milieu des hommes,
Ils ne connaissaient point les haines, les querelles,
Ni les procès bruyants, ni les guerres cruelles.
Tranquilles, ignorant la mer et ses dangers,
Ils n’allaient rien chercher sur des bords étrangers;
Aux bœufs, à la charrue ils demandaient leur vie.
Comblés par la vertu de biens dignes d’envie,
Voilà comment alors ont vécu nos aïeux.
Quand la mer n’était pas encore sillonnée par les rames, c’était l’âge d’or, et les
hommes jouissaient de la société des dieux; mais du jour où l’art de diriger les
vaisseaux vint occuper l’activité des mortels, la Justice s’éloigna de la terre, et c’est à
peine si on l’aperçoit même par une nuit sereine; et quand elle se montre à nos yeux,
c’est un épi qu’elle nous présente, et non pas un gouvernail. Aujourd’hui encore elle
descendrait du ciel et reviendrait habiter parmi nous, si, délaissant la navigation, nous
donnions tous nos soins à l’agriculture. S’il est une époque où la Vierge divine
répandait tous ces bienfaits célébrés par les poètes, ce fut assurément le règne
fortuné d’Osiris. Si les dieux ne ramenèrent pas tout de suite ce prince de l’exil pour lui
rendre l’autorité souveraine, n’en soyons pas étonnés: un Etat ne se relève pas aussi
rapidement qu’il tombe ; les vices qui le perdent se développent tout spontanément; la
vertu qui doit le sauver ne s’acquiert qu’à force de travail. Il fallait passer par diverses
épreuves avant d’accomplir l’œuvre de purification; la Divinité ne voulait conduire
Osiris au but marqué que lentement et pas à pas : il devait, avant de porter tout le
poids des affaires, avoir beaucoup appris par les yeux et par les oreilles; car, dès que
l’on est roi, que de choses on est exposé à ignorer!
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