[1,12] Εἰπὼν ἀπῆρε τὴν αὐτὴν τοῖς θεοῖς. ὁ δὲ ὑπελείπετο,
χρῆμα ἥκιστα τῆς γῆς ἄξιον, ὃς αὐτίκα προσεφιλονείκει
τὰ κακὰ αὐτῆς ἐξορίσαι, μηδέν τι βίᾳ χρώμενος·
ἀλλ´ ἔθυε γὰρ Πειθοῖ καὶ Μούσαις καὶ Χάρισιν, ἑκόντας
ἅπαντας ἐναρμόζων τῷ νόμῳ. τῶν θεῶν δέ, ὅσα τε ἀὴρ
φέρει καὶ ὅσα ποταμοῦ δῶρα καὶ γῆς, ἅπαντα χορηγούντων
ἄφθονα τοῦ βασιλέως αἰδοῖ, ὁ δὲ τὰς μὲν ἀπολαύσεις ἀνίει
τῷ πλήθει, αὐτὸς δὲ ἅπασαν μὲν ῥᾳστώνην ἀπελίμπανεν,
ἅπαντα δὲ πόνον ἀνθῃρεῖτο, ὕπνου μὲν ὀλίγον, φροντίδων
δὲ πλεῖστον μεταλαγχάνων, καθάπαξ εἰπεῖν, ἄσχολος ὢν
ὑπὲρ τῆς ἁπάντων σχολῆς. ταῦτ´ ἄρα καὶ καθ´ ἕνα, καὶ
κατ´ οἴκους, καὶ κατὰ συγγενείας, καὶ πόλεις, καὶ νομοὺς
ὅλους, ἀγαθῶν ἐπίμπλη πάντας ἀνθρώπους τῶν τε εἴσω
καὶ τῶν θυραίων. ἀρετῆς τε γὰρ ζῆλον ἤσκησεν, πρὸς ἓν
τοῦτο πᾶν μάθημα καὶ πᾶν ἐπιτήδευμα τάξας ἀσκεῖσθαι,
καὶ γέρα προὔθηκε τοῖς ἀρίστοις ἄρχειν ἀνθρώπων, καὶ
ποιεῖν ὁμοίους τοὺς ἀρχομένους. αὔξειν δὲ ἅπαν ἀνάγκη
τὸ τιμώμενον, καὶ ἔρρειν ἀνάγκη τὸ ἀμελούμενον. συνεπεδίδου
δὴ καὶ παιδείας ἁπάσης ἔρως, ὅση τε τῆς γνώμης
ἐστὶ καὶ ὅση τῆς γλώττης. καὶ γὰρ τοὺς ἐν τῷ τοιῷδε
διαφέροντας οὐκέτ´ ἦν ἀγελαίους ὁρᾶν, ἀλλὰ λαμπροὺς ταῖς
παρὰ βασιλέως τιμαῖς, τέχνην παρεχομένους ὑπηρέτιν
φρονήσεως, ὅτι νοῦς πρόεισι λέξεσιν ἀμπεχόμενος· τὸ δὲ
εὖ τε καὶ χεῖρον ἐστάλθαι τὸν αὐτόν, ὥσπερ ἄνδρα, καὶ
εὐσχήμονα καὶ ἀσχήμονα δείκνυσιν. καὶ προπαιδείαν οὖν
Ὄσιρις ἠξίου τιμᾶν· παιδείαν γὰρ ἀρετῆς ᾤετο πηγὴν
εἶναι. εὐσέβειά γε μὴν τότε δὴ μάλιστα πάντων καιρῶν
Αἰγυπτίοις ἐπεχωρίασεν. ταῦτα μὲν ψυχῆς ἀγαθά, καὶ
εὐθηνοῦντο αὐτῶν ἐπὶ τῆς Ὀσίριδος βασιλείας Αἰγύπτιοι,
ὡς ἐοικέναι τὴν χώραν ἀρετῆς διδασκαλείῳ, τῶν παίδων
πρὸς ἕνα βλεπόντων τὸν ἡγεμόνα, καὶ δρώντων τε ἕν,
ὅ τι ὁρῷεν, καὶ λεγόντων ἕν, ὅ τι ἀκούοιεν. πλούτου δὲ
αὐτὸς μὲν ἠμέλει· ὅπως δὲ πᾶσι παρείη, τούτου τὴν ἅπασαν
ἐπιμέλειαν εἶχεν, ἀδωρότατός τε ὢν καὶ φιλοδωρότατος. καὶ
φόρους ἀνῆκε πόλεσι, καὶ ἀπορουμένοις ἐπέδωκε, καὶ τὸ
πεπτωκὸς ἤγειρε, καὶ τὸ μέλλον ἰάσατο· τὴν μὲν εἰς μέγεθος
ἦρε, τὴν δὲ εἰς κάλλος ἤσκησε, τὴν δὲ οὐκ οὖσαν προσέθηκε,
τὴν δὲ ἐκλελειμμένην συνῴκισεν. ἀπολαύειν μὲν οὖν
ἀνάγκη καὶ τὸν καθ´ ἕνα τῶν κοινῶν ἀγαθῶν· ὁ δὲ οὐκ
ἐπόνει καθιεὶς καὶ εἰς τὴν ὑπὲρ τοῦ δεῖνος φροντίδα, ὡς
ἐπ´ ἐκείνου γενέσθαι τὸ μηδένα ἀνθρώπων ὀφθῆναι δακρύοντα·
οὐδὲ ἠγνόησεν Ὄσιρις, ὅστις ὅτου δέοιτο, καὶ τί
κωλύει τὸν δεῖνα μακάριον εἶναι. ὁ μὲν δικαίας ἤρα τιμῆς,
καὶ ἀπέδωκεν· ὁ δὲ ἐπειδὴ βιβλίοις προσανέχων ἄσχολος
ἦν ἐκπορίζειν τροφήν, ἐν πρυτανείῳ σίτησιν ἔδωκεν· ὁ δὲ
τιμῆς μὲν ἀνθρωπίνης ἠμέλει, καὶ τὰ περιόντα αὐτὸν εὖ
μάλ´ ἔβοσκεν, λειτουργῶν δ´ ἴσως ᾐσχύνετο· οὐδὲ τοῦτο
ἠγνόησεν, ἀλλ´ ἀνῆκε τῆς λειτουργίας, οὐκ ἐνοχληθείς,
ἀλλ´ ἐνοχλήσας τῷ, πρὶν αἰτηθῆναι, δοῦναι, αἰδοῖ σοφίας
ἀξιῶν τὸν τοιοῦτον αὐτόνομον εἶναι καὶ ἄφετον, ὥσπερ
ζῷον ἱερόν, ἀνειμένον θεῷ· συνελόντα δ´ εἰπεῖν, τῆς ἀξίας
οὐδεὶς ἡμάρτανεν, εἰ μὴ ὅτῳ κακόν τι ὠφείλετο· τούτῳ
δὲ οὐκ ἔνειμε τὴν ἀξίαν· φιλοτιμίαν γὰρ ἐποιεῖτο πραότητι
γνώμης καὶ χρηστοῖς ἔργοις καὶ τὸν ἀναιδέστατον ἐκνικήσειν.
καὶ ταύτῃ γε ᾤετο τοῦ τε ἀδελφοῦ καὶ τῆς συνωμοσίας
αὐτοῦ περιέσεσθαι, ἀρετῆς περιουσίᾳ μεταποιήσας τὰς
φύσεις, ἓν τοῦτο γνώμης σφαλλόμενος. βασκανία γὰρ
ὑπ´ ἀρετῆς οὐ παύεται μᾶλλον, ἀλλ´ ἐξάπτεται. εἰ γὰρ φύσιν
ἔχει τὸ ἀγαθοῖς ἐπιφύεσθαι, ὅσῳ πρόεισι τἀγαθά, καὶ τὸ
ἐπ´ αὐτοῖς λυπεῖσθαι συνεπιδίδωσιν, ὅπερ ἔπαθε πρὸς τὴν
Ὀσίριδος ἀρχὴν ὁ βαρύστονος ἀδελφός.
| [1,12] Il dit, et disparut en suivant le même chemin que les dieux. Osiris resta sur la
terre, qui n’était pas digne de le posséder. Il s’efforçait de bannir tous les vices, sans
recourir jamais à la contrainte; il sacrifiait à la Persuasion, aux Muses, aux Grâces, et
amenait tous les cœurs à se soumettre volontiers à l’empire des lois. Comme les dieux
lui prodiguaient, par considération pour ses royales vertus, toutes les productions de
l’air, de la terre et du fleuve, il en faisait jouir la foule; il se refusait tout plaisir, il prenait
pour lui-même tous les travaux, ne s’accordant que fort peu de sommeil, ajoutant sans
cesse à ses fatigues, en un mot renonçant à son propre repos pour assurer le repos
public. Aussi, grâce à lui, les particuliers, les familles, les villes, les provinces, tous se
voyaient comblés de tous les biens de l’âme et du corps. Osiris cherchait à exciter
dans tous les cœurs l’amour de la vertu: il voulait que toutes les études, tous les
travaux tendissent à ce but unique; il établissait des récompenses pour les
administrateurs les plus capables et les plus honnêtes, qui savaient former à leur
exemple leurs subordonnés. En toutes choses c’est à l’estime ou à l’indifférence dont
elles sont l’objet que se mesurent le progrès ou la décadence. L’étude était en
honneur; l’amour de la philosophie et de l’éloquence allait toujours croissant: ceux qui
se distinguaient par leur talent ne restaient point confondus dans la foule; le roi leur
décernait de brillantes récompenses pour encourager en eux un art qui sert à parer la
pensée : car les idées ne se produisent au dehors que revêtues de la parole, et il en
est des idées comme de l’homme: elles gagnent ou elles perdent suivant le vêtement
qu’elles portent. Osiris attachait la plus grande importance aux premiers éléments de
l’instruction; car il considérait l’instruction comme la source de la vertu. A aucune autre
époque on ne vit en Égypte autant de piété. Sous le règne d’Osiris tous les cœurs
étaient si honnêtes que le pays tout entier semblait une école de vertu; les enfants
n’avaient qu’à regarder le prince pour prendre des leçons et régler sur ce modèle leur
conduite et leur langage. Indifférent pour lui-même à la richesse, le roi cherchait à
enrichir tous les citoyens; il aimait, non pas à recevoir, mais à donner. Il accordait aux
villes des remises d’impôts; il prodiguait aux indigents des secours; il réparait ou
prévenait la ruine des cités; il agrandissait les unes, il embellissait les autres; il en
fondait de nouvelles; il envoyait des habitants dans celles qui n’étaient pas assez
peuplées. C’est dans la félicité générale que chacun doit trouver sa félicité particulière;
Osiris cependant ne dédaignait pas de s’occuper des individus : aussi ne voyait-on
pleurer aucun de ses sujets; il n’ignorait les besoins de personne; il savait ce qui
manquait au bonheur de chacun. L’un réclamait les honneurs qu’il méritait: il se les
voyait accorder. Un autre, exclusivement adonné, à l’étude, avait négligé de s’assurer
des moyens d’existence: il était nourri aux frais du trésor. Un troisième, étranger à
toute idée d’ambition, et suffisamment pourvu des dons de la fortune, désirait être
exempté des fonctions publiques: Osiris connaissait ce désir et se hâtait de l’exaucer,
sans se faire prier, sans attendre la demande, mais ayant l’air de demander lui-même,
par respect pour la sagesse, que ce philosophe voulût bien rester libre et indépendant,
et consacré à la Divinité, comme un être supérieur. En un mot, chacun était traité
suivant ses mérites, excepté toutefois les méchants : la punition qui leur était due ne
leur était pas infligée; Osiris s’efforçait de ramener par sa douceur et par sa bonté
même les pervers. Il pensait qu’à force de vertu il vaincrait son frère et ses complices,
et changerait leur naturel: ce fut là son unique erreur; car la vertu, loin de calmer
l’envie, ne fait que l’irriter; comme l’envie suit le mérite, elle s’excite davantage quand
le mérite s’élève plus haut. Voilà pourquoi le règne d’Osiris fut un cruel sujet de
douleur pour Typhon.
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