[13] Εἶεν δ´ ἂν καὶ φιλοσόφων βιβλίων γραμματικοί
τινες ἀποδεδειγμένοι, τὰς συλλαβὰς εὖ μάλα συγκρίνοντές
τε καὶ διακρίνοντες, οἰκεῖον δὲ οὐδὲν οὐδέποτε μαιευσόμενοι·
ὅ τι δὲ καὶ τέκοιεν, ὑπὸ θράσους τυφλὸν καὶ ἀνεμιαῖον· οὐ
γὰρ ἐκθάλπει τὸν εἴσω λόγον, ὅτῳ καθ´ ἡμέραν ἐμεῖν ἀνάγκη·
τό τε σπουδῇ σχεδιάζειν, ἐν μὴ δέοντι τῇ σπουδῇ
χρώμενον, ἐξίτηλον αὐτὴν ἀποφαίνει. φύονται μὲν γὰρ ἐπὶ
λόγοις ὠδῖνες ψυχῶν, ὥσπερ ἐπὶ τόκοις σωμάτων· ὅστις
δὲ ἀώροις αὐταῖς συνεθίζεται, καὶ τὰ λοιπὰ πέπονθε παραπλήσια
τοῖς ἐπὶ τῶν σωμάτων συμβαίνουσιν· ὀλισθοῦσα
δὲ ἕξις εἰς τὸ ἀμβλίσκειν, οὐδὲν ἂν ὠδινήσειεν ἀρτιμελὲς
καὶ βιώσιμον. ἐντεῦθεν ὁ πρόχειρος εἰς δῆμον εἰπεῖν, ἀδύνατος
ἐπιστῆσαι, καὶ σκέμμα παραλαβών, ὥσπερ ἀνδριάντα
ξέσας, ἐς τὸ ἀκριβὲς ἀπεργάζεσθαι. ἅμα δὲ οὐδὲ μακάριον
ᾤμην εὐθύνας ὑπέχειν, καὶ αὐτοῖς τοῖς ἀκροαταῖς καὶ ὑπὲρ
αὐτῶν τῶν ἀκροατῶν, ὑπὲρ μὲν αὐτῶν τοῖς προσήκουσιν,
ὑπὲρ δὲ τῶν ὁσημέραι λόγων αὐτοῖς· βούλοιτο γὰρ ἂν ὁ
διδάσκαλος ἀνὴρ εὐδοκιμεῖν ἐν τοῖς μαθηταῖς, καὶ θορυβεῖν
ἐπὶ τοῖς λόγοις αὐτοῦ τὰ παιδάρια. οὐκοῦν ἄλλο τοῦτο
θέατρον παρὰ πολὺ δυστυχέστερον. νυνὶ δὲ ὁπόσοις τε
βούλομαι, καὶ ὁπόσα, καὶ περὶ ὧν, καὶ ὁπηνίκα, καὶ
ὅπου, τοσαῦτα καὶ οὕτως σύνειμι· καὶ ὁ μέν τις ὤνησε
συγγενόμενος, ὁ δὲ αὐτὸς ὤνατο. βουλοίμην δ´ ἂν ἐγὼ
τῶν ἀγαθόν τι λεγόντων ἀκούειν μᾶλλον ἢ λέγειν αὐτός·
τῷ παντὶ γὰρ εὐτυχέστερον ἀμείνοσιν ἐντυγχάνειν ἢχείροσιν.
| [13] mais même parmi ceux qui travaillent sur des livres de philosophie,
il en est qui ne font œuvre que de grammairiens :
ils excellent à réunir, à séparer des syllabes; mais ils ne savent rien tirer
de leur propre fonds, ou, s’il leur arrive de produire, ils ne mettent au monde que
de misérables avortons. En effet peut-on vraiment féconder son intelligence quand il
faut tous les jours expectorer un discours? S’étudier à posséder cette facilité verbeuse
qui s’exerce sur des riens, voilà qui rend incapable de toute étude sérieuse.
Les lois de la conception s’appliquent également à l’esprit et au corps : pour l’un
comme pour l’autre l’habitude des enfantements prématurés a les mêmes
conséquences: quand la gestation ne peut plus arriver à bonne fin, on ne produit que
des embryons informes, sans vitalité. Lorsqu’on est prêt à parler en public, à propos
de tout, on ne peut plus rien approfondir: si l’on traite une question, on est comme
l’ouvrier malhabile qui ne sait pas polir et perfectionner la statue.
Je ne trouve pas d’ailleurs que ce soit une condition si enviable que d’avoir
des comptes à rendre aux élèves et aux parents des élèves: ils exigent, les uns qu’on
leur plaise avec les leçons qui leur sont débitées tous les jours, les autres qu’on les
tienne au courant des progrès de leurs fils. Le maître cherche à se faire une réputation
parmi ses disciples; il veut soulever, par sa parole, les applaudissements d’une
jeunesse bruyante. L’école est donc un autre théâtre, bien plus triste encore que le
premier. Mais moi je converse avec qui je veux et comme je veux: le sujet, l’heure, le
lieu, je les choisis à mon gré; tantôt je m’instruis avec mon interlocuteur, tantôt c’est lui
qui s’instruit avec moi. J’aimerais mieux entendre dire de bonnes choses à d’autres
que de les dire moi-même; car nous profitons plus avec ceux qui valent mieux que
nous qu’avec ceux qui valent moins.
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