[1] Αἱ κακοποιοὶ, δυνάμεις ἐν κόσμῳ συντελοῦσι μὲν
τῇ χρείᾳ τῆς προνοίας (κολάζουσι γὰρ τοὺς ἀξίους κολάζεσθαι),
εἰσὶ δὲ ὅμως θεομισεῖς τε καὶ ἀποτρόπαιοι·
ἐγερῶ γάρ φησιν ἔθνος ἐφ´ ὑμᾶς, ὑφ´ οὗ πείσεσθε
τόσα καὶ τόσα. καὶ τελευτῶν αὐτοῖς ἐκείνοις οἷς ἐπιστρατεύει
φησὶν ἐπεξελεύσεσθαι, ὅτι παραλαβόντες ὑμᾶς οὐκ
ἠλέησαν οὐδὲ ἀνθρωπίνως ἐχρήσαντο. αὐτὰς μὲν οὖν
οὐκ ἐξεμελέτησα τὰς ἱερὰς συλλαβάς, ἰσχυρίζομαι δὲ
ὡς ἔστιν οὗ τῶν βιβλίων ὁ θεὸς ταῦτα λέγων πεποίηται.
καὶ οὐκ εἶπε μὲν οὕτως, οὐκ ἐποίησε δέ, ἀλλ´ ὁ
Βαβυλώνιος βασιλεὺς Ἱερουσαλὴμ μὲν τὴν πόλιν κατέσκαψε,
τὸ δὲ ἔθνος ἠνδραποδίσατο. ὁ δὲ αὐτὸς οὗτος
οὐκ εἰς μακρὰν ἐμεμήνει, καὶ γέγονε δίκῃ θεοῦ ἐξερημωθῆναι
τὴν πόλιν, ὡς εἰ καὶ γέγονεν ἐν τῷ τόπῳ
πόλις ἀπιστηθῆναι. ἆρα τολμήσει τις ἐρέσθαι θεὸν διὰ
τί σὺ μὲν ἀνίστης ἄνδρας ἐπὶ τοὺς ἡμαρτηκότας σοι
τιμωρούς, ὅταν δὲ ὑπηρετήσωσι τῷ θείῳ βουλήματι,
καὶ γένωνται δήμιοι τούτοις ἐφ´ οὓς καταπέμπονται,
δέον ἐκτῖσαι χάριν τῆς ὑπουργίας, τότε δὴ μάλιστα
καὶ κολάζονται; ἀλλ´ ἢ κεκίνηκεν ἡμᾶς εἰς ἀπόκρισιν
ὧν αὐτοῦ πυνθανόμεθα; ἐπειδὴ γὰρ βεβλαμμένου
τῇδε τοῦ θείου νόμου παρῆλθεν εἰς ἀνθρώπους
τὰ κακά (τὰ δὲ κακοποιὰ διαφερόντως κακά· περιουσίᾳ
γὰρ φύσεως καὶ δραστήρια γίνεται), ἐπειδὴ δ´ οὖν ἅπαξ
γέγονε τὰ κακά (τῆς γὰρ θείας σοφίας καὶ ἀρετῆς καὶ
δυνάμεως ἔργον ἐστὶν οὐ μόνον τὸ ἀγαθοποιεῖν (φύσις γάρ,
ὡς εἰπεῖν, αὕτη θεοῦ, ὡς τοῦ πυρὸς τὸ θερμαίνειν καὶ
τοῦ φωτὸς τὸ φωτίζειν), ἀλλὰ κἀκεῖνο μάλιστα, τὸ διὰ
κακῶν ἐπινοηθέντων πρός τινων ἀγαθόν τι καὶ χρηστὸν
τέλος ἀποτελεῖν καὶ ὠφελίμως τοῖς δοκοῦσι φαύλοις
χρῆσθαι), σοφίας ἐστὶν εὐμηχάνου καὶ τοῖς κακοῖς ἐν
δέοντι χρήσασθαι.
| [1] Les fléaux qui désolent le monde accomplissent sans doute les desseins de la
Providence, puisqu’ils viennent punir des coupables; mais ils n’en sont pas moins
détestés et maudits de Dieu : Je susciterai contre vous, dit le Seigneur, une race qui
vous fera subir toute espèce d’afflictions. Mais ces ennemis qu’il a armés, lui-même va
les châtier ensuite: Car après vous avoir vaincus, ajoute-t-il, ils n’ont pas eu pitié de
vous, ils vous ont traités inhumainement. Je n’ai pas présentes à ma mémoire les
expressions mêmes du texte sacré; mais je puis affirmer que dans un passage des
livres saints tel est le sens des paroles de Dieu. Et Dieu ne s’est pas contenté de faire
la menace sans l’accomplir: le roi de Babylone renversa Jérusalem, et emmena le
peuple en esclavage; mais à son tour il fut bientôt après saisi de démence; sa capitale,
tel était l’arrêt divin, fut changée en désert, et l’on put se demander si dans cette
solitude une ville avait jamais existé. Oserons-nous interroger Dieu, et lui dire :
Pourquoi choisis-tu des hommes chargés d’exécuter tes vengeances? Et puis quand
ils ont été les instruments de tes divines volontés, et qu’ils ont frappé les coupables
contre lesquels tu les envoyais, pourquoi, au lieu de récompenser ces fidèles
ministres, n’as-tu pour eux que des châtiments? — Ce n’est pas sans dessein que
Dieu nous suggère ces questions, et voici quelle est la réponse. Quand une fois la loi
divine eut été violée sur la terre, alors apparurent des maux de toute sorte : les fléaux
surtout, ces terribles agents de destruction, vinrent fondre sur la race humaine. Le mal
existe donc; mais Dieu, en vertu de sa sagesse, de sa bonté et de sa puissance, ne se
contente pas de ne faire que le bien: c’est là, pour ainsi dire, un des ses tributs
essentiels, comme le feu a la propriété de brûler et la lumière d’éclairer : le mal que
produisent les volontés dépravées, il le fait tourner à l’accomplissement de ses
desseins: du mal, la suprême sagesse sait tirer le bien.
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