[3] Ἀλλ´ ἔοικας γὰρ αὐτὸς ἄρξων ἐπανάγειν ἡμῖν τὸν
συνδυασμὸν τοῦτον· τά τε γὰρ κοινὰ πράττειν πιστεύῃ,
καὶ φιλοσοφίαν οἴει δεῖν ἐπιτηδεύειν. βάλλ´ οὕτως, ὡς ἀγῶνα
καλὸν ὑπέρ τε ἡμῶν ὑπέρ τε τῶν Μουσῶν ἀγωνίζῃ, τοῦ
μή τινα αὐτὰς ὡς ἀπράκτους καὶ ἄχειρας ἀγορᾶς τε καὶ
στρατείας ἀπελαύνειν, ἅτε μηδὲν μὲν ὄφελος οὔσας εἰς τὰς
ἐν ὑπαίθρῳ πράξεις, κομψὰς δὲ παιδαρίοις προσαθύρειν τε
καὶ στωμύλλεσθαι. καὶ ἡμᾶς σοι προσήκει χεῖρα ὀρέγειν
ἑκάστους, ὅση δύναμις. οὕτω γὰρ ἂν σύ τε ἀπειργασμένος
εἴης οὐχ ἡμιτελὴς σοφὸς οὐδὲ κολοβός, ἐπὶ μόνης ὀχούμενος
τῆς φυσικῆς ὑποσχέσεως· τῇ τε πολιτείᾳ καλῶς ἂν ἔχοι
παρὰ τοιούτων ἐπιτροπεύεσθαι, καὶ ἡμεῖς ὀνησόμεθα τιμὴν
ἐξ ἀνθρώπων φιλοσοφίᾳ μνηστεύσαντες μετὰ τοῦ μένειν ἐν
ἤθεσι πρέπουσι· γένοιτο γὰρ ἂν οὕτως εἰκὸς τοὐναντίον
τῷ μικρῷ πρόσθεν εἰκότι, ὅτε τῇ μὲν τοῦ πλήθους ἀμαθίᾳ
τὸ σοφιστικὸν φῦλον ἐλέγομεν ἐπιτίθεσθαι· ἐκ δὲ τούτου
συμβαίνειν τοὺς ἀληθεῖς φιλοσοφίας συντρόφους ἔλαττον
ἔχειν εἰς δόξαν τῶν ὑποβολιμαίων καὶ παρεγγράπτων.
ἀλλ´ ὅταν οἱ τὰς ἀρχὰς ἄρχοντες καὶ διὰ χειρὸς ἔχοντες
τὰ τῶν πόλεων πράγματα μὴ τοῦ πλήθους ὦσιν, ἀλλ´ ἔχωσιν
νοῦν, ταχὺ διαγνώσονται τὸν νόθον τε καὶ τὸν γνήσιον·
καὶ οὐκέτ´ ἂν χαλεπῶς ὁ δῆμος τὴν ἀπάτην μεταδιδάσκοιτο·
οὐ γὰρ εἰπεῖν τι δεῖ πρὸς αὐτούς, ἀλλ´ ἀφανείᾳ
διαγράψαι τοὺς κιβδήλους. καὶ φύσις ἐστὶ διὰ τῆς τῶν
ἀρχομένων συγκαταθέσεως θαυμάζεσθαι τὸ ἡγούμενον, ἐπεὶ
καὶ νῦν οὐχ ἥκιστα τῇ τῶν πραγμάτων ἀτοπίᾳ τὸ πλῆθος
ἑπόμενον τοὺς ἀκερσεκόμας, καὶ πάντας τοὺς τολμῶντας περιττοὺς
δή τινας ἥγηνται· τά τε ἄλλα ποικιλώτερα γένη τῶν
σοφιστῶν μονονουχὶ σέβονταί τε καὶ ἅζονται, καὶ μάλιστα
αὐτῶν ὅσοι βαίνουσι κορύνῃ, καὶ πρὸ τοῦ φθέγξασθαι
χρέμπτονται. οὐκοῦν καὶ βοηθήσεις τῇ τύχῃ φιλοσοφίας,
ἀλλ´ οὐ κατηγορήσεις αὐτῆς οὐδὲν ἀδικούσης. τὸ γὰρ εἰκὸς
ἐφάνη γινόμενον, ὃ σὺ μεταθήσεις ἐπὶ τὸ προσῆκον καὶ
βέλτιον, ὅταν ἐρρωμενέστερόν σου τὰ φιλοσοφίας ἀνθάψηται,
ἐπεὶ μηδὲ νῦν ἀγεννῶς ἐνῆρξας τῆς συμμαχίας, τοὺς
κύνας ἀνθυλακτήσας, καὶ τὴν Δεκέλειαν ἡμῶν ἀποτειχίζειν
ἐπιλαβόμενος.
| [3] Mais vous allez faire revivre l’ancienne alliance; car en même temps que vous
prenez part au gouvernement de l’État, vous estimez qu’il faut cultiver la philosophie.
Courage donc; poursuivez cette noble entreprise, pour nous et pour les Muses;
qu’elles ne soient pas exilées de la place publique et de l’armée comme des inutiles et
des désœuvrées, incapables de nous aider dans l’accomplissement des travaux
sérieux, et bonnes tout au plus à procurer de l’amusement aux jeunes gens et à
exercer leur babil. Chacun de nous doit vous tendre la main pour seconder, autant qu’il
le peut, vos efforts. C’est ainsi que vous serez tout à fait philosophe: on ne peut l’être
qu’à demi, et avec combien d’imperfections, si l’on est poussé par ses inclinations
toutes seules. Les affaires de l’État n’en iront que mieux, administrées par des sages;
nous autres aussi nous y gagnerons de pouvoir assurer à la philosophie les
hommages de la multitude, sans nous départir des habitudes de bienséance. Alors on
verra sans doute tout le contraire de ce que je signalais tout à l’heure, quand je disais
que la race des sophistes tend des pièges au vulgaire ignorant, et vient à bout de faire
tenir en moins grand honneur les véritables nourrissons de la philosophie que ceux qui
usurpent frauduleusement ce titre. Mais que ceux qui occupent les magistratures et
dirigent les affaires publiques s’élèvent, par l’intelligence, au-dessus du vulgaire, ils
distingueront bientôt la vraie sagesse de la fausse, et le peuple ne tardera pas à
reconnaître son erreur. Il ne faut pas tant de discours pour le convaincre; il suffit de lui
faire voir le mépris dans lequel tombent les charlatans. Les gouvernés sont
naturellement disposés à se faire la plus haute idée des gouvernants. Mais aujourd’hui
combien sont absurdes les jugements de la foule! Pour elle ces gens à longue
chevelure, arrogants et présomptueux, sont des êtres supérieurs; elle n’a aussi que du
respect et de la vénération pour toutes les autres espèces de sophistes, et pour ceux-là surtout qui marchent appuyés sur un énorme bâton, et crachent avant de parler.
Vous viendrez donc en aide à la philosophie, et vous ne lui reprocherez point des torts
qu’elle n’a pas. Vous lui avez témoigné de la considération; vous lui serez encore plus
dévoué, quand les études qui lui sont chères vous auront complètement captivé : j’y
compte, car déjà vous vous êtes montré son intrépide défenseur; vous avez repoussé
ces aboyeurs qui la poursuivaient, et vous nous assurez un asile à l’abri de leurs
attaques.
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