[16d,9] Παροικοῦσι δὲ τούτοις οἱ ῥιζοφάγοι καὶ ἕλειοι
προσαγορευόμενοι διὰ τὸ ἐκ τοῦ παρακειμένου ῥιζοτομοῦντας
ἕλους κόπτειν λίθοις καὶ ἀναπλάττειν μάζας,
ἡλιάσαντας δὲ σιτεῖσθαι· λεοντοβότα δ´ ἐστὶ τὰ χωρία·
ταῖς δ´ ὑπὸ κυνὸς ἐπιτολὴν ἡμέραις ὑπὸ κωνώπων μεγάλων
ἐξελαύνεται τὰ θηρία ἐκ τῶν τόπων· εἰσὶ δὲ καὶ
σπερμοφάγοι πλησίον, οἳ τῶν σπερμάτων ἐπιλιπόντων
ὑπὸ τῶν ἀκροδρύων τρέφονται, σκευάζοντες παραπλησίως
ὥσπερ τὰς ῥίζας οἱ ῥιζοφάγοι. μετὰ δὲ τὴν Ἐλαίαν
αἱ Δημητρίου σκοπιαὶ καὶ βωμοὶ Κόνωνος· ἐν δὲ τῇ
μεσογαίᾳ καλάμων Ἰνδικῶν φύεται πλῆθος· καλεῖται
δὲ ἡ χώρα Κορακίου· ἦν δέ τις ἐν βάθει Ἐνδέρα γυμνητῶν ἀνθρώπων κατοικία, τόξοις χρωμένων καλαμίνοις καὶ πεπυρακτωμένοις οἰστοῖς·
ἀπὸ δένδρων δὲ τοξεύουσι τὰ θηρία τὸ πλέον, ἔστι δ´ ὅτε καὶ ἀπὸ γῆς·
πολὺ δ´ ἐστὶ παρ´ αὐτοῖς πλῆθος τῶν ἀγρίων βοῶν·
ἀπὸ δὲ τῆς τούτων καὶ τῶν ἄλλων θηρίων κρεοφαγίας
ζῶσιν, ἐπὰν δὲ μηδὲν θηρεύσωσι, τὰ ξηρὰ δέρματα ἐπ´
ἀνθρακιᾶς ὀπτῶντες ἀρκοῦνται τῇ τοιαύτῃ τροφῇ.
ἔθος δ´ ἐστὶν αὐτοῖς ἀγῶνα τοξείας προτιθέναι τοῖς
ἀνήβοις παισί. μετὰ δὲ τοὺς Κόνωνος βωμοὺς ὁ Μήλινος λιμήν·
ὑπέρκειται δ´ αὐτοῦ φρούριον Κοράου καλούμενον καὶ κυνήγιον
τοῦ Κοράου καὶ ἄλλο φρούριον
καὶ κυνήγια πλείω· εἶτα ὁ Ἀντιφίλου λιμὴν καὶ οἱ
ὑπὲρ τούτου κρεοφάγοι, κολοβοὶ τὰς βαλάνους καὶ αἱ
γυναῖκες ἰουδαϊκῶς ἐκτετμημέναι.
| [16d,9] Quant aux noms de Rhizophages et d'Héléens sous lesquels on désigne
les populations riveraines de ces différents cours d'eau, ils rappellent
que ces populations vivent uniquement des racines (rhizae) qu'elles
coupent dans l'Hélos ou marais voisin : de ces racines, écrasées avec des
pierres, elles font des espèces de gâteaux qu'elles mangent après les
avoir cuits au soleil. Tout leur pays est infesté de lions ; mais, dans
les premiers jours qui suivent le lever de Sirius, les lions
disparaissent, mis en fuite jusqu'au dernier, par les piqûres de mouches
énormes. D'autres populations, voisines de celles-là, se nourrissent de
grains (spermata), d'où leur nom de Spermophages ; seulement si le grain
vient à manquer, elles sont réduites à vivre de glands qu'elles apprêtent
alors de la même manière que font les Rhizophages leurs racines. Après
Elée, nous signalerons {sur la côte} les Démétriûscopies et les Conônobômi
et dans l'intérieur une vaste région où croissent en abondance les roseaux
indiens. Tout au fond de ce pays connu sous le nom de nome de Coracium,
s'élevait naguère une ville, Endera, chef-lieu de la tribu des Gymnètes.
Pour toutes armes les Gymnètes ont des arcs de jonc et des flèches durcies
au feu par le bout ; mais ils montent sur les arbres, et de là visent et
abattent les bêtes féroces, quand ils ne les tirent pas de plain-pied, ce
qui leur arrive quelquefois. Il y a aussi dans le pays beaucoup de
buffles, et la viande de buffle jointe à la chair des autres bêtes
sauvages auxquelles ils donnent la chasse fait le fond de leur nourriture.
Parfois il leur arrive de revenir de la chasse sans avoir rien tué, ils se
contentent alors pour assouvir leur faim de faire griller sur des charbons
des peaux sèches. Les Gymnètes ont une coutume remarquable : chaque année
ils instituent un concours de tir à l'arc où ne sont admis que de tout
jeunes garçons non encore parvenus à l'âge de puberté. Aux Conônobômi ou
Autels de Conon succède le port de Mélinûs, et dans l'intérieur juste
au-dessus de ce port se trouvent le château de Coraus avec une chasse de
même nom, un autre château encore, et plusieurs autres chasses ; puis
vient le port d'Antiphile, qui se trouve être adossé en quelque sorte au
territoire des Créophages. Chez ce peuple, tous les hommes ont le gland
déformé et comme mutilé, et toutes les femmes, conformément à la coutume
rigoureuse des Juifs, subissent l'excision {des petites lèvres}.
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