[16d,17] Νομαδικὸς μὲν οὖν ὁ βίος τῶν Τρωγλοδυτῶν,
τυραννοῦνται δὲ καθ´ ἕκαστα, κοιναὶ δὲ καὶ γυναῖκες
καὶ τέκνα πλὴν τοῖς τυράννοις, τῷ δὲ τὴν τυράννου
φθείραντι πρόβατον ἡ ζημία ἐστί· στιβίζονται δ´ ἐπιμελῶς {ὡς}
αἱ γυναῖκες, περίκεινται δὲ τοῖς τραχήλοις
κογχία ἀντὶ βασκανίων. πολεμοῦσι δὲ περὶ τῆς νομῆς,
κατ´ ἀρχὰς μὲν διωθούμενοι ταῖς χερσίν, εἶτα λίθοις,
ὅταν δὲ τραῦμα γένηται, καὶ τοξεύμασι καὶ μαχαιρίσι·
διαλύουσι δ´ αἱ γυναῖκες εἰς μέσους προϊοῦσαι καὶ
δεήσεις προσενέγκασαι· τροφὴ δ´ ἔκ τε σαρκῶν καὶ
τῶν ὀστέων κοπτομένων ἀναμὶξ καὶ εἰς τὰς δορὰς ἐνειλουμένων,
εἶτ´ ὀπτωμένων καὶ ἄλλως πολλαχῶς σκευαζομένων ὑπὸ τῶν μαγείρων,
οὓς καλοῦσιν ἀκαθάρτους·
ὥστε μὴ κρεοφαγεῖν μόνον ἀλλὰ καὶ ὀστοφαγεῖν καὶ
δερματοφαγεῖν· χρῶνται δὲ καὶ τῷ αἵματι καὶ τῷ γάλακτι
καταμίξαντες. ποτὸν δὲ τοῖς μὲν πολλοῖς ἀπόβρεγμα παλιούρου, τοῖς δὲ τυράννοις μελίκρατον, ἀπ´ ἄνθους τινὸς ἐκπιεζομένου τοῦ μέλιτος.
ἔστι δ´ αὐτοῖς χειμὼν μὲν ἡνίκα οἱ ἐτησίαι πνέουσι (κατομβροῦνται
γάρ), θέρος δ´ ὁ λοιπὸς χρόνος. γυμνῆται δὲ καὶ δερματοφόροι καὶ σκυταληφόροι διατελοῦσιν· εἰσὶ δ´ οὐ
κολοβοὶ μόνον ἀλλὰ καὶ περιτετμημένοι τινὲς καθάπερ
Αἰγύπτιοι. οἱ δὲ Μεγαβάροι Αἰθίοπες τοῖς ῥοπάλοις
καὶ τύλους προστιθέασι σιδηροῦς, χρῶνται δὲ καὶ λόγχαις καὶ ἀσπίσιν
ὠμοβυρσίνοις, οἱ δὲ λοιποὶ Αἰθίοπες
τόξοις καὶ λόγχαις. θάπτουσι δέ τινες τῶν Τρωγλοδυτῶν ῥάβδοις παλιουρίναις δήσαντες τὸν αὐχένα τῶν
νεκρῶν πρὸς τὰ σκέλη, ἔπειτα εὐθὺς καταλεύουσιν
ἱλαροί, γελῶντες ἅμα, ἕως ἂν τοῦ τὴν ὄψιν σώματος
ἀποκρύψωσιν· εἶτ´ ἐπιθέντες κέρας αἴγειον ἀπίασιν.
ὁδοιποροῦσι δὲ νύκτωρ ἐκ τῶν ἀρρένων θρεμμάτων
κώδωνας ἐξάψαντες, ὥστ´ ἐξίστασθαι τὰ θηρία τῷ
ψόφῳ· καὶ λαμπάσι δὲ καὶ τόξοις ἐπὶ τὰ θηρία χρῶνται,
καὶ διαγρυπνοῦσι τῶν ποιμνίων χάριν ᾠδῇ τινι χρώμενοι
πρὸς τῷ πυρί.
| [16d,17] Dans toute la Troglodytique, les populations mènent la vie nomade.
Chaque tribu a son chef, son tyran. Les femmes et les enfants sont
possédés en commun : il n'y a d'exception que pour les femmes et les
enfants des chefs, et quiconque s'est rendu coupable d'adultère avec l'une
des femmes du chef est puni d'une amende consistant dans le paiement d'un
mouton. Les Troglodytes apportent le même soin que leurs femmes à se
peindre les sourcils et le dessous des yeux avec de la poudre d'antimoine,
et, comme elles, ils s'entourent le cou de coquilles enfilées {en guise
d'amulettes} pour conjurer les charmes. Le grand sujet de querelle entre
les différentes tribus est la possession des pâturages. Au commencement,
on ne fait que se pousser avec les mains, puis on se lance des pierres,
et, à la première blessure, on en vient aux flèches et aux couteaux ; mais
les femmes interviennent et leurs supplications mettent fin au combat. Le
fond de la nourriture des Troglodytes consiste en une espèce de hachis de
viande et d'os qu'ils roulent ensemble dans la peau même, et qu'ils font
cuire ensuite; on pourrait donc leur donner la double qualification
d'ostophages et de dermatophages aussi bien que le nom de créophages. Les
cuisiniers toutefois (les impurs, comme ils les appellent) ont encore
plusieurs autres façons d'apprêter la viande : avec du sang et du lait
mélangés, par exemple, ils font un excellent ragoût. Il y a aussi deux
espèces de boisson, pour les gens du commun l'infusion de paliure, et pour
les chefs le mélicras, lequel se prépare avec le miel qu'on exprime d'une
certaine fleur. L'hiver, pour les Troglodytes, commence avec les vents
étésiens, car il est notoire que ce sont ces vents qui amènent les grandes
pluies ; ils ont l'été le reste du temps. Leur habitude est d'aller nus,
mais il leur arrive aussi de se vêtir de peaux. Ils portent toujours une
massue à la main. La colobie ou simple incision du prépuce ne leur suffit
pas, et beaucoup d'entre eux subissent la circoncision proprement dite à
la façon des Egyptiens. Les Ethiopiens Mégabares ajoutent à leurs massues
des pointes en fer, et se servent en outre de lances et de boucliers faits
de cuir cru, tandis que les autres Ethiopiens n'ont pour armes que l'arc
et la lance. Voici comment chez certaines tribus troglodytes on procède à
la sépulture des morts : on commence par attacher solidement le cou aux
jambes au moyen de baguettes de paliure, et tout de suite après, avec un
entrain joyeux, voire avec de grands éclats de rire, on fait pleuvoir sur
le corps une grêle de pierres, jusqu'à ce qu'il en soit couvert et qu'on
n'en puisse plus rien voir ; on plante alors une corne de chèvre au haut
du tas de pierres, et, cela fait, on se disperse. Les Troglodytes ne
marchent jamais que la nuit, et, avant de se mettre en route {avec leurs
troupeaux}, ils attachent des clochettes au cou des mâles pour que le
bruit écarte les bêtes féroces. Ils se servent aussi contre ces dangereux
ennemis de l'éclat des torches et de l'adresse de leurs archers ; enfin il
leur arrive souvent, pour la sûreté de leurs troupeaux, d'allumer de
grands feux et de veiller auprès en chantant certaines mélopées.
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