[16d,16] Γίνονται δ´ ἐν τούτοις τοῖς τόποις καὶ αἱ
καμηλοπαρδάλεις, οὐδὲν ὅμοιον ἔχουσαι παρδάλει· τὸ γὰρ
ποικίλον τῆς χρόας νεβρίσι μᾶλλον ἔοικε ῥαβδωτοῖς
σπίλοις κατεστιγμέναις· τελέως δὲ τὰ ὀπίσθια ταπεινότερα τῶν
ἐμπροσθίων ἐστίν, ὥστε δοκεῖν συγκαθῆσθαι τῷ οὐραίῳ μέρει
τὸ ὕψος βοὸς ἔχοντι, τὰ δὲ ἐμπρόσθια σκέλη τῶν καμηλείων
οὐ λείπεται· τράχηλος δ´ εἰς ὕψος ἐξηρμένος ὀρθός, τὴν κορυφὴν
δὲ πολὺ ὑπερπετεστέραν ἔχει τῆς καμήλου· διὰ δὲ τὴν ἀσυμμετρίαν
ταύτην οὐδὲ τάχος οἶμαι τοσοῦτον εἶναι περὶ
τὸ ζῷον, ὅσον εἴρηκεν Ἀρτεμίδωρος ἀνυπέρβλητον
φήσας· ἀλλ´ οὐδὲ θηρίον ἐστίν, ἀλλὰ βόσκημα μᾶλλον· οὐδεμίαν
γὰρ ἀγριότητα ἐμφαίνει·
γίνονται δέ, φησί, καὶ σφίγγες καὶ κυνοκέφαλοι καὶ κῆβοι λέοντος
μὲν πρόσωπον ἔχοντες τὸ δὲ λοιπὸν σῶμα πάνθηρος,
μέγεθος δὲ δορκάδος· καὶ ταῦροι δ´ εἰσὶν ἄγριοι καὶ
σαρκοφάγοι, μεγέθει πολὺ τοὺς παρ´ ἡμῖν ὑπερβεβλημένοι
καὶ τάχει, πυρροὶ τὴν χρόαν· κροκούττας δ´ ἐστὶ
μῖγμα λύκου καὶ κυνός, ὥς φησιν οὗτος. ἃ δ´ ὁ Σκήψιος
λέγει Μητρόδωρος ἐν τῷ περὶ συνηθείας βιβλίῳ μύθοις
ἔοικε καὶ οὐ φροντιστέον αὐτῶν. καὶ δρακόντων δ´ εἴρηκε
μεγέθη τριάκοντα πηχῶν ὁ Ἀρτεμίδωρος ἐλέφαντας
καὶ ταύρους χειρουμένων, μετριάσας ταύτῃ γε· οἱ
γὰρ Ἰνδικοὶ μυθωδέστεροι καὶ οἱ Λιβυκοί, οἷς γε καὶ
πόα ἐπιπεφυκέναι λέγεται.
| [16d,16] Le même pays nourrit aussi beaucoup de girafes ou de camélopards, qui,
en dépit de leur nom, n'ont aucun point de ressemblance avec le léopard ;
le bariolage de leur robe, en effet, qui se trouve être à la fois rayée,
tachetée, mouchetée, rappelle plutôt le pelage du daim. Ajoutons que le
camélopard a la partie postérieure beaucoup plus basse que la partie
antérieure, si bien qu'à voir ce train de derrière qui n'excède pas la
taille d'un boeuf et ces jambes de devant, aussi longues pour le moins que
celles du chameau, on croirait l'animal toujours assis ; mais, comme son
cou en revanche est très droit et très élevé, sa tête dépasse de beaucoup
celle du chameau. J'ajouterai que ce défaut de proportion entre les
différentes parties de son corps m'empêche de croire que le camélopard
soit doué d'une vitesse aussi grande que le dit Artémidore, qui le
représente comme supérieur sous ce rapport à tous les animaux connus. On
ne saurait le ranger non plus au nombre des animaux sauvages mais bien
plutôt au nombre des animaux domestiques, tant il se montre peu farouche.
Artémidore signale encore la présence dans le pays de sphinx, de
cynocéphales et de cèbes, animaux étranges, qui passent pour avoir la face
d'un lion, le corps d'une panthère et la taille d'un daim. Il s'y trouve
aussi, paraît-il, des taureaux sauvages, des taureaux carnivores, qui
surpassent singulièrement en force et en vitesse les taureaux de nos pays,
et qui sont de couleur rousse. Quant au crocutta, Artémidore en parle
comme d'un animal hybride, produit de l'accouplement d'un loup et d'une
chienne. Métrodore de Scepsis parle du même animal dans son traité de
l'habitude, mais tout ce qu'il en dit paraît fabuleux et ne mérite pas
qu'on s'y arrête. Il y aurait enfin, si l'on en croit Artémidore, dans ce
même pays, des serpents longs de 30 coudées et assez forts pour pouvoir
étouffer éléphants et taureaux ; or c'est là une assertion relativement
modérée, et les serpents de l'Inde et de la Libye, ces serpents sur le dos
desquels on voit soi-disant l'herbe pousser, sont bien autrement fabuleux.
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